Monsieur
GERHING
Monsieur
Paul OLIVA
Madame
BENHAMOU
Madame
Emile SANCHEZ
Madame
FERNANDEZ
Mademoiselle
Marinette B.
Madame
VALADIER
Messieur
LANGIANO et FALCONE
Monsieur
ARNOUX
Monsieur
GARCIA
Madame
SERMET-BRUNEL
Lieutenant
Rabah KHELIF
Bernadette
CARMONA
Jean-Marie
AVILA
Trinité
GARCIA
Lydia
MARTINEZ
Christine
MEDINA
Pierre
ASNAR
Michel
La PERNA
Jean-François
PAYA
Louis-Jacques
DOMENEGUETTY
André
LERME
Gérard
VINCENT
Pascal
COLIN
Monsieur
C.T.
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La quasi-totalité des personnes
enlevées pour permettre le pillage ou le vol de leurs biens
ont été abattues aussitôt après leur
capture; c'est le cas notamment des personnes circulant à
bord de véhicules automobiles. Dans de nombreux points du
territoire algérien on trouve de petits charniers contenant
les restes des victimes de vols de voitures, ainsi au puits de Boughzoul,
au sud de Boghari, à l'intersection des nationales 1 et 40,
dans lequel une quarantaine d'Européens et de Musulmans ont
été jetés après avoir été
égorgés ou tués au couteau.
Un Français d'Oran, M. MIMRAN, a été enlevé
près de Charon, en août 1 962. Ses ravisseurs avaient
laissé dans sa voiture la photographie de deux d'entre eux,
les "djounoud" (membres des groupes armés F.L.N.)
Boualem et Kasiche. De nombreuses femmes ont été enlevées
uniquement pour la prostitution. Certaines ont été
livrées aux maisons closes, telle Madame VALADIER, enlevée
à Alger le 14 juin 1962; retrouvée dans une maison
close de Belcourt, rendue à sa famille le 9 janvier 1963
et considérée maintenant comme folle incurable; d'autres
ont été attribuées à des officiers de
l'A.L.N. comme Mademoiselle Claude FEREZ, institutrice à
Inkermann; d'autres enfin ont été vendues à
des trafiquants internationaux et acheminées vers le Maroc
ou le Congo ex-belge, peut-être même pour certaines
vers l'Amérique du Sud.
La plupart de ces malheureuses sont irrécupérables;
certaines ont été tatouées, voire mutilées;
beaucoup ont des enfants nés des uvres de leurs geôliers.
Les rares femmes récupérées, comme Madame VALADIER,
actuellement à Nîmes, sont devenues folles ou demeurent
prostrées; l'une d'elles, femme d'un officier français
dont on doit taire le nom, la famille ignorant heureusement tout,
mère de trois enfants, s'est donné la mort le lendemain
de sa libération d'une maison close de la Bocca Schanoun
à Orléansville. Le trafic des femmes se poursuit en
Algérie à l'heure actuelle.
Enfin des techniciens ou réputés
tels ont été enlevés pour servir soit dans
des unités de l'A.L.N., soit dans des organismes logistiques,
soit même comme main d'uvre bon-marché chez les
fellah du bled. D'autres ont été employés sur
des chantiers de déminage, notamment à la frontière
tunisienne, d'autres dans des mines comme celle de Miliana dans
laquelle le jeune soldat AUSSIGNAC, enlevé le 21 juillet
1962 à Maison-Carrée et évadé au printemps
1963, a travaillé plusieurs mois durant, d'autres enfin sur
des chantiers de routes comme celle d'Afflou à Laghouat.
La plupart des personnes enlevées sont mortes comme sont
morts la quasi-totalité des Français enlevés
à Oran dans la seule journée du 5 juillet 1962. Cette
tragique journée a été marquée par des
massacres en pleine rue sous les yeux des militaires français
auxquels leur chef, le général KATZ, avait interdit
toute intervention. On ne saura jamais le nombre exact des morts
de cette journée, comme on ne connaîtra jamais le nombre
des personnes enlevées dans les rues, les cafés, les
restaurants, les hôtels même, dirigées vers le
commissariat central de police ou les maisons closes des quartiers
périphériques, torturées, violées -
même les jeunes gens - égorgées, éventrées,
enfin incinérées pour la plupart dans les chaufferies
des bains maures.
Des estimations de source officielle donnaient peu après
le chiffre de 91 morts et de 500 disparus; les chiffres réels
sont très certainement supérieurs. A une dizaine d'exceptions
près, aucune trace des disparus n'a été trouvée.
Les charniers découverts au quartier du Petit Lac contiennent
les corps de victimes abattues au cours des semaines précédentes,
notamment celles de la tristement célèbre "banque
du sang" du Docteur LARRIBERE, ancien député
communiste d'Oran, dans laquelle des malheureux et malheureuses
étaient vidées de leur sang pour permettre des transfusions
aux fellagha blessés; tous les renseignements sur cette scandaleuse
ignominie dont les auteurs sont maintenant libres et chargés
d'honneurs ont été recueillis par la gendarmerie nationale
d'Oran; ils sont irréfutables
.
Si on ne reverra jamais la presque totalité des personnes
enlevées à Oran le 5 juillet 1962, il y a relativement
peu de chances de retrouver les autres disparus. La plupart sont
morts, soit aussitôt après leur capture, soit sous
les coups, les mauvais traitements, les tortures dans les jours
qui ont suivi, soit tout simplement de misère physiologique.
En certains lieux, notamment près de Teniet-el-Haad, ou bien
encore aux environs de Nelsonbourg ou de Berrouaghia, dans l'Algérois,
près de Misserghin et de Perregaux, en Oranie, on trouve
encore des témoignages atroces : ossements humains dont on
ne sait s'ils sont ceux de Musulmans ou de Chrétiens, squelettes
attachés par ce qui fut des poignets et des chevilles à
des branches d'arbres, et certains sentiers des djebels, certaines
pistes tracées dans les massifs boisés sont jalonnés
de débris de vêtements laissés par des colonnes
des hommes réduits à l'esclavage.
Geneviève de TERNANT.
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