L'Algérie a eu son indépendance, officiellement, le
1er juillet 1962, ayant à sa tête, le chef du moment, BEN
BELLA, qui est Oranais. Aussi, quelle fête, quel vent de folie..
musique, danse, cris, tirs d'armes automatiques, dans tous les sens...
et tout cela, sous une chaleur accablante. C'était devenu de l'
hystérie, durant plusieurs jours.
Les Européens qui étaient encore là, entre 20 et
25.000 sur les 250.000 qui, précédemment co-habitaient avec
un nombre équivalent de Musulmans (Oran étant la seule grande
ville d'Algérie, où les Musulmans n'étaient pas franchement
majoritaires), donc ces Européens se faisaient "petits",
restant chez eux ou plutôt étaient allés se réfugier
dans les villas sur la Corniche oranaise, située à une quinzaine
de kilomètres, ceci surtout pour les soirées et les nuits.
Durant la journée, certains essayaient de travailler, mais la plupart
des magasins et restaurants étaient fermés.
En ce qui me concerne, je logeais, avec trois ou quatre amis, dans la
ville de Mulphin, à Trouville, qui nous faisait d'ailleurs, une
excellente cuisine. Nous nous retrouvions le soir, car pour chacun d'entre
nous, les familles étaient entrées en France. Dans la journée,
je revenais à mon bureau, devant être à mon poste
de Consul Honoraire de Suisse, le plus souvent possible. A midi, je prenais
mes repas dans un des rares restaurants ouverts, tenu par des Grecs, dans
la rue de la Fonderie. Je retrouvais là, d'autres amis, notamment
MASCARO, qui était voyageur chez un de mes principaux clients (les
Savonneries Lever), ainsi que PALUMBO et BONAMY, qui eux, travaillaient
à la Sté Marseillaise de Crédit, ma banque. Nous
prenions nos repas très rapidement, car il y avait là, beaucoup
de monde qui attendait son tour, tous des Européens.
Nous sommes donc le 5 juillet 1962, dans l'ambiance que je viens de décrire.
Le matin, mon programme devait, en principe, ressembler à celui
des jours précédents. Or, vers 11 heures, j'apprends qu'une
des rares boulangeries ouvertes à la rue El Moungar, tout prés
de chez moi, avait du pain. Nous en manquions souvent. Quelques secondes
de réflexion et dans un esprit de dévouement pour notre
petit groupe, je décide d'aller acheter quelques flûtes et
de les apporter aux copains à Trouville. Là-bas, les amis
insistent pour me garder. Je prends rapidement le repas avec eux et dès
13h30, je retourne à Oran.
J'avais bien remarqué, en rentrant dans la ville, qu'il n'y avait
quasiment personne dans les rues.. J'ai attribué cela à
la grosse chaleur et à l'heure de la sieste. J'arrive tranquillement,
devant mon bureau, gare la voiture, et au moment où j'en ferme
la porte, j'entends des appels discrets venant d'une fenêtre, en
face, tout près de là. Un volet s'entrouvre et j'aperçois
le gardien du fameux "parking". C'est un ancien légionnaire,
d'origine espagnole, qui me dit à voix basse : -" Dépêchez-vous
de rentrer dans votre bureau... depuis 11 heures, les Arabes tuent tout
le monde !!! ". Il n'a pas eu le temps d'en dire plus... refermant
aussitôt le volet. Une voiture apparaît, en bas de la rue
Jalras, à 100 mètres. Je traverse la chaussée en
courant, me plaque contre la porte du couloir pour l'ouvrir.. juste à
temps... une rafale de mitraillette siffle et abat un homme qui était
au coin, un peu plus loin que moi. Il avait l'air de regarder qui venait...
ou voulait-il me parler ou se réfugier dans le couloir, avec moi
? Le fait est qu'il a été tué et que si je ne m'étais
pas collé contre la porte... Aussitôt dans le couloir et
après avoir fermé, sans bruit, j'ai grimpé quatre
à quatre les escaliers m'amenant au 1er étage. De mon bureau,
à travers les lamelles des volets fermés, j'ai revu cette
voiture, qui avait fait le tour du pâté de maisons. C'était
une petite camionnette sur laquelle quatre Musulmans avaient pris place,
chacun la mitraillette à la main, tiraient sur tout ce qui bougeait,
parfois dans les vitrines ou fenêtres ouvertes... et ils rigolaient...
Je les vois entrer dans le parking, où j'aurais dû garer
ma voiture, ce que je n'avais pas fait exceptionnellement. Peut-être
me cherchent-ils ? Un autre Européen arrive à son tour,
en moto, pour se garer. II me semble que les Musulmans lui demandent ses
papiers... mais au moment où il met sa main dans la poche... l'un
d'eux lui tire, à bout portant, une balle dans la tête...
J'ai donc, effectivement, vite été mis dans l'ambiance du
moment !! Depuis mon poste d'observation, j'ai réussi, un peu plus
tard, à converser avec les gens qui étaient, eux aussi,
derrière les volets, au premier étage de la maison d'en
face. Ils m'ont appris que, des 11 heures, les Algériens, pour
une raison inconnue, étaient devenus complètement fous...
Ils enlevaient ou tuaient sur place, tous les Européens qu'ils
rencontraient.. Il paraîtrait que ce jour-la, entre 11 et 1 5 heures,
il y aurait eu, ainsi, plus de 4000 morts ou disparus!! Chiffres avancés,
ultérieurement, par diverses sources, généralement
bien informées.
Je reviens sur ma position du moment. Me voila, enfermé dans mon
bureau, le téléphone coupé, tout seul, me demandant
ce que je devais faire, car les coups de feu, les cris, arrivaient par
vagues.. coupées par des silences, non moins inquiétants...
Vers 17 heures, une plus longue accalmie a incité les gens à
ouvrir peu à peu les volets et à se faire voir aux fenêtres.
On a vu passer dans les rues, des auto-mitrailleuses des gardes-mobiles
français. On a dit que les Autorités algériennes
d'Oran, débordées et dépassées par les évènements
auraient demandé aux seuls militaires français restants,
de les aider à rétablir l'ordre.
J'ai décidé de quitter le bureau pour rejoindre mon domicile
où le téléphone devait encore fonctionner, ce qui
était important pour moi, car je pouvais avoir des appels de compatriotes
suisses. Je repars dans ma petite 4 CV. A chaque croisement de rue, je
laisse la voiture, moteur en marche et avant de passer, regarde à
droite et à gauche, s'il n'y a personne... car on entend encore
des tirs ! Arrive ainsi tout près de mon domicile, à la
rue Dutertre, il ne me reste plus qu'a prendre la première rue,
à droite, qui est la rue Parmentier. Devant moi, à 30 ou
40 mètres, une grosse voiture. Elle s'arrête subitement.
J'aperçois quelques Arabes, revolvers et mitraillettes au poing,
qui font descendre les deux Européens de la grosse voiture. Cela
m'a permis de tourner rapidement à droite, dans ma rue, de laisser
la voiture juste devant le n° 17 et de rentrer précipitamment
dans le couloir. Quelle chance ! Depuis mon balcon du 3eme étage,
à plat ventre, pour ne pas être vu, j'ai pu apercevoir les
deux Européens amenés par les Arabes, leur voiture restée
seule au milieu de la chaussée... J'ai su, après, que l'on
n'avait plus jamais eu de leurs nouvelles...
Au 17 rue Parmentier, où j'habitais depuis plusieurs années,
il ne restait que deux ou trois familles européennes, toutes les
autres étaient parties. Elles ont été heureuses de
me voir arriver, se demandant ce que j'étais devenu... et puis
j'étais le seul à avoir le téléphone. Nous
étions une des rares maisons encore habitées, dans tout
le quartier. Les tirs reprenant, nous commencions, tout de même,
à ne plus être tranquilles. Les voisins qui s'étaient
regroupés chez moi, m'ont demandé d'essayer d'intervenir
afin que nous soyons un peu gardés. J'ai pu contacter, par téléphone,
en tant que Consul de Suisse et par I'intermédiaire de l'Evêque
d'Oran, le général Katz, qui commandait les gardes-mobiles
et lui exposer notre situation. Une heure après, une patrouille
de gendarmes motorisés était là et toute la nuit
n'a cessé de tourner dans notre secteur... pendant que nous jouions
aux cartes, pour ne pas dormir !
Le lendemain, j'ai appris qu'au restaurant Grec, de la rue de la Fonderie,
dans lequel je devais aller déjeuner, à midi, la veille,
5 juillet, des Musulmans sont arrivés, subitement, ont ouvert la
porte et tiré à bout portant, sur les gens qui prenaient
leur repas. PIusieurs personnes ont été tuées, d'autres
blessées. D'autres encore ont été enlevées,
parmi lesquels mes amis, MASCARO, PALUMBO et BONAMY... Ceux qui avaient
un nom à consonance française ont été relâchés,
pour la plupart, devant le commissariat central, dont BONAMY. Par contre,
on n'a plus jamais revu les autres, hélas, parmi lesquels étaient
MASCARO et PALUMBO... Si donc, j'avais été, comme prévu,
prendre mon repas avec ces amis, que me serait-il arrivé ?
En résumé, dans la même journée, j'ai échappé,
par miracle, au moins trois fois à la mort... Il est inutile de
dire que le moral des Européens, le lendemain et les jours suivants,
n'étaient pas au beau fixe... Le peu de gens qui étaient
encore là, désiraient partir au plus vite, d'autant que
des histoires dramatiques couraient les rues. Par hasard, j'ai
rencontré le 9 juillet, au matin, devant la poste un de mes très
bons clients, Monsieur ABHISSIRA, il était catastrophé.
Etant tout seul, il avait loué une chambre dans un immeuble du
centre de la ville, car son domicile se trouvait en plein quartier juif,
où tout ce qui existait là-bas avait été massacré,
démoli, brûlé... Ce pauvre ABHISSIRA, qui a la vue
très faible, ne savait plus que faire, ne pouvant presque pas se
diriger tout seul. II voulait partir, rejoindre sa famille qui était
réfugiée à Marseille.
De mon côté, je voulais aussi y aller, car je n'avais plus
pu donner de mes nouvelles depuis de nombreux jours. Je décidais
donc d'essayer de prendre un avion, le lendemain. Ce n'était pas
facile, comme on peut bien le penser. II n'y avait plus de ligne régulière
mais simplement encore quelques avions qui rapatriaient les centaines
de personnes restant encore, qui d'ailleurs étaient là,
sur place, depuis de nombreux jours, en plein air sur l'aérodrome
de La Sénia. J'ai proposé à M. ABHISSIRA de le prendre
dans ma voiture. le lendemain matin, pour aller ensemble à La Sénia,
pour tenter notre chance et essayer de partir sur Marseille ou ailleurs,
car on n'avait pas le choix de la destination...
Dès 9 heures, chacun, une petite valise à la main, nous
embarquons dans la petite 4 CV verte, un drapeau Suisse en tissu, de 20
cm de côté, plaqué sur le pare-brise et filons vers
La Sénia. A la sortie de la ville, barrage !! Quatre soldats algériens,
armés jusqu'aux dents, nous arrêtent. Je sors de la voiture
et vais à leur rencontre, afin d'éviter toute conversation
entre eux et M. Abhissira. Un seul des quatre parlait quelques mots de
Français. Je lui montre mon passeport consulaire et lui faisant
remarquer le fanion suisse je lui dis
" Je suis Consul de Suisse à Oran et me rends à La
Sénia ". J'ignore s'il m'a très bien compris, mais
en hochant la tête vers mon compagnon, -" Et lui ? " -
" C'est mon secrétaire "... " Allez va !!! en route
"... Je ne me le suis pas fait dire deux fois. Je bondis dans I'auto
et démarre sans demander mon reste...
S'ils s'étaient aperçus qu'il s'agissait d'un Juif, ils
l'auraient abattu sur place... et moi, avec ! A La Sénia, je connaissais
le Commandant de la Base Militaire Française, puisque c'est grâce
à lui, que j'avais pu organiser, auparavant le rapatriement de
la Colonie Suisse d'abord, mais aussi aider mon confrère Allemand,
pour celui de ses compatriotes. II a pu, in extremis, nous caser dans
le dernier avion qui a quitté Oran pour Marseille. C'était
vers 15 heures. Dans cet appareil, il y avait une dizaine de malades et
de blessés qui étaient allongés entre les banquettes
et la plupart des gens ne savaient pas du tout où ils allaient
aboutir...Vous décrire l'arrivée à Marseille-Marignane,
inutile... on ne m'attendait pas, par contre la famille ABHISSIRA était
là, au complet, depuis trois jours, surveillant chaque arrivage
en espérant bien revoir leur mari et père... Cette famille
m'a d'ailleurs, gardé reconnaissance pour ce sauvetage.
Après quelques jours passés à Marseille, il m'a fallu
songer à retourner à Oran où j'avais laissé,
mon mobilier, mon affaire, le compte en banque, les documents professionnels,
ma situation, etc. et où j'étais toujours Consul Honoraire
de Suisse. Je pensais donc y retourner pour quelques temps, afin de régulariser
tout ce qui pouvait I'être. J'ai repris I'avion vers le 20 juillet.
Cette fois-ci, il s'agissait, je crois bien, du premier vol de ligne officiel,
de la Cie Air France au départ de Marseille, vers Oran. Dans cette
caravelle, nous étions ... 7 passagers . Parmi eux, M. O'NEILL,
directeur de la Sté Hamelle-Afrique à Oran, qui était
un de mes clients. Durant le voyage, je lui dis : - " A I'arrivée
à Oran, j'ai ma voiture dans le garage de l'aérogare. Si
vous le voulez, je peux donc vous amener jusqu'en ville ". "
Oh, que non, merci ! J'ai reçu, hier, un coup de fil depuis Oran.
On enlève encore les gens sur la route, entre La Senia et la ville.
Je préfère donc prendre le car, dans lequel nous serons
quand même une dizaine de personnes ensemble. Je vous conseille
d'ailleurs de courir, dès l'arrivée pour chercher votre
voiture et ensuite de rouler devant le car, afin que vous ne soyez pas
seul sur la route, jusqu'en ville ". Ces paroles n'étaient
pas très réconfortantes pour moi...
Aussitôt sorti de l'avion, je suis parti en courant vers le garage
situé à près de 400 mètres. Zut ! La porte
est fermée, personne.. je tambourine sur le rideau métallique
et soudain il commence à monter... un jeune Musulman, que j'avais
réveillé de la sieste, est là. -" Qu'est-ce
que tu veux ? " -" J'ai laissé ma voiture, une 4 CV,
il y a quelques jours... " -" Oui, il n'y en a qu'une, c'est
la tienne... "Heureusement, elle était encore là, mais
il n'avait pas d'essence et mon réservoir était au plus
bas... J'essaie de démarrer... rien à faire. Pendant que
nous poussons cette maudite voiture... voila le car de la Cie Air-France
qui passe... Zut... je suis maintenant vraiment seul ! Finalement le moteur
se décide à tourner. Je repars vers l'aérogare, vide...
personne... sauf ma valise seule au milieu du hall, que l'on avait déchargée
de l'avion et posée là... cela fait une drôle d'impression
!!
Pas très fier, j'ai parcouru la dizaine de kilomètres qui
séparent La Sénia de mon domicile, au volant de la voiture,
craignant à chaque instant de tomber en panne d'essence... Je n'ai
rencontré, ni croisé personne, c'était très
heureux, mais aussi inquiétant... La rue Parmentier était
vide. Au n° 17, plus aucun locataire, semble-t-il... mon appartement
est, toutefois, intact. J'avais hâte de revoir mon bureau, où
devaient se trouver deux jeunes employés que j'avais laissés
lors de mon départ... Hélas, j'ai trouvé un mot m'indiquant
qu'ils avaient été contraints, eux aussi, de quitter la
ville, avec leurs familles, trois jours après mon départ.
J'étais donc seul, absolument seul... Sans téléphone,
sans personnel au milieu de documents, connaissements éparpillés
sur mon bureau, lesquels représentent des tonnes de marchandises
qui se trouvent sur les quais et dans les magasins du Port d'Oran, pour
lesquels, je suis, professionnellement, responsable.
Il fait une chaleur torride.. j'ai le moral à zéro...
Peu a peu, les chefs d'entreprises reviennent de France, dans le même
état d'esprit que moi, pour essayer de régulariser chacun
leurs problèmes. A la Douane et sur les quais, quelques guichets
commencent à ouvrir. Je vais donc faire un tour sur le port, pour
me rendre compte dans quelles conditions je peux reprendre une certaine
activité. Comme dans tous les ports, il y a des gardiens à
la grille d'entrée, auxquels on doit présenter le laissez-passer.
Or là, ce sont maintenant, des militaires algériens, bien
armés, qui sont substitués aux gardiens traditionnels. J'arrive
à la grille et sors de la poche un laissez-passer, que j'avais
d'avant... le soldat le regarde, le tourne dans sa main... me regarde...
et me dit : "Va" en me rendant mon papier.
Au moment de le remettre dans la veste, je m'aperçois que je lui
avais montré le laissez-passer délivré auparavant
par l'OAS, avec un beau cachet... au lieu de celui, que j'avais, dans
l'autre poche, qui m'avait été donné par le FLN !!!
Heureusement que le "gars" ne savait pas lire... sinon, j'étais
fichu. Dès que je fus plus loin, j'ai pris les deux cartes, les
ai déchirées et jetées discrètement, pour
m'en faire établir une autre, par les nouvelles autorités
portuaires. Je le regrette d'ailleurs maintenant, car elles auraient été
des documents-souvenirs... A partir de ce moment-là, j'ai travaillé
durant près de 6 mois, tout seul, à raison de 15/16 heures
par jour. Je dois dire que durant ce laps de temps, j'ai presque récupéré
les pertes importantes dues au fait du départ de nombreux de mes
clients, partis avant le 30 juin, en "oubliant" pour la plupart
de régler les factures !!!
Quelle vie ai-je dû endurer durant ces mois-là... Très
peu de restaurants étaient ouverts, quelques magasins, quelques
épiceries assuraient le ravitaillement. Les Musulmans occupent
peu à peu, tous les appartements d'où sont partis les Européens.
C'est ainsi qu'au 17 rue Parmentier, j'étais le dernier locataire
Européen. II y avait, en bas de la maison, une brave épicière
d'une bonne soixantaine d'années, Madame GARIVIER, qui me gardait
le peu de ravitaillement qu'elle pouvait avoir, ce qui me permettait de
me faire un peu de popote, le soir.
Puis, voyant que mes affaires reprenaient et qu'il était de nouveau
possible de travailler (mais dans quelles conditions, je crois qu'il est
inutile de s'étendre là-dessus) je décide de demander
à trois de mes principaux collaborateurs, qui étaient en
France, de revenir, moyennant des finances intéressantes. Ils acceptent
et c'est ainsi qu'au fur et à mesure, ma Société
reprend vie et que durant les mois et même les années qui
ont suivi, je suis arrivé à avoir jusqu'à 26 employés
(moitié Algériens, moitié Européens).
J'étais devenu, à peu près, le premier transitaire
local, c'est-à-dire que sur 34 sociétés, nous étions
une demi-douzaine de firmes européennes et une trentaine d'algériennes.
Je réalisais, a moi seul, à peu près autant que toutes
les firmes algériennes !
L'histoire m'a appris, par la suite, que je n'avais pas eu tellement raison
d'avoir tant prospéré. J'étais jalousé par
les Algériens qui m'ont, finalement, fait tant d'ennuis, que j'ai
été contraint de partir, "sans arme, ni bagage",
fin février 1967, en tout abandonnant.
René GEHRIG
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