"l'Agonie d'Oran"de Geneviève de TERNANT
(editions J.Gandini - Calvisson)

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Le cas de Langiano et Falcone

Deux jeunes gens torturés et mutilés.. Langiano, vingt ans, et Falcone, dix-sept ans et demi, des enfants du quartier populaire d'Alger-le-Ruisseau.

Le 4 mai 1962, donc trois mois après Evian, ils sont enlevés, subissent quarante et un jours de tortures effroyables à la villa Lung : on leur coupe le nez, les oreilles, on crève les yeux de l'un, on matraque l'autre ; il a perdu l'usage de la parole. L'aveugle peut parler ; celui qui voit ne parle plus.

Ils ont été libérés par un commando et remis aux services médicaux de l'armée française à l'hôpital Maillot. Les familles sont prévenues par une femme de salle, laquelle ensuite les prévient de leur rapatriement en France. La Croix-Rouge Française est avisée de leur rapatriement en France par la Croix Rouge Internationale. Ils sont partis pour Nancy.

Je vous lis d'ailleurs l'article du journal "Le Méridional" qui relate cette affaire.
Voici seize mois qu'un père, une mère gravissent le plus terrible calvaire : Leur fils Daniel Falcone, à cette époque âgé de dix-sept ans et demi, avait été enlevé le 4 mai 1962 alors qu'avec un camarade il se rendait du Ruisseau au port d'Alger. Demeurés à Alger durant plusieurs mois pour effectuer des recherches, M. et Mme Falcone ne pouvant plus tenir dans l'enfer algérien, décidaient de regagner la France. Ils devaient bientôt apprendre que leur fils avait été libéré entre le 11 et le 13 juin.

En avril 1963, M. Falcone recevait une lettre de la Croix Rouge Internationale de Genève, lui disant que Daniel était vivant. Grand blessé de la face, il avait été rapatrié à bord d'un avion sanitaire dirigé sur Nancy. Le délégation de Marseille de la Croix Rouge Française, avisée par le C.I.C.R., confirmait la nouvelle. Immédiatement, M. Falcone se rendait à Nancy, Aucune trace de son fils dans aucun hôpital.
A Lyon, à l'hôpital Edouard Herriot, il parcourait tous les pavillons. Là non plus, aucun résultat.
Les demandes de recherches faites officiellement devaient rester vaines
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(Journal Officiel, p. 2572)