"Témoignage concernant Monsieur C.T.

 


Peu de temps après les événements du 5 juillet, il me fut conté le drame vécu par Monsieur C.T.

Celui-ci se trouvait dans un camion avec ses ouvriers sur la route de la Sénia lorsqu'il fut arrêté par des hommes armés et en uniformes qui l'emmenèrent au Commissariat Central. Là, il fut battu et laissé pour mort. Jeté, évanoui sur un tas de cadavres dans une pièce attenante à l'entrée, il revint à lui et fut particulièrement frappé par des corps dont les yeux étaient sortis de leurs orbites et pendaient sur des visages tuméfiés.

Il souffrait, ses gémissements attirèrent l'attention d'un Arabe qui le tira de sa position et en qui il reconnut avec stupeur le fils de son ancienne femme de ménage. Au risque de sa vie, ce garçon le cacha dans un bureau désert et revint plus tard le chercher pour le ramener chez lui. Le témoin dit avoir souffert pendant très longtemps de la meurtrissure de la mitraillette enfoncée dans son dos lors de son transfert vers le commissariat. Ce récit nous a été confirmé par des proches de Monsieur C.T. sauf en ce qui concerne les circonstances de l'arrestation du camion qui n'ont pu être certifiées.

Monsieur C.T. lui-même ne voulant pas parler de ce drame. Nous respectons sa volonté. L'autorisation de publier ces lignes nous a été donnée par ses proches par respect pour l'histoire."


50 ans après, il souffre encore de cauchemars.

 
 
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