Témoignage de Gérard VINCENT
Pharmacien au Plateau St Michel à ORAN
recueilli page 159 - 160 du Tome 1 du livre "l'Agonie d'Oran"de Geneviève de TERNANT
(éditions J. Gandini - Calvisson)



"La matinée avait commencé très calmement.
Vers les 11 heures, toutefois, nous avons entendu les premiers coups de feu. Le quartier se vidait alors tout doucement. Vers midi, mon ami Jeannot, le pâtissier (Jean-Paul Reuliaud), deux autres commerçants et moi-même allâmes déjeuner dans un petit restaurant du boulevard Marceau.
Vers 13 heures, la fusillade s'entendait très bien. A 13 heures 30, des A.T.O., revolver au poing, nous demandent de vider les lieux. Certains partirent vers la rue de Mostaganem, d'autres dont nous-mêmes, vers la gare.
Au carrefour, avec la rue Marquis-de-Morès, un "soldat" de l'A.L.N. braquait un copain "José".
A l'angle du boulevard Marceau et de la rue d'Assas, se trouvait par hasard un lieutenant de l'armée française, soutenu à quelques mètres derrière par un sergent. Leur compagnie (un régiment d'infanterie de marine dont j'ai oublié le numéro) se trouvait dans la gare. J'appelais le lieutenant qui descendit le Boulevard Marceau pour délivrer José, ce qui fut fait rapidement.
Je me réfugiais alors avec d'autres personnes à l' intérieur de la gare où se trouvaient déjà de nombreux civils.
A partir de ce moment, jusque vers 17 heures, le R.I.M.A. devait en découdre avec l'A.L.N. qui laissait quatre morts dans l'Ecole Lamoricière, en face.
A 18 heures, le calme régnait dans le quartier et nous avons vu alors passer des G.M.C. conduits par des soldats français remplis de blessés soignés qui revenaient de l'hôpital.
Le lendemain matin, le commissariat du 5° arrondissement était coiffé par un groupe de gendarmes mobiles (les rouges).
J'ai pu assister, alors, à une violente altercation : un lieutenant d'lnfanterie insultait un capitaine de gendarmerie qui ne savait plus que répondre pour se défendre.
Et le 7 juillet, la compagnie du R.I.M.A., pour sa brillante conduite, était rapatriée d'urgence en France.

Merci, quand même à ce lieutenant sans qui beaucoup d'amis du quartier (et moi-même) serions restés pour toujours à Oran...


Gérard VINCENT


 
 
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