LIBRES PROPOS
La chronique de Geneviève de Ternant
 
LA FRANCE EST EN ETAT DE PÉCHÉ MORTEL. ELLE CONNAITRA, UN JOUR, LE CHATIMENT.
Maréchal JUIN, avril1962.

RÉCAPITULATIF:


Janvier 2007: Le soleil radieux de la liberté et de l'indépendance.
A propos de la bataille d' Alger.
Février 2007: Enfin Malherbe vint !
Je m'interroge...
Mars 2007:Les manchots ont froid aux pieds
Avril 2007: La Charia est parmi nous.
Mai 2007: Identité nationale.
Août 2007: Le fond du fonds
Septembre 2007: Le secret de Pierre Mesmer
Piqure de rappel

Novembre 2007: Racisme anti Pied-Noir
Mur des Disparus en Algérie
Décembre 2007: Injustice ?

Janvier 2008: Politique et civilisation
Amère liberté
Février 2008: Marocains sous douanes
Un prêtre condamné en Algérie
Mars 2008:
Mai 2008 : Délit de chrétienté

Aout 2008: Trou de mémoire
Septembre 2008: Néron, le retour...

Octobre 2008: Quelle Histoire? Quelle histoire?
Novembre 2008: Pour dire encore d'Albert Camus
Tabou
Décembre 2008: Marcel Petitjean

Janvier 2009: Droits de l' Homme
Fevrier 2009: Mauvais esprit
Fou celui qui...

Mars 2009: La révolution des casseroles
Mentor
Charité bien ordonnée...

Avril 2009: Par ici la bonne soupe.
Nom d'une pipe éteinte

Juin 2009: Pékin sur Seine

Juillet 2009: Secrets d' Etats, des tas d' secrets!
Légalistes et coup d' Etat

Août 2009: Le chat, la belette et le petit lapin .

Septembre 2009: Sous le masque ou la Burqua.

Octobre 2009: La dérive des incontinents
Lettre à Jo

Novembre 2009: Victimisation

Décembre 2009: Des lois et de leurs applications

Janvier 2010: Voile
Février 2010: Eclipses

Barricades
Mars 2010: Accords déviants
Avril 2010: Chapeau
Mai 2010: Devoir de mémoire ou droit à l'oubli ?
Juillet 2010: Souvenirs, souvenirs...
Août 2010: Nouvelle saison
Septembre 2010: Panache!
Octobre 2010: Une Histoire intéressante
Il était une fois dans l'Ouest
Novembre 2010: De l'honneur
Honte
Décembre 2010: FRANCO et le Maghreb
Treize? Cela porte malheur!

Janvier 2011: La Porte Dorée de l'Immigration
Mars 2011: Ces Colons là...
Chaos

Avril 2011: Démocratie essorée
Marchons! Marchons!

Mai 2011: Bonnes consciences
Les voies du Seigneur sont bien tortueuses !

Juin 2011: Prémonition

Juillet 2011: Une communauté réduite aux caquets

Août 2011: Toutes les choses...
Septembre 2011: Je ne sais pas...

Octobre 2011: Le veau d'or est toujours debout

Novembre 2011: 24 décembre 1961
Le diable porte pierre

Décembre 2011: Stupéfiant!

 

Janvier 2012: Et s'il ne s'était pas rendu ?
Février 2012: Idéologies

Avril 2012: Accords ou désaccords ?
Engagement

Juillet 2012: Déprédations.

Août 2012: Tours de passe de la mémoire
Arrogance.

Encan.

Septembre 2012: Gaullistes?

Novembre 2012: Ravages

Janvier 2013: Les bonobos sont parmi nous.

Février 2013: Voter.

Mars 2013: La Presse.

Avril 2013: Le mur du son

Juin 2013: Est-ce trop d'éspérer?

Juillet 2013: Enfin!
La politique du coul cousit

Septembre 2013: A propos d'Albert CAMUS

Octobre 2013: Que sont mes amis devenus...

Décembre 2013: Prêtez-nous Angela!

 

Janvier 2014: Mort pour la France.

Mars 2014: Arbres ambulants.
Une Oranaise à Honk-Kong.

Mai 2014: Christeros

Juillet 2014: Pierrot lunaire

Octobre 2014: Ces colons-là...

Novembre 2014: 24 décembre 1961

Décembre 2014: Lien ou pas lien?

 

Janvier 2015: Impressions et préjugés


Février 2015: Un Islam tolérant, enfin?
Croisade des enfants
Avril 2015: Antériorité


Mai 2015: Cimetières communaux?
Serpent à sornettes?

Juin 2015: raisons de vivres et de mourir.
Musée à la trappe.

17 juin: Cadeau
27 juin: Fondamentaux

Juillet 2015: Le portrait maudit.

Août 2015: Rien de nouveau sous le soleil

Décembre 2015: Pauvre Clio

 

Janvier 2016: PEUR!

Juillet 2016: Attentat de Nice
Ce 14 juillet 2016 Nice

 

Janvier 2017: Voeux

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Vœux...


Mes amis, pardon ! Je suis fatiguée.

Fatiguée de dire encore et toujours que la colonisation de l’Algérie ne fut pas un génocide, qu’elle a apporté un développement magnifique à une terre alors stérile en grande partie et couverte de marécages, que la population d’environ un million et demi d’habitants autochtones a été multipliée par plus de huit, que jamais les Français d’Algérie ne furent des esclavagistes, que les villes haussmanniennes qu’ils ont édifiées n’ont pas été des apartheids et que les campagnes ont été assainies, cultivées de façon moderne pour donner plus d’aisance à tous les enfants de ce pays. Que les indigènes ont été accueillis dans les écoles, les lycées, les universités où ils ont brillé, que les médecins, les pharmaciens, les avocats, les professeurs issus des familles autochtones avaient le même niveau que tous leurs condisciples...


Mais d’où vient alors ce sentiment d’être des victimes ? Et de quoi ? D’où vient qu’après une période de résistance à la modernité, et après que la génération suivante se soit montrée presque dans son ensemble euphorique et avide de culture, ce soit la troisième génération (en gros) qui se soit insurgée ? Nul ne me l’a expliqué. Mais...


Que voit-on en France ? Une génération « d’immigrés français » d’origine maghrébine venue travailler et fort durement et envoyant une grande partie de son salaire en Algérie –ou au Maroc et en Tunisie- pour faire vivre tout un douar, disons « la famille élargie », puis une deuxième génération faisant venir la dite famille soit par choix personnel et à ses frais, soit au titre de ce calamiteux « regroupement familial » de politiques qui croyaient sans doute qu’une famille maghrébine c’est un père, une mère et deux enfants... Funeste imbécillité ! Et donc, une troisième génération, bien implantée, bien grassouillette, qui crie à la victimisation !

Je suis bien obligée de croire à la malédiction de la troisième génération !


Tout cela nous l’avons écrit cent fois, nous l’avons crié et re crié en pure perte ! Alors oui, je suis fatiguée.


Mes vœux pour 2017 ? Déboucher les oreilles des sourds, ouvrir les yeux des aveugles et renvoyer à leurs chères études les « idiots utiles » et les imbéciles heureux.


Mais cela n’est pas pour aujourd’hui, ni pour demain !


Alors, Oui, mes amis, je suis fatiguée.


Geneviève de Ternant

Janvier 2017

 
CE 14 JUILLET 2016 NICE


Ce silence ! Il y avait la foule, les gens qui riaient, qui chantaient, qui se poussaient par blague... Les GENS...


Un bruit, une explosion ? Et ce silence... Non, là, c’était à Oran, ma ville, mon amour...Reviens à toi ! Ce n’est plus ta ville, c’est l’autre, si belle... C’est Nice d’épreuves, de joies, de pleurs C’est Nice la Belle-Aimée. Nice de sourires, de joies, de la mer... du mauvais côté. Je ne m’y suis jamais habituée, la mer n’est pas du bon côté, mais c’est beau, si beau, si insouciant...

Non, pas d’explosion, même pas de bruit, un camion fou que conduit un homme qui n’est pas fou ; Une haine de 19 tonnes... Ce silence.

Et puis, les cris, inarticulés, partout le même Ô Munch ! Et puis, le cri primal : Maman !

Des voix qui s’éteignent en murmurant « Maman »...

Ô Seigneur ! N’ai-je pas vu assez de cadavres ? N’ai-je pas enjambé assez de morts dans ma ville pour continuer, continuer, continuer... VIVRE !

Ô Seigneur, Fallait-il encore donner des vies au Moloch ? Fallait-il encore dans la ville de rire, d’insouciance, la ville du feu d’artifice qui s’éteint dans une dernière étincelle, fallait-il donc CELA ? CELA que je ne peux plus nommer...

Oui, CELA, ces pauvres morts après tant de pauvres morts par la volonté d’un fou ? Non, il n’était pas fou. Il était guidé par la Malin, Satan au masque...

C’était une nuit de 14 juillet. Pour quelle Bastille sont morts ces pauvres morts de la Promenade ?

Geneviève de Ternant

 
 
ATTENTAT de Nice – 14 juillet 2016

Il est bien difficile d’écrire sans laisser éclater sa colère sur ce soir de fête devenu soir de deuil. L’une des plus belles anses de Méditerranée en cette soirée d’été venait de permettre de revoir les étoiles. Elles avaient été éclipsées par un feu d’artifice permis par la Municipalité en dépit d’un vent violent. Tous les autres avaient été annulés.
La foule se pressait contre les rambardes et les parapets, rieuse, heureuse, insouciante.

L’homme s’est tapi dans l’énorme camion de 19 tonnes, loué quatre jours plus tôt. Il a pris ses repères par trois fois les jours précédents sur les lieux de son forfait.
Il sait que les rues perpendiculaires seront fermées par des barrières dérisoires, gardées par quelques policiers nationaux et municipaux. Que peuvent ces hommes, si courageux soient-ils, contre 19 tonnes de force brute ? Que peuvent des barrières disposées sur la chaussée pour empêcher le passage de voitures légères contre un camion lancé à pleine vitesse ? De plus, il a choisi un trottoir assez large pour les contourner afin de ne pas faire éclater ses pneus. Et même, que lui importe, à l’homme prisonnier de sa folie, que lui importent les obstacles sur sa route insensée ? Il a choisit le plus gros camion, la plus belle nuit, la plus merveilleuse anse sur cette mer paisible, la plus grande foule de braves gens, des hommes, femmes et surtout des enfants aux yeux encore éblouis des myriades d’étincelles multicolores dans le ciel d’été...

Il a choisit la mort... Les traits hideux de la mort donnée...

84 morts écrasés sous ses roues. Plus de 200 blessés dont plusieurs en danger de mort.

Et lui ! Lui qui se prend pour Dieu ! Le donneur de mort au Moloch insatiable. Lui qui croit peut-être qu’il sera accueilli en martyr par 72 vierges...

Nous qui avons subi plus de 8 années les crimes abominables de ces soi disant « fous de Dieu » qui ne sont que des fous d’orgueil, nous ne savons que trop qu’il est possible de faire un carnage « à petit prix ». Nul besoin d’un logiciel compliqué, nul besoin d’un armement coûteux, et nous connaissons aussi l’implacable logique qui entraîne d’autres esprits tordus à imiter celui qui a « osé » !

Comment arrêter la contagion de folie meurtrière ? Les douces paroles de paix et d’amour ne l’arrêteront pas plus que les fleurs et les bougies et les pauvres nounours aux yeux tristes déposés sur le bitume...
Ils n’ont pas arrêté les tueurs du FLN dans notre pauvre pays perdu. Le tueur de Nice est leur héritier et fous ont été les politiques qui ont laissé monter cette idéologie malgré nos avertissements restés lettre morte.
Et dans nos souvenirs remontent les visages des morts niés par la mémoire à éclipse des Français anesthésiés. El-Halia, Le Casino de la corniche, les cafétérias d’Alger, les 800 (au moins) assassinés d’Oran le 5 juillet 1962 et sans oublier les morts du 26 mars 1962 à Alger, sacrifiés sur l’autel du Moloch par ordre du chef d’état sanguinaire, De Gaulle.

Les morts de la Promenade des Anglais ne manqueront pas d’être accueillis au Paradis des martyrs par nos morts d’Algérie qui leur diront : « Nous vous l’avions bien dit ! »

Geneviève de Ternant


 
 
Sauvetage

Lorsque la fin de l’Algérie Française devint une réalité aussi absurde qu’inéluctable, mon beau-père, Monsieur André VINCENT, attaché de préfecture à Oran et nommé préfet de Tlemcen fut chargé d’ouvrir un consulat de France avec Mademoiselle Cruck, à Oran.
Avant de quitter la préfecture, il prit plusieurs cartes d’identité vierges, prévoyant qu’il aurait à sauver quelques vies... Il n’avait pas pensé au problème qui allait se poser.
Au moment de l’indépendance du Maroc, en 1956, certaines populations juives de la vallée du Draa dans le sud marocain se trouvèrent menacées par des groupes musulmans fanatisés, échappant à l’autorité du Roi. Il n’y a pas de frontières réelles dans le grand sud et le Sahara est continu de part et d’autre d’une frontière fictive.
Ces populations qui vivaient dans cette vallée sans doute depuis la fuite d’Egypte ne possédaient aucun papier d’identité. Elles empruntèrent le chemin des confins algériens et, prises en charge par la communauté juive de Tlemcen, elles se fondirent dans cette communauté, toujours sans aucun papier d’identité. Les hommes portaient encore le costume traditionnel des juifs du bled d’avant la conquête et les femmes le châle et la perruque de coton. Ils durent s’habituer à la modernité.
Les juifs de Tlemcen suivirent les Européens dans l’exode de juin 1962 mais il n’était pas possible d’embarquer sur les navires pour la France sans carte d’identité. Qu’allait-on faire de ces gens sans papier ?
Le rabbin vint trouver André Vincent au consulat et lui exposa le problème. Ce Juste allait trouver la solution fort peu orthodoxe, en vérité. Il établit avec les cartes vierges dérobées des cartes d’identité valables 15 jours. C’est moi qui fus chargée d’imiter la signature du préfet qui avait quitté Oran. Je m’en acquittais du mieux possible. J’en avais déjà pris l’habitude en falsifiant des cartes pour les combattants OAS d’Oran.
C’est ainsi que, mêlés à leurs coreligionnaires en partance, les juifs après avoir fui le Maroc se retrouvèrent à Marseille: Personne à l’embarquement, ne s’était aperçu que leurs papiers portaient une date de péremption bizarre ! J’ignore comment ils obtinrent par la suite des papiers d’identité normaux ou si, étant donné leur âge, ils se fondirent tranquillement dans la société marseillaise pour y couler leurs derniers jours en paix, sans papier...

Je n’ai jamais conté cette histoire qu’à mes enfants mais je crois qu’il est normal, aujourd’hui, de faire connaître la manière dont des hommes de bonne volonté permirent de sauver des gens que la barbarie des nouveaux maîtres de l’Algérie menaçait.

Geneviève de Ternant
4 février 2016

 
 
PEUR !

C’est joli, les petits cartons : « Même pas peur ! » Ils sont beaux, les jeunes – et les moins jeunes – qui brandissent leur courage et sourient à l’avenir, Ils sont si terriblement attendrissants. Ils sont à mille lieux de connaître la force terrible de ce mot : « PEUR ! »
La Peur est une stratégie. En Algérie elle fut méthodiquement organisée. Il fallait faire peur, non pas aux Européens, ou presque pas ; Il fallait terroriser les Indigènes, ceux des douars isolés, ceux qui seraient obligés de prêter main forte aux terroristes, leur donneraient de gré ou de force, le vivre et l’abri. Ce serait ensuite le tour des ouvriers des fermes et puis des citadins.
En France, la technique est un peu différente. Il est plus facile pour les terroristes de se dissimuler dans les villes, de cultiver le terreau fertile des frustrations réelles ou inventées. Mais le tour des villages et des campagnes est en train d’arriver. Ces villages où, autrefois, tout le monde connaissait tout le monde depuis des générations, sont devenus des déserts mais ils offrent des opportunités sous d’innocentes apparences de réunions d’endoctrinement Quoi de plus innocent qu’une salle de sport ? Il faut bien occuper les enfants... et accessoirement leur fourrer dans le crâne l’obsessionnelle antienne : Ils sont des victimes !

En Algérie, le FLN coupait les lèvres et le nez des indigènes coupables de fumer et donc d’alimenter le commerce des Français. Je pense que si, dans les hôpitaux de France arrivaient ce genre de mutilations, cela se saurait... Quoique... Mais il n’en est même pas besoin. La peur s’est déjà installée dans les quartiers où les caïds font la loi, commençant pas être de petits truands, et se convertissant sincèrement ou pas. Il y a plus de facilité à se faire obéir et entretenir quand on est un imam autoproclamé qui ne connaît rien à sa propre religion et puis, on se lasse de deeler dans les entrées d’immeubles... Mais c’est un autre moyen d’inspirer la peur.

Y a-t-il un remède contre cette stratégie de la peur ? Ce n’est certainement pas dans l’arsenal pénal de nos lois que sera cherché ce remède qui s’y trouve pourtant. Encore faut-il que l’on ose l’exhumer, l’appliquer et résister aux sirènes des droits de l’hommistes qui préfèrent les coupables aux victimes.
Les attentats de janvier, de novembre et ceux qui surviennent quotidiennement, et ceux qui sont, nous dit-on, déjoués, ne sont que le prélude des jours sombres que nous, qui avons connu tout cela dans l’indifférence générale, savons inéluctables. Nous l’avons dit, écrit, publié quand nous le pouvions. La machine de peur est en marche. Puisse ceux qui peuvent agir le faire enfin. C’est mon vœu pour cette année qui commence.

Geneviève de Ternant
4 janvier 2016

 

 

 

 

 
 

PAUVRE CLIO

Bernard Plouvier, dans un délicieux article du Métamag au 1er décembre 2015, a bien raison de plaindre la muse de l’Histoire, la plus infortunée des Muses, « violentée dès son jeune âge » et qui « accoucha d’une ahurissante quantité de monstres ! »
Aussi, nos ancêtres différenciaient–ils sagement, écrit Bernard Plouvier, « les faits historiques tels qu’ils s’étaient réellement passés des divagations des amants de Clio. Ils nommèrent les faits « Res gestae » et Historia la narration ».
Ainsi le travail minutieux et patient de l’Historien est-il destiné à débusquer les faits réels, constamment remis en question par de nouvelles découvertes, des documents jusque là inconnus. Mais l’Historia a-t-elle quelque chose à voir avec le travail des spécialistes ? Fort peu. Mais elle a une importance politique considérable.
Du temps de notre enfance, le Mallet et Isaac était la seule source à laquelle s’abreuvaient des millions de petits écoliers : Nos ancêtres le Gaulois, bien sûr, et puis les rois qui ont fait la France (mais qui ne valaient pas tripette) les Lumières qu’on révérait mais qu’on effleurait, la Révolution, grande et noble (malgré quelques petites erreurs sanglantes), destinée à illuminer l’humanité par La LIBERTE. En ce temps, on la mettait au singulier, cette liberté, mais ça ne devait pas durer. On n’a jamais eu si peu de liberté que depuis qu’on nous l’a fichue au pluriel.
N’importe quel esprit moyen est capable de comprendre que sa liberté n’est pas celle de son voisin et que LES LIBERTES, s’annulent comme deux signes moins dans une équation.
Nous subissions ensuite l’exaltation obligatoire de Napoléon, le triste retour des Bourbons « dans les fourgons de l’ennemi » et, prudemment, on arrivait à la guerre de 14, sans nous avoir jamais parlé de la crise antichrétienne, de l’instabilité parlementaire, ni d’autres fariboles que les jeunes esprits n’avaient pas à connaître. Tout juste, en Algérie, si on nous racontait la conquête (et le coup d’éventail) du territoire où nous étions nés, après déjà trois ou quatre générations, où nous résidions et « qui était la France ».
Il fallait avoir une sacrée curiosité pour aller plus loin, essayer de comprendre notre petite patrie, l’Algérie, notre grande patrie, la France et si possible, le monde.
Ce monde qui, avec la 2ième guerre mondiale faisait irruption avec brutalité dans nos petites vies si minuscules.
Et alors, l’Histoire s’est vengée. Elle a cessé d’être « iconique », réconfortante. Elle s’est fabriquée de toutes pièces, pas plus réelle que l’ancienne, mais accusatrice, redondante, pleine de sang et de larmes (que nous aurions fait couler), victimisant à tout va des populations qui jusque là n’en demandaient pas tant et, par le mépris et l’ironie, détruisant cette « identité française » après laquelle nos gouvernants inconséquents courent comme des lapins après l’avoir niée...
Et maintenant quoi ? Quelle histoire ?
Ce qui a été n’est plus et ne sera plus jamais. Bernard Plouvier cite Confucius : « L’expérience est une lanterne que l’on porte accrochée dans le dos et qui ne sert qu’à éclairer le chemin parcouru. »
Cela n’est que trop vrai. Notre cruelle expérience n’a servi de rien pour protéger nos enfants. Nous avons parlé, écrit, publié. Et la même cruelle expérience que vivent nos gosses de vingt ans ne servira de rien car leur esprit a été formaté à la démission.
A moins qu’enfin, par un rétablissement complet, se lève un ferment de renouveau, de résistance à l’abandon moral. Qu’il ne soit pas anéanti par la routine peureuse, la langue de bois, la méchanceté et l’incapacité des clercs et des responsables politiques...


Au secours, Clio, vieille prostituée en lambeaux, refais-toi une jeune virginité !

Geneviève de Ternant
2 décembre 2015

 
 

Rien de nouveau sous le soleil...

 

« Et l’Espagne inventa la guérilla », le titre de cet article d’Adrien Jaulmes dans le figaro du lundi 10 août 2015 raconte les victoires et les déboires de Napoléon en Espagne ; Comment une armée invincible, partout victorieuse est pourtant vaincue par les piqûres d’épingle de la guérilla, telle qu’elle se fit ensuite en Indochine, en Algérie, en Irak ou en Afghanistan et ce n’est pas pour le bonheur des peuples...
La guérilla favorise les extrémistes les plus radicaux et les plus violents. « Les intellectuels espagnols, favorables aux idées modernes furent traités de collabo, pourchassés, assassinés » l cite Arturo Perez Reverte : « La guerre d’indépendance a pour effet de discréditer la modernité en Espagne. L’invasion française a forcé les élites espagnoles à choisir entre trahir leurs concitoyens en se ralliant aux envahisseurs ou trahir leurs idéaux démocratiques et progressistes (...) la plupart des malheurs de l’Espagne moderne trouvent leur origine dans et épisode. »
C’est malheureusement ce qui s’est passé en Algérie où les indigènes diplômés, évolués qui se voulaient et se sentaient français par l’esprit ont été les victimes des plus violents et des plus obscurantistes de leurs compatriotes. Ceux-ci, de surcroît, imbibés de communisme et arrosés à la sauce religieuse dévoyée pour influencer les foules, se sont révélés incapables d’accélérer le progrès social en Algérie mais même l’ont délibérément freiné, entraînant notre pauvre pays bien-aimé dans la pauvreté, l’assistanat et la dépendance aux seuls revenus du pétrole.
Alors ceux qui l’ont pu sont partis. Et ceux qui sont restés ont fait profil bas.

Les nouveaux maîtres se sont-ils dit : « Demain, du pétrole, il n’y en aura plus ; Demain il y aura encore plus de bouches à nourrir ; Demain nous, les apparatchiks, nous seront morts ou partis, gavés des fruits volés ; Demain nous seront tous en France. La France n’a pas de pétrole mais elle est riche et sotte. On mettra un peu de temps à la ruiner complètement ; Demain, on s’en fout, tant pis. Mektoub... »

Nous assistons, impuissants, à cette dégringolade. Après avoir perdu notre Algérie, nous perdons notre France. Ceux qui essaient de réveiller le pays sont politiquement incorrects, donc motus ! On a oublié les attentats de la rue des Rosiers et depuis tous les autres jusqu’à ceux de janvier 2015 qui déjà sombrent dans l’oubli, le Thalys ? Voyons, pas d’amalgame...
Rien à voir avec la guérilla !
Non, décidément, rien de nouveau sous le soleil...

Geneviève de Ternant
25 août 2015


 
 
LE PORTRAIT MAUDIT

En ce 13 juillet 2015, je lis l’article d’Eric Bietry-Rivière en page culture du Figaro. Il rappelle l’histoire baroque du portrait de Staline par Picasso.
En deux mots, rappelons les faits : Nous sommes au 5 mars 1953, la nouvelle de la mort du Petit Père des Peuples se répand. Stupeur et tremblement !
Le poète Aragon dirige l’hebdomadaire communiste « Les Lettres Française ». Il se doit de frapper un grand coup ! S’en sera un mais pas celui qu’il croit...
Il envoie à Picasso un télégramme : « envoie ce que tu voudras ». Picasso est membre du Parti Communiste depuis 1944. Il a peint l’immense tableau symbolique Guernica, et inventé la colombe de la paix. Ignore-t-il les crimes de Staline ? C’est peu probable mais cela ne remet pas en cause son engagement...
En trois coups de bâton gras, le Maître croque un Staline jeune, moustache en croc, parfaitement ressemblant mais...
Le supplément culturel de l’Humanité, ravi de recevoir une œuvre du plus grand peinte alors au fait de sa gloire publie en Une le dessin. Tollé général ! On s’attendait à un Staline conforme aux portraits officiels, « vieillard chenu et bienveillant » écrit Pierre Daix, rédacteur en chef du magazine, un maréchal en uniforme et casquette militaire, bardé de décorations...
Ce portrait ? « Une tête de bille. Un œuf permanenté et à belles bacchantes, sans l’ombre d’une faucille ou d’un marteau... »
Bref, le dessin qui fit scandale au point que la vie d’Aragon fut menacée, qu’Elsa Triolet dû monter au créneau pour le défendre et qu’il fallut attendre le retour de Maurice Thorez alors soigné en U.R.S.S. pour un A.V.C. pour calmer les Saint Just d’opérette, donc le dessin a disparu ! Nul n’en a retrouvé la trace...
Mais pourquoi vous parler de cette histoire ? D’abord parce qu’elle est drôle, ensuite et cela l’est beaucoup moins, pour rappeler que Picasso n’a jamais rompu avec le Parti Communiste, qu’il accepta le Prix Lénine en 1962 et que, aussi bien durant la guerre d’Algérie que jusqu’à sa mort, il alimenta les caisses du Parti de valises de billets. Alors, en admirant (ou pas) Les Demoiselles d’Avignon, pensez que son auteur, pacifiste, a permis aux compagnons de route du F.L.N. d’acheter des armes pour tuer les soldats d’une France qui lui avait ouvert les bras et donné gloire et richesse. Lui, l’exilé, aidait ainsi à chasser les Pieds-Noirs de leur terre natale...
Geneviève de Ternant
13 juillet 2015

 
 
FONDAMENTAUX

On assiste en ce moment à un phénomène curieux : Les éditeurs qui ont à prendre le vent, rééditent les auteurs dont il fut de bon ton de se gausser.
Maurras que les lecteurs « éclairés » lisaient presque sous le manteau, vouaient aux gémonies, lui et ses thuriféraires ! Nous avons tous pu lire avec quel dégoût furent traités les « maurassiens ».
Léon Daudet, l’imprécateur (écrit Bruno de Cessole, Valeurs Actuelles 11/6/ 2015) vient de refaire surface avec « Souvenirs et polémiques » édition établie par Bernard Oudin, chez Robert Laffont collection « Bouquins ».
Et voici Péguy, que signale Eric Zemmour (Figaro jeudi 25 juin 2015) dont la « Mystique Républicaine » est rééditée chez L’Herne. Péguy ! S’est-on assez moqué de son style, de sa foi, de son patriotisme !
Ouf ! Un grand vent d’air pur !
De Maurras, les analyses n’ont pas pris une ride. Il semble qu’on puisse les calquer sur notre époque, en pire.
Léon Daudet : « Ma plume hait la tartufferie et les détours ». Pamphlétaire « torrentiel et truculent », que dirait-il aujourd’hui, quand la République numéro 5 s’avère la plus hypocrite, la plus perverse, la plus dédaigneuse des lois les plus naturelles, les plus sacrées ?
Quel Léon Daudet de notre temps oserait publier des « souvenirs » de cette hauteur de vue dans un langage « truculent, insolent, irrésistible de férocité et de drôlerie » ? Mais il serait ostracisé, jeté dans la fosse aux lions ! Il est vrai que Léon Daudet tâta de la prison, mais ses 14 duels, ça a tout de même un certain panache !
Et Péguy ! Qui « nous parle d’un temps que les moins de cent ans ne peuvent pas connaître », et Zemmour de citer cette terrible phrase, plus que jamais d’actualité : « Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul face à l’esprit ».
Hélas ! L’argent est roi plus que jamais et l’esprit ? Sans doute l’a-t-on caché sous le tapis.
De temps en temps, il tente de ressortir mais on lui frappe sur la tête : « Esprit es-tu là ? Va te cacher ! »

Alors, lorsque des livres anciens mais très actuels ressortent, ne boudons pas notre plaisir. Il ne faudrait pas désespérer les éditeurs courageux : Achetez, lisez, commentez la bonne parole ! Un bon livre est celui qui rend le lecteur intelligent, vous qui l’êtes, ne seraient pas déçus.
Geneviève de Ternant
27 juin 2015

 
 
Cadeau

La télévision, hier soir, m’a offert un cadeau : Revoir mon pays. Oh ! Je sais ! Beaucoup auront pensé que cela ferait mal, et c’est vrai. Que cela donnerait lieu à des propos désagréables pour nous. Il n’y en eut pas beaucoup et trop stupides comme celui-là : « Les colons obligeaient les indigènes à travailler les terres qu’ils leur avait prises. » Non seulement les colons n’obligeaient personne à travailler –Comment l’auraient-ils pu ?- Mais encore les colons en question étaient sollicités par des quadrillas de Marocains beaucoup plus fiables quand l’ouvrier algérien, après avoir travaillé 3 jours estimait qu’il en avait fait assez pour la semaine ! Ne vous offusquez pas, ce n’est pas là mensonge affreux, c’était ainsi et les chefs de chantier s’arrachaient les cheveux !
Il semble que cela n’ait pas changé puisque le documentaire montre la construction de la grande mosquée d’Alger et précise : « entièrement construite par des ouvrier chinois » ! Eh ! Oui ! Les ouvriers algériens préfèrent sans doute « tenir les murs » et toucher le chômage... ou venir en France, si généreuse France...
Si vous avez, comme moi, regardé avec attention les personnages qui saluent l’avion qui les filme avec leur beau sourire que nous connaissions si bien, vous aurez noté une majorité de femmes, dans les villes mais aussi dans les champs. Où sont les hommes ? Qui travaille ?
Du temps colonial, les femmes étaient au travail dès l’aurore, s’occupaient de la nourriture, des enfants, d’aller au puits dans le bled. En ville soit elles étaient cloîtrées soit elles travaillaient comme femmes de ménage soit, si elles avaient fait des études, elles travaillaient dans les bureaux, les hôpitaux, les magasins. Mais on ne les voyait jamais dans les cafés où tant d’hommes passaient de longues heures à siroter café ou thé à la menthe en jouant aux dominos.
Naturellement beaucoup d’hommes travaillaient aussi, dans les usines, les champs, à la pêche, aux marchés. Ils rêvaient d’avoir leur propre magasin, leur bateau de pêche, ils y arrivaient à force de courage. Ils avaient les mêmes rêves que le petit peuple européen.
Je ne parle pas là des gros propriétaires arabes, ni des diplômés, médecins, pharmaciens, dentistes, avocats... Membres ou agents du FLN, ceux-là ont été vite dégoûtés de leur « patrie libérée » tombée dans les pattes de l’arabisation à outrance de plus en plus anarchique jusqu’à la décennie noire de 90... Ceux-là qui se voyaient tous pour le moins ministres sont rapidement venus chez l’abominable oppresseur, la France, la généreuse France.
Mais le petit peuple indigène- qui tentait et tente encore de fuir- a subi toutes les lubies du pouvoir « benbelliste » puis « boumedieniste » et suivants sans jamais voir son sort amélioré, bien au contraire. C’est triste, infiniment triste. Oui, je l’ai écrit naguère : J’aimais tant mon pays que j’aurais aimé m’être trompé, j’aurai voulu qu’après notre départ désespéré, mon pays soit heureux sans nous. Amis, ne criez pas...
Je lis, en ce moment le livre : « Paris Alger, une histoire passionnelle » (Stock édition) de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet. Il me fait parfois grincer des dents mais dévoile quelques très croustillantes histoires, le dessous des cartes. Enfin lorsque les témoins veulent bien parler. Je vous en reparlerai.
Mais pour en revenir au documentaire d’hier soir, oui, j’ai eu un immense et douloureux plaisir à contempler les paysages de ce pays que je m’obstine à considérer comme mon pays. Ne me parlez pas de « nostalgérie » ni même de nostalgie. Mon pays est vivant, il vit toujours en moi. On ne regrette pas ce qui vit. Un cadeau ? C’était mon anniversaire.
Geneviève de Ternant
17 juin 2015

 
 

Musée à la trappe

Le musée de la France et de l’Algérie devait être installé dans la magnifique demeure du centre-ville de Montpellier, l’Hôtel Montcalm. Mais « les braises de la présence française au Maghreb sont encore chaudes dans le Midi... » écrit Guillaume Mollaret (Figaro 26 mai 2015)
Polémique après polémiques, le projet porté par l’ancien Maire, Georges Frèche, sombre avec le nouveau, Philippe Saurel.
Cet ambitieux projet laisse la place à un projet aussi ambitieux sinon plus : Un centre d’art contemporain décidé par la nouvelle municipalité. Ceci, en tant que pied-noir, ne nous concerne plus, sauf comme contribuable, puisque 12 millions d’euros ont déjà été engloutis par la rénovation du bâtiment et 3 millions d’œuvres collectées pour le Musée de la France et de l’Algérie « iront dormir dans les réserves du MUCEM à Marseille. »
Enterrement de première classe !
Je ne sais pas de quelle nature sont ces œuvres, sans doute des tableaux, des sculptures et peut-être des documents historiques. Tout cela deviendra inaccessible. Alors qu’il existe à Aix-en-Provence et à Perpignan des lieux de mémoire où ce patrimoine pourrait revenir à ceux qui sont directement concernés par ces richesses et reprendre vie.
Mais sans doute ne faut-il pas rêver...
Geneviève de Ternant
Juin 2015

 
 
Raisons de vivre et de mourir

Peut-être vais-je, une fois de plus choquer, ne pas être comprise. Ce n’est pas grave. Comme souvent, mes amis verront que ce que je dis est juste même si ce n’est pas agréable.
On s’étonne ou feint de s’étonner que tant de jeunes, garçons et filles, se convertissent à l’Islam et s’engagent pour combattre dans des pays où ils savent qu’ils risquent leur vie. Je m’étonne plutôt qu’il n’y en ait pas davantage.
Souvenez-vous, durant la guerre d’Espagne qui fut sanglante guerre civile, nombre de jeunes s’engagèrent dans les brigades internationales sans rien connaître des véritables enjeux, sans savoir ce qui était bon pour l’Espagne mais parce qu’ils pensaient se dévouer à une cause juste. Hors, en politique, il n’y a pas de causes justes. Ces jeunes, issus des années folles, ne trouvaient plus en France ce qu’ils cherchaient en réalité : un dépassement. Lorsque la défaite les mit en présence des envahisseurs, la plupart rejoignirent les rangs des résistants soit de droite soit communistes : Dépassement !
Lorsque les premiers soldats du contingent vinrent en Algérie, ils se conduisirent avec courage parce qu’on leur avait dit que leur sacrifice s’inscrivait dans la défense de la France. Ils découvrirent une réalité bien différente des paisibles bocages dans les djebels et des populations auxquelles ils s’attachèrent. Lorsqu’ils en parlent aujourd’hui, c’est avec nostalgie mais aussi colère pour le gâchis engendré par une politique insensée, pour leurs années perdues pour rien. Si vous avez lu leurs témoignages dans l’Echo de l’Oranie ou dans des journaux militaires, cela ne vous étonnera pas. Mais lorsque la propagande a tout faussé, lorsqu’on leur a raconté qu’ils allaient défendre des « gros colons », des esclavagistes, comment voulez-vous qu’ils n’aient pas réagi comme ils l’ont fait, lors du putch des généraux ? Et pourtant, la plupart ont fait leur devoir de soldat avec courage mais sans enthousiasme, encore, entre 1958 et 1962. La jeunesse a besoin qu’on lui donne des raisons de vivre et de mourir, de se dépasser. Personne ne mourra pour le Cac 40 a dit je ne sais quel homme politique de bon sens.
Lorsque le chant des Partisans résonne : « Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur la plaine », on frissonne. Lorsqu’il dit : « Ohé ! Compagnons, ouvrier et paysans, c’est l’alarme » les hommes se sont levé pour défendre leur patrie. Imaginez-vous qu’on chante aujourd’hui : « Ohé ! Les chômeurs, fonctionnaires, intermittents... » Qui voulez-vous motiver quand les jeunes pensent à leur retraite à vingt ans, quand ils ne descendent dans la rue que pour « des avantages acquis », quand ils travaillent 35 heures avec un compte pénibilité ! Est-ce que nous trouvions pénible de travailler ? On n’aurait jamais pensé à un truc pareil !
Alors, des jeunes s’imaginent trouver un sens à leur vie dans une religion dont ils ne connaissent rien, dans un sacrifice dont ils ne savent pas l’inutilité et pire la nocivité.
L’Eglise catholique n’a pas su remplir ce rôle qui était pourtant le sien avec un message d’amour, hélas !
Les dirigeants français, en retard d’un siècle, ont continué à percevoir le catholicisme comme un danger pour la République alors qu’il ne représente plus grand-chose dans la vie des jeunes. Et comme la nature a horreur du vide, l’Islam est venu remplir cette soif de sacrifice. Ce besoin de directives de vie. Et on s’étonne ?
Comme ces jeunes sont nourris de la violence que nous sert la télévision à longueur de programmes, le cocktail devient détonnant. Sans compter la facilité de se procurer des armes à des prix ridicules grâce au trafic de drogue...
Je ne sais pas s’il est encore possible de sauver la France de la catastrophe que lui a si bien mijotée la classe politique depuis 50 ans. S’il se levait une Jeanne d’Arc, elle (la classe politique) ne la brûlerait pas mais l’enfermerait dans un asile de fous...
Qui saura donner à la jeunesse française un motif d’être fier de sa Patrie ? De vivre et de mourir pour elle ?

Geneviève de Ternant Juin 2015

 
 
Serpent à « sornettes »

L’école de notre enfance nous apprenait les grandes dates de l’histoire de France puisque nous étions des petits Français dans des départements français d’Algérie, comme en métropole et dans toutes les écoles françaises d’Asie, d’Afrique et d’ailleurs.
Ces dates étaient illustrées par des personnages qui avaient marqué l’évolution de notre patrie, pour, à travers heurts et malheurs, l’amener à ce qui nous était enseigné comme la plus belle, la meilleure et la plus intelligente nation qui fut au monde, sur son socle grec et latin.
Notre curiosité, ensuite, nous amenait vers des connaissances diversifiées soit pour approfondir les notions déjà assimilées soit pour découvrir les civilisations musulmanes, chinoises, scandinaves à peine effleurées durant le cursus scolaire soit pour situer plus précisément dans le cadre européen, méditerranéen, atlantique, notre place de Français.
Il nous fallait d’abord apprendre, puis apprendre à réfléchir, puis apprendre à transmettre à nos enfants ou à nos élèves. Ce faisant, et sans heurts, nous apprenions à vivre, à relativiser.
Vieilles lunes que cela. L’enfant sait tout de lui et des autres par génération spontanée. Orgueil luciférien qui ne fait que des aigris ou des rescapés par miracle !
Je ne dis pas qu’avant c’était parfait, mais enfin, ce n’était pas si mal. De plus, l’école de notre enfance n’était pas mixte. Elle était même carrément misogyne. Mais on s’est aperçu à l’usage que les garçons et les filles n’ont pas le même rythme de développement. La mixité des classes primaires entraînait souvent une grande timidité des garçons et une suprématie des filles. On ne s’y attendait pas du tout, au contraire. Mais on ne s’attendait pas non plus à un constat redoutable : Les garçons ont appris depuis tout petits à avoir peur des filles d’où un certain replis ou au contraire une affirmation de violence physique et un phénomène de groupe. L’école se pacifie peu à peu mais elle n’a pas encore digéré sa mue au bout de trois générations. Et les établissements confessionnels demeurent pour la plupart non mixtes. En particulier les écoles musulmanes et quelques rares établissements catholiques. Or, leurs résultats sont parmi les meilleurs d’après un classement publié l’an dernier mais rapidement mis sous le boisseau. Cela pourrait faire réfléchir nos Trissotins du ministère.
Notre jeune et ravissante ministre de l’Education nationale se proclame marocaine avant d’être française. Les écoles marocaines sont parmi les meilleures du monde arabe, elles ne font pas la sottise d’enseigner aux enfants les aspects sombres de leur histoire mais au contraire, elles élèvent de leur mieux les jeunes dans l’amour de leur pays. Elles savent doser ce qui vient de leurs traditions et ce qui a été bénéfique de prendre aux enseignements étrangers.
Je connais mal l’étendue de la culture du Roi actuel du Maroc mais je me souviens que son père, Hassan II et son grand-père, Mohamed V étaient des lettrés, imprégnés des cultures, méditerranéennes surtout, ce qui ne les a pas empêché de gouverner leur pays avec autorité. Trop parfois, leur a-t-on reproché mais de quel droit juger ?
En revanche, nous avons le droit de juger que notre ministre plutôt marocaine par choix dit-elle, n’a pas à rabaisser l’histoire de notre pays à ses seules pages déplaisantes. C’est une vraie forfaiture que d’apprendre à des enfants à mépriser leur patrie. Aucun ministre de l’enseignement marocain ne se risquerait à pareille chose !
Ce qui ne veut pas dire qu’on soit en droit de mépriser celle des autres. Qui sait, en France, que la plus ancienne université du patrimoine mondial est marocaine ? La qaraouyine a été créée au IXiéme siècle, plus de 300 ans avant celles de Bologne, Oxford, Cambridge ou La Sorbonne.
A Casablanca, le Lycée français Lyautey a toujours enseigné l’amour de la France et l’attachement affectueux au Maroc. Comment les professeurs de ce prestigieux lycée peuvent-ils enseigner les élucubrations de nos ministres de l’éducation nationale qui conduisent à détester ce même enseignement ?
J’ignore ce que le prénom Najat signifie en arabe, mais, dépourvu de T, c’est un naja tripidians, serpent de la famille des Elapidae. En français, Cobra indien ou à lunette. Son venin neurotoxique est extrêmement dangereux. Le sourire charmant de notre serpent à sornette réussira-t-il à endormir les nouveaux rebelles, les « pseudo intellectuels » qui ont fait, si j’ose dire, le lit des folies najanesques depuis cinquante ans ?
C’est vrai, avant, les enfants de CM1 et CM2 savaient lire, écrire et compter. C’est bête, non ?

Geneviève de TERNANT
20 mai 2015

 
 
CIMETIERES COMMUNAUX ?

Le décompte des déprédations dans les cimetières a fait l’objet d’une étrange polémique. Les cimetières dénommés primitivement « Chrétiens » ont été débaptisés pour être dits « Communaux » alors que les cimetières juifs et musulmans conservaient leur désignation confessionnelle.
Justement intriguée, les cimetières musulmans et juifs ne seraient-ils donc pas « communaux », je me suis renseignée.
J’aime bien savoir de quoi l’actualité nous oblige à parler et je préfère ne pas écrire trop de bêtises.
Jusqu’à la Révolution Française en 1789, tous les cimetières étaient confessionnels mais en 1804, la création du Monopole Communal décrète la réintégration des carrés confessionnels dans les cimetières communaux ; ART L 2223-1 du CGCT.
Ils peuvent être regroupés mais non séparés par un obstacle matériel. Abrogeant l’article 15 du décret loi du 23 Prairial An XII, la loi du 15novembre 1887 renforce celle du 14 novembre 1881 interdisant toute attitude discriminatoire fondée sur la croyance ou l’absence de croyance religieuse. Elle garantit l’observation de la volonté du défunt pour régler les conditions des funérailles civiles ou religieuses. C’est le principe du libre choix.
La Constitution de 1958 légitime la laïcité et la neutralité des cimetières mais permet les signes religieux sur les sépultures.
Depuis ors, la création d’espaces confessionnels ne peut plus être légalement autorisé par le Maire mais la circulaire du 19 février 2008 permet le regroupement des défunts d’une même confession en prenant soin de respecter le principe de neutralité des parties communes du cimetière ainsi que le principe de liberté des croyances individuelles. Ils ne doivent pas être isolés des autres parties par une séparation matérielle. Ces espaces ne peuvent pas se voir reconnaître un statut légal.
Autrement dit, c’est au Maire de se débrouiller avec les familles et les autorités religieuses. On peut lui souhaiter Bon courage !

Madame Barbara Charbonnier, Maître en Droit, Consultante et Formatrice en Droit Funéraire, conclut : « L’expérience sur le terrain fait apparaître que le problème reste entier. »

Pour en revenir au fameux décompte des déprédations, il est absolument faux de les séparer en Communaux, Juifs et Musulmans puisqu’ils sont tous communaux.
Il est légitime de parler de sépultures Chrétiennes, Juives et Musulmanes vandalisées lorsque les objets pieusement déposés sur les tombes sont jetés à terre ou détruits.
Cela ne préjuge en rien de la foi ou de l’athéisme des personnes enterrées. Je conclurai avec Victor Hugo que nous pleurons tous « nos morts, nos pauvres morts qui gisent sous la pierre » et que nous voudrions bien que les vandales leur fichent la paix.

Geneviève de Tenant
14 mai 2015

 
 

ANTERIORITE

 

« Et quand ce serait un royaume,
Je ne vois pas, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l’octroi
À Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi... »
La loi du premier occupant dont se prévaut, bizarrement, Dame Belette pour s’emparer du logis du petit lapin dans la célèbre fable de La Fontaine, est bien d’actualité.
Telle fut l’ambition des humains pour se disputer les morceaux de terre émergée et souvent ce fut le chat qui triompha.
Dans la stupide censure de la RATP sur les affiches du concert des Prêtres au profit des Chrétiens d’Orient, l’indignation des internautes a fait pencher la balance, ce qui est heureux. Mais pour une cause légitime du moins aux yeux de la majorité des Français, combien de causes importantes ne mobilisent personne ?
S’il faut remonter aux débuts des choses, certes, la Chrétienté existe dans l’Orient depuis deux mille ans, puis s’étendit au Moyen-Orient, les Balkans et l’Occident. Les Chrétiens qui étaient majoritaires au commencement de la prédication de Mahomet sont, au cours des siècles devenus minoritaires par conquête ou conversion forcée ou pas. Rares furent les indignations des chrétiens éloignés des zones de conflit. Rares furent les mobilisations prêchées par les ecclésiastiques ou les Papes. La première croisade, prêchée par Urbain II en 1095 voulait délivrer l’Espagne des Maures, puis les croisades furent entreprises pour « délivrer les lieux saints », ce qui sous entend qu’ils avaient été pris par les Musulmans. Or les pèlerins y accédaient sans problèmes, moyennant finances, jusqu’à ce que Saladin s’empare de Jérusalem le 2 octobre 1187, et décide de les empêcher d’aller s’y recueillir. (Ceci est un raccourci, naturellement.) Mais ce sont bien les Musulmans qui ont envahi des terres chrétiennes et non l’inverse pour la simple raison que le Christianisme est né sept siècles avant l’Islam : élémentaire, mon cher Watson !
En ce qui concerne l’Afrique du Nord, elle était Chrétienne bien que fort divisée. Ariens, Manichéens, Catholiques Romains etc... se tiraient dans les pattes si bien que les Musulmans n’eurent pas beaucoup de peine à s’unir aux uns pour battre les autres et ensuite se retourner contre leurs alliés d’occasion qui avaient tiré pour eux les marrons du feu.
Les lieux ont une longue mémoire. Les Français établis en Algérie par la grâce d’un Roi très Chrétien, Charles X qui ne fit pas long feu, et qui étaient pour la plupart fort peu catholiques furent toujours perçus par les Musulmans comme des « Roumis » descendants des Romains de Saint Augustin de Tagasthe- Ô ironie ! – et surtout comme des « Nazaréens » adeptes du Christ.
Le nettoyage ethnique de la guerre d’Algérie fut encouragé et finalisé par De Gaulle qui se voulait catholique fervent. C’est donc encore une fois à un Chrétien que l’on doit l’éradication de la religion chrétienne sur la terre antérieurement chrétienne d’Algérie. Même si l’animal était fort peu catholique dans son orgueil luciférien...
Lorsque les Ottomans étendirent leur empire sur l’Europe jusqu’aux portes de Vienne, ce fut au détriment des peuples chrétiens asservis et en partie convertis. Si bien que lorsque les Serbes catholiques s’opposèrent aux prétentions démographiquement appuyées des Albanais musulmans, l’occident pris massivement parti pour les musulmans, bombardèrent les Serbes et les contraignirent à se contenter d’une patrie amputée des lieux les plus sacrés pour eux. Quelle logique dans cette politique ? Sinon l’aveuglement des Occidentaux. Bien rares furent alors les voix qui s’élevèrent pour signaler ce déni de justice... J’en fus. Ma pauvre voix ne fut guère écoutée ni comprise.
Aujourd’hui, je lis Pierre Vermeren, professeur d’histoire du monde arabe contemporain à l’Université ParisI –Panthéon Sorbonne qui s’effare du nettoyage ethnique qui dévaste le Moyen-Orient et menace notre pays et tout l’Occident, ou Pascal Bruckner, de retour d’Erbil et des camps qui écrit : « Les Chrétiens d’Orient ne sont pas des bonnes victimes, ils n’ont pas la cote. Au kilomètre sentimental, la vie d’un Chrétien d’Orient, arabe lui aussi, vaut mille fois moins que celle d’un Palestinien de Gaza. Cette hémiplégie du regard est stupéfiante. »
Je leur dis, nous, Français : Catholiques, Protestants, Juifs, libres-penseurs, athées, nous avons connu cet ostracisme, mesuré l’incroyable stupidité des journalistes et des « penseurs » de Saint Germain des Près. Nous avons subi l’abominable abandon du Chef de l’Etat d’alors que vous vénérez encore. Ce qui se passe aujourd’hui en France, nous l’avons prévu, écrit, publié quand cela nous fut possible. Nous n’étions pas de bonnes victimes.
Vox clamans in deserto... Le désert de l’imbécillité c’est maintenant. Il est bien tard pour crier.

Geneviève de Ternant
Avril 2015

 
 

Croisade des enfants

 

Les enfants, les jeunes, les personnes peu éduquées ou influençables furent de tout temps victimes des faux prophètes, des illuminés, des marchands d’espoir.
Aujourd’hui, ce sont des jeunes d’origine musulmane ou néo convertis qui sont envoyés sous le masque humanitaire et religieux vers des groupes qui les convertissent en chair à canon, en fous d’un Dieu travesti en Kronos, en bombes à retardement. Et les mères pleurent et pleureront.
Que le XXI° siècle engendre des monstruosités, ne peut étonner que ceux dont la mémoire s’arrête au XX° siècle qui fut prodigue sur ce chapitre et qui se sont écriés en toute bonne foi : « Plus jamais ça ! »
Pour moi qui suis férue d’histoire plus lointaine, cette mobilisation contre nature évoque des aventures similaires qui ont frappé la jeunesse occidentale dans ces époques que l’on appela « millénaristes » En fait, un peu plus tard que le millénaire où les prédicateurs affirmaient que la fin du monde était proche, ce qui se reproduisit pour l’an 2000 et se reproduira, n’en doutons pas.
En ces temps là, en France, vers 1212, un jeune berger nommé Étienne allait prêchant qu’il fallait que la jeunesse occidentale pauvre se substitue à la noblesse dont les croisades n’avaient pas réussi à délivrer les Lieux Saints. Il fallait donc partir dans le plus grand dénuement car Dieu pourvoirait au nécessaire pour ceux qui quittaient tout pour lui.
Dans ce même temps, en Allemagne, le Cortège Germanique se mit en route sous les exhortations d’un certain Nicolas âgé de 12 ou 14 ans selon les sources. Ce cortège se serait dispersé à Genève mais la légende dit qu’il serait arrivé en Terre Sainte au prix de 13 000 morts. On ne sait rien des éventuels survivants.
Le cortège français conduit par Étienne se rendit à Paris où il fut reçu par le roi Philippe- Auguste. Celui-ci leur donna l’ordre de se disperser. Il est à peu près certain que c’est ce qu’ils firent. Mais là aussi la légende s’empare du fait historique. Elle raconte que les plus obstinés continuèrent leur route et parvinrent à Marseille où ils furent fort bien reçus. Mais comme Etienne leur avait affirmé que la mer s’ouvrirait pour leur permettre de traverser sans bateaux, ils furent bien déçus de la voir s’y refuser et s’en retournèrent. D’autres légendes prennent le relais : Elles disent que des pêcheurs marseillais leur offrirent des places sur leurs bateaux puis les vendirent comme esclaves. On ne peut croire à tant de vilénie...
Il y eut encore d’autres tentatives de croisades populaires telles celle des Pastoureaux en 1231 et 1320. Elle n’eut pas meilleurs succès.
Était-ce vraiment des enfants, ceux qui partirent ainsi sur les chemins ? Nombre d’historiens pensent que le terme « Pueri » qui est employé dans les récits et signifie en latin « enfants » serait pris ici dans le sens biblique d’ « enfants de Dieu » ce que sont tous les hommes. Difficile en ce cas de donner un âge à ces malheureux croisés populaires. On ne sait que celui de leurs chefs ou plutôt des petits prophètes improvisés, Étienne et Nicolas.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il y eut de tous temps des « prêcheurs de lune » et des gens de tous âges, diplômés ou non, pour les suivre et s’en aller mourir non pour leur patrie, non pour leur dieu mais pour une mortelle illusion.
De tous temps, les larmes des mères ont gonflé la mer. La mer qui depuis Moïse ne s’est jamais ouverte.

Geneviève de Ternant
21 février 2015

 
 

Un Islam tolérant, enfin ?

 

Appelé de tous leurs vœux depuis bien des années par de nombreux Musulmans à l’esprit éclairé, une révision des Hadith serait-elle enfin envisagée par les plus hautes autorités de l’Islam ?
Nous savons combien cet examen critique se heurte à des difficultés jusqu’ici insurmontables. Il n’est pas question de modifier le coran pas plus que les Chrétiens n’ont modifié la Bible, ni les évangiles, pas plus que les Juifs n’ont modifié la Thora. Les écritures saintes doivent être étudiées comme elles ont été écrites dans les époques où elles l’ont été mais les règles de vie qui en découlent sont ou devraient être adaptables à un monde en constante évolution.
C’est pourquoi il est intéressant de connaître le travail qu’effectue actuellement la Sénatrice centriste Joëlle Garriaud-Maylam en Egypte auprès du Grand Imam de la Mosquée al-Azhar, le cheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb.

Cette dame dont j’entends parler pour la première fois, est rapporteur général de l’Assemblée parlementaire de l’Otan. Elle est mandatée pour un travail sur la lutte contre le terrorisme et tente, auprès de ce grand dignitaire musulman, d’approfondir les questions liées à la promotion d’un Islam tolérant.
Est-ce enfin un espoir qui se lève pour apaiser les luttes entre l’occident déboussolé et l’orient intolérant ? Entre sunnites et chiites ? Entre violence et acceptation des différences apaisée ?
Les interventions maladroites de l’Amérique suivie par l’Europe n’ont provoqué que chaos. Les tentatives d’imposer une démocratie basée sur la laïcité à des peuples qui n’en veulent pas ont échoué partout.
Même les Monarchies du Moyen-Orient se sont enfin rendu compte du péril pour elles de cette violence extrémiste, bien qu’elle continuent en sous main à la financer. La cruelle réalité est en train de les obliger à un choix assumé.

Il est temps, il me semble, d’essayer enfin quelque chaos de différent, une parole échange, comprise, une vraie parole de paix. Ce sera sans doute long et difficile mais peut-être a-t-on le droit d’espérer. Ou suis-je encore trop optimiste ?

Geneviève de Ternant
3 février 2015

 
 

Impressions et préjugés

Lorsque nous voyons un tableau pour la première fois, est-ce que nous pensons à la réalité que ce tableau représente, est-ce que nous apprécions le travail du peintre à travers ce que nous savons ou ignorons de lui, est-ce que notre culture nous influence ou bien nous laissons-nous aller à l’impression sur notre rétine, au frisson qui nous saisit de quelque chose de plus intérieur qui nous fait plonger dans l’œuvre ou, au contraire, nous en détourne comme d’une agression. Sommes-nous assez « primaire » pour juger sans préjuger ?
Ceci est-il valable pour les êtres et pour les lieux ? Jim Harrison écrit : «  Quand on voit le désert pour la première fois, ce n’est qu’un désert, la somme de toutes les bribes d’information que l’on a entendu sur le désert. Puis, on se met à marcher, à l’étudier, à camper dans le désert (...) alors, il devient insondable, mystérieux, stupéfiant, plein de fantômes et de mirages (...) il faut ensuite laisser le désert redevenir désert sinon, c’est l’aveuglement qui nous guette... »
Sans doute est-il impossible et injuste de s’en tenir devant un lieu, un être, un tableau, à la première impression. Pourtant n’est-ce pas Guitry qui disait : « Méfiez vous de la première impression, c’est la bonne ! » Mais non, on veut en savoir davantage sur l’histoire du lieu, du peintre, de l’œuvre. Curiosité nécessaire, enrichissante. Mais avons-nous assez de cœur pour en revenir, après inventaire, à la nature propre de ce qui fut étudié ? Pourquoi ce tableau là nous parle-t-il ? Alors que le peintre est méprisable et le reste de ses œuvres inerte pour nous ?
Pourquoi tel lieu nous retient-il comme une main accrochée à notre manteau ? Pourquoi cet inconnu nous semble-t-il fraternel ?
Il faut savoir écouter son corps qui dit plus de choses souvent que nous n’en entendons de lui.
Aveuglés par tout ce que nous savons, bourrés de préjugés, nous sommes trop souvent enfermés dans de petites cases dont il est difficile de sortir. Pourtant, aller vers l’autre, ne pas préjuger de ce qu’il est, aller vers des lieux dont on apprend ce que nous sommes, n’est-ce pas le plus beau des voyages ?
Pourquoi ces réflexions alors que l’actualité nous plonge dans une horreur que nous avions espéré, sans y croire, dépassée ? Parce que, une fois de plus, sous une apparence consensuelle, ce sont les petites cases qui se referment, ce sont les mots qui n’ont pas le même sens, ce sont les préjugés qui font la loi.
Alors, j’en reviens à mon expérience, la notre, celle que nous avons vécue.
Lorsque les Européens d’Algérie sont arrivés en foule et en désarroi dans cette métropole lâcheuse et lâche, ils avaient à peu près tous un double préjugé contradictoire.
D’abord l’image enseignée dés l’enfance d’une France grande, généreuse, vaillante, celle de Jeanne d’Arc et du Chevalier Bayard (et accessoirement, celle du Maréchal Pétain, vieillard tutélaire : Travail, Famille, Patrie, sauf votre respect...), en même temps que celle de jeunes du contingent qui pour la plupart ont fait leur devoir de soldats, ceux que nous avions reçu dans nos maisons, nos fermes, à nos tables.
Et l’autre, celle des fraternisations contre nature des C.R.S. et autres godillots de De Gaulle avec le F.L.N., celle de l’abandon d’une France marâtre, celle de l’accueil pour le moins rugueux dans les ports, les aéroports et dans les villes où on atterrissait. Les deux images se superposaient dans les esprits. Il fallut du temps pour que la vraie nature du Français moyen rencontré se forme : Dur et pourtant généreux, méfiant et accueillant, laxiste et travailleur : Un Français de contrastes. Etait-il si différent de nous ?
Et nous, quel préjugé avait-il de nous ? Des nantis, sans le sou, des « sueurs de burnous » travailleurs acharnés, des incultes, sûrement... parlaient-ils seulement français, ces gens là ? Ils allaient mettre la France à feu et à sang... En même temps, des gens bourrés de diplômes ou d’expérience qui allaient prendre leurs emplois et manger leur pain...Et puis le temps a fait son œuvre, les préjugés même s’ils sont solidement ancrés ont laissé un peu de place à un jugement plus nuancé. Disons que dans la masse, rien n’a changé mais sur l’individu le regard s’est fait plus clairvoyant. La première impression s’est nuancée, plus ou moins. Nous avons appris d’eux ce que nous sommes. Ont-ils appris de nous ce qu’ils sont ? Je n’en jurerai pas. Car, fondamentalement, ni eux ni nous n’avons changé.
Sur le « Français de France », sur le « Français d’Algérie », le regard est devenu celui que Jim Harrison porte sur le désert, lisons-le encore :
« Chaque fois que nous demandons aux lieux (et aux êtres) d’être autre chose qu’eux-mêmes, nous manifestons le mépris que nous avons pour eux. Nous les enterrons sous des couches successives de sentiments, puis, d’une manière ou d’une autre, nous les étouffons jusqu’à ce que mort s’ensuive... »
En nous regardant, les uns les autres, n’étouffons pas ce qui nous étonne jusqu’à ce que mort s’en suive, mais défendons ensemble ce qui demeure de notre commune identité, ce qui ne doit pas disparaître sous les assauts d’une civilisation étrangère à considérer sans préjugés mais avec lucidité. Rendons au tableau France, si cela est encore possible, l’impression première, prégnante... Pour ne pas l’étouffer jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Geneviève de Ternant
Janvier 2015

 
 
Lien ou pas lien ?

En France la politique est devenue tellement dingue qu’on appelle dérapage le fait de rester sur la bonne route ! La route de l’histoire réelle. Lorsque Éric Zemmour dit la vérité, on l’accuse des pires projets, on lui impute des mots qu’il n’a jamais dits, et, de là, le procès inquisitorial peut commencer, s’envoler sur les ailes de la rumeur !
Mais quand des « jeunes » imbibés des plus sanglantes idées tuent, violent, alors ce ne sont même pas des dérapages, les pauvres choux, ils sont seulement un peu malades. Et « il n’y a aucun lien entre ces événements ! » A Tours, à Dijon, à Nantes, aucun lien voyons, des déséquilibrés, et certes, ils le sont, mais « fous de Dieu », ou fous tout court ?
Comme l’écrit Natacha Polony (Figaro samedi 27-dimanche 28 décembre 2014) « Si les schizophrènes décompensent désormais leur psychose en assassinant les gens au cri d’ « Allah akbar », cela nous raconte quelque chose de l’époque »... Et pour nous d’une autre époque, pas si lointaine...
Qui oserait évoquer les vidéos de l’État islamique appelant les fanatiques de France et d’Europe à frapper les « infidèles » en se jetant sur eux avec leur voiture ? Ou à les tuer au hasard, dans la rue, avec un couteau ? Qui oserait rappeler que les « événements » d’Algérie ont commencé en frappant au hasard sur ordre les Européens, les « Roumis », les Musulmans attachés à la France ; Anciens Combattants puis Harkis, puis leurs familles, leurs douars... Des fous ? Mais derrière les fous, des pas si fous que ça...
Il me semble que les Maîtres de l’Ombre ont compris que les vocations suicidaires de ceux qui se font sauter avec leur charge de mort en tuant le maximum de personnes innocentes ne sont pas aussi nombreuses que les déséquilibrés qui avec leur voiture peuvent faire beaucoup de victimes mais ont une chance d’échapper à la mort. S’il survivent à l’accident provoqué, ils peuvent être simplement internés et une fois réputés guéris, reprendre leur vie d’avant mais avec l’auréole du héros islamique. Si ils sont emprisonnés, les lois de la République leur permettront de sortir rapidement et de reprendre leur travail de mort. C’est un peu une sorte de pari. Le Musulman est joueur, nous le savons, nous d’Algérie. Pile ou face avec la mort, mais avec une chance d’en sortir.
Aucun lien entre ces dramatiques « faits divers » ? Oui, la propagande démentielle des vidéos et des appels au Djihad que ces gens, déséquilibrés ou pas mais décérébrés à coup sûr, ingurgitent chaque jour, chaque nuit, jusqu’à ne plus distinguer qu’une seule « logique » de mort. Ceux qui partent en Syrie ou ailleurs vont au bout de leur rêve, de leur cauchemar, au moins en ont-ils le courage, mais ceux qui tuent ici sont des lâches. Et ceux qui leur trouvent des excuses sont aussi lâches qu’eux. Ils abdiquent devant « l’unité langagière, le plus puissant anxiolytique qui soit : la langue : Il n’y a aucun lien entre ces événements » La phrase répétée à l’envie par les dirigeants, les politiques, les journalistes, devient un mantra qu’on ne saurait remettre en cause, remarque Natacha Polony qui ajoute drôlement, « kit de survie pour repas de famille à discussion politique ».
Nous sommes en dictature, dictature du langage, dictature des idées, dictatures des média aux ordres ou même qui n’ont plus besoin de recevoir des ordres car le processus d’analyse mentale ne fait plus partie de leur « kit de survie ». Trop dangereux !
Ne demandez pas pourquoi Éric Zémmour est ostracisé ! IL PENSE !

Geneviève de Ternant
Décembre 2014

 
 

24 décembre 1961

C’était notre dernier Noël en Oran Française, mais nous ne le savions pas. Oran la travailleuse étincelait de toutes ses vitrines illuminées, la foule déambulait rue Général Leclerc, que tout le monde nommait toujours Rue d’Arzew, le magasin ne désemplissait pas. Je dirigeais alors une boutique pour Homme appelée Adam. Mon premier vendeur, Monsieur Candel s’affairait tout en surveillant les trois vendeuses, s’assurait qu’elles étaient attentives aux desiderata des clients et surtout des clientes venues choisir le cadeau destiné au mari, au père, au fils, au frères. Cravates et chemises, gilets et pyjamas, s’accumulaient sur les comptoirs. La retoucheuse, Madame Salcédo, perchée dans la mezzanine, faisait ronfler sa machine à coudre car il importait que les retouches soient terminées pour les clients impatients d’étrenner le costume neuf pour le réveillon. Tandis que le tailleur vérifier le tombé d’une veste ou d’un pantalon dans les cabines d’essayage.
Habituellement je ne m’occupais que de la comptabilité, des stocks et des commandes, mais, les veilles de fêtes, tout le monde mettait la main à la pâte. Je suis devenue experte en paquet cadeau ! Notre papier gris-bleu et le bolduc bleu-roi étaient notre marque bien reconnaissable.
Pour cette nuit sacrée, le couvre-feu avait été reporté à minuit et la messe avancée à 22 heures. Oran la joyeuse en proie depuis des mois aux perquisitions, aux arrestations arbitraires, aux attentas et aux nuits bleues respirait comme elle ne l’avait pas fait depuis que la bestialité du gauleiter Katz s’était jointe à celle du FLN.
Les oranais, enclins à faire la fête, à glaner le moindre prétexte à rire, s’en donnaient à cœur joie.
Oh ! Personne n’oubliait la guerre et les deuils, personne n’oubliait les amis chassés du bled et réfugiés dans ville protégée par les commandos OAS. Les réseaux Bonaparte et Rinbold ainsi que les hommes des collines veillaient car tous craignaient que les hordes fanatiques ne tentent une attaque en force. Ce ne fut pas le cas.
Chacun voulait espérer que la France resterait en Algérie, que « quelque chose allait se produire », que « ce n’était pas possible »... On se le redisait pour se donner courage, pour parer nos illusions des étoiles de la nativité.
Le croyions-nous vraiment ? Pensions-nous vraiment à un sursaut d’honneur de l’armée ? A un revirement de la métropole ? Je pense que nous ne raisonnions plus, seul un instinct de survie nous animait et cet optimisme que l’on peut qualifier de stupide mais qui fut notre sauvegarde des mois durant.
A 22 heures, les cloches de toutes les églises de la ville sonnèrent à la volée, de longues minutes. Nous reconnaissions celles de Saint-Esprit, celles de la cathédrale. Ce fut comme un grand souffle de bonheur.
Hélas ! Lorsque les cloches se sont tues, du village nègre et de la ville nouvelle, montèrent les you-you des femmes arabes. Non, les you-you de joie des mariages et des naissances, mais les lugubres you-you prémisses des massacres.
Nous allions les entendre les six derniers mois de l’Algérie Française, jusqu’au jour sanglant du 5 juillet 1962.
Alors nous avons compris qu’en dépit des lumières, des magasins pleins de marchandises, d’un port où les bateaux déchargeaient des richesses dont peu ou prou tout le monde profitait, en dépit des hommes et des femmes travailleurs, l’imbécillité du fanatisme porteur de misère aurait le dessus et que la belle histoire d’une terre où cohabitaient les 3 religions finissait dans le sang...
Geneviève de Ternant.

 
 

Ces Colons là…

 

Je retrouve dans mes archives une lettre du Général René Laure dont j’avais publié une critique de son livre : « De Salan à Boumediene » signée de Robert Parienté en Juillet-Août 1980. Il y avait joint une lettre extrêmement émouvante que je retranscris ci-après tant elle exprime avec noblesse et simplicité ce que les « Français de France », comme nous disions, auraient certainement pensé et compris s’ils s’étaient donné la peine de voir les choses sans arrières pensées idéologiques : Reims 14 mai 1980, Général,
J’ai lu votre très grand livre avec le cœur serré et une totale adhésion à tous vos jugements.
Je ne peux m’empêcher de vous l’écrire et aussi de vous expliquer pourquoi je ressens cette guerre d’Algérie avec encore tant de violence.
Une de mes filles, à la suite d’une jaunisse, a dû faire une cure à Vichy, emmenée par sa grand-mère en juin 47. La Providence a voulu qu’un colon algérien de 32 ans soit dans le même hôtel et tombe amoureux d’elle au premier regard. Manœuvres pour l’approcher. Et au bout de 3 semaines, il avait bien pris sa décision. Cela ne nous paraissait pas très sérieux. Elle n’avait que 20 ans et était très enfant, encore. Enfin, je suis partie avec elle pour Alger afin de me rendre compte sur place. L’arrivée sur Alger fut un éblouissement. Le colon nous attendait. Promenade des Crêtes, puis départ pour le bled par Boufarik, Blida, les gorges de la Chiffa, Médéa, la route de montagne jusqu’à Loverdo où nous attendait Madame Richard, veuve, vivant là avec ses deux fils, son gendre veuf et les deux enfants de celui-ci.
Simplicité de la maison, mais une remarquable bibliothèque, une collection de disques classiques, des revues littéraires. Ceci en disait long sur la mentalité des habitants. Et quelle vue sur la Mouzaïa !
A 5h du matin, les 3 hommes partaient aux champs avec leurs ouvriers. J’ai pu voir de près ce qu’était l’affection, la confiance qui existaient entre eux. Et j’ai compris la chance qu’avait ma fille de faire sa vie dans ce pays avec un homme d’une telle valeur.
Ils se sont mariés à la Trappe de Tibarinne, bénis par le Père abbé alsacien qui lui aussi travaillait aux champs avec ses Pères pour aider les ouvriers, les soigner, les aider de toutes façons sans faire de prosélytisme, suivant les directives de Mgr Lavigerie.
Pierre Richard et sa femme habitèrent aux Mérachdas où le père de Pierre avait acheté quelques hectares de brousse mise petit à petit en valeur. 35 Km de Loverdo, 13 de Berrouaghia, le plein bled. Vue sur le Djurdjura. Seul voisin, un marabout à 10 Kms. Et lorsque ma fille était seule, la maison était gardée par un ancien sergent arabe muni d’un fusil.
Pendant 7 ans, ce fut une vie merveilleuse puis, en septembre 54, Cécile vint à Alger avec ses filles pour qu’elles puissent faire des études régulières. 1 mois après, aux vacances de Toussaint ce fut le drame. Tablat, Palestro.
Pierre Richard faisait la navette tous les 10 jours pour venir voir sa famille à Hydra.
Pendant les 8 ans de guerre que mon gendre a passé seul aux Mérachdas, ses ouvriers lui ont témoigné une affection, un dévouement total. Son contremaître était cependant affilié au FLN. Mais tout à fait loyal envers son patron et le prévenant toujours du danger. Un soir, il lui dit ne rentre pas coucher chez toi. Les fells te guettent. Couche à la ferme avec les militaires à 150m de sa maison. Le détachement qui cantonnait là était commandé par le propre neveu de De Gaulle, désespéré de l’imperméabilité de son oncle qui ne voulait rien entendre.
Et toute cette loyauté, cette amitié, ont été gâchées.
Pierre, après l’indépendance, a essayé d’entrer comme conducteur et moniteur de machines agricoles à la coopérative de Berrouaghia. Refus des autorités supérieures. Sa ferme brûlée, sa maison démolie, les puits comblés.
En 58, le jeune frère de Pierre (30 ans, 4 enfants) qui servait de guide la nuit aux militaires, a été attiré dans un guet-apens, sous prétexte de servir d’interprète entre les ouvriers carriers et les militaires qui les accompagnaient. Il a été massacré et 13 soldats aussi.
Le beau-frère fut arrêté à Alger, puis transféré à La Santé pendant 10 mois pour avoir caché le Colonel Gardes chez lui.
Pierre Richard et sa mère ont voulu rester en Algérie à Loverdo où la population les protégeait. Une nuit, à 2h, un des ouvriers est venu les prévenir de partir de suite parce que les Fells devaient arrêter Pierre à l’aube. Ils sont restés à Alger jusqu’au jour où, ayant petit à petit, vendu leurs meubles à vil prix pour acheter de quoi vivre il ne leur est resté que 2.000 FR. Alors ils sont revenus, et Pierre a recommencé à défricher une terre à vigne que la SAFER l’avait autorisé à acheter avec le prêt du gouvernement. Il a très mal supporté le climat de Libourne quoique travaillant très dur. Il est mort en quelques heures en 1976 et ma fille a repris le manche et sa belle-mère, 90 ans, reste moralement comme un roc et se console, si on peut dire, avec Soljenitsyne.
Je suis confuse de vous avoir écrit une si longue lettre personnelle. D’autant plus que je ne vous ai pas dit combien j’avais été captivée par la 1ere partie de votre livre sur le Sahara. C’est un grand livre d’un bout à l’autre. Je le fais lire maintenant à l’un de mes petits-fils de 14 ans qui est passionné par l’Armée.
Quant à tout ce que vous dites de De Gaulle, mon mari et moi étions tout à fait d’accord avec vous. Ma cousine germaine avait épousé le cousin germain du général et était très liée avec Madame De Gaulle. Nous avons essayé de lui faire passer des documents très intéressants. Mais nous avons vite compris que sa décision était prise et qu’il ne voulait écouter aucun autre avis.
Pardonnez-moi de vous avoir écrit si longuement… J’ai 88 ans et je revis avec intensité votre livre.
J. Chatelin, infirmière des 2 guerres, mère de 7 enfants dont 3 garçons engagés en 39-42-44
Il me semble que ce document est à verser à nos archives dans sa douloureuse noblesse.
Geneviève de Ternant
Octobre 2014

 
 
Pierrot lunaire

J’écoutais, il y a quelques jours, Pierre Perret interviewé à la télévision. Nous avons presque le même âge et ce n’est pas sans émotion que je revivais cette époque où l’anarchisme avait le gentil visage de notre cher Pierrot lunaire.
Cependant, je me faisais la réflexion que, parmi les airs les plus connus, « Les jolies colonies de vacances » et « Le zizi », ironiques et gauloises, ce ne sont pas celles-là qui ont imprimé la marque gauchiste de ses chansons à succès.
Je me suis amusée à pasticher les deux chansons que le XXème siècle commençant aurait qualifiées de « libertaire ».
Et ainsi sont devenues :
« Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez les s’envoler c’est beau
Mais quand la faim les rend sages
Ils reviennent dans leurs cages
Quand on n’a rien à becter
C’est amer, oui c’est amer la liberté. »

Et la p’tite Lili, vous vous souvenez ?
« Ces émigrés
Qui viennent tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris... »
Oui, mais :
« Elle est restée, la p’tite Lili
Elle a bossé dur à Paris
A fait des gosses qui sont Français
Qu’elle n’a pas su bien intégré
Qui brûlent les voitures à Paris... »

Si bien qu’à la fin de l’interview, notre Pierrot un peu moins lunaire
avait l’air plutôt gêné ; il a botté en touche à la dernière question sur son opinion, aujourd’hui, quant à l’immigration.
Ah ! Les idées généreuses ! Que de mal on peut faire en votre nom !
Oui, je sais, le linguiste distingué, Philippe Bartelet écrivait que les idées ne sauraient être généreuses. Elles induisent des actes généreux aux conséquences bonnes ou mauvaises.
Donc, cher Pierre Perret, on ne peut pas ne pas vous aimer, mais votre cœur plein de générosité et votre joyeuse inspiration nous entraînent dans les étoiles quand il faut bien, pourtant, garder les pieds sur terre.

Geneviève de Ternant
Juillet 2014

 
 

CHRISTEROS

 

Vous en aviez entendu parler, vous tous, des Christeros ? Les Mexicains chrétiens qui, de 1926 à 1929 se sont révoltés contre la politique hostile à l’Eglise des révolutionnaires au pouvoir après la guerre civile de 1910 ?
Un film vient de sortir de l’ombre cette histoire tragique qui, une fois encore, démontre qu’on n’est toujours trahi par les siens. « Les historiens, écrit Marie-Noëlle Tranchant (Figaro 13/5/2014), sont peu nombreux à l’avoir exploré, ce qui rend d’autant plus précieux les travaux de Jean Meyer qui ont servi de base au scénario de « Christeros » de Dean Wright. »
En cette année 1926, le Président élu deux ans auparavant, Plutarco Elias Calles, violemment anti catholique, active les décrets d’application de la constitution de 1917 que ses prédécesseurs avaient prudemment gardés sous le coude. Il s’agissait, en effet, de faire disparaître le culte de l’espace public, de limiter l’éducation religieuse et de bannir les prêtres de la vie politique. C’est en somme peu différent du beau programme du petit père Combe et de la loi de 1905 en France qui vit fermer les couvents et les églises et vendre les objets du culte à l’encan. Mais si, en France, il y eut des protestations, des catholiques cachèrent des prêtres et des objets sacrés, s’il y eut des échauffourées spasmodiques, le souvenirs de la répression sauvage de la chouannerie était encore très vif et on resta loin de la réaction de la population mexicaine.
La « Christiada » soulève toutes les catégories sociales, paysans, ouvriers, étudiants, bourgeois, intellectuels, anciens révolutionnaires comme le général zapatiste, Manuel Reyes qui sera fusillé, soldats déserteurs de l’armée fédérale, femmes qui se font « espionnes, ravitailleuses, organisatrices et tiennent les rênes de la logistique et de la propagande ». Il y aura même une brigade féminine sous le patronage de Jeanne d’Arc de 25 000 femmes.
Une chose m’a frappée : Un des chefs des Christéros se nommait JESUS Degallado alors qu’un des chefs commandant les troupes fédérales portait le prénom de JUDA Ferreira ...
Malgré le courage des rebelles et les nombreuses victoires remportées notamment grâce au commandant en chef Gorostieta qui se disait incroyant, la trahison devait venir de l’Eglise même. Ignorance ? Naïveté ? Le Vatican va négocier avec le gouvernement sous les bons offices des Etats-Unis, de la France et du Chili le rétablissement de la paix civile avec promesse que les christeros ne seront pas inquiétés. Le Pape Pie XI, influencé par les prélats se laissera convaincre de la volonté d’apaisement du gouvernement mexicain. Et, naturellement, la répression fut sanglante, inhumaine, les chrétiens assassinés par milliers. Laurent Dandrieu écrit (Valeurs actuelle 8/5/2014) : « très loin du conflit, des prélats confortablement assis prêchaient la soumission à des combattants dont les femmes et les sœurs étaient quotidiennement violées et les enfants assassinés. » La chasse à l’homme se poursuivit jusque dans les années 1940 par les tueurs que Hugues Kéraly qualifie « d’assassins de l’âme ».
Au cours de mon séjour au Mexique, j’ai pu mesurer la foi profonde qui demeure le moteur du peuple et la dévotion à la Vierge de Guadalupe me rappelait Notre Dame d’Afrique et Notre Dame de Santa Cruz. Les assassins n’ont pas réussi à tuer l’âme es Mexicains mais l’âme chrétienne de l’Algérie a succombé.
Chez nous, en Algérie, seul Martel tenta de réveiller chez les Pieds-Noirs la foi combattante. Il ne fut guère suivi, et même moqué... La foi s’était bien trop affaiblie pour soulever des montagnes ! Et sans doute aurions-nous subit le même lâchage puisque l’Evêque d’Alger, Monseigneur « Mohamed » Duval et le clergé de France –et celui de Rome- étaient ouvertement pour le FLN et l’Islam. Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre.
Voila les réflexions que je me faisais en lisant les articles consacrés à ce film et aux livres qui l’ont inspiré.
Saint Jean-Paul II et Benoît XVI ont canonisé des dizaines de martyrs christeros. Y aura-t-il un pape pour canoniser les martyrs oubliés de l’Algérie Française ?

Geneviève de Ternant
25 mai 2014

 
 


Une Oranaise à Hong-Kong

 

Début mars 2014, un article du Figaro attira mon attention. Son titre : « Catherine Soulas-Baron, la « Nadine de Rothschild des Chinois ». Et surtout la Bio-Express : 1958 Naissance à Oran (Algérie) ! Cécile de la Guérivière racontait comment la jeune française –Collier de perles et parfaite coupe au carré – accueillait à bras ouverts « une quinzaine de Chinois se tenant bien droits, comme au garde-à-vous. » Sur la table, devant eux, sont disposés verres et couverts. Catherine va leur démontrer le « maniement correct » de ces instruments de la convivialité à la française.
En fait, ce qui a surtout excité ma curiosité, ce sont les noms de notre compatriote. Aussitôt, -Internet soit béni- j’envoie à l’auteur de l’article un courriel qui interroge : Est-ce que ce Baron serait, par hasard, le petit-fils de mon vieil ami disparu Pierre Baron d’Oran ? Est-ce que cette Soulas-là serait, par extraordinaire, la petite-fille de Monsieur et Madame Gilbert Soulas qui demeuraient à Oran Rue Dutertre ? Non, l’époux de Catherine, Guillaume Baron est originaire de Normandie ; mais pour elle, presque bonne pioche ! Gilbert Soulas était son grand oncle ; elle est la petite-fille de son frère, Denis Soulas.
Comment se trouve-t-elle dans cette merveilleuse ville de Hong-Kong qui ne dort jamais exerçant un métier hautement improbable ?

L’article de Madame de la Guérivière raconte : Catherine et son époux étaient bien installés à Bordeaux avec leurs deux filles adolescentes lorsque Guillaume Baron décroche un poste de coutier d’affrètement maritime à Hong-Kong en 2005. Elle abandonne avec « un pincement au cœur son travail de Directrice juridique dans l’industrie pharmaceutique » pour se jeter dans l’inconnu d’une nouvelle vie « d’expatriée ».
Lorsque ses filles quittent la maison pour suivre leurs études supérieures en Europe, elle ressent l’impérieux besoin de trouver une nouvelle activité. Elle ne fera pas mentir le sang pionnier de ses ancêtres pied-noirs, exploitants agricoles, mais dans une branche bien différente. « Soucieux de l’image de sa population, Pékin lance une campagne nationale pour apprendre aux Chinois a « bien se comporter », leur préconisant par exemple de ne plus cracher dans les rues ou de s’abstenir de jouer des coudes dans les transports en commun.  Pour Catherine, c’est le déclic, elle décide sans tarder de lancer sa propre école de « savoir-vivre » à Hong-Kong. » écrit Cécile de la Guérivière. Et Catherine explique : «Après Oran, j’ai grandi en Armagnac, dans le Gers, j’y ai passé une enfance très simple mais merveilleuse au contact du terroir français, j’y ai appris le goût des bonnes choses et ça, j’avais à cœur de le transmettre également. » 
Elle-même va s’initier aux subtilités de l’étiquette chinoise pour mieux comprendre ses étudiants. Elle va aussi suivre aux Etats-Unis la formation de Protocol School of Washington afin de pouvoir enseigner aussi les bonnes manières anglo-saxonnes. Elle n’a pas oublié non plus ce qu’étant étudiante en Angleterre elle a observé car, dit-elle, « à Hong-Kong, ancienne colonie, je ne pouvais ignorer les 150 ans d’influence britannique, laissant le choix à mes étudiants d’opter pour l’étiquette qu’ils souhaitent. »

Et voila comment, plusieurs fois par mois, Catherine propose des ateliers de savoir-vivre ce qui lui vaut de remporter le Trophée 2014 des Français de l’étranger catégorie « Art de vivre » pour sa contribution au « rayonnement de la France ».
Catherine se souvient de ses premières années en Algérie : « surtout des palmiers, de la chaleur et de la beauté de la mer. »
Elle a répondu à mon courriel transmis par l’aimable journaliste : « Je suis fière de pouvoir, en quelque sorte, dédier ce Trophée à ceux qui ont connu leur « impatriation » difficile avec des vies de souffrance. Une petite revanche de l’histoire. »
Merci Catherine et merci à Cécile de la Guérivière qui m’ont permis de transmette à nos compatriotes cette superbe aventure.
Geneviève de Ternant
Mars 2014

 
 

Arbres ambulants

 

Nous vivons un temps d’irresponsabilité. Boris Vian disait : « je ne veux pas gagner ma vie ; je l’ai ! » Avons-nous encore nos vies ? Oui ! C’est même à peu près la seule réalité qui nous reste. La question est double : Avons-nous conscience d’avoir nos vies ? Qu’en faisons-nous ?
A moins de croire à la métempsycose, nous n’en avons qu’une ; et même dans ce cas là, nous n’en avons qu’une dont nous nous souvenons.
Elle est faite d’une part de quotidien et d’une part, de plus en plus importante au fil du temps, de nos souvenirs : de ce que nous avons fait, pensé, aimé, souffert.
Notre quotidien, outre les tâches qu’il faut accomplir, dépend de cette part d’accompli dont nous nous sommes construits. En somme, le terreau où sont plantées nos racines. Notre équilibre dépend de la solidité de ces racines, de l’aliment que ce terreau nous fournit.
L’arbre prend sa vie dans la profondeur de la terre et se nourrit par ses racines. Nous ne sommes pas différents même si nous sommes devenus des « arbres ambulants ».
L’arbre transforme cette nourriture brute en sève qui s’élève, forme branches et feuilles et bourgeons et fleurs et fruits. Transcendance épanouie en beauté, en utilité ; mieux encore, ses feuilles par le don mystérieux de la chlorophylle purifie l’air.
Nous autres, hommes, arbres ambulants, oublions-nous de transcender l’apport de nos racines de Français d’Algérie, transplantés dans ce terreau de France qui fut la racine de nos racines (avec un compost espagnol, italien et pas mal d’autres encore, tous enrichissants).
Oublions-nous de faire des fleurs et des fruits ? Non ! Nous avons refleuri par notre travail, par nos enfants et petits-enfants. Quarante, cinquante, soixante ans après avoir senti notre tronc se dessécher, nous avons réappris à faire feuilles, fleurs et fruits.
Mais lorsqu’on coupe un tronc, les cernes racontent l’histoire de l’arbre. Dans l’aubier de nos corps, on trouverait les cernes de désespoir inscrits à jamais et sans doute transmis, à notre insu, à nos descendants.
Contrairement à ce que disait Boris Vian, nous avons à gagner nos vies, non en terme d’argent ou de puissance mais en raison d’une plus importante transcendance : gagner pour faire de nos vies le double temple du souvenir assumé et de l’avenir maîtrisé pour l’honneur de nos pères et de nos fils.
Le philosophe, Bertrand Vergelez vient de publier un beau livre intitulé « Deviens qui tu es ». Il en appelle à la sagesse grecque de Platon, à l’équilibre de Périclès qui « a construit en même temps la démocratie et le Parthénon voué à la déesse grecque Athéna ».
Serons-nous encore capables, arbres français d’Algérie, d’apporter à la France de nos aïeux, de nos rêves et de nos désillusions, cette sève salvatrice qui vient du peuple (démos) et s’épanouit en sagesse dans la force d’Athéna, sinon nous-mêmes, du moins à travers nos descendants ? Serons-nous capables de redonner un sens de responsabilité dans ce temps irresponsable ?
Geneviève de Ternant
Mars 2014

 
 

MORT POUR LA FRANCE

 

Notre amie, Marie-Claude Barbagelata-Teuma vient d’obtenir un arrêt définitif accordant à son père, Paul Teuma, assassiné le 5 juillet 1962 à Oran, la qualification de « Mort pour la France ». Il a fallu à cette fille meurtrie une volonté sans faille, une détermination et une opiniâtreté rares pour triompher du « politiquement correct » qui fait des morts et disparus de ce jour, entre tous tragique, des oubliés de l’Histoire.
Rappelons pour commencer que l’Algérie était indépendante depuis le 2 juillet 1962 mais les accords d’Evian, signés par les représentants de De Gaulle et un seul des envoyés du GPRA (Gouvernement provisoire de la République Algérienne) et aussitôt désavoués par la partie algérienne mais respectés (quand cela les arrangeait) par les (encore) responsables français depuis le 19 mars 1962, stipulaient que l’armée française demeurait pour garantir les droits et la vie des ressortissants français et qu’elle était en droit (et même en devoir) d’intervenir pour les protéger. Il y avait 12.000 hommes intra muros, et 18.000 en comptant les soldats français encasernés autour d’Oran.
Rappelons pour triste mémoire que ces hommes ont été cantonnés dans les casernes sur ordre du Général Katz obéissant à l’ordre formel de De Gaulle de laisser assassiner les Européens d’Oran. Tout cela est connu et rappelé ici pour situer les faits.
Donc, comme toutes les familles de personnes disparues en ce jour ou peu avant ou peu après, aucune nouvelle n’a pu être obtenue par Marie-Claude sur le destin de son père. Ceci jusqu’à ce que la Croix- Rouge lui adresse en 2004 un document qu’elle détenait depuis l’été 1963 !
Depuis 40 ans ! Pendant 40 ans sa famille, comme toutes les familles de disparus, ont pu espérer, sinon un retour, du moins des éclaircissements de manière à permettre un deuil définitif ! 40 ans !
C’est donc en 2004 par un communiqué datant du 21 août 1963 que Marie-Claude a appris que son père, Paul Teuma, directeur des établissements Monserat distributeur de vins et boissons gazeuses est parti avec Monsieur Manuel Hernandez en voiture, précédent deux camions de livraisons conduits par MM. Edouard Ségura et Jean Lenormand, vers 15h 30.
Ils se trouvent sur l’autoroute Valmy-La Sénia pour livrer leur chargement à la base française aéronavale de Lartigue. Ils sont arrêtés par un barrage de l’ALN comme il y en avait alors sur toutes les sorties d’Oran ce jour-là. Ils furent abattus à la mitraillette. « On pense, poursuit le communiqué, que les corps ont disparu au sinistre Petit-Lac », « On a retrouvé dix jours plus tard le camion Hotchkiss au petit-lac, il y avait du sang sur la banquette. Le camion Berliet qui portait peint sur ses flancs le mot « orangina » a été vu plusieurs fois transportant des membres de l’ALN. »
Il est possible que le motif de la tuerie ait été le vol des camions, on a vu cela plusieurs fois. Mais revenons à la quête de Marie-Claude Teuma.
Lorsque la Directrice de Archives, sur son insistance, lui communique le dossier de son père, le 27 janvier 2005, elle précise que ces pièces ne devaient être ni reproduites ni diffusées : Comble d’hypocrisie !
Naturellement, Marie-Claude, persuadée que d’autres familles pouvaient obtenir les dossiers de leurs disparus, s’est empressée de mettre nos associations au courant. En même temps, elle demandait à l’ONAC (Office National des Anciens combattants), l’attribution de la mention : « Mort pour la France » ce qui est exceptionnel pour un civil sauf à avoir rendu des services particuliers à la nation. A l’évidence, le cas des disparus n’entrait pas, à priori, dans ces catégories, ce qui explique que les associations ont pensé qu’elle n’avait aucune chance d’obtenir cet honneur. Mais, contre toute attente, le 5 novembre 2009, un avis favorable est rendu par M. Georges Frankart en raison du fait que les circonstances du décès résultent d’actes de violence constituant une suite directe de faits de guerre et suivant les dispositions de l’article L.488 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre.
La personne qui signe ce document n’est pas n’importe qui : Expert de Haut niveau auprès de la Directrice des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale et il signe Pour le secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants et par délégation du Ministre de la Défense.
Il convient de se souvenir qu’entre temps les « événements d’Algérie » ont été reconnus comme une guerre et que, par conséquent, les textes qui régissent les faits de guerre et leurs conséquences sont applicables de facto.
Mais cela ne fait pas l’affaire en haut lieu ! Il faut d’urgence infirmer cette reconnaissance qui contredit les désirs d’enfouir ces tristes circonstances au plus profond des oubliettes gaulliennes.
C’est donc le 21 décembre 2009, soit un mois et demi plus tard (l’administration va vite quelques fois !) que Marie-Claude reçoit un nouveau document signé de Madame Liliane Block, directrice des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale, qui précise que l’avis favorable est entaché d’illégalité. Motif : Les circonstances du décès survenu après le 2 juillet 1962, date officielle de la fin de la guerre d’Algérie « ne résulte pas d’actes de violence constituant une suite directe de faits de guerre. » et s’appuie sur le même texte L.488 pour en donner l’inverse conclusion de celle du premier expert !
« Ce qui, écrit Marie-Claude, voulait dire : A la trappe les Harkis et tous les enlevés /disparus après le 2 juillet 1962, d’où ma révolte et mon indignation. C’est ce qui a motivé ma décision d’ester en justice. »
Il est étrange que l’on n’ait pas simplement indiqué que la mention n’était donnée qu’à des militaires ou pour services exceptionnels à l’armée, comme il est indiqué plus haut. Mais dés l’instant que l’accord avait été donné, on entrait dans un véritable imbroglio, ce qui démontre surtout la gêne des autorités dès qu’il s’agit de ce massacre du 5 juillet 1962. A partir de là, tout devenait plaidable.
Passons sur les recours simultanés en avril 2010 devant le Tribunal Administratif de Nîmes et le TGI de Nantes, ce qui implique de prendre un avocat postulant sur place. Il s’agissait de gagner du temps et de ne pas laisser enterrer l’affaire. Le Tribunal administratif de Nîmes se déclare incompétent. Le 8 octobre 2010, l’ONAC qui n’a jamais constitué d’avocat confirme sa position par écrit au Tribunal de Nantes à savoir que le 5 juillet 1962 l’Algérie est indépendante.
Le Ministère de a Défense ne s’est jamais fait représenter par un avocat et n’a jamais communiqué ses arguments à l’avocat de la plaignante : Le principe de contradiction n’a pas été respecté.
Le 7 mars 2011, le Parquet de Nantes donnait un avis défavorable à la requête sans attendre de recevoir les pièces qui justifiaient les arguments de la plainte.
Or, entre temps, Marie-Claude découvre que la mention « Mort pour la France » a été délivrée à des enlevés/disparus après le 5 juillet.
Elle fait donc appel au nom de l’égalité, principe inscrit dans la constitution près de la Cour d’Appel de Rennes, s’appuyant sur les témoignages réunis dans les trois tomes de « L’Agonie d’Oran » et sur les découvertes de Jean-Jacques Jordi publiées dans son livre : « Un silence d’Etat, Les disparus civils européens de la guerre d’Algérie » (éditions Soteca), qui fait état d’archives entre temps ouvertes.
La Cour d’Appel de Rennes prononce un jugement en faveur de la plaignante le 15 octobre 2013. Le Parquet de Rennes a suivi le 26 décembre 2013.
Cette décision est dès lors définitive et fait jurisprudence.
Nous ne signalerons que pour mémoire un « détail » qui n’étonnera que les naïfs, des pressions auraient été exercées afin d’intimider les avocates de Nantes et de Nîmes qui avaient eu le courage de soutenir Marie-Claude dans son combat.
Ainsi s’achève une extraordinaire quête de reconnaissance menée par une fille de chez nous, décidée à ce que l’assassinat de son père et de ses compagnons soit inscrit au front de la nation qui a laissé perpétrer ces crimes et a mis tant de temps et de mauvaise foi à les reconnaître.
J’espère que les familles touchées par le même deuil et le même désir agiront elles aussi, si elles en ont encore la force, le courage et les moyens.*
A notre amie Marie-Claude, notre admiration et notre reconnaissance.

* Marie-Claude me dit que les démarches éventuelles d'autres familles sont gratuites car il n'est plus nécessaire de constituer avocat dès l'instant qu'il y a une jurisprudence.


Geneviève de Ternant
Le 27 janvier 2014

 
 

Prêtez-nous Angéla !

 

D’accord, en 1870, 1914,1940, les Allemands ont décidé de venir en France sans être invités, mais maintenant, on est copains ! On est dans le même bateau ! La différence, c’est que dans sa cabine, Angéla range bien toutes ses petites affaires : Pas un mouchoir qui traîne, pas un collant en boule dans un coin !
Alors que dans la cabine France, c’est un vrai foutoir ! Des décrets tout chiffonnés, des rapports enroulés autour des fusées de feu d’artifice, et même, même, vous allez rire, des convocations policières pleines de poussière ! Et avec des noms dessus que vous n’imaginez pas...
Et ce sont les occupants de cette cabine qui conduisent le bateau. Sûr qu’ils ont paumé les cartes de navigation. Peut-être qu’ils dansent comme le capitaine du bateau qui a rencontré un rocher italien qui était là juste pour l’embêter...
Nous, en Algérie, on est venu faire du tourisme en 1870, 1914,1940, et puis après, on s’est battu pour rester Français. Mais dans la cabine, on nous tolère à peine, on nous fait mille misères, on dit du mal de nous.
Angéla, elle, dit benoîtement : on a été moche avec les Juifs, les Homos, les uns et les autres, bon, pardon. C’est du passé. Maintenant on se retrousse les manches et on boulonne...
Dans la cabine France, c’est toujours, c’est pas moi, c’est l’autre ! Et l’autre, c’est souvent nous, les Français d’Algérie ! Alors marre, non ?
On n’a pas mis le foutoir dans la cabine France, on aurait pu, on ne l’a pas fait. On a juste demandé un matelas gonflable dans un coin et ils nous le dégonflent ! C’est pas juste !
Nous on a retroussé nos manches et trimé comme c’est pas possible. Alors, forcément, ça fait tache !
Les autres, dans la cabine, ils se sont assis par terre, ils se sont croisé les bras et ils ont dit : « ceux-là, qui triment comme ça, c’est pas possible qu’ils soient français... Bien sûr...
Mais la cabine, elle est dans un fouillis. Après plus de cinquante ans, c’est pas possible que ça soit notre faute.
Alors, s’il vous plait, Amis Allemands, pour Noël, prêtez-nous Angéla, pas longtemps, je sais que vous en avez besoin mais quelques jours, juste pour remettre un peu d’ordre dans la cabine France. Et c’est pas la peine de l’accompagner, elle peut venir toute seule, des fois que vous vous plairiez trop chez nous, faut être prudent. Allez, soyez chics, prêtez nous Angéla !
Geneviève de Ternant
18 décembre 2013
NOTA BENE pour les puristes : Les fautes de français sont faites exprès.

 
 

Petit essai de spontanéité orchestrée

 

Le débat qui sévit concernant l’origine du massacre du 5 juillet 1962 à Oran me semble, pardonnez- moi mes amis, quelque peu surréaliste.
Que les indigènes d’Oran aient été terrorisés par l’ampleur et l’organisation des actions de l’OAS d’Oran, c’est une certitude. Ils étaient très tranquillement installés dans la certitude de l’impunité des sept années de terrorisme FLN et il est vrai que la population oranaise fut longtemps relativement passive et, auparavant, relativement protégée quand la terreur était quotidienne dans l’intérieur, sans parler d’Alger et de l’est algérien.
Qu’ils aient voulu, en masse, se venger, c’est loin d’être prouvé.
Mais la propagande FLN sévissait dans les quartiers arabes, ville nouvelle et quartier nègre, pour cela les témoignages sont multiples. Car il s’agissait, dans la dialectique des orateurs FLN, pour le commerçant, le fonctionnaire, l’ouvrier de prouver son adhésion à la rébellion ou de mourir comme traître. Que penser de cette adhésion sous la menace ?
Il s’agissait aussi pour ceux qui étaient plus ou moins connus dans leur quartier de se dédouaner pour sauver leur famille de la vindicte des nouveaux puissants de demain. Cela est connu.
Enfin le désir de s’approprier les biens des Roumis ne saurait être sous-estimé. Le droit de pillage fut toujours accordé aux vainqueurs depuis la nuit des temps et ne manquât pas d’être encouragé, en France, il n’y a pas si longtemps lors des exactions de la Libération après, il est vrai, les séquestres spoliations des biens juifs. Tout cela n’est pas très beau ni très honorable. Donc, ce motif a existé en Algérie comme ailleurs mais pourquoi plus violemment le 5 juillet à Oran ?
Il convient de rappeler que les hommes, en Algérie, ont toujours porté un couteau sur eux, et beaucoup de femmes indigènes aussi. Le couteau du casse-croûte ou de protection. Il n’est donc pas étonnant que tant d’assassinats aient été perpétrés par égorgement, tradition locale au surplus.
Mais encore pourquoi là ? Pourquoi en masse ?
Il est notoire que De Gaulle a misé sa politique d’abandon sur la personne de Ben Bella. Mais il a sous estimé au moins deux paramètres :
Le premier est la volonté du GPRA de se maintenir au pouvoir après des élections qu’ils auraient voulu rapides et libres, c'est-à-dire avec l’appui des notables indigènes nombreux et politiquement très formés et des katibas de l’intérieur, mises à mal par l’armée française et franchement hostiles aux armées des frontières du Maroc et de Tunisie. Mais ceux-là n’avaient plus de leader influent alors que les « extérieurs » étaient prêts et surtout voulaient se débarrasser tout autant des gens du GPRA que des combattants exténués de l’intérieur.
Deuxièmement, le peuple se méfiait des politiques d’Alger et gardait de Ben Bella le souvenir magnifié par la légende du braqueur de la poste d’Oran et du « malheureux » prisonnier ! Double aura !
Ce sont là des arguments qui font pencher le cœur des foules, qui ignoraient que celui-ci était sous la coupe de Boumediene dont le sectarisme et le marxisme n’avaient jamais été mis en avant dans les discours de propagande.
Donc il est certain que les orateurs qui chauffaient la foule sur la Place d’Armes depuis le matin ont bien fait leur travail. On pouvait s’attendre à un déferlement sauvage dès que le signal serait donné.
Je prétends qu’il y a eu signal par les deux coups de feu sur la Place d’Armes et sur la Place Kargentah mais j’admets qu’on en discute.
Je prétends que les provocateurs étaient présents dans les quartiers pour passer à l’acte à l’heure prévue puisque les massacres ont commencé en même temps dans des lieux très éloignés du centre mais, à partir de témoignages, on ne peut pas le prouver. On ne saurait retrouver de document écrit à moins d’un miracle...
Qu’en est-il donc de la spontanéité ?
Un mouvement spontané, dit le Larousse, est celui qui s’exécute de son plein gré, de soi-même, sans cause apparente.
Cela ne correspond donc pas dès l’instant qu’on détecte des causes apparentes, que nous venons de voir.
Plus intéressante est la définition, toujours dans le Larousse, du mot « spontanéisme » : Attitude politique de ceux qui, à l’extrême gauche, cherchent à développer des actions révolutionnaires dans le peuple en profitant d’événements qu’ils jugent capables de mobiliser des masses.
Nous sommes donc, je crois, dans un spontanéisme organisé mais orchestré fort peu spontanément.
Ceci est-il de nature à réconcilier les tenants des deux hypothèses ?

Geneviève de Ternant
30 octobre 3013

 
 

Que sont mes amis devenus...

 

Oui, « Que sont mes amis devenus/ que j’avais de si près tenus/ Et tant aimés... » La complainte de Rutebeuf pleure dans mon cœur...

Il en est de chacun ainsi, lorsqu’au soir de la vie on caresse le souvenir de ce qui fut et qui passa si vite. Alors, on essaie de retenir des bribes échappées à l’oubli et on interroge ceux qui sont encore là de la génération qui nous a fait vivre la même minuscule portion de l’histoire et on s’aperçoit que les mêmes faits n’ont pas laissé la même trace pour chacun.

Il est donc d’autant plus important que ces tesselles disparates soient posées, tout près les unes des autres pour refaire la mosaïque. I y a des trous ? Tant pis ! Il y a des couleurs discordantes ? Tant pis ! Car notre mosaïque n’est pas figée, elle est juste un moment de l’histoire millénaire, peut-être même encore plus fragile, une simple photo déjà jaunie.

Ceux qui viennent après nous pourront la détruire, la déchirer ou bien la regarder avec tendresse. Ce ne sera plus à nous de la défendre. Il suffit que nous ayons construit la mosaïque, pris la photo...
Depuis plus de cinquante ans, des hommes et des femmes ont consacré de l’énergie pour chercher à comprendre, du temps pour écrire, des jours et des nuits, inlassablement, alors que la vie était prégnante, difficile. Les enfants à élever, les parents à réconforter, le quotidien à assumer financièrement et moralement.
La vie était là, tentante. Le soleil, la plage... Oublier ! Oublier ! Le cinéma, le théâtre, viens, oublie ! Et pire encore : Tourne la page, déchire-là, oublie ! Vis aujourd’hui ! Carpe diem...

Et nous, tenaces, la tête dans nos livres, dans nos papiers, dans nos archives familiales, puisque nous n’en avions pas d’autres ; nous, avec nos questions, inlassablement, tenaces, opiniâtres, Raconte, raconte, dis ce que tu as vu, ce que tu as vécu, dis ce que tes parents, tes amis, t’ont raconté ; écris, écris...

Camus a écrit : « Un homme ça s’empêche ! » et on s’est empêché, on n’a pas cédé à la facilité.
Et oui, la vie a passé, vite, trop vite, et nos amis s’en sont allés avec le poids des expériences que nous voulions leur arracher, que nous avons parfois réussi à leur arracher, non pour décharger leurs épaules, c’était impossible, mais pour étayer notre propre chargement, pour pouvoir dire, écrire, encore et encore de jour et de nuit, tenaces, inlassables et fiers !
Oh ! Pas d’orgueil ! Mais fiers de nous insérer dans la lignée de ceux qui n’ont pas renié, pas fléchi ; de ceux qui par delà les divergences naturelles dues à leur enfance, à leur éducation, se sont reconnus frères.

Bien sûr, on s’est disputé, on s’est engueulé, on s’en est dit de toutes les couleurs. C’est comme ça dans une famille et ce n’est ni habile, ni constructif, mais c’était inévitable.
Mais frères loyaux dans la quête de vérité, dans la défense de notre mémoire, de notre honneur d’homme, de notre visage dans le miroir de Dieu.

Geneviève de Ternant
Octobre 2013

 
 
A PROPOS d’Albert CAMUS

Albert Camus a été mis à toutes les sauces ces dernières années. Philosophes et écrivains ont donné de cet homme, en effet complexe, des portraits parfaitement ressemblants et absolument faux. Je ne prétends pas faire mieux mais sans doute pire.
Suffisamment familière de l’œuvre, ayant lu à peu près tout ce qui a été écrit par ceux qui l’ont côtoyé au long des années publiques ou à peine secrètes, je dois avouer mon impuissance à le cerner en totalité sauf à revenir à son absolue simplicité. J’ai donc relu pour la Nième fois « Le Premier Homme ».
Il va falloir que je fasse relier ce livre qui est presque en lambeaux. C’est peut-être là la meilleure image de Camus : Un être en lambeaux.
On puise dans cette histoire d’enfance dont il avoue avoir eu honte et honte d’avoir honte et qu’il revendique comme la clef de ce qu’il deviendrait : Fausse clef et fausse serrure.
Il est vrai que cette solitude habitée entre une mère quasi muette et sourde, un oncle doué d’une espèce de bêtise rusée et dominée par le regard glacé de cette grand-mère qui l’aimait « à l’ancienne », a donné à son œuvre cet arrière plan de silence où le mot le plus simple résonne comme la voix dans un tunnel.
La dimension sociale que sa révolte a exprimée a les deux pieds dans la boue gluante de la cave où il jouait avec ses camarades de misère et de liberté ensoleillée. Mais ce n’est qu’un fragment de son kaléidoscope.
Lorsque des écrivains, même issus de familles modestes, « font du social » cela sent le fabriqué. Lui, c’est le vie, cela sent la sueur, la boue et la pourriture. C’est cela qu’on ne lui pardonnait pas, c’était en lui, sur lui une cicatrice en bourrelet comme celles qui se produisent parfois chez les personnes qui cicatrisent mal (Il me semble qu’on parle de cicatrices Kéloniennes, mais je peux me tromper), fréquentes dans les brûlures. Inconsciemment, il promenait un doigt sur cette brûlure ancienne. J’ai vu des brûlés dont la chirurgie esthétique avait réduit ces cicatrices à un mince filet blanc, à peine visible, et cependant, ils ne pouvaient s’empêcher de toucher cet endroit devenu indolore mais présent dans l’être profond, en relief à jamais.
Ainsi, devenu l’homme reconnu parmi ses pairs, adulé et honoré, Camus a caressé sa vieille cicatrice jusqu’à en faire ce monument inachevé : Le Premier Homme.
Les portraits qu’on a fait de lui m’ont fait penser à ce portrait de Dora Maar par Picasso, où le joli visage de la photo de cette femme est détruit et recomposé par le peintre pour donner de son épouse une image monstrueuse et parfaite dont elle a dû se détourner avec dégoût sans parvenir à s’empêcher de retourner les yeux vers lui, aimantée, furieuse et satisfaite.
Je crois que c’est ainsi que Camus a regardé son enfance épouvantable et merveilleuse, et qu’il s’est découvert dans quelques phrases de l’annexe comme s’il posait à l’envers le masque qui avait été son souci dans l’adolescence à Alger et dans la maturité parisienne. Avec orgueil conscient et assumé.
Sans doute aurait-il voulu rejoindre Montaigne dans son désir de « faire bien l’Homme », « cherchant des raisons de vivre, de vieillir et de mourir sans révolte » (p. 261) mais la dispersion kaléidoscopique de son caractère et de sa vie l’en empêchait longtemps. Il commençait à se donner une cohésion. La mort ne lui en a pas laissé le loisir...

Geneviève de Ternant
Septembre 2013

 
 
La politique du coul cousit

Ma grand-mère cousait comme une fée ; ses raccommodages frôlaient l’invisibilité. Ce n’était pas le cas des miens : Elle en était consternée et s’écriait : « Tu m’as encore fait un coul cousit ! »
Bien que très raffinée, elle parlait cru à l’occasion. Je pense qu’il n’est pas utile de traduire le propos. Elle l’appliquait aussi, malicieusement, aux bouches en cul de poule de certaines personnes pincées qui gravitaient autour de nous...
Cette expression imagée me vient naturellement à l’esprit en lisant les commentaires politiques qui s’appliquent aux différents partis. On pince le bec d’un air dégoûté mais on court à la pêche aux voix, on racole et on coud ensemble des opinions aussi diverses que carpe et lapin. Le résultat est un truc innommable dans lequel nul électeur ne peut se reconnaître : Un vrai coul cousit !
Mais qui a encore une opinion ? Je veux dire une pensée politique à long terme, structurée, un projet élaboré propre à redonner à notre pays un idéal bâti sur des racines solides ?
La politique, aujourd’hui est un attrape-tout, un gobe mouche.
La gauche est saoule de pouvoir et part dans tous les sens. La droite n’est plus à droite depuis longtemps, avec un De Gaulle fasciné par la Russie soviétique, une culture sartrienne, une natalité du deuxième sexe, une islamisation sacralisée par peur dans laquelle la plupart des musulmans ne se reconnaissent pas et des religions sacrilèges comme celle du « genre » !
Il fut un temps où la philosophie était enseignée en expliquant à des jeunes esprits déjà rompus à la dissertation, les différentes doctrines depuis les Grecs, les Romains, les Allemands, les Français et, si on avait le temps, les Scandinaves.
Cela s’ordonnait dans le temps et l’espace et structurait les intelligences. Au moins celles des plus appliqués, les autres étaient larguées mais ne s’en portaient pas plus mal dans la vie. Sans doute en restait-il quelques bribes...
Foin de tout cela. On impose dès le plus jeune âge, à la soviétique, un salmigondis indigeste qui n’a pour résultat que des enfants déboussolés qui se permettent de juger leurs parents sans le recul nécessaire, sans la bonne distance, acquise seulement par le temps et les épreuves de la vie.
Cet état de choses déplorables est-il réversible ?
Il faudrait que les politiciens raccommodent leurs politiques effilochées pour en boucher les trous jusqu’à l’invisible et abandonnent leurs rapetassages de coul cousit qui lâchent à la première tempête...
C’est sans doute beaucoup demander...

Geneviève de Ternant
6 juillet 2013

 
 
ENFIN !

« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ; Ils pleureront sur lui amèrement... »
Zacharie 12-10-11a, 13, 1

En ce 4 juillet 2013, veille du 51eme anniversaire du massacre perpétré à Oran le 5 juillet 1962, nous parvient l’annonce de la proposition de loi présentée par 10 députés visant à reconnaître le massacre de la population française.
Ils écrivent : « Ce massacre collectif rendu possible par une passivité coupable au plus haut niveau de l’État, a volontairement été occulté par les protagonistes qui n’avaient aucun intérêt à la vérité. »
Qui sont ces protagonistes coupables ? En Algérie, le FLN de Ben Bella et Boumedienne, toujours au pouvoir avec Bouteflika et en France le général De Gaulle.
Voila qui est clair, net et prouvé.
Les livres cités, celui du Révérend Père de La Parre qui, avec Monseigneur Lacaste m’honoraient de leur amitié et ceux de Jean-Jacques Jordi et de Guillaume Zeller qui, de par la notoriété de leurs auteurs ont, enfin, atteint le grand public et ont bénéficié de recension dans les médias ! Oui, enfin !
Tous deux font référence au travail que j’ai accompli vingt années durant à l’Echo de l’Oranie et à mes livres témoignages : Les 3 tomes de « L’Agonie d’Oran ».
Je rappelle qu’à l’époque où j’entrepris ce travail en 1980, je ne bénéficiais d’aucun appui politique, au contraire, d’aucun moyen financier hors (pour le premier tome) des fonds de l’Écho et de mes propres deniers puisque sans aucune subvention et que les archives étaient soigneusement verrouillées.
Si je fus toujours très soutenue par la direction des Amitiés Oraniennes et en particulier Michel Pittard, Président, et par les Editions Gandini à partir de 1988, je fus au contraire en butte à des obstructions multiples : Conseils susurrés d’avoir à me taire par prudence, menaces de mort par téléphone et petits cercueils anonymes et même proposition de légion d’honneur si j’arrêtais mes enquêtes...
Têtue comme une mule, j’ai continué ce travail qui a servi de base et de tremplin à tous les travaux entrepris par la suite par les historiens mieux armés et plus compétents que moi. Entre autres : Guy Pervillé, Jean Monneret, Jean-Jacques Jordi, Guillaume Zeller qui tous ont eu la courtoisie de mentionner mon travail dans leurs ouvrages.
Mais je ne saurai oublier mes deux amies disparues qui furent à la base des recherches : Jeanne Cheula et Francine Dessaigne ; ni le travail opiniâtre de Colette Ducos-Ader et de Jean-François Paya ni encore le rôle crucial, par Internet d’Hervé Cuesta.
Si, aujourd’hui, des hommes politiques osent enfin demander que cette « nouvelle Saint Barthélemy » (Guillaume Zeller) sorte de l’ombre, touche le grand public et fasse reculer le déni historique, je voudrai que ne soit pas oublié le lent, minutieux, obscur travail de tous ceux là qui sont mes amis indéfectiblement.
Et qu’ainsi les morts abandonnés d’Oran puissent enfin reposer en paix.
Geneviève de Ternant


5 juillet 2013

 


EST-CE TROP D’ESPERER ?

 

Lorsque nous nous désespérons de voir et d’entendre tant de sottises prises pour argent de bon aloi, de contre vérités avalées toutes crues par une majorité de gogos ignares, il est bien difficile de réagir encore et encore pour remettre la vérité en lumière, du moins en ce qui concerne ce dont nous fûmes les témoins et les acteurs. Il est plus facile de se laisser glisser en pente douce vers des certitudes distillées par les médias. Je n’ose même plus dire : « aux ordres » car les esprits formatés n’ont pas conscience de l’être, leurs fausses certitudes ont si bien été biberonnées qu’elles semblent faire partie de leur cerveau reptilien au même titre que leurs besoins vitaux...
Proust écrivait dans « Le temps retrouvé » : « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances ». Nous pouvons déverser un tombereau de faits précis, étalonnés sans tricherie, on vous écoute parfois, on n’assimile pas. Le fait est rejeté comme nauséabond déchet ! Que faire ?
Nous n’avons pas le choix. Nous continuons et nos meilleures plumes s’évertuent à contre courant. Est-ce vain ?
Je ne le crois pas. D’abord parce que nos écrits sont la seule arme encore à notre disposition puisque la parole nous est confisquée, puis qu’on licencie les rares voix honnêtes à la radio et à la télé qui sont aujourd’hui la Bible et les Evangiles du bon peuple.
Ensuite parce que le temps finit par donner raison à la vérité, même si le temps y met le temps... Ainsi lorsque Stéphane Courtois publie en 2010 son livre intitulé : « Le bolchevisme à la française », après son livre noir du communisme, ce fut un beau tollé ! Pourtant, maintenant, nul n’oserait nier les crimes de Staline et la mémoire de Thorez et de Duclos est prudemment glissée sous le tapis.
La mémoire du génocide vendéen ne fait plus polémique non plus.
Viendra un temps où l’œuvre française en Algérie et plus généralement en Asie et en Afrique, compte tenu de ses zones d’ombres et de l’état des esprits de l’époque, ne sera plus dénigrée et vilipendée et nos ancêtres et nous-mêmes ne seront plus couvert des crachats de l’opprobre.
Ce qui me donne raison d’espérer, ce sont ces foules pacifiques qui demandent simplement que les lois naturelles demeurent celles que l’on enseigne à nos enfants. Ces gens qui osent demander que l’on respecte ce qui a fait depuis des millénaires leur pays, la France. Que celle-ci ne soit ni dénaturée ni soumise à la loi de minorités brutales qui ont fui leur pays où elles n’étaient pas heureuses pour venir établir chez nous ces règles mêmes qu’elles ont fui. Quelle logique trouver à cela ?
Est-ce que l’esprit frondeur français s’exercerait enfin dans le sens de la réaction à ce « politiquement correct » dénoncé par Jean Sévillia, Eric Zemmour, Robert Ménard, Elisabeth Lévy, Yvan Rioufol et quelques autres, encore trop rares, mais qui semblent avoir trouvé l’art et la manière... Il est vrai qu’ils ne sont pas estampillés, abominables réactionnaires pied-noirs qu’ils soient ou non nés là-bas, car trop jeunes il y a cinquante ans...
Avez-vous remarqué que nos scènes parisiennes, lorsqu’elles ont besoin de renflouer leur caisse, s’empressent de remonter Cyrano de Bergerac, summum et parangon de l’esprit français, du courage et du panache. Actuellement, nous n’avons pas moins de trois « Cyrano » dans trois théâtres parisiens et les foules s’y ruent. Le public applaudit à paumes bruyantes et même essuie quelques larmes aux tristes amours de Roxane et Christian, à la mort acceptée de Cyrano et acclame les roulements de tambour des Gascons de Casteljaloux. Y a-t-il plus esprit français que ces Français-là que j’entendis, il n’y a guère, traiter de ringards et qui maintenant, contre toute attente, remplissent les salles et bouleversent les cœurs ?
Allons, France pas morte ! Osons encore espérer !

Geneviève de Ternant 15 juin 2013

 
 
Je retrouve dans mes archives, car, à mon âge, il est temps de trier, un article de Monsieur Pierre Maulendi dit Tito publié dans le numéro de « Concorde info » à Noël 2002. L’auteur dont j’ignore l’adresse ni même s’il est encore de ce monde, ce que j’espère pour lui, me pardonnera de raconter cette histoire puisqu’elle se situe en partie, dans notre pays perdu.

LE MUR DU SON

Il n’y a, de nos jours, personne qui ne sache que certains avions vont plus vite que le son, mais je peux affirmer que ce n’était certainement pas le cas il y a de cela presque soixante ans. Pour être plus précis, je vous prie de faire un saut en arrière dans le temps et l’espace, et de vous retrouver sur le terrain de Bône Les Salines, en 1943, au groupe de chasse « La Fayette ».
C’est difficile, j’en conviens, car nous sommes au troisième millénaire et Bône se nomme désormais Anaba, les acteurs sont des vieillards chenus ou bien, hélas, ne vivent que dans les souvenirs des susdits chenus.
Or donc, ce prestigieux groupe avait quitté ses Curtis P.40 pour toucher des Republic P.47 Thunderbolt, à verrière dite tramway puis ensuite des P.47 dernier cri (ou réputés tels) à verrière dite goutte d’eau manœuvrée, s’il vous plait, électriquement.
Eh bien, mes chers amis, dans ces machines on commençait à parler du mur du son ou, plus exactement, de compressibilité.
Je ne suis pas assez calé pour me lancer dans des explications sur la vitesse du son dans l’air, ni pour vous dire pourquoi on parle de compressibilité, précisément quand l’air devient incompressible ! Même si je savais (ce qui n’est pas le cas) il y faudrait des dessins, des schémas, des formules mathématiques qui n’ont rien à faire ici.
Toujours est-il que sur le tableau de bord de ces machines volantes se trouvait un « bitoniau » du même format que les autres « bitoniaux », mais tout seul avec une étiquette que je cite de mémoire : « Dive-recovery-comressibility-flaps ».
Comme vous pouvez bien l’imaginer, des esprits curieux se sont hâtés d’appuyer sur ce bitard et ils ont vu se braquer sous les ailes deux tout petits volets, situés tout près des logements des roues et propulsés par des gros vérins.
Les commentaires sont allés leur train et l’explication en était certainement contenue dans la notice d’utilisation mais je dois dire que je n’ai jamais eu ce document en mains et même si je l’avais eu, ma connaissance de l’anglais technique était nulle. J’en étais resté, comme beaucoup d’entre nous, à « My Tailor is rich »... et cela n’était pas suffisant.
Il y en avait qui savaient, bien entendu, et une sorte de consensus s’est fait jour qui disait que « si tu te mets en piqué à la verticale (c’est rare), plein gaz, (c’est con), à un certain moment tu as le manche dans du béton. Même si tu actionne le flettner (c’est tab) tu en sors pas. Alors, tu appuies sur ce « bitoniau », et tu en sors. »
Très certainement, dans des circonstances très particulières, on pouvait atteindre une vitesse à laquelle des ondes de choc apparaissent en certains points de l’aile. Je dois dire que je ne me suis jamais livré à cette manoeuvre mais je sais que quelqu’un l’a fait, pour voir, et qu’il s’est ramassé un nombre considérable de g positifs.
Voila donc pourquoi, en 1943, nous étions quelques uns à parler sans le savoir du mur du son ou plutôt de son approche.
Les années ont passé et, en même temps qu’une certaine sagesse, elles m’ont appris un tas de trucs sur la vitesse du son (que d’aucuns préfèrent appeler célérité), sur sa propagation dans différents milieux, sur l’air qui devient incompressible, sur les ondes de choc droites ou obliques.
Et bien sûr, il y eu Chuck Yeager et son extraordinaire engin qui a fait péter le mur du son. Et les Français ont travaillé dur et ils n’étaient pas ridicules quand les premiers bangs soniques ont agressé les tympans des campagnards et des citadins. Il me semble nécessaire de préciser que, à cette époque, on ne pouvait être certains d’avoir franchi ce fameux mur (qui heureusement n’en était pas un) que si les gens, au sol, avaient perçu le fameux bang.
En effet, les moyens de mesure, embarqués dans l’appareil lui-même, pouvaient être sujets à caution. Il y avait bien un machmètre mais il tirait ses informations de prises dites « statiques », pas toujours bien fidèles. Alors que l’enquête au sol pouvait donner des certitudes.
Qui se souviens des « bangs » de Rozanoff sur la ville de Paris, qui chatouillèrent la fierté nationale, pendant un salon du Bourget ? Mais c’était au temps où Berthe filait... Plus tard ces émissions sonores furent sévèrement prohibées même si elles ne sont pas plus gênantes qu’une « rave party ».
Et moi, j’étais pilote d’essais et on m’avait confié une machine assez bizarre qui devait, théoriquement, en piqué, dépasser ce fameux Mach 1 objet de nombreuses convoitises.
Alors, un après-midi, par un temps de curé doyen, je me suis mis en l’air et j’ai grimpé à 40 000 US pieds (qui par chance sont les mêmes que les Britich pieds) ce qui fait à peu près 12 000 mètres, et je suis parti en piqué, visant la voiture blanche et rouge dite voiture radio. Je guettais attentivement, vous pouvez me croire, une manifestation de cette incompressibilité, prêt à intervenir dés l’apparition de phénomènes inconnus.
Et il ne s’est rien passé, si ce n’est une petite oscillation du Machmètre, et on n’a rien entendu au sol. Alors j’ai recommencé trois ou quatre fois, avec le même résultat.
Je suis rentré chez moi, le soir, en remâchant ma déconvenue, d’autant que je savais de longue date que, dans ce métier, on passe de demi-dieu à rigolo dans un laps de temps incroyablement court. Et comme je n’avais jamais été un demi-dieu, alors vous pensez bien que je pouvais me faire du souci...
C’est dans cette ambiance morose que j’ai vu arriver au portail une voiture de sport avec Turcat au volant, qui brandissait une bouteille de champagne (une grosse bouteille de champagne). Il m’a expliqué que quelqu’un de sa connaissance avait entendu, à Fos, deux « bangs » à l’heure précise où j’étais le seul en l’air. Cela signifiait que si je visais Istres et que ça pétait à Fos, je n’avais qu’à viser Miramas pour que ça péte à Istres !
C’était une logique toute cartésienne, de sorte que, en l’appliquant le lendemain, toutes choses égales par ailleurs, j’ai gagné le coquetier, et j’ai, à mon tour, passé le mur du son.
J’ai caressé l’encolure de mon coursier, qui avait du roulis hollandais mais se comportait correctement dans une ambiance sonore encore mal connue. Il m’apporta, ce coursier, de grandes joies mais aussi de belles déceptions comme c’est la coutume, dans les essais en vol.
Encore quelques mots et ce sera le troisième chapitre de cette rencontre avec le « mur ».
Je ne me souviens plus très bien pourquoi le « Baroudeur » et toute l’équipe étions à Melun-Villaroche. Peut-être pour une démonstration ou un salon.
J’avais reçu des consignes formelles et je devais rentre à Istres sans jamais quitter le sol des yeux, ne fut-ce qu’un court instant au dessus d’une formation nuageuse. Ce n’est pas souvent que ce type de temps règne sur la France et l’attente fut longue. Tous les jours, nous nous retrouvions sur le terrain de Villaroche et, après consultation de la météo, nous remettions le voyage à plus tard. Mon souvenir de cette période manquant de panache est un peu flou, mais il est possible qu’elle dépassa quinze jours ? C’est long, mais les ordres avaient été tels qu’il ne nous est jamais venu à l’idée de les transgresser. C’était néanmoins fastidieux.
Et, un dimanche matin, oh ! surprise, il serait bien possible que, vers 14 heures (GMT) le vol puisse se faire dans les conditions requises. Je suis donc parti bravement et j’ai entamé une approche directe par le travers de Montélimar, attendu qu’il y avait un vent nul, CAVOK et circulation aérienne nulle. Toutes choses confirmées par un contact radio réglementaire et bref.
Je me rends bien compte, aujourd’hui, qu’il est difficile d’imaginer ces conditions sur le terrain d’Istres, mais je peux affirmer qu’à 14 h 45 (GMT) sur la piste de crash, moteur coupé, le silence était total.
Est-il besoin de rappeler que le « Baroudeur », posé sur ses patins, devait être hissé sur un chariot pour pouvoir se déplacer sur les pistes et taxi-ways. Cette opération se déroulait très rapidement, avec l’aide d’une jeep équipée d’un treuil et pilotée par un bonhomme.
Il n’y avait pas de bonhomme, pas de jeep, et pas de chariot en vue.
Je suis descendu de ma machine : c’était facile puisque j’avais le derrière à 50 cm du sol, un peu comme dans un fouga « Magister » et je suis parti vers la tour de contrôle, par chance pas très lointaine. J’ai fait, en haut, connaissance d’un sergent fort sympathique que j’ai dérangé dans sa sieste et qui avait en bas, une jeep et un chauffeur. Il a bien voulu me faire conduire jusqu’au poste de garde, tout content de se débarrasser d’un élément perturbateur.
Au poste de garde, j’ai demandé à téléphoner. Là encore, qui peut, comme les vieux messieurs, se souvenir qu’il fallait passer par un ou plusieurs centraux, où des voix féminines pas toujours aimables, ont bien voulu me brancher sur une station de taxis. Il y en avait un qui a répondu, ce qui me parut proprement miraculeux.
Le taxi est arrivé et je vous fais grâce des démarches qui furent nécessaires pour retrouver la logeuse du chef de l’équipe de récupération et par celle-ci d’apprendre que cette équipe se trouvait au cinéma. Tout cela fait à crédit car j’étais à poil sous ma combinaison anti-g et que, bien entendu, je n’avais pas un sou vaillant.
Tout ce qui précède n’aurait strictement aucun intérêt si le film que projetait le cinéma d’Istres ce jour-là n’était pas, par quel hasard, « LE MUR DU SON » !
J’ai attendu l’entracte en me cachant de mon mieux mais quand les gens sont sortis pour fumer une cigarette, j’ai bien été obligé de me mettre à la recherche de mes mirontons. J’ai bien vu, en montant les escaliers, que certains spectateurs pensaient qu’il s’agissait d’une publicité pour le film (ça se faisait à cette époque où il y avait encore des hommes-sandwichs ».)
Mes trois gars me connaissaient bien et leurs fauteuils fonctionnèrent comme des sièges éjectables !
J’ai pu emprunter des sous pour payer le taxi et, une heure après, le proto était bien au chaud dans le hangar et moi, toujours en habit vert bouteille, je suis rentré chez moi.
Voila comment le mur du son est entré dans mes souvenirs. Plus tard, il ne sera plus jamais question de mur. On n’entendra plus dans nos campagnes, les fameux « Bangs » ou même les « bangs-bangs », prouvant, cocorico, que nos techniques valent bien celles des voisins.
On trouvera le moyen de faire (presque) autant de bruit, et bien plus longtemps, avec la musique techno... Mais c’est une autre histoire.

Note : Pierre « Tito » Maulandi ancien chasseur de l’escadrille « La Fayette » et pilote d’essai après la guerre de 1939-1945. Son nom reste associé au prototype « Baroudeur » qui décollait sur un chariot largable et se posait sur patins, ce qui évitait des pistes sophistiquées.
André Turcat, célèbre pilote d’essai, né en 1921, était aux commandes du premier prototype du Concorde lorsqu’il a décollé pour la première fois de Toulouse, le 2 mars 1969. Il était aussi aux commandes lorsque le Concorde a dépassé pour la première fois le mur du son, le 1er octobre 1969.

Je pense que cette anecdote amusera nos amis aviateurs amateurs ou de métier qui se passionnaient pour leurs drôles de machines, dans notre pays perdu.

Geneviève de Ternant


 
 
La Presse

Dans un numéro de l’Illustration de 1938 Georges Duhamel s’exprime sur « les devoirs de l’intelligence » ainsi :
« Quand un peuple vivant sous le régime démocratique désire changer de route, il dispose, exactement, de trois méthodes.
La première est constitutionnelle. Elle consiste à gagner des voix aux élections et des sièges dans les parlements, puis à prendre légalement le pouvoir. C’est ce qu’a fait M. Adolf Hitler, aprés l’échec de son putsch en 1923 à Munich. Cette méthode est lente et demande huit ou dix ans pour aboutir, quand elle aboutit.
La seconde méthode est celle de l’insurrection, du coup de main. Aucun Français raisonnable n’y peut songer sérieusement.
La troisième, enfin, s’adresse à l’opinion qu’elle s’efforce de transformer, d’animer de créer.

Constitution, Insurrection, Opinion, voila donc les trois mots, voila donc les trois idées qui se présentent à l’esprit du philosophe. 

L’opinion, en France, est formatée depuis longtemps par des écrivains spécialistes. Nombre d’entre eux ont du talent et du mérite. Ils appartiennent le plus souvent à des partis, a des factions dont ils sont naturellement les inspirateurs ou les serviteurs mais dont ils ne peuvent guère se désolidariser.
J’ai toujours pensé que les écrivains indépendants, ceux qui se consacrent à la création littéraire, aux œuvres d’imagination, à la peinture des moeurs, à la philosophie, à la critique devaient se dérober à la discipline des partis politiques et demeurer dans la position de libres observateurs, dans cette position si profitable au juste accomplissement de leur tâche.
Je pense encore ainsi, mais, dans les circonstances exceptionnellement graves où se trouve notre pays, je suis sûr que les hommes consacrés aux travaux de l’intelligence doivent prendre sentiment de leur pouvoir et de leur devoir. Ils doivent servir. »
On était à la veille de la guerre. Mais c’est peu dire que de constater que les écrivains ont tellement bien pris conscience de leur pouvoir que chacun s’érige en mentor de tout... Mais qu’en même temps la liberté de la presse s’est réduite comme peau de chagrin.
En 1914, quatre-vingt seize villes en France avaient des journaux et dans soixante-douze il y avait concurrence d’opinions ; en 1980 soixante villes avaient des journaux et dans vingt d’entre elles seulement des opinions concurrentes étaient exprimées. En 1914 il y avait à Paris 48 quotidiens non spécialisés ; il n’en restait que 12 en 1980.
Depuis, la machine à formater les esprits est passé par là : la télévision. Nous avons pléthore de journaux surtout hebdomadaires qui tirent tous ou presque dans le même sens. En réalité ultra concentrés dans les même mains. Où se trouve la liberté du lecteur ? On a pu voir des journalistes de talent brusquement ostracisés pour un mot trop libre, une pensée non politiquement correcte. Le journaliste est dépendant du Parlementaire et le Parlementaire de sa communication, donc du journaliste. D’où PRUDENCE et bouche cousue.
Monsieur L. Nicolas-Ferran écrit dans l’article dont je tire ces renseignements : « A la cadence de sa concentration actuelle, quelques lustres suffiront pour faire du parlementaire le porte-serviette impuissant des vrais Princes qui gouverneront en coulisse le Veau d’Or. »

Nous y sommes. Le beau mot de démocratie qui devrait exalter les esprits libres et éclairés est devenu selon Coluche « le gouvernement des cons plus un » ! Trois fois hélas !
Geneviève de Ternant.
Mars 2013

 
 
VOTER

Le Conclave a voté assez rapidement pour élire notre nouveau Pape. Espérons que l’Esprit-Saint les a inspiré pour le bonheur des Chrétiens et même des Hommes de bonne volonté quels qu’ils soient. Le linguiste Philippe Barthelet, dans une de ses chroniques écrivait que « Voter est inconnu de Furetière mais que Richelet, amateur de lexiques spéciaux, sinon techniques, donne comme un verbe du vocabulaire ecclésiastique. «  Voter : terme qui est en usage parmi quelques moines, et qui signifie donner sa voix pour quelque affaire qui regarde le couvent ou la religion. » Pour Littré, c’est « donner sa voix au chapitre » c'est-à-dire la communauté. Et poursuit Littré « Plus tard, quelques historiens s’en servirent en parlant des affaires d’Angleterre, pour signifier donner sa voix dans une assemblée. » Philippe Barthelet ajoute : « Le nom de votants, si usuel de nos jours et si banal en ces temps électoraux, a une hérédité politique plutôt honteuse : il désignait sous la Restauration les députés de la Convention qui avaient pris part au vote de la mort du Roi – ce qui équivalait à peu près pour eux à un arrêt d’ostracisme. C’est aujourd’hui un brevet de civisme. Décidément l’histoire n’est guère une discipline sérieuse : elle passe son temps à changer de repères. »
N’est-ce pas délicieux ?
Geneviève de Ternant

 
 
Les bonobos sont parmi nous

Les esprits quelque peu tatillons se posent la question de savoir pour quelle raison les politiques privilégient les étrangers par mille et une exonérations, rentes ou subventions, tout en pressurant comme des citrons pour faire le créponé les malheureux citoyens français. Enfin ceux qui ne sont ni assez pauvres pour échapper à l'impôt ni assez riche pour s'enfuir. Et surtout ceux qui ont le malheur de travailler et de donner du travail autour d'eux.
La zoologie comportementaliste nous donne une réponse scientifique irréfutable : Les politiques se comportent comme des bonobos ! (Attention ! pas de crime de lèse politicien ! Je n'ai pas dit qu'ils sont des bonobos !)
Cette assertion vous étonne ? Voici la démonstration : Le revue PLOS ONE, spécialisée dans la zoologie comportementaliste suggère que les bonobos préfèrent partager en priorité leur nourriture avec d'autre bonobos qui leur sont totalement étrangers plutôt qu'avec un membre de leur groupe. Comme ils ne sont pas fous, eux, ils partagent tant que cela leur permet de nouer une relation avec les étrangers. Ils arrêtent s'il n'y a pas de retour bénéfique pour eux.
L'étude conclue : " Ces résultats démontrent l'intérêt d'étudier des comportements des bonobos pour mieux comprendre l'origine des comportements humains. "
Ainsi nos politiques se comportent en bonobos, privilégiant les étrangers dans tous les domaines, espérant en retour être appréciés et obtenir des avantages, des investissements ou ... des votes !
Cependant on se demande quel retour peuvent espérer les élus qui ont pondu les textes donnant droit de logements, de soins et d'allocations à des étrangers, en dehors, évidemment, de l'aspect humanitaire du problème. Alors qu'ils sont extrêmement radins pour le Français moyen plus ou moins d'origine contrôlée.
Nos politiciens se conduisent donc comme des supers bonobos, et ça ne date pas d'hier...

Geneviève de Ternant
10 janvier 2013


 
 

RAVAGES


Hier, aux pieds des monuments aux Morts de France, hommage fut rendu aux morts de toutes les guerres, soldats aux cœurs de vingt ans sacrifiés au Moloch pour une idée plus haute qu'eux, pour l'amour d'une terre respectée, pour un idéal de civilisation millénaire dont ils étaient imprégnés, même s'ils n'en avaient pas claire conscience. Ils étaient tous un peu Clovis et un peu Mirabeau, un peu Diderot et un peu La Fayette. Ils avaient tous en mémoire les livres d'histoire où la France était exaltée, la géographie aux larges espaces roses...
Sans doute étaient-ils malheureux de quitter leur ferme ou leur ville, leurs parents et leur promise. Mais du moins, à l'ultime moment, pouvaient-ils être sans remords sinon sans regrets.
14-18,39-45, l'Indochine, l'Algérie, l'Afghanistan, ailleurs encore, dans les Balkans, les Dolomites, dans les marais putrides ou sous un soleil de plomb, oui, ils étaient fiers et solides, gouailleurs, insolents, et courageux dans les pires difficultés.
Et puis souffla le mauvais vent venu des " esprits libres " germanopratins, démolisseurs nihilistes, admirateurs des utopies mortifères communistes : L'U.R.S.S. de Staline, 100 millions de morts, merveille ! Ou la Chine de Mao, combien de millions de morts ? Le vrai bonheur d'un Sartre et compagnie...
Certes, il y eut toujours des chanteurs anarchistes, des bardes antimilitaristes, délicieux, à la Brassens. Ils suffisaient à satisfaire l'esprit frondeur du Français mais aux accents du " Marché de Brive-la-Gaillarde ", jamais les " cognes " ne furent cognés !
Tout a changé et les ravages se sont étendus comme une vague d'abord puis comme un tsunami.
Quand on nie toute appartenance à une Patrie, comment vouloir la défendre ? Quand on refuse toute autorité, comment établir une vie en société ?
L'Eglise et l'Armée étaient la colonne vertébrale de la France d'autrefois. Les ersatz qui ont voulu les remplacer se sont effondrés comme château de sable. Elles n'étaient pas sans défauts mais du moins existait quelque chose à quoi la foule pouvait s'accrocher. Depuis que ni l'une ni l'autre ne remplit son rôle de guide, la nature ayant horreur du vide, de nouvelles fois s'installent. L'Islam donne des règles de vie, faciles au début, puis de plus en plus contraignantes et cela aboutit à des " Islamismes " consternants pour les Musulmans eux-mêmes. Cela aboutit à un déni de la vérité historique, au mépris de l'autre, à l'inversion des valeurs qui ont sous-tendu l'Europe depuis des millénaires.
On peut noter que ces bouleversements succèdent, après la tempête de mai 68, à un mouvement appelé " French Théory " qui s'est épanoui à partir des années 1970. Il développait l'idée que " l'être social serait mû par des forces psychologiques et sociales agissant à son insu. Le bon sens et le sens commun ne seraient que des tissus d'illusion " décrypte Raymond Bourdon, sociologue auteur de " Croire et savoir " (PUF). Il ajoute que " ces " French Théoristes " s'inspirent des maîtres du soupçon comme Foucault de Nietzsche, Lacan de Freud et Bourdieu de Marx. "
Pistes intellectuelles séduisantes mais destructrices lorsqu'elles tentent de s'appliquer au " monde concret " si on veut bien me passer l'expression.
Ce qui est extrêmement dommageable c'est que la crise économique se moque bien des théories et que les idées simples sont souvent des remèdes efficaces dans les conjonctures compliquées. Pour que les Gouvernants s'en rendent compte, il faudrait, avant tout, qu'ils se débarrassent d'une pensée marxiste solidement implantée dans leur cerveau, à leur insu, bien sûr !
Ainsi tout se tient : délitement du patriotisme, églises égarées, bon sens moqué, ego sur dimensionné... J'en passe. Mais alors quelle hypocrisie d'aller s'incliner devant des monuments à des morts dont on méprise les valeurs !
Que de raisons de s'indigner ! Mais point comme Stéphane Hessel et même pour des raisons diamétralement opposées.
Devant tant de ravages, peut-on encore redresser la barre ?

Geneviève de Ternant
12 novembre 2012


 
 
Gaullistes ? Qu'est ce que c'est que ça ?

Tous les politiques, maintenant, se réclament du gaullisme. Il semble que leurs interprétations se rapportent à tel ou tel segment de discours de cet imposteur du verbe puisqu'il a dit tout et le contraire de tout.
Si le gaullisme, tel qu'on le chante, c'est la grandeur de la France, comment ne pas en être d'accord ? Mais ce ne fut pas ce qu'il fit.
Si c'est l'indépendance de la France, on voit combien elle est compromise depuis le Traité de Maastricht et cela de plus en plus. Dans le maelstrom où l'Europe est entraînée, nous ne pouvons plus savoir si cela est nécessaire ou devenu inéluctable depuis l'avènement de l'Euro, mais le fait est là. Quel gaullisme là dedans ?
Si c'est l'admission d'une immigration incontrôlée, résultat obligé des indépendances africaines que le " grand homme " mit en œuvre, on sait quel mépris il pratiquait envers " ces gens " !
Bref De Gaulle a trahi tout le monde et depuis tout le monde le trahi à qui mieux mieux, du moins dans le sens des convictions qu'on lui prête. Car en fait, lui-même ne fut en rien gaulliste à ce sens là.
C'est en somme ce que dit Soustelle dès juillet 1958 : " Si nous n'avons pas admis par le passé le gaullisme sans De Gaulle, nous verrions d'un très mauvais œil De Gaulle sans le gaullisme ".
Mais ce gaullisme rêvé, grandeur de la France, indépendance politique et monétaire, immigration motivée et régulée, travail pour tous, n'est-ce pas tout simplement ce que les gouvernements ont toujours essayé de réaliser, avec plus ou moins de réussite depuis les monarques, les empereurs, les chefs de gouvernement de tout poil, (Et si j'écris bêtement : Travail, famille, patrie, je vais me faire assassiner). C'est idiot, non de se dire gaulliste, pour ce pont aux ânes !
Geneviève de Ternant
22 septembre 2012

 
 

Arrogance

Dans un article publié dans l'Opinion Indépendante du Sud-Ouest le vendredi 2 mai 1980, et intitulé : ET SALAN ? ET JOUHAUD ? André Figuéras écrivait :

Sous le sigle C.D.S. se rassemblent surtout, si je ne m'abuse, des transfuges du M.R.P. - en particulier ceux qui, naguère, se conduisirent d'une façon si notablement indigne à l'égard de Georges Bidault.
Monsieur Jean-Pierre Abelin est vice-président de ce machin, ce qui constitue évidemment, un titre de gloire sans pareil, et fournit une autorité que bien peu égalent ! Ce qui lui donne le droit, pense-t-il, de se mêler des affaires d'autrui.
Ainsi vient-il de rappeler à l'ordre le président de l'Uruguay qui s'est permis, sans solliciter l'exeat de M. Abelin, de mettre en prison un général. Il faut voir le ton de la remontrance. Comme dirait Hugo :
" Jamais marquis voyant son carrosse broncher
N'a plus superbement tutoyé son cocher. "

Pour ma part, peu au fait des événements d'Amérique Latine, qui m'ont toujours paru assez compliqués, je me garderai d'avoir un avis en cette affaire.
En revanche, je connais assez bien les événements français. Et me rappelant qu'il y a quelques années des généraux français furent traités abominablement, je ne puis me défendre de poser -avec le respect craintif que mérite une personnalité si éminente... !- de poser à cet Abelin là trois questions :
1) Le général Jouhaud est resté plus de 80 jours dans la cellule des condamnés à mort, lumières allumées 24 heures sur 24. Tous les matins, réveillé avant l'aube, il épiait les pas dans le fatal corridor, se demandant chaque fois si le moment décisif était arrivé.
Quelles démarches M. Abelin a-t-il accomplies auprès du chef de l'Etat, non point uruguayen, mais français, en faveur de ce général parfaitement honnête et honorable, qui avait eu le tort de respecter, lui, la parole française ?
2) Si un vague politicien uruguayen, par exemple du style et du niveau de J.P.A. avait alors interpellé De Gaulle, et lui avait rappelé les droits de l'homme, quelle aurait été la réaction de J.P.A. ?
3) Lorsque le général Salan était à Madrid, s'il y avait joui des mêmes facilités qu'eut à Neauphle-le Château l'abominable ayatollah ; si Salan avait eu à ses ordres, la télévision et la radio madrilène, et des escadrons de gendarmes et des véhicules à sa disposition, et des lignes téléphoniques pour organiser la révolution en France avec le relais de l'Ambassadeur d'Espagne à Paris, comment J.P.A. aurait-il pris la chose ?
Or, on ne souvient pas que ce dérisoire personnage ait protesté contre l'invraisemblable carnaval de Neauphle.
C'est que J.P.A. a été, comme disait le fabuliste, créé besacier de diverse manière. Ce qui se passe au fond d'un état minuscule le passionne et le mobilise. Quant aux choses de France, il ne veut pas les connaître.
Pour notre part, nous pensons que ces consciences à rétroviseurs, qui ne voient que ce qui est loin derrière, et point ce qu'elles ont sous le nez, ne peuvent appartenir qu'à de bien mauvais et dangereux conducteurs de peuples
André Figuéras
(Médaillé de la Résistance)
(Décret du 14 juin 1946)

Nous avons pu nous rendre compte que, depuis ces mots qui datent de plus de 30 ans, les gouvernements et les parlementaires n'ont jamais cessé de donner des leçons au monde entier, ce qui serait, paraît-il conforme à son génie, mais serait beaucoup plus logique si eux-mêmes n'avaient pas amené la France au niveau de déclin où nous la voyons...
Geneviève de Ternant
Août 2012
N.B. : Peut-être les jeunes générations qui auraient le courage de me lire seront-elles désarçonnées par le rappel de faits et de personnages dont l'histoire politiquement correcte ne parle guère. Que leur curiosité soit aiguisée suffisamment pour aller chercher dans nos livres les réponses car nous avons tout écrit sans le moindre appui des médias. Elles y trouveront matière à s'indigner plus justement qu'elles n'ont coutume de le faire contre le temps qu'il fait...

 
 

ENCAN

 

Le Figaro m'apprend que l'Université d'été des Socialistes s'est tenue le samedi 25 août 2012 à l'Encan... Comme je n'ignore pas qu'être vendu à l'encan n'est guère synonyme de grande valeur, cela m'a fait sursauter.
Ainsi Reignier écrit : " Ce malheur est venu de quelques jeunes veaux qui mettent à l'encan l'honneur... "
L'espace Encan, à La Rochelle, est une vaste et belle salle où se tiennent des expositions, colloques et autres respectables réunions ; je n'aurais certainement pas le mauvais esprit d'assimiler les honorables membres de l'Université d'été des Socialistes aux jeunes veaux de Reignier, mais, tout de même, cela m'a fait sourire...
G. de Ternant

 
 

Tours de passe-passe de la mémoire

Dans un récent article du Figaro, Chantal Delsol, que je lis toujours avec intérêt car elle est pleine de bon sens, écrivait à propos de l'élection présidentielle au suffrage universel qu'elle fut très souvent le prélude à une tyrannie. Elle illustrait son propos par de nombreux exemples dans le temps et dans l'espace, ajoutant que " L'Homme du peuple ", l'Elu providentiel, est en quelque sorte plébiscité pour exercer le pouvoir absolu.
Ainsi Napoléon III, après avoir été élu Président de la République, se fit Empereur par un " coup d'Etat légitime " deux ans plus tard. Elle écrivait aussi que De Gaulle résista à cette tentation. C'est oublier que cet homme particulièrement retors et très au fait de l'Histoire, se garda bien de se déclarer tyran et même proclama qu'il n'allait pas, à son âge, le devenir !
Or, il agit beaucoup plus sournoisement, grâce à cet article scélérat qu'il avait fait glisser par Michel Debré dans la Constitution de 1958 : Cet article 16 qui ne devait servir qu'à certaines conditions très précises et limité dans le temps. Il s'assit là-dessus avec sa désinvolture coutumière.
Cet article 16 lui permit contre toute légitimité d'instaurer des tribunaux d'exception et de gouverner à sa guise non pas quelques semaines mais pratiquement durant tout son gouvernera ! Tyrannie ? Quel mauvais esprit !
Seuls quelques députés osèrent, à leurs risques et périls, faire remarquer cette entorse à la loi républicaine. Le " grand homme " n'en eu cure ! Que risquait-il ? Lui qui aurait dû passer en Haute Cour dès 1916 et sa honteuse reddition ! Toute sa vie il se moqua comme d'une guigne de la loi en se prenant pour la France...
Non, Charles De gaulle ne fut pas l'exception que croit, sûrement sincèrement, Chantal Delsol. La mémoire joue des tours aux meilleurs !

Geneviève de Ternant

Août 2012

 
 

Déprédations

 

Les islamistes s'en prennent à l'héritage millénaire de l'Islam à Tombouctou. Tombouctou, où René Caillé pénétra au péril de sa vie, premier chrétien dans la ville sacrée de l'Islam ! Ils détruisent les tombeaux des " Saints " sous le prétexte que l'on n'adore que Dieu et qu'il est impie d'adorer des humains, fussent-ils des Saints... Outre le saccage de témoins très anciens de leur propre religion, ceci témoigne de l'ignorance totale de ces barbares.
Le Saint, en Islam, est un sage même si la ferveur populaire leur attribue parfois le pouvoir de faire des miracles, mais le " Saint " musulman est ancré dans l'humain, il est sage par son expérience, par sa parole de soumission au destin : Mektoub !
Le Saint chrétien est en général un rebelle. Rebelle au monde, il est en spiritualité plus qu'en humanité. Une chose leur est commune : Ils sont les vecteurs vers Dieu. On ne les adore pas en tant qu'eux-mêmes mais on les vénère, on les implore comme intermédiaires entre l'homme et la puissance divine.
C'est pourquoi les démolisseurs de Tombouctou sont aussi sots que les iconoclastes du VIII° siècle à Byzance.
La " bêtise au front de taureau " est pire qu'un virus. On trouve déjà en France et ailleurs en Europe, les premiers signes de l'épidémie qui se manifestent dans la destruction des tombes chrétiennes, juives, musulmanes et même récemment, allemandes !
C'est le même virus qui envoie des imbéciles piller des églises, des synagogues, des mosquées, jeter à terre d'innocentes statues, témoins naïfs d'une très ancienne piété ou profaner tabernacles et Thora. Ces déprédations encore plus ou moins inorganisées sont de plus en plus fréquentes, jamais punies : Elles sont les symptômes de la maladie qui se répand, touche de plus en plus de cerveaux déficients et s'incruste comme un cancer dans différentes couches de la société, incapable d'annihiler le chancre mortel.
Les esprits s'accoutument, excusent ; bientôt, on trouvera normal que des " jeunes " s'amusent à casser ce dont nous avons hérité de nos ancêtres comme des dépôts sacrés. Tout est " relativisé " ! L'horrible mot que j'assimile à " compromission " !
Quand on s'en prend à des chapelles, nul ne s'en indigne, alors, pourquoi se priver ? Pourquoi ne pas aller plus loin, pourquoi ne pas s'en prendre aux Cathédrales ? Aux Grands Temples ? A la Sainte Chapelle ? A la cathédrale de Chartres ? De Reims ?
Ces joyaux que les guerres ont meurtris et que la foi a rebâtis seront bientôt la proie des barbares, si vous n'y prenez garde. L'Art et la Piété pleurent à Tombouctou, ils pleurent au pied des calvaires saccagés, des chapelles profanées.
Verrons-nous encore longtemps sourire l'Ange de Reims ?

Geneviève de Ternant
10 juillet 2012

 
 

ENGAGEMENT

 

La langue française évolue parfois bizarrement. Ainsi du verbe " engager ". On s'engage à faire quelque chose, on s'engage envers quelqu'un, on est engagé pour effectuer un travail.
Foin de cela pour nos modernes trissotins. Maintenant on est un chanteur, un artiste, un homme ou une femme engagé. Engagé à quoi ? Engagé à gauche ! Ce n'est même pas la peine de le préciser, si on est engagé, c'est à gauche ! Evidence !

Il fut un temps, pas si lointain, où c'était l'inverse qui était compris, lorsqu'il s'agissait d'engagement, c'était du temps de Maurras et, alors, on précisait dans quoi on s'engageait. Puis il y eu les " Hussards ", Blondin, Laurent, avec talent, esprit, et cette inimitable désinvolture qui fait rager les bobos... Aujourd'hui, Robert Ménard l'a fait remarquer lors du colloque du Cercle Algérianiste en janvier dernier, il y a une multitude de journalistes et d'écrivains, dans la presse écrite ou parlée engagés, à gauche naturellement et une poignée seulement qui se revendiquent ou que l'on classe à droite : Jean Sévillia, Elisabeth Lévy, Yvan Rioufol, Frédéric Pons, Eric Zemmour, Robert Ménard... Quelques autres encore, une poignée, mais qui font chacun du bruit comme quatre, qui suffisent à faire peur : S'ils allaient ramener la peste noire, ou brune ? Décidément, le bon sens ne fait pas recette dans cette France déboussolée ! Pourtant cette petite cohorte est bourrée de talent, d'esprit et de courage mais tellement individualiste. D'accord sur le principal et divisée sur tant de points, ils ne peuvent constituer une véritable force face aux " engagés "...
Mais faut-il vraiment s'engager ? A droite, à gauche, à qui, à quoi ?

Solon, l'Athénien, fut nommé Archonte et édicta un code de lois valables pour tous les citoyens. Parmi ces lois, l'une provoqua la curiosité de Plutarque (cité dans sa " Vie des hommes illustres ") et d'Aristote (dans sa " Constitutions d'Athènes), cette loi " prive de ses droits de citoyen celui qui, en cas de guerre civile, ne s'est engagé dans aucun des deux camps. "
Ainsi il est illégal de ne pas choisir, alors que très souvent les tièdes, les indécis sont la majorité soit qu'ils ne se sentent nullement impliqués dans le conflit, qu'ils aient des amis, de la famille dans les deux camps ou encore qu'une trouille salutaire les incite à une neutralité difficilement maintenue.

Ainsi dans le conflit algérien, la population civile se trouva longtemps neutre ou neutralisée, soit que les " événements " aient lieu loin de leur ville ou de leur bled, soit que les difficultés à prendre parti lui aient semblé infranchissable.
Si des personnalités fortes et clairvoyantes prennent très tôt les armes pour combattre les rebelles à Alger, lorsque des bombes tuaient des civils dans les bars, les réverbères et les autobus, la plus grande partie de la population demeura dans l'expectative par méconnaissance du danger, par confiance en une armée qu'elle croyait patriote et qui le fut longtemps, et aussi parce qu'il fallait bien que la vie continue, les usines, les cultures et le pain quotidien...

Le problème fut d'emblée beaucoup plus crucial dans le bled tant pour les agriculteurs isolés dans les fermes que pour les indigènes des douars, visés par la terreur FLN. Dans l'urgence, chacun dut choisir son camp et en payer le prix fort.
L'insouciance consubstantielle au caractère méditerranéen empêcha de prendre assez tôt la mesure du danger et en même temps, elle permit à la population non directement visée de supporter plus ou moins bien les longues années noires, les deuils, les promesses non tenues, les désillusions. Sans doute, si la loi de Solon avait fait obligation à chacun de s'engager dans le camp de son choix non pas dans la clandestinité mais au contraire en pleine lumière, l'OAS aurait compté nombre d'hommes et de femmes de courage non dans les derniers mois de l'Algérie en guerre civile mais dés le début des troubles ou, au moins, dès 1956...
Cela aurait-il changé la face de l'histoire ? On peut le penser.

Geneviève de Ternant
16 avril 2012

 
 

Accords ou désaccords ?

 

L'actualité nous plonge parfois dans le passé pour l'éclairer d'une lumière nouvelle. Ainsi, au sujet de la crise actuelle au Mali, Mathieu Pellerin, chercheur à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), écrit dans le Figaro de ce jour : " Le MNLA (Mouvement national de libération de l'AZAWAD) a toujours refusé d'engager des négociations avec un régime non reconnu par la communauté internationale, au risque que les accords deviennent rapidement caducs. "
C'est ce qui s'est passé lors des fameux accords d'Evian dont se sont gargarisés les beaux esprits de France.
De Gaulle a en effet signé des " projets d'accords " avec un seul représentant sur trois du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), laquelle République n'existait pas et lequel gouvernement extrêmement provisoire fut en effet balayé par le FLN qui dès leur signature les considéra comme " un chiffon de papier ", ne tint aucun compte des " garanties " illusoires qui n'étaient destinées qu'à donner une apparence de légalité à une dépossession illégale d'un territoire français.
Un accord est, par définition, signé entre deux personnes ou deux entités. Là, il y avait d'un côté l'entité bien réelle, la France et son chef De Gaulle, mais de l'autre une formation rebelle non reconnue internationalement, le FLN, et un nuage de fumée, le GPRA. De Gaulle était-il vraiment stupide au point de croire à la réalité pérenne du GPRA, comme semble le croire l'historien Guy Pervillé ? Ce GPRA dont un seul des trois représentants, Krim Belkacem, signa ce texte, les deux autres se dérobant devant cette mascarade...
Au final, le général félon s'abrita derrière ce paravent de papier pour sacrifier ses propres ressortissants, les poursuivre, les tuer et pas seulement le 26 mars 1962, à Alger mais aussi dans les geôles barbouzes, les laisser assassiner le 5 juillet à Oran et pour finir, abandonner les Harkis, soldats français, les militaires et les civils disparus, bref commettre les pires crimes " d'un cœur tranquille " comme il le dit lui-même !
Et voila comment la crise malienne nous replonge dans ce passé toujours douloureusement présent.


Geneviève de Ternant
15 avril 2012

 
 

Idéologies


Qu'est-ce qu'une idéologie ? Littré nous dit : Science des idées considérées en elles-mêmes. Phénomène de l'esprit humain.
Paul Jorion, diplômé en sociologie et en anthropologie sociale, dénonce " l'effet catéchisme des idéologie : elles ramènent immanquablement toute velléité de correction à leurs vérités simplifiées. " Or, une velléité simplifiée devient immanquablement un mensonge.
Le XX° siècle fut généreux en idéologies mortifères. Les Etats-Unis ont édicté un catéchisme idéologique dont on a vu les exploits en Algérie : Pour le Président Kennedy, colonisation égalait esclavage : on abolit l'esclavage donc on abolit la colonisation, c'est clair et net ! Et en plus au nom de l'amour du Christ ; la plus grande partie des chefs religieux catholiques d'applaudir à ce grand dessein, pour la plus grande gloire de l'Islam : peu importe le résultat l'idéologie est sauve ! Mais pas rassasiée.
Au Kosovo, on sacrifie les Serbes catholiques au profit des albanais musulmans. Peu importe que le territoire soit serbe depuis plus de mille ans, les envahisseurs albanais ont réussi à expulser par la démographie, la force ou l'intimidation la plus grande partie des Serbes qui ne sont plus que quelques enclaves de résistance au milieu de 94% d'Albanais. Ceci s'est fait sur ordre des Etats-Unis dont l'ambassadeur, Christopher Delle a délibérément, sur un coup de fil,nommé la nouvelle présidente du Kosovo, Atifete Jahjaga, musulmane, naturellement, au mépris de toute consultation ou élection, le 6 avril 2011. Les exactions sont continues et les familles serbes n'ont plus qu'à abandonner leur terre ancestrale et rejoindre la Serbie amputée, sans doute encore tolérée par l'Oncle Sam avant d'être avalée à son tour.
Je suppose qu'il se trouvera bien un adepte de Pierre Daum pour prétendre que ces gens sont partis de leur plein gré, qu'il n'y a " ni valise ni cercueil " comme il le prétend pour l'Algérie.
Si je vous ai rappelé ces extension récentes de l'Ouma, le territoire musulman c'est pour prouver que la marche des colonisateurs de l'Islam ne s'est pas arrêtée au Maghreb mais qu'elle continue sans qu'une véritable résistance s'organise et que les Etas-Unis sont non seulement complices de cet envahissement mais qu'ils l'ont avalisé dans leur schéma géopolitique. Et je ne parlerai que pour mémoire de l'Irak et de l'Afghanistan où la lourde main américaine a entraîné dans l'esprit des autochtones une réprobation unanime contre l'occident satanique.
Nous assistons à un renversement historique que j'exprimerai familièrement par la formule du serpent qui se mord la queue.
L'équilibre du monde s'est fondé durant des siècles par les religions contenues dans leur sphère natale, initiale. En Europe, on était chrétien : Catholique, Orthodoxe, Protestant, Slavon etc...
Au Moyen-Orient, on était Musulman : Sunnite, Chiite, Alaouite etc...
En Asie, on était Bouddhiste, Zoroastrien etc...
Et en Afrique noire, on était animiste avec mille variantes.
Naturellement on s'entretuait, on se battait entre soi.
Dans ce schéma global très simplifié, voire simpliste, les envahisseurs se coulaient et imposaient leur religion par la persuasion ou par le glaive. Le vainqueur en tirait profit et influence. Le vainqueur jamais ne doutait de lui, ni de son bon droit.
Le XVIII° siècle et ses " Lumières " allaient introduire le ver dans le fruit. Un mot résume l'énorme mutation : Le Doute.
Et le ver progressera en Europe sans jamais contaminer les autres continents, sans jamais pousser la porte des autres religions, sans jamais influencer les peuples autres que Chrétiens.
Or, en matière de religion, quelle qu'elle soit, seules comptent les notions de mystère, de confiance, de certitude, au-delà de la raison.
Même le " doute raisonnable " le fameux pari de Pascal est pernicieux.
Mais l'Animisme peut s'accommoder de cohabiter avec le Christianisme ou l'Islam et plus encore le Bouddhisme. Seules deux religions sont fondamentalement dissemblables qui furent, l'une et l'autre, au fil du temps, conquérantes : Le Christianisme et l'Islam.
Je ne dis pas que Chrétiens et Musulmans ne puissent cohabiter, s'estimer ou même s'aimer, mais c'est là affaire d'individu non de politique, hélas !
Voila pourquoi les guerres du XX° siècle furent religieuses sous un masque économique. Voila pourquoi, le Christianisme d'Etat ayant abandonné la partie, seul l'Islam demeure en lice et montre, en ce début de XXI° siècle un visage d'intolérance dans nombre de pays où le non musulman est traité en dhimi ou forcé de quitter la terre qu'il habitait avant même que Mahomet soit venu au monde
Et là le problème économique revient à la surface : les communautés chrétiennes du Moyen-Orient, d'Egypte et d'ailleurs sont souvent les moteurs économiques de ces pays ; quand elles partent, quand leurs enfants s'exilent en Europe, et plus souvent aux Etats-Unis, au Canada ou au Brésil, que se passe-t-il ? Des jeunes musulmans devenus chômeurs tentent de gagner ces faux paradis que leur montrent Internet ou la Télévision. Immigration de peuplement qui appauvrit tout le monde dans un sauve-qui-peut mortel. Et le serpent se mord la queue...
En Algérie, avec le départ forcé, n'en déplaise à Pierre Daum et comparses, des Européens et des élites musulmanes formées par la France, en bien plus grand nombre qu'on l'a dit, avec l'arabisation de Boumediene et la dictature FLN, un pays qui avait tout pour devenir le plus beau fleuron de l'Afrique se retrouve accroché à sa seule ligne de vie : le pétrole ! Quel gâchis !
On aura remarqué que je n'ai pas parlé de la religion juive. Elle est pourtant une des clefs des problèmes géopolitiques de la planète. Voici un peuple dispersé, doté d'une religion ni hégémonique ni missionnaire, qui ne pratique aucun prosélytisme et ne fut jamais colonisateur soudain accusé de colonialisme : Ce n'est pas le moindre des paradoxes du temps. On ne comprendrait pas l'attitude des U.S.A. si on n'y faisait entrer le paramètre de l'Etat d'Israël. Est-ce naïvement que les dirigeants U.S. favorisent les mouvements musulmans dans l'espoir toujours déçu de faire oublier son soutien politique et financier à l'Etat Hébreu ?
Il faudrait bien plus qu'un simple article pour traiter l'ensemble de ces sujets.
Il me semble que le serpent ne se mord plus la queue, le rond a cédé la place à la spirale et nul ne peut savoir où elle entraînera la France, l'Europe, le monde...
Je suis très loin d'un anti américanisme primaire, et j'admire le dynamisme de ce pays mais la responsabilité des dirigeants américains est énorme car leur idéologie ne fut qu'économique et elle a fait faillite en laissant des continents à la dérive, des civilisations blessées et des hommes déboussolés. Des hommes qui se raccrochent à une religion qui leur semble simple car elle régente leur vie.
ESPOIR, sur le sable de nos plages abandonnées, j'écris ton nom...


Geneviève de Ternant
Février 2012

 
 

Et s'il ne s'était pas rendu ?

 

J'ai été émue, comme, je crois, tous les rapatriés de voir Hélie Denoix de Saint-Marc recevoir ce grade prestigieux dans la Légion d'Honneur avec une modestie qui signe les nobles caractères. Cet homme qui arrive à un grand âge après de terribles épreuves méritait plus que tout autre de voir son courage exalté et son exemple donné aux générations.
Pourtant, un terme est fréquemment revenu dans les articles qui relataient cet hommage : On décore le " rebelle " !
Il me semble que ce qualificatif ne saurait en aucun cas s'appliquer à cet homme et à son parcours.
Il me semble que dès ses 16 ans et son engagement dans la résistance, Hélie Denoix de Saint-Marc fut toujours attaché à l'ordre établi et s'est insurgé contre ce qui troublait cet ordre, soit par une invasion étrangère, les Allemands vainqueurs en 1940, soit parce que l'ordre précédent : Un Viêt-Nam possession française, une Algérie département français, était soudain bouleversé, et ce qui était blanc devenait subitement noir. Ce que cet homme de fidélité ne pouvait avaliser, alors que tant d'autres retournaient leur veste sans état d'âme.
Son engagement dans le putsch des généraux d'avril 1961 a été, il l'a reconnu, déclanché par sa confiance et sa fidélité au Général Challe. Ce qui sous-entend qu'il ne se serait sans doute pas engagé dans la simple défense de l'Algérie Française sous les ordres des trois autres généraux.
Or, le Général Challe, à ses yeux, représentait l'ordre antérieur, la guerre contre le FLN.
Il n'était donc pas un rebelle mais au contraire fidèle à cet ordre malmené par la volte face de De Gaulle.
Or, il appert de l'Histoire que le Général Challe se sentait, de très loin, le moins impliqué dans la défense des européens d'Algérie, des Harkis et des Moghasnis ou des simples fellahs d'auto défense de leur douar. Le fait qu'il ait refusé jusqu'au bout et contre toute évidence de faire participer les civils à l'action le prouve et il est infiniment regrettable qu'il ait convaincu les trois autres protagonistes du soulèvement : Le Général Salan, fin politique et homme de foi, le Général Zeller partisan convaincu de l'Algérie Française à modifier toutefois, et le Général Jouhaud, concerné au premier chef en tant que pied-noir.
Or, Hélie de Saint-Marc, après avoir entraîné le 1er REP à suivre Challe dans l'aventure, a pensé que son devoir était de le suivre encore dans la reddition. Fidélité encore. Jamais un rebelle n'aurait eu ce réflexe là.
Personne ne peut porter le moindre jugement sur l'opportunité de ces décisions. Il faut être dans l'action pour juger de ce qui est bien ou mal, tout en sachant que l'on peut se tromper.
En fait, cette reddition entraînait la fin du sursaut de folie et d'honneur que fut le 21 avril 1961.
Mais on peut se prendre à rêver. Si Hélie de Saint-Marc avait rejoint Sidi-Bel-Abbès, aurait-il dans le sillage prestigieux du 1er REP, fait basculer la Légion hésitante ? S'il avait pris le chemin de la région où le Bachaga Bouallem résistait vaillamment et désespérément au FLN ? S'il était venu avec armes et bagages étoffer le maquis de Monpeyroux ? Si au lieu d'être neutralisé, cet instrument de guerre qui avait fait ses preuves et l'aurait suivi les yeux fermés, comme il venait de le faire, le 1er REP avait encadré les civils désemparés pour en faire une véritable force avec laquelle il eut fallu compter ? Si, si, si, et oui, on peut rêver... S'il ne s'était pas rendu...
Geneviève de Ternant
Janvier 2012

 
 
Stupéfiant !

J'en écarquille les yeux ! Le Figaro du lundi 12 décembre sous la plume d'Yves Thréard publie une note dans sa rubrique de la Bibliothèque des essais : La revue " Les temps modernes " de novembre -décembre 2011 consacre son numéro aux Harkis ! Vous avez bien lu ! Est-ce possible ? Et pas pour les dénigrer, à son habitude, non, enfin presque. Donc " Les Harkis, 1962-2012, les mythes et les faits ".
" Les temps modernes " est la revue dirigée par Claude Lanzmann depuis la mort de Simone de Beauvoir qui la fonda avec Jean-Paul Sartre.
C'est ce Claude Lanzmann là qui écrit en introduction : " Il est nécessaire d'affiner l'histoire des Harkis, de la comprendre, de la complexifier pour épouser la réalité et d'en finir avec les simplifications grossières de la doxa du FLN et de la nôtre (Celle des Temps modernes) qui n'a pas contribué à la recherche et à l'établissement de la vérité. " C'est en effet le moins que l'on puisse dire !
Plus de 300 pages écrites par des écrivains, des historiens français, algériens et américains, retracent le passé de ces malheureux depuis leur engagement aux côtés de la France durant la guerre d'Algérie puis de leurs conditions dramatiques d'hébergement dans les camps de Rivesaltes et de Saint-Maurice l'Ardoise. Voila qui me laisse pantoise...
Car, enfin, qui est ce Claude Lanzmann ? Sa biographie sur Internet raconte sa naissance le 27 novembre 1925 à Bois-Colombes, dans une famille juive implantée en France depuis trois générations, son engagement à 18 ans dans la Résistance à Clermont-Ferrand où il est membre des jeunesses communistes en 1943. Ses études en Hypokhâgne à Louis le Grand l'amènent à rencontrer en 1952 Simone de Beauvoir dont il devient l'amant et Jean-Paul Sartre. Ils viennent de fonder la revue " Les temps modernes ". Anticolonialiste militant, il signe en 1960 le trop fameux manifeste des 121. Il sera l'un des dix inculpés mais on connaît la mansuétude de De Gaulle, alors régnant, pour les communistes.
Le manifeste des 121 sera une arme terrible contre les Français d'Algérie et les Harkis, entraînant l'intelligentsia stupide de France et de Navarre vers un abandon honteux et sanglant.
Claude Lanzmann qui se dit athée et juif est un inconditionnel de l'Etat Hébreu et son film, " Shoah " qui dure plus de 9 heures ne peut que bouleverser le spectateur. Ce n'est pas une raison pour défigurer la vérité historique en Algérie comme il l'a fait au point de se rendre en partie responsable des drames qui ont endeuillé cette malheureuse terre.
Bizarrement, le défenseur farouche du FLN durant toutes ces années sanglantes devient un contempteur des " Arabes " lorsqu'ils attaquent Israël, au point d'oser écrire que le témoignage d'un " journaliste arabe " ne saurait être pris en considération, au point d'accuser Raymond Barre (que je ne porte guère dans mon cœur en raison de sa position contre l'amnistie des Généraux) d'être antisémite !
J'ai lu avec attention son livre autobiographique, " Le lièvre de Patagonie " et constaté combien sous une fausse moustache de rebelle, ses goûts, ses prises de positions sont en phase avec ce politiquement correct qui a régit et imprègne encore les artistes, les écrivains qui font la loi parisienne, si loin des préoccupations du Français moyen, les pieds sur terre et les mains dans le cambouis.
Par conséquent, voir cet homme là écrire à propos des Harkis : " Il n'est pas tolérable que cette communauté soit marquée à jamais d'un stigmate de honte et que sa tragique histoire reste comme ensevelie, ignorée de la majorité des Français. "
Cette histoire que nous, Pieds-Noirs, avons toujours mise au cœur de nos revendications depuis le retour douloureux de 1962, cette histoire que nos écrivains ont tenté de montrer dans toute son horreur par leurs livres historiques ou romancés, systématiquement occultés par les médias aux ordres.
Dans ce travail contre l'oubli, Jeune Pied-Noir, avec Bernard Coll et Taoues Titraoui, a été sans cesse sur la brèche. Nos journaux, nos associations n'ont jamais cessé d'associer le drame des Harkis au drame des Européens d'Algérie. Est-il possible que tout ce travail, cette obstination porte enfin ses fruits ?
Verrons-nous, Ô stupeur ! Claude Lanzmann lancer une campagne médiatique pour que le cimetière de Pujol-de-Bosc soit rendu aux famille harkis, vous savez, ce cimetière pour lequel Véritas se bat depuis des années et en souvenir duquel nous avons érigé une stèle inaugurée lors de notre dernier congrès.
Verrons-nous Claude Lanzmann, ayant lu le livre de Jean-Jacques Jordi, les yeux soudain dessillés, faire repentance auprès des Pieds-Noirs pour tout le mal qu'il a causé ? Humour noir !
Il me semble que je ne vous ai pas précisé que cette revue des " Temps Modernes " porte le numéro 666, le chiffre de la bête de l'Apocalypse... Clin d'œil et signe ! J'avais bien raison quand je vous disais que " le diable porte pierre ! "
Bon Noël et Bonne Année !
Geneviève de Ternant


Décembre 2011

 
 

Le diable porte pierre

 

Nos anciens, pas bêtes, employaient cette expression pour dire que l'oeuvre de Dieu passe parfois par l'entremise du malin.
C'est ce que je me disais en lisant le livre de Jean-Jacques Jordi : " Un silence d'état ".
Je ne sais si en défendant la mémoire des tués et disparus de l'Algérie Française, depuis quelques trente années, j'ai fait avec bien d'autres, œuvre plus ou moins divine, en tous cas œuvre pour la vérité sinon œuvre de vérité.
Je connais le travail appliqué, sourcilleux de Jean-Jacques Jordi et, je l'avoue, sa façon d'envisager la colonisation et la décolonisation ne fut pas toujours ma tasse de thé. Non que je croie que l'une fut tout miel et l'autre tout fiel, mais enfin toute une gamme de nuances me semblent de mise en cette matière. Sans doute le poète que je suis pratique l'octave du cœur plus que l'aride solfège et la rude chromatique. On ne se refait pas.
Or, Jean-Jacques Jordi navigue en professionnel dans les cartons d'archives, en extrait la substantifique moelle, et, j'en suis sûre, à sa profonde surprise, il y découvre les preuves formelles de ce que nous disons, écrivons et crions à longueur d'années depuis cinquante ans.
Evidemment le reproche qu'on nous fait toujours est l'inflation des chiffres. Etait-ce évitable ? Non, naturellement. La rumeur enfle les chiffres de tout temps et en toutes circonstances, et le secret imposé favorise le gonflement de la bulle.
Fut-ce nocif ? Eh ! Bien, je ne le crois pas. Evidemment les chiffres assénés sans preuve ont fait se récrier : Vous exagérez ! Bon, d'accord, alors dites-nous la vérité, ouvrez les archives, croisez les témoignages. Ce ne sera peut-être pas autant, mais au moins ce sera vrai.
Mais justement, on ne voulait pas que ce fût vrai, incontestable. Un flou artistique permettait de nier, de qualifier de fantasmes les récits. C'était un voile opaque, une burqua posée sur l'Histoire.
Lorsque j'écrivais qu'au lendemain du massacre du 5 juillet 1962 à Oran, le Père De la Parre racontait qu'on parlait de 3000 morts et disparus, on me disait : ce n'est pas possible ! Et je répondais : " alors, dites moi combien ! " Mais nul ne prenait le risque de donner un chiffre précis. C'est fait, enfin. Du moins peut-on estimer correcte l'évaluation de Jordi : 50 ans après, c'est tout de même temps, non ?
Il a fallu que cette approche scientifique soit faite non par une réac dans mon genre (Je n'en eu pas les moyens, d'ailleurs, ni la capacité) ni par un membre connu de l'OAS qu'on suspecterait aussitôt, ni même par une personne directement concernée par ce drame, mais par un homme dont les idées de gauche sont connues, qui n'en fit jamais mystère et que cette sensibilité lui ait permis d'accéder à la marmite du diable, les archives fermées, c'est signe, n'est-ce pas, que lorsque la vérité veut bien sortir toute nue de son puits, elle se sert de l'instrument adéquat.
La Comtesse de Ségur parlait d'un bon petit diable, notre compatriote est un grand gentil diable ! Merci à lui.

Geneviève de Ternant
28 novembre 2011

 
 

24 décembre 1961

 

C'était notre dernier Noël en Oran Française, mais nous ne le savions pas. Oran la travailleuse étincelait de toutes ses vitrines illuminées, la foule déambulait rue Général Leclerc, que tout le monde nommait toujours Rue d'Arzew, le magasin ne désemplissait pas. Je dirigeais alors une boutique pour Homme appelée Adam. Mon premier vendeur, Monsieur Candel s'affairait tout en surveillant les trois vendeuses, s'assurait qu'elles étaient attentives aux desiderata des clients et surtout des clientes venues choisir le cadeau destiné au mari, au père, au fils, au frères. Cravates et chemises, gilets et pyjamas, s'accumulaient sur les comptoirs. La retoucheuse, Madame Salcédo, perchée dans la mezzanine, faisait ronfler sa machine à coudre car il importait que les retouches soient terminées pour les clients impatients d'étrenner le costume neuf pour le réveillon. Tandis que le tailleur vérifier le tombé d'une veste ou d'un pantalon dans les cabines d'essayage.
Habituellement je ne m'occupais que de la comptabilité, des stocks et des commandes, mais, les veilles de fêtes, tout le monde mettait la main à la pâte. Je suis devenue experte en paquet cadeau ! Notre papier gris-bleu et le bolduc bleu-roi étaient notre marque bien reconnaissable.
Pour cette nuit sacrée, le couvre-feu avait été reporté à minuit et la messe avancée à 22 heures. Oran la joyeuse en proie depuis des mois aux perquisitions, aux arrestations arbitraires, aux attentas et aux nuits bleues respirait comme elle ne l'avait pas fait depuis que la bestialité du gauleiter Katz s'était jointe à celle du FLN.
Les oranais, enclins à faire la fête, à glaner le moindre prétexte à rire, s'en donnaient à cœur joie.
Oh ! Personne n'oubliait la guerre et les deuils, personne n'oubliait les amis chassés du bled et réfugiés dans ville protégée par les commandos OAS. Les réseaux Bonaparte et Rinbold ainsi que les hommes des collines veillaient car tous craignaient que les hordes fanatiques ne tentent une attaque en force. Ce ne fut pas le cas.
Chacun voulait espérer que la France resterait en Algérie, que " quelque chose allait se produire ", que " ce n'était pas possible "... On se le redisait pour se donner courage, pour parer nos illusions des étoiles de la nativité.
Le croyions-nous vraiment ? Pensions-nous vraiment à un sursaut d'honneur de l'armée ? A un revirement de la métropole ? Je pense que nous ne raisonnions plus, seul un instinct de survie nous animait et cet optimisme que l'on peut qualifier de stupide mais qui fut notre sauvegarde des mois durant.
A 22 heures, les cloches de toutes les églises de la ville sonnèrent à la volée, de longues minutes. Nous reconnaissions celles de Saint-Esprit, celles de la cathédrale. Ce fut comme un grand souffle de bonheur.
Hélas ! Lorsque les cloches se sont tues, du village négre et de la ville nouvelle, montèrent les you-you des femmes arabes. Non, les you-you de joie des mariages et des naissances, mais les lugubres you-you prémisses des massacres.
Nous allions les entendre les six derniers mois de l'Algérie Française, jusqu'au jour sanglant du 5 juillet 1962.
Alors nous avons compris qu'en dépit des lumières, des magasins pleins de marchandises, d'un port où les bateaux déchargeaient des richesses dont peu ou prou tout le monde profitait, en dépit des hommes et des femmes travailleurs, l'imbécillité du fanatisme porteur de misère aurait le dessus et que la belle histoire d'une terre où cohabitaient les 3 religions finissait dans le sang...

Geneviève de Ternant.


 
 

Le Veau d'or est toujours debout...

Il a même pris du galon puisque ce n'est plus un veau mais un bœuf, un bœuf d'une tonne en or de 35 millions d'euros. Cet objet trône dans un " village " chinois, Huaxi, province de Jingsu qui compte tout de même 50.000 habitants. Il fête ses 50 ans en inaugurant aussi une tour de 328 mètres de haut, soit 4 de plus que la tour Eiffel.
Nous, nous allons commémorer nos 50 ans d'exil avec des trous ! Des trous aussi profonds que la tour chinoise est haute: Trous de la sécurité sociale, trou abyssal de la dette française et trou du puits où la mémoire à éclipse a enfoui les faits et méfaits de la France gaullienne.
Jean-Jacques Jordi s'escrime à en extirper morceaux par morceaux les preuves contenues dans les archives tenues jusqu'ici soigneusement fermées. C'est pure merveille et combien inattendue.
Comme je ne crois pas une seule seconde à une bonne volonté soudaine des princes qui nous gouvernent et que j'ai très mauvais esprit, je me pose des questions.
Pourquoi Jean-Jacques Jordi ? On le sait plutôt de gauche. Rien d'étonnant. Avant de virer soi-disant fasciste, l'Algérie et en particulier l'Oranie était plus que rose à l'arête. Revenus vers leur famille politique, après la débâcle. J'ai souvenance de sa défense de Benjamin Stora il y a de nombreuses années, lors d'un congrès Algérianiste à Avignon. Mais un historien n'a pas à être de droite ou de gauche : il a à sortir des archives et à les commenter le moins possible. C'est son honneur. On sait qu'on peut faire dire à des textes tout et son contraire par le choix. Ce serait lui faire injure que d'imaginer qu'il ait orienté ses recherches. D'autres l'ont fait. A lui, je fais confiance.
Mais lui a-t-on tout laissé voir ? Je crains que cette tâche soit au dessus des forces d'un homme seul. L'essentiel est que ce qu'il écrit corrobore dans l'ensemble la forfaiture gaullienne et les témoignages dont nous avons fait état depuis 50 ans.
Car toute la classe politique des années 50 et 60 est éclaboussée par ce qui nous est aujourd'hui prouvé. La collusion des barbouzes avec le FLN sur ordre de De Gaulle, les massacres organisés et les crimes du SAC de Pasqua et ceux de " la main rouge ", les tortures infligées à ceux qui défendaient leur terre natale et aussi à ceux qui n'ont rien fait du tout que se trouver au mauvais moment au mauvais endroit.
Et donc, deuxième question : Pourquoi cette permission ? Les gaullistes aux petits pieds, deuxième génération, ont-ils soudain envie de secouer l'ombre jusqu'ici tutélaire devenue encombrante ? Les textes dévoilés sont écrasants pour la mémoire de De Gaulle (qui n'avait déjà pas besoin de ça après les témoignages de Peyrefitte) mais enfin, c'est le peloton d'exécution que mérite un chef d'état allié aux ennemis qu'il est censé combattre : Cela s'appelle FORFAITURE !
Comment des politiques, quels qu'ils soient, peuvent-ils en appeler à un traître ? Comment les familles des soldats et des civils qu'il a fait tuer sciemment ne portent-elles pas plainte contre l'utilisation de sa mémoire ? Comment peut-on encore se déclarer gaulliste ? Aller se recueillir devant cette Croix de Lorraine que cet homme sans honneur a ainsi détournée, profanée ? Comment ne pas s'indigner en constatant la brèche, le fossé la faille abyssale entre ses écrits et ses actes ? Comment ne pas pleurer des larmes de sang en constatant le gâchis que sa politique a causé en Afrique comme en Europe ? Les archives pestilentielles permettront-elles que se lève le vent puissant et purificateur de la vérité ?
Donc, pourquoi les gaullistes au pouvoir ont-ils permis l'ouverture de ces archives ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Quel intérêt se cache derrière les réponses à ces questions ? Quel veau d'or moins voyant et moins pittoresque que le bœuf d'or chinois ? Le saurons-nous jamais ?


Geneviève de Ternant octobre 2011


 
 

JE NE SAIS PAS...

Cette petite phrase si simple semble bien difficile à prononcer. Chacun se croit donc capable de tout connaître ? De trancher de tout ? Bien risible prétention alors que le monde présente une infinie complexité. Pense-t-on que tout est à notre portée d'un simple clic sur Internet ?
Oui, les informations s'y trouvent, en grand nombre. Sommes-nous capables de faire le tri entre vérité et propagande ? Sommes-nous surtout capables d'assimiler ce qu'on nous dégorge, d'y réfléchir, de confronter à notre expérience, à notre culture ?
Culture, le grand mot qui recouvre tant de diversité. La culture est-ce aller au fond des choses ? On peut connaître et aimer Claude Monet sans tout savoir des liens de Georges Clemenceau et des nymphéas...
Arrivée à un âge... certain, j'ai beaucoup lu, beaucoup écouté, beaucoup regardé autour de moi, et autour du monde, je me suis émerveillée et j'ai pleuré d'horreur et je ne peux dire que : " Ce que je sais le mieux, c'est que je ne sais rien " à l'instar de Socrate et de Bourdaloue.
Je me souviens d'une dame, charmante par ailleurs, mais affligée d'un défaut : Digne émule de Madame Verdurin, elle se flattait de tout savoir. Un jour, dans un salon, on parla de mots croisés en rébus. Aussitôt, elle de s'écrier : " J'aime beaucoup les mots croisés d'Henri Bus ! " Il y eut un moment de flottement. Mais la malheureuse, persuadée d'avoir bien entendu ce nom qui, et pour cause, lui était inconnu, s'enferrait : " Ses définitions sont pleine de sel ! Quel homme d'esprit ! " Il y eut quelqu'un pour répondre : " C'est le frère d'Otto Bus ! " Imaginez le fou rire !
Souvent cette anecdote me revient à l'esprit lorsque j'entends certains trancher de questions que, manifestement, ils ne maîtrisent pas.
Il m'arrive même parfois, concernant des matières que je connais un peu, de dire simplement : Je ne sais pas...
Je n'ignore pas que l'on peut, de bonne fois, se tromper. Cela m'arriva souvent. N'est-il pas très simple, alors, de le reconnaître ?
Nul n'est en mesure de se souvenir des choses anciennes avec exactitude car le temps gomme, ou reconstruit. Je lisais, dernièrement dans un livre fort inquiétant que certains psychologues fabriquaient à des patients de faux souvenirs, dans le but de remplacer des souvenirs horribles qui remontaient à la surface pour les empêcher de vivre. Mais enfin ? Des faux souvenirs ? Quelle affreuse et dangereuse entreprise ! C'est le monde d'Orwell !
Et pourtant, avez-vous quelques fois confronté les images retenues d'une période précise avec les souvenirs d'autres personnes ayant vécu la même chose, au même endroit, au même moment ?Neuf fois sur dix, ils ne coïncident pas ! Et pourtant chacun est parfaitement sincère. De même pour un film, un livre, un tableau, on n'est pas frappé par la même scène, la même situation, la même représentation picturale. Et on ose parler de certitude ?
Nous qui témoignons depuis cinquante ans de notre vie en Algérie Française, des événements dont nous avons été témoins, sachons ne nous appuyer que sur des notes prises sur le champ, des textes irréfutables, des témoignages recoupés afin d'être crédibles et honnêtes. Et sachons parfois dire humblement : Je ne sais pas...

Geneviève de Ternant
Septembre 2011

 
 
TOUTES LES CHOSES...

Toutes les choses que nous avons perdues... je me souviens de cette lettre que Rilke écrivit en 1921 à Balthus, cette lettre que cite Pascal Quignard dans " Sur le jadis " : " Toujours, à minuit, il se fait une fente minuscule entre le jour qui finit et celui qui commence. Une personne très adroite qui parviendrait à s'y glisser sortirait du temps et trouverait un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons. A cet endroit sont amassées toutes les choses que nous avons perdues. "
Je ne crois pas que ces choses soient des objets, ou simplement des objets. Ces choses qui meublaient nos vies avaient l'âme des anciennes jeunesses, les parfums d'un monde lié à l'enfance, aux bras tendres des mères qui étaient belles et vigoureuses. A la voix des pères qui parfois grondaient et souvent expliquaient, ouvraient les portes de la vie à nos années d'apprentissage. Ces choses perdues... Un berceau calciné dans la maison brûlée, un bureau sur lequel tant de bras d'honnêtes hommes se sont appuyés. Une poêle qui ne servait que pour les migas, l'autre, la grande, pour les pællas. Ces choses perdues, c'était un grand vent pur aux odeurs d'épices ou de jasmin ou, le soir venu, du galant de nuit qui ne sollicitaient pas seulement l'odorat mais nous faisaient glisser par une fente minuscule entre le jour qui meurt et celui qui va naître dans un empire au-delà du réel, dans l'infini de l'inconnaissable.
Il me semble parfois que certains d'entre nous, ceux qui se taisent et marchent en tenant la main des disparus, en tenant la main de ceux qui souffrent, en ne lâchant pas celle des proches devenus fragiles, oui, il me semble parfois que ceux là savent se glisser dans cette fente minuscule et qu'ils retrouvent dans ce royaume au-delà des mots, au-delà des rêves,
la force magnifique et réelle des choses perdues...
Geneviève de Ternant
Août 2011

 
 
Une communauté réduite aux caquets

Une communauté réduite aux caquets ! Le mot cruel de Philippe Bouvard ne nous était pas destiné mais il ne s'applique que trop bien à nous...

Parvenus, après beaucoup de travail et d'épreuves, à un âge où raison et indulgence devraient régler les comportements, nous voyons, au contraire, avec consternation, les hommes et les femmes, les Français d'Algérie, se déchirer, s'insulter, se traiter de tous les noms d'oiseaux, bref ! Caqueter comme poules en poulailler : Et cot, cot, cot... celui-ci est un salaud ! Et cot, cot, cot... Celle-là est une traîtresse... Mais enfin ! Où allons-nous ainsi ?
Aux temps heureux d'avant Internet, ces querelles vaines se seraient soldées par un " tape-cinq ", entre " quat'zyeux ", autour d'une anisette. Hélas ! Internet est arrivé !
Il semble que chaque matin, ouvrant sa boite courriel, chacun et chacune n'ont qu'une hâte : Voir qui épingler de sa vindicte, quel compatriote sera, aujourd'hui, la victime expiatoire d'un mot malheureux, d'une circonstance imprévue...
Nos Saint-Just et nos Robespierre octogénaires semblent regretter de ne pas disposer d'une Roche Tarpéienne ou d'une guillotine en bon état de marche pour faire choir dans le panier la tête chenue de tel ou telle qui a osé dire... qui a osé faire... Et déjà se délecter d'invectiver l'imprudent, la téméraire. Et non pas entre " amis ", non pas par un petit mot personnel, un coup de téléphone qui auraient réglé le différent sans heurt. Non pas, il faut en informer la terre entière : courriels vengeurs à tous les " récipients ", blogs fielleux !
Petites susceptibilités deviennent haines imprescriptibles. Mais enfin ! Oui, où va-t-on ?
On blogue et on débloque à tout va parce qu'on n'a rien de mieux à faire, parce qu'on se croit intéressant. Et ce qui n'aurait jamais dû sortir d'un petit cercle devient affaire d'état. On se traite de vendu, de traître, d'escroc, on se menace des tribunaux ! C'est l'horreur et c'est le plus souvent, surtout ridicule.
Le pire est que chacun de ces tribuns d'occasion prône... Vous savez quoi ? L'UNITE !
Oui, Amis, c'est comme je vous le dis : L'UNITE !
Poules caquetantes, coqs, dressés sur vos ergots, allez-vous enfin prendre la mesure du mal que vous faites ? Naïve que je suis, pauvre poète, J'ai dit la vérité, je dois être exécutée...

Geneviève de Ternant
1 Juillet 2011

 
 
Prémonition

" Un jour, des millions d'hommes et de femmes à la recherche de leur propre survie quitteront les rivages du Sud de la Méditerranée pour faire irruption dans les riches territoires du Nord. " Savez-vous qui a dit cela ? C'est Houari Boumediene dans les années 1970. C'est beaucoup de culot pour un type qui a engrangé les bénéfices pétroliers abandonnés par un De Gaulle aveugle et sourd et qui a organisé par une industrialisation démentielle la pénurie en Algérie. Mais on entend, en écho, la voix de Raspail et de son " Camp des saints "...
La liberté prétendument promise par la " Révolution de jasmin " et un " Printemps arabe " porteur de bien des interrogations n'a favorisé qu'une émigration sans frein de la Tunisie surtout mais aussi d'Egypte et de Libye.
Ne nous en prenons qu'à nous-même. Non, les pays du Nord de la Méditerranée ne sont pas des eldorados pour immigrés sans qualification, sans papiers et sans espoir.
Mais comment ne le croiraient-ils pas en voyant sur Internet et à la télévision une Europe clinquante et déjantée ? Une Europe où les filles sont offertes dans les publicités ou la téléréalité à l'image des houris promises par Allah... Moins la virginité toutefois.
Comment ne convoiteraient-ils pas les marchandises étalées sur les marchés et dans les vitrines éblouissantes des Grands Boulevards, de la Croisette ou des bijoutiers célèbres ?
Comment ne se sentiraient-ils pas humiliés lorsque tant de splendeurs qu'ils se croyaient naïvement promises se transforment en une triste réalité, sous les ponts et dans des squats sordides ?
Oui, l'occident étale une richesse pourtant bien inégalement partagée, mais comment le sauraient-ils ? Une richesse, une abondance que ces pauvres gens croyaient partager, qu'ils pensaient accessible...
Leur parle-t-on jamais du travail nécessaire pour bâtir cette richesse ? Des générations d'obscurs artisans qui ont travaillé sans cesse pour perfectionner leur art ? En Algérie, ils voyaient le travail des colons, des ouvriers et pourtant qu'ont-ils fait ? Massacre et gabegie...
Ce qu'ils voient, ce sont des gens, peu scrupuleux sans doute, accéder à des postes éminents et soudain victimes de leurs turpitudes dégringoler du Capitole à la Roche Tarpéienne...
Ne se disent-ils pas alors qu'ils seront plus malins et qu'ils accrocheront leurs pauvres vies aux wagons de la réussite, à n'importe quel prix, par n'importe quel moyen...
Notre occident et tout particulièrement la France parisienne ont perdu la boule. Ce sens commun et cette mesure qui firent jadis son rayonnement - bien sûr, non sans contre exemples notables- ont-ils disparu complètement de notre pays ? Je ne peux le croire.
Mais il faut que le vrai peuple de bon sens se réveille, lui aussi, de son éblouissement médiatique pour comprendre que les avertissements étaient prémonitoires et qu'il convient enfin d'en tenir compte.
Malgré le temps et les déceptions, j'ai toujours mal à ma patrie, la France, celle qui était dans nos cœurs, tellement aimée, tellement admirée lorsque nous la chantions dans notre pays perdu, l'Algérie Française.
Geneviève de Ternant

Juin 2011

 
 

Les voies du Seigneur sont bien tortueuses !

Eric Orsena fait remarquer combien la division des différents ministères a retardé la connaissance des courants et combien la réunion sous l'effet de l'urgence des océanographes et des astrophysiciens permit des avancées considérables des sciences.
Cela me fit penser qu'au moment de la conquête de l'Algérie, quatre ministères se partageaient, le couteau entre les dents, le devenir de ce pays. Il est infiniment probable que, s'ils s'étaient entendus, ils auraient conclu à l'impossibilité de faire de ce pays hostile par sa nature aride et la fâcheuse tendance de ses habitants à s'entretuer, quoi que ce soit de civilisé ; disons de " moderne " pour ne froisser personne.
Et je ne serais pas l'improbable fruit d'ancêtres normands et audois, qui eux se connaissaient et d'autres venus du Nivernais dont ils n'auraient sans doute jamais bougé. Et je ne compte point les apports italiens, espagnols et polonais qui doivent faire de mon ADN un puzzle européen. N'étant pas un phénomène rare ni remarquable, je conclus que la race pied-noir est issue des rivalités intestines des ministères parisiens. Car les documents nous apprennent, pour peu qu'on les lise sans préjuger, que cette histoire fut en effet la plus folle et la plus généreuse des utopies du XIX° siècle.

Geneviève de Ternant
Mai 20011

 
 
Bonnes consciences

J'ignore si vous êtes nombreux ou nombreuses à lire le magazine féminin " Grazia ". J'ignorais son existence jusqu'à ce qu'un article signé Anne Fulda, dans le Figaro du 2 mai signale à mon attention la fatwa émise sous le titre explicite : " Faites-les taire ! " contre deux journalistes " qui ont en commun de dire tout haut ce que certains pensent tout bas, de poser des questions qui dérangent, quitte à heurter les bonnes consciences. " Vous ne serez pas étonné qu'il s'agisse d'Ivan Rioufol et d'Eric Zemmour ! Et quand je dis fatwa, le mot s'impose en synonyme d'Inquisition : " Des photos des " accusés " dévorées par les flammes ". Ouah ! Le bûcher de Torquemada ! Et " Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! " Cela ne vous rappelle rien ? J'imagine que si les signataires de ces anathèmes avaient connaissance de Présent, de Véritas et de quelques autres publications pourtant moins confidentielles que le magazine en question, nous serions nombreux à être voués aux flammes du politiquement correct, n'est-ce pas, Jean Sévillia ?

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Ce sont encore les " bonnes consciences " qui s'expriment dans un autre genre pour victimiser l'Islam, soi-disant en butte aux méchants chrétiens. Ce sont pourtant les Chrétiens qui sont assassinés comme le 2 mars dernier le Ministre des Minorités Religieuses de Pakistan, le catholique Shahbaz Bhatti ! Saluons le courage de son frère, le Docteur Paul Bhatti qui a laissé sa blouse de chirurgien et sa vie paisible en Italie pour prendre la place de son frère et défendre les 3% des Pakistanais non musulmans : Chrétiens, Hindous, Sikh etc... au péril de sa vie et peut-être encore davantage maintenant après la mort de Ben Laden.
A-t-on entendu beaucoup de voix s'élever contre une telle violence ?
Les crimes commis au nom de l'Islam sont systématiquement minimisés quand ils ne sont pas niés. Ainsi en va-t-il du génocide perpétré par les Turcs contre les Arméniens. La Turquie reste, en cela du moins, un état négationnistes puisque toute personne qui l'évoque est passible de poursuites judiciaires pour atteinte à la dignité turque ". Cette horreur fut, en son temps condamnée officiellement le 24 mai 1915 : " La France, la Grande-Bretagne et la Russie ont écrit à la Turquie qu'elle devra " rendre des comptes à la fin du conflit pour les crimes commis contre les Arméniens. " et le 10 août 1920, le Traité de Sèvres mentionne le principe de " crime contre l'humanité commis par l'Etat Ottoman contre les Arméniens. " Ce terme sera repris par la convention de 1948.
Partout, en pays musulman, les violences anti chrétiennes se sont multipliées au cours de l'année 2010 et continuent malgré la solidarité dont certains musulmans ont fait preuve envers des familles chrétiennes menacées, et cela au péril de leur vie. Nous avons connu cela aussi en Algérie.
Après le pogrom de Gojra, le 28 août 2009 ou onze personnes dont deux enfants ont été brûlés vifs et l'incroyable déni de justice lorsque Shaziah Shaheen, jeune domestique chrétienne de 12 ans, morte en janvier 2010, violée, os cassés, traces de fer à repasser dans le dos, ongles arrachés, les médecins légistes pakistanais ont conclu à une mort par MALNUTRITION.
Et Asia Bibi, mère de famille chrétienne, accusée à tort de blasphème...
Indigné au-delà de toute espérance, l'Evêque de Faisalabad, Mgr John Joseph s'était suicidé devant la cour de justice le 6 mai 1998. Peut-être ce sacrifice et tant de sang innocent versé a-t-il pu porter fruit : La commission des droits de l'homme du Pakistan et le réseau récent " Citoyens pour la démocratie " comprend des groupes musulmans et la commission justice et paix des Evêques pakistanais. Devant tous ces drames, nous n'avons guère entendu " les bonnes consciences "
A l'heure où les " printemps arabes " tentent de donner un peu de liberté aux peuples, espérons que les leçons seront tirées des abominations commises au nom d'un Islam dévoyé et qu'une Histoire véritablement honnête, connue de tous dans ses ombres et ses lumières, dans son humanité et sa spiritualité, fasse enfin leur juste place aux hommes de bonne volonté.
Geneviève de Ternant
6 mai 2011

 
 
Marchons ! Marchons !

A Toulouse, une expérience est en cours qui me ravie : En marchant sur certains trottoirs de certaines rues, les passants fabriquent de l'énergie qui sert à éclairer des lampes LED. Merveille ! J'espère que cette lumineuse invention va se généraliser. Les trottoirs de nos villes vont rendre obsolètes les énergies nucléaires que séismes et tsunamis rendent suspects et les si laides éoliennes. Bien mieux, les manifestations seront encouragées en haut lieu et canalisées sur les trottoirs de part et d'autre des rues où elles circulent habituellement. Les travaux d'utilité générale, généreusement distribués par les magistrats, obligeront les délinquants à arpenter telle ou telle rue, théâtres de leurs douteux exploits, afin qu'elles soient brillamment éclairées, décourageant du même coup la concurrence voyoucratique.
Nos péripatéticiennes obtiendraient le Mérite civique en fonction du rendement des lampadaires.
Les footballeurs et les rugbymen, au lieu de s'aligner en rang d'oignons, chanteraient la Marseillaise en arpentant le tour du stade : Marchons ! Marchons !
Ah ! Si cette invention sublime avait été déjà en usage du temps où tout Alger, tout Oran, toutes les villes d'Algérie piétinaient l'asphalte en mai 1958, en Janvier 1960 ou en avril 1961, l'énergie de nos pieds (noirs, naturellement) aurait neutralisé l'intérêt pour le pétrole, le gaz et nous serions peut-être encore dans notre pays bien aimé…
Geneviève de Ternant
Avril 2011

 
 
Démocratie essorée

On nous a assommés depuis des jours et des jours de " front républicain ", de " morale républicaine ", de " démocratie républicaine "…
Le " front républicain " ? Il est tout plein de rides profondes, pardon, de courants contraires. La " démocratie républicaine ", si j'ai bien compris, c'est ôtes-toi de là que je m'y mette. Mais la " morale républicaine " qu'est-ce que c'est ? Voyons donc ce qui n'est pas cette morale là. La famille ? Un père, une mère, des enfants ? C'est ringard : A exclure ! La religion ? Ah ! Là, il faut faire le tri. Je n'oserai m'y aventurer. L'amour du prochain ? Quel prochain ? Son voisin de palier ? Sûrement pas ! Donc, un nouveau voisin qui n'a pas notre vieille culture (A exclure, naturellement !) ni nos bonnes vieilles habitudes (choucroute, quiche Lorraine, cassoulet : Du cochon ? Horreur !) Donc, un prochain à trier aussi.
Difficile à définir, cette " morale républicaine ", même par son contraire… Je crois comprendre : La " Morale Républicaine " (avec des majuscules, s'il vous plait !) c'est accuser les autres, tous les autres, de racisme et de vouloir la mort de la démocratie.
Pauvre démocratie ! Où est-elle lorsque la moitié du pays ne va pas voter, par dégoût, par fatalisme. Elle est essorée comme une vieille serpillière. Elle a trop servi, et à de bas usages. La " morale républicaine " ce serait aussi de donner des moyens. Des " moyens " c'est de l'argent et de préférence, celui que l'on n'a pas. Et pourquoi faire ? Pour le jeter dans des puits sans fonds, véritables tonneaux des Danaïdes. Ce serait aussi de voter des lois et ne pas les appliquer. La " morale républicaine " ne veut pas la punition du pêcheur, elle préfère la mort de sa victime. Une victime morte ne grève pas le budget des retraites. Un pécheur punit, cela coûte en prison, en réinsertion, en récidive… Donc, on ne s'y résout qu'en dernière extrémité. Les autres, les " petits délinquants " qui empoisonnent la vie des honnêtes gens, ceux-là plastronnent dans les cités. C'est là, la " morale républicaine " en France.
Mais à l'étranger, il en va différemment : Pas question de laisser des chefs d'état faire joujou avec leurs sujets. Là, on nage dans les bons sentiments, ceux qui provoquent les plus grandes catastrophes : Afghanistan, Iran du Shah, Irak de Saddam, Kosovo (Pour les Serbes, ils n'avaient qu'à ne pas naître là, après tout, ils n'y étaient que depuis un bon millier d'années !) et la liste est longue.
Et la Libye et la Côte d'Ivoire… Mais Kadhafi et Gagbo ne sont pas faits du même métal que Moubarak ou Ben Ali. Loin de là ! Ils finiront par partir ou être tués, et ce sera sans doute fait lorsque ces lignes paraîtront. Mais à quel prix ! Et quid des autres potentats d'Afrique et du Moyen-Orient. Pour peu que Bernard-Henri Lévy y mette son grain de sel, on n'a pas fini d'en voir…
Denis Tillinac, expose avec son humour habituel le problème des pauvres tyrans qui n'ont plus d'asile politique dans ce monde de " morale républicaine " à part, peut-être, chez Hugo Chavez et Omar Bongo, et encore, si BHL ne s'en mêle pas…
L'humour british a fait de Sainte Hélène le petit royaume de Napoléon. Ce ne serait peut-être pas mal d'y envoyer les chefs d'état déchus. Ils y couleraient des jours paisibles en philosophant sur la Roche Tarpéienne et en jouant à la pétanque. Il est même possible qu'ils en fassent un paradis fiscal. Ces gens là sont capables de tout.
Geneviève de Ternant
Avril 2011

 
 
Chaos

Chaos sur le monde par les hommes et par la terre. Comment ne pas avoir une pensée attristée pour les Japonais frappés par une épreuve atroce ? Habitués à sentir la terre trembler sous leurs pieds, ils ont du faire face, en plus, à la colère de la mer ! Le serpent sur lequel, dit la légende, est posé l'archipel a secoué ses anneaux provoquant séisme et tsunami. Puisse-t-il se rendormir pour longtemps et permettre à ce peuple admirable de dignité et de courage de reconstruire son pays et de panser ses plaies.
C'est un séisme politique sans précédent qui emporte l'Afrique. Les peuples éduqués, liés à la terre entière par les moyens techniques de communication n'ont pourtant point abandonné les vieux réflexes tribaux qui ont fait leur force depuis la nuit des temps. Ils tentent d'inventer une nouvelle forme de liberté dans la douleur et trop souvent dans la violence.
Je suis abasourdie d'entendre les partis politiques français applaudir à une ingérence dépassée. Nous, Français d'Algérie, savons bien que les tribus s'entretuent mais retrouvent leur unité dans la guerre de religion, la guerre contre l'occident " chrétien " ou demeuré tel dans l'esprit des soumis à l' "oumma " Que va faire la France dans cette galère ? Même avec les précautions de langage les plus tarabiscotées, l'intervention de l'Europe et de l'Amérique ne peut être ressentie que comme un outrage ; la supériorité technologique, comme une humiliation. Le courage de nos aviateurs, de nos marins, de nos soldats ne devrait pas, me semble-t-il, être engagé dans cette aventure qui ne peut, à terme, et même en cas de succès, qu'être assimilée par les peuples d'Afrique à un relent de " colonialisme " qu'on leur a appris à haïr. Peuples et Chefs d'Etat Moyen-orientaux ont besoin de temps et de compréhension. Tous sont déstabilisés par la révolution Twitter et Facebook. Il aurait fallu, il faudrait peut-être encore, que l'Europe les accompagne avec délicatesse et compréhension, avec respect… ou ne s'en mêle pas du tout, elle qui gère si mal ses propres habitants, anciens et nouveaux.
Les frontières factices héritées de la colonisation ont groupé des tribus sans cohésion, en ont séparé d'autres, véritable chaos ethnique. Il faut beaucoup de temps pour qu'un pays devienne une nation. C'est ce qui se passe dans la douleur en Afrique, mis à part les vieux pays comme le Maroc, unifié depuis longtemps, la Tunisie depuis Carthage et Rome ou l'Egypte depuis les Pharaons et d'autres encore… Mais il faut moins de temps pour détruire une nation et je pense à Soljenitsyne qui écrivait en 1975 quand paru " L'Archipel du Goulag " :
" O vous, penseurs de gauche de l'Occident, amants de la liberté,
Vous, travailleurs de gauche,
Vous, étudiants progressistes d'Amérique, d'Allemagne et de France,
Pour vous, mes révélations comptent bien peu.
Pour vous, mon livre tout entier ne vaut rien. Vous ne le comprendrez
Que lorsqu'ils vous crieront : " Les mains dans le dos ! "
Et quand vous prendrez vous-même, le chemin de notre archipel. "
L'archipel a-t-il tellement changé ?
Est-ce que la France profonde, enfin, se réveille ?
Geneviève de Ternant
Mars 2011

 
 
Ces Colons là…

Je retrouve dans mes archives une lettre du Général René Laure dont j'avais publié une critique de son livre : " De Salan à Boumediene " signée de Robert Parienté en Juillet-Août 1980. Il y avait joint une lettre extrêmement émouvante que je retranscris ci-après tant elle exprime avec noblesse et simplicité ce que les " Français de France ", comme nous disions, auraient certainement pensé et compris s'ils s'étaient donné la peine de voir les choses sans arrières pensées idéologiques :

Reims 14 mai 1980, Général,
J'ai lu votre très grand livre avec le cœur serré et une totale adhésion à tous vos jugements.
Je ne peux m'empêcher de vous l'écrire et aussi de vous expliquer pourquoi je ressens cette guerre d'Algérie avec encore tant de violence.
Une de mes filles, à la suite d'une jaunisse, a dû faire une cure à Vichy, emmenée par sa grand-mère en juin 47. La Providence a voulu qu'un colon algérien de 32 ans soit dans le même hôtel et tombe amoureux d'elle au premier regard. Manœuvres pour l'approcher. Et au bout de 3 semaines, il avait bien pris sa décision. Cela ne nous paraissait pas très sérieux. Elle n'avait que 20 ans et était très enfant, encore. Enfin, je suis partie avec elle pour Alger afin de me rendre compte sur place. L'arrivée sur Alger fut un éblouissement. Le colon nous attendait. Promenade des Crêtes, puis départ pour le bled par Boufarik, Blida, les gorges de la Chiffa, Médéa, la route de montagne jusqu'à Loverdo où nous attendait Madame Richard, veuve, vivant là avec ses deux fils, son gendre veuf et les deux enfants de celui-ci.
Simplicité de la maison, mais une remarquable bibliothèque, une collection de disques classiques, des revues littéraires. Ceci en disait long sur la mentalité des habitants. Et quelle vue sur la Mouzaïa !
A 5h du matin, les 3 hommes partaient aux champs avec leurs ouvriers. J'ai pu voir de près ce qu'était l'affection, la confiance qui existaient entre eux. Et j'ai compris la chance qu'avait ma fille de faire sa vie dans ce pays avec un homme d'une telle valeur.
Ils se sont mariés à la Trappe de Tibarinne, bénis par le Père abbé alsacien qui lui aussi travaillait aux champs avec ses Pères pour aider les ouvriers, les soigner, les aider de toutes façons sans faire de prosélytisme, suivant les directives de Mgr Lavigerie.
Pierre Richard et sa femme habitèrent aux Mérachdas où le père de Pierre avait acheté quelques hectares de brousse mise petit à petit en valeur. 35 Km de Loverdo, 13 de Berrouaghia, le plein bled. Vue sur le Djurdjura. Seul voisin, un marabout à 10 Kms. Et lorsque ma fille était seule, la maison était gardée par un ancien sergent arabe muni d'un fusil.
Pendant 7 ans, ce fut une vie merveilleuse puis, en septembre 54, Cécile vint à Alger avec ses filles pour qu'elles puissent faire des études régulières. 1 mois après, aux vacances de Toussaint ce fut le drame. Tablat, Palestro.
Pierre Richard faisait la navette tous les 10 jours pour venir voir sa famille à Hydra.
Pendant les 8 ans de guerre que mon gendre a passé seul aux Mérachdas, ses ouvriers lui ont témoigné une affection, un dévouement total. Son contremaître était cependant affilié au FLN. Mais tout à fait loyal envers son patron et le prévenant toujours du danger. Un soir, il lui dit ne rentre pas coucher chez toi. Les fells te guettent. Couche à la ferme avec les militaires à 150m de sa maison. Le détachement qui cantonnait là était commandé par le propre neveu de De Gaulle, désespéré de l'imperméabilité de son oncle qui ne voulait rien entendre.
Et toute cette loyauté, cette amitié, ont été gâchées.
Pierre, après l'indépendance, a essayé d'entrer comme conducteur et moniteur de machines agricoles à la coopérative de Berrouaghia. Refus des autorités supérieures. Sa ferme brûlée, sa maison démolie, les puits comblés.
En 58, le jeune frère de Pierre (30 ans, 4 enfants) qui servait de guide la nuit aux militaires, a été attiré dans un guet-apens, sous prétexte de servir d'interprète entre les ouvriers carriers et les militaires qui les accompagnaient. Il a été massacré et 13 soldats aussi.
Le beau-frère fut arrêté à Alger, puis transféré à La Santé pendant 10 mois pour avoir caché le Colonel Gardes chez lui.
Pierre Richard et sa mère ont voulu rester en Algérie à Loverdo où la population les protégeait. Une nuit, à 2h, un des ouvriers est venu les prévenir de partir de suite parce que les Fells devaient arrêter Pierre à l'aube. Ils sont restés à Alger jusqu'au jour où, ayant petit à petit, vendu leurs meubles à vil prix pour acheter de quoi vivre il ne leur est resté que 2.000 FR. Alors ils sont revenus, et Pierre a recommencé à défricher une terre à vigne que la SAFER l'avait autorisé à acheter avec le prêt du gouvernement. Il a très mal supporté le climat de Libourne quoique travaillant très dur. Il est mort en quelques heures en 1976 et ma fille a repris le manche et sa belle-mère, 90 ans, reste moralement comme un roc et se console, si on peut dire, avec Soljenitsyne.
Je suis confuse de vous avoir écrit une si longue lettre personnelle. D'autant plus que je ne vous ai pas dit combien j'avais été captivée par la 1ere partie de votre livre sur le Sahara. C'est un grand livre d'un bout à l'autre. Je le fais lire maintenant à l'un de mes petits-fils de 14 ans qui est passionné par l'Armée.
Quant à tout ce que vous dites de De Gaulle, mon mari et moi étions tout à fait d'accord avec vous. Ma cousine germaine avait épousé le cousin germain du général et était très liée avec Madame De Gaulle. Nous avons essayé de lui faire passer des documents très intéressants. Mais nous avons vite compris que sa décision était prise et qu'il ne voulait écouter aucun autre avis.
Pardonnez-moi de vous avoir écrit si longuement… J'ai 88 ans et je revis avec intensité votre livre.
J. Chatelin, infirmière des 2 guerres, mère de 7 enfants dont 3 garçons engagés en 39-42-44
Il me semble que ce document est à verser à nos archives dans sa douloureuse noblesse.

Geneviève de Ternant
Mars 2011

 
 
La Porte Dorée de l'Immigration

La Cité de l'immigration, le Palais de la Porte Dorée vient d'être - temporairement ? - fermée par la Préfecture de Paris. Située dans le XII° arrondissement, sur le Périph' non loin de la porte de Charenton -N'y voyez pas une allusion perfide à l'hôpital du même nom, mauvais esprits que vous êtes ! - cette institution voulue par Raffarin, confiée à Jacques Toubon et dirigée par Luc Gruson fut conçue en 2003 et ouverte en 2007 avec l'idée de montrer que la France s'est bâtie en partie grâce aux étrangers accueillis dés la fin du XIX°siècle.
C'est enfoncer des portes ouvertes. Mais enfin, les Belges, les Italiens, les Portugais, les Russes se sont établis sur le sol français soit pour des raisons économiques soit pour des motifs politiques. Ils n'ont jamais essayé de modifier la culture française et se sont adaptés à nos lois. Le fait qu'ils étaient Européens, de culture gréco-romaine ou slave et de religion catholique, romaine ou orthodoxe leur a permis de prendre progressivement et courageusement leur place dans la société française et principalement urbaine. Tous avaient le sens du travail et le désir de donner un sens à leur vie pour que leurs enfants, tout en gardant le souvenir de leur passé familial deviennent des Français par l'école, le service militaire et le travail en commun. Malgré tout ces points communs entre ces immigrés et les autochtones, l'intégration ne fut pas facile ni facilement admise par les Français de souche que nul n'aurait eu l'idée d'appeler des " souchiens " !
Rappeler leur histoire au sein de ce musée de l'immigration ne me semblait déjà pas tellement indispensable. Pourquoi gratter de vieilles cicatrices ? Mais enfin, historiquement, c'était défendable.
Comme il fallait s'y attendre, les grandes vagues de la période post coloniale n'ont pas tardé à submerger la malheureuse cité, car, constate Jacques Toubon : " L'immigration n'est pas vue comme un terme positif "… Et Luc Gruson dans un bel euphémisme : " La Cité souffre d'une image brouillée "… Les bons apôtres !
Si nous remontons dans le passé, les choses ne manquent pas de sel : Les locaux avaient été construits pour l'Exposition coloniale de 1931. Ils sont très beaux et très grands. On y abrita d'abord le musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie. Mais ces collections émigrent au Quai Branly. Le public vient, peu nombreux et passablement déboussolé. Le but qui était d'en faire un lieu de découverte, d'expositions, de musique et d'art vivant devient si nébuleux que deux membres du conseil scientifique démissionnent et que La Cité ne fut jamais inaugurée officiellement. Et là-dessus, patatras ! Le 2 octobre 2010, 500 sans papiers soutenus par la C.G.T. envahissent le Palais. On imagine les dégâts lorsque la situation perdure et que plus de 300 personnes dorment sur place ! Le gouvernement ne veut pas d'une expulsion manu militari et donc, on négocie. Pendant des semaines le rare public, les scolaires déambulent parmi les sans papiers qui déploient deux banderoles sur la façade : Le gouvernement ne réagit pas, les responsables du Palais non plus, journaux et télé n'en parlent pas. Le public déserte et vendredi 28 janvier, après presque quatre mois d'occupation, la préfecture ordonne la fermeture sur demande du directeur, Luc Gruson. L'entreprise à vocation culturelle avouée et officieusement politique est un immense gâchis. Preuve est faite que l'immigration postcoloniale ne saurait être évoquée sereinement. La Porte Dorée de l'Europe ne s'ouvre pas toujours sur un avenir du même métal. A chacun d'en tirer les conclusions qu'il voudra…
J'oubliais : Sur la porte de ce bel édifice était inscrit : " Palais de la Porte dorée - Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration - Aquarium ". Dans cet aquarium combien d'idéologues ont sombré corps et bien ? Combien de piranhas ont nagé en eau trouble ?

Geneviève de Ternant
31 janvier 2011


 
 
Treize ? Cela porte malheur !

Treize généraux et officiers chiliens actifs durant la dictature de Pinochet ont été condamnés, par défaut, à Paris, à des peines allant de 15 ans à la perpétuité pour la disparition de quatre Français. Le Procureur général de Paris, François Falleti, de proclamer fièrement : " La France n'oublie pas ses ressortissants victimes de faits d'une gravité aussi exceptionnelle. " Et l'avocat général, Pierre Kramer, note " qu'on se situe dans un contexte qui se rapproche du crime contre l'humanité ". Que cela est bien dit, juste et nécessaire. Jamais, vraiment ? Pas le moindre doute ? Aïe ! Ce procureur, cet avocat général n'ont-ils pas la plus petite mémoire historique ? Nos assassinés, nos disparus, n'étaient-ils donc pas des " ressortissants français " ? Victimes de " faits d'une gravité exceptionnelle " ? La chasse au roumi du 5 juillet 1962 ne se situe-t-elle pas dans un " contexte qui se rapproche du crime contre l'humanité " ? Lorsque Roberto Pesle, fils d'un disparu chilien, Etienne, s'écrit avec toute sa douleur toujours vive après 37 ans : " Mon père n'est pas officiellement mort, ma mère n'est pas officiellement veuve ! " ne reconnaissons-nous pas le cri de désespoir des familles des disparus d'Algérie, tout au long de l'année 1962 et aussi avant et après ? Pourquoi notre cri n'est-il jamais recueilli par un procureur, par un avocat général ?
Pourquoi les responsables du gouvernement d'alors, De Gaulle en tête, ne sont-ils pas stigmatisés aussi vertement que ces officiers chiliens ? Pourquoi les tortionnaires du SAC et leur chef, Monsieur Pasqua, toujours vivant, lui, ne sont-ils pas accusés de ces crimes abominables sur des " ressortissants français " ?
Pourquoi les responsables FLN, toujours au pouvoir en Algérie ne sont-ils pas cloués au pilori de la vindicte publique ? Pourquoi nos écrits, nos recherches historiques sont-elles systématiquement étouffées ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, des " ressortissants français " qui demandent justice ?
Ce ne sont même pas des " déserteurs du prétoire " comme le dit Maître Kramer, puisqu'ils ne sont cités devant aucun prétoire, puisque la parole des victimes n'est nullement prise en compte et ce ne sont pas les textes ridicules qui déclarent juridiquement morts les disparus d'Algérie qui peuvent apporter le moindre apaisement aux familles réduites au silence.
Lorsque la sœur d'un disparu chilien, Alphonse Chamfreau, s'écrit, bouleversante : " J'ai l'espoir qu'aucun peuple du monde ne souffrira comme ont souffert les Chiliens, " ! nous savons que le calvaire des peuples est sans cesse recommencé, mais qu'il arrive que passe la justice. Nous l'attendons encore, 50 ans après…
Geneviève de Ternant
Décembre 2010

 
 
FRANCO et le Maghreb

Je viens de lire un livre fort intéressant, écrit par Bartolome Bennassar et sobrement intitulé : FRANCO (Editions Perrin 1995). Je me suis particulièrement intéressée aux chapitres où sont évoqués les rapports du Caudillo avec le Maghreb.
On sait que Franco, frais émoulu de l'Ecole Militaire, fut envoyé au Maroc dans sa partie nord soumise à l'Espagne. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler certains faits historiques peu ou pas connus des Français des deux rives à l'époque.
Après l'offensive allemande et sa spectaculaire victoire sur la France en 1940, Mussolini, convaincu de l'hégémonie définitive de l'Allemagne en Europe, s'empressa de déclarer la guerre à la Grande Bretagne et à la France. Qu'allait faire Franco ? La tentation d'intervenir dans le conflit était forte et l'occasion se présentait de s'emparer des positions en Afrique du Nord dont la France avait, dans le passé, frustré l'Espagne, et de récupérer Gibraltar.
Mais l'Espagne sortait à peine de la terrible guerre civile qui, de 1936 à 1939, l'avait ensanglantée.
Franco offrit donc à Hitler d'entrer en guerre moyennant des avantages en terre coloniale mais aussi des compensations considérables en carburant, matières premières et aide alimentaire qui furent jugées très exagérées par Ribbentrop. Cette offre fut réitérée plusieurs fois sans plus de succès : Le Caudillo exigeait outre l'ensemble du Maroc et Gibraltar, l'Oranie et les territoires d'Afrique occidentale avec l'enclave d'Ifni et naturellement des livraisons conséquentes de blé, d'orge, de pétrole, d'armes. Les récoltes de blé, d'avoine, d'orge et de seigle avaient en effet été catastrophiques dans les années 1939-1940. D'immenses zones, ravagées par la guerre civile, restaient en jachère et le pays s'enfonçait dans lé pénurie. Les Espagnols souffraient de famine. Les généraux franquistes, même ceux qui étaient les plus favorables à l'Axe, considéraient que l'Espagne n'était pas en mesure de se lancer dans une guerre.
Hitler avait, au début, traité les offres de Franco avec désinvolture. Mais il changea d'avis lorsqu'il se trouva confronté à la résistance de l'Angleterre. Paradoxalement, les demandes d'aide alimentaire de Franco trouvaient un accueil favorable auprès des Etats-Unis et même de la Grande Bretagne, toujours pragmatique : Elles se concrétiseront ultérieurement, en 1943 et 1944. Pearl harbor précipita le mouvement.
Un autre aspect est à considérer : Franco, profondément catholique et viscéralement anticommuniste, fut choqué par le pacte germano-soviétique et l'envahissement de la Pologne, pays catholique. Luis Carrero Blanco, bras droit de Franco écrira : " Qui sait si Dieu ne confit pas à L'Espagne, une fois de plus, de sauver la civilisation chrétienne ? "
Cependant Franco n'était pas à l'abri d'actions contre sa toute puissance de l'intérieur et de l'extérieur. L'auteur fait état à partir de novembre 1943 de " débarquements sporadiques de guérilleros sur les plages andalouses (Malaga, Nerja) en provenance d'Oranie où Santiago Carillo avait préparé et entraîné une soixantaine d'hommes. "
Le PCE, parti formé de républicains espagnols réfugiés en France " contrôlait plusieurs milliers de guérilleros espagnols sous la direction de Jean Monzon, naguère procureur d'un tribunal populaire et gouverneur civil d'Alicante dans les derniers mois de la République. "
Celui-ci ordonna l'invasion de l'Espagne à partir du Val d'Aran, contre l'avis des anarchistes et des socialistes espagnols exilés qui savaient cette initiative vouée à l'échec. Cette invasion manquée renforça Franco en Espagne mais sonna le glas des ses prétentions sur le Maghreb occidental.
Beaucoup de républicains espagnols avaient fui l'avance des troupes franquistes dans les années 1938 et 1939. Ils avaient débarqué sur les plages oranaises et s'étaient intégrés à la population déjà fortement marquée de la présence espagnole depuis la conquête française de 1830. Les enfants étaient scolarisés et les familles se souciaient peu, pour la plupart, de renoncer à la paix française dans une province qui n'avait pas connu l'oppression allemande ni italienne. Les Français furent mobilisés, qu'ils fussent Français de souche ou naturalisés et tous firent vaillamment leur devoir. Mais les Espagnols fraîchement débarqués ne pouvaient l'être. Certains s'engagèrent mais les autres trouvèrent facilement du travail dans les villes comme dans le bled où ils contribuèrent à faire marcher le pays coupé de la métropole.
La religion catholique qui était commune fit office de lien car on oublie souvent que si les hommes républicains se montrèrent farouches anticléricaux durant la guerre civile, ils s'opposaient souvent dans leur propre foyer aux femmes espagnoles, (à l'exception des pasionarias) demeurées très pieuses et qui vécurent la défaite et l'exil comme une punition divine. J'en ai entendu, dans mon enfance oranaise, bien des récits. Elles prirent le pouvoir domestique sans états d'âme mais dès que les hommes furent en mesure de voter, ils votèrent à gauche : Elles n'avaient pas de bulletin de vote ! L'Oranie était rouge en majorité bien que des municipalités de diverses couleurs se soient succédées.
Dans les années 1940-1955, Franco incarna pour l'Espagne l'homme providentiel qui rétablit la paix et une certaine aisance : Ce fut un véritable culte de la personnalité. D'autant plus que les nations occidentales le tenaient à l'index et les Espagnols étaient mal tenu au fait de leurs progrès matériels.
La main mise soviétique sur l'Europe de l'Est en 1947 et le coup de Prague en 1948 déclanchèrent la guerre froide et Franco qui avait toujours prédit ce retournement d'alliance se trouvait conforté et bientôt reconnu tout d'abord par les Américains avec lesquels il négocia les bases pour les Etats-Unis puis par l'Angleterre suivie par la France en traînant les pieds : L'épine du Maroc demeurait douloureuse.
La France en conflit avec le roi du Maroc Mohamed V tenta un coup de force en l'assignant à résidence et en le remplaçant par Le Glaoui. L'Espagne manifesta sa réprobation et l'échec de la manœuvre affaiblit la France si bien que l'indépendance du Maroc devenait inéluctable et eut lieu en effet aussitôt. Cependant la situation du protectorat espagnol sur le nord du royaume chérifien devenait intenable. Toujours réaliste, Franco le comprit : Il conclut un accord avec Mohamed V qui sanctionnait l'indépendance de la zone espagnole dans le cadre du royaume chérifien tout en conservant Melilla et Ceuta. Bartolomé Bennassar écrit à ce sujet : " Franco eût préféré de beaucoup retarder l'échéance de l'indépendance marocaine mais, face à l'urgence, il sut agir avec célérité pour éviter des incidents graves. " En 1958, Franco déclara : " Des erreurs qui nous sont étrangères ont produit une commotion dans la conscience du peuple marocain et stimulé un sentiment naturel d'indépendance qui a précipité le processus. Celui-ci aurait eu lieu de toute façon. " Manière à peine diplomatique de prendre ses distances avec la politique, il est vrai incohérente, de la France… Mais la position de la France en Algérie en proie depuis novembre 1954 à la révolte FLN en fut politiquement très fragilisée, tandis que les armes pour le FLN transitaient à travers les frontières poreuses. Cet aspect du conflit a été étudié par nombre d'historiens qui ont démontré, archives à l'appui, la connivence passive des douaniers espagnols. On a même avancé que l'aide du Caudillo aux terroristes algériens était le fruit de leur promesse de rétablir à Oran le preasidio espagnol du temps du Cardinal Ximenes. Fantasme ? C'est probable…
On peut s'étonner de cette connivence d'un chrétien convaincu avec des terroristes musulmans qui préconisaient le djihad. Un texte explique cette contradiction : En 1937, Franco déclarait à l'Echo de Paris : " Nous autres, tous ceux qui combattons, chrétiens et musulmans, sommes des soldats de Dieu et nous ne luttons pas contre d'autres hommes mais contre l'athéisme et le matérialisme. " (Franco, de Bartolomé Bennassar. P. 283, en note cité par Enrique Salgado, Radiographia de Franco. P. 112)
Belle profession de foi, tandis que tombaient bel et bien " d'autres hommes " !
Dans ce livre, l'auteur ne fait nulle part mention de la fondation de l'O.A.S. à Madrid en février 1961 ni d'ailleurs de l'attitude de Franco pendant les huit ans de la guerre d'Algérie. Peut-être a-t-il étudié cette époque dans un autre ouvrage puis qu'il en a publié plusieurs. Aucune mention non plus des nombreux Français qui, durant les années 1942-1944, ont traversé le Pyrénées pour rejoindre l'Algérie et prendre part au combat de reconquête de la France occupée. On sait que beaucoup furent emprisonnés quelques temps dans des camps d'où ils s'échappèrent ou furent libérés pour reprendre leur voyage. Franco, pourtant allié de l'Axe, ferma les yeux ou même facilita leur périple On sait que sa police était fort bien faite et qu'il n'ignorait rien. Pourtant, lorsque la zone libre fut envahie après le débarquement des Américains en Algérie, il pouvait craindre la colère d'Hitler et l'envahissement de l'Espagne. Mais, en fin politique, il su manœuvrer pour éviter ce danger, jugeant qu'Hitler ne pouvait être sur tous les fronts, est et ouest. Il gagnait ainsi la mansuétude des Alliés…
Pour les membres fondateurs de l'O.A.S., sa cécité de circonstance n'est explicable que par sa foi chrétienne, car, entre sa perception de l'Islam de 1937 que nous avons vue, et celle qu'il découvrait dans le djihad au Maghreb, il y avait un gouffre. Franco l'a compris, mais ni De Gaulle, ni les Français…
Il est curieux de voir la façon dont Franco a amusé et abusé l'héritier légitime du trône d'Espagne, Don Juan. Cela rappelle les faux espoirs donnés par De Gaulle au Comte de Paris en 1942. Mais Franco fut bien moins machiavélique. Il organisa sa succession en douceur et prépara Juan Carlos à son rôle en mettant la condition de rester lui-même tout puissant jusqu'à sa mort. Don Juan s'y résigna pour le bien de son pays, non sans noblesse. De Gaulle, lui, laissa le Comte de Paris s'embourber dans le complot fomenté pour assassiner l'Amiral Darlan, faisant ainsi d'une pierre deux coups : Eliminer deux rivaux, l'un par la mort, l'autre par disqualification. Aussi habile qu'abominable !
Franco s'identifiait au chevaliers anciens désignés par Dieu pour sauver l'Espagne ; il ne s'identifiait pas à l'Espagne. De Gaulle qui disait et pensait non pas qu'il servait la France mais qu'il était la France croyait certainement à chacun de ses départs spectaculaires que les Français, apeurés et repentants, allaient le supplier de revenir rapidement. Espoir déçu par deux fois et qui serait resté lettre morte sans l'innocence stupide des Européens d'Algérie… Regrets éternels !
Ainsi Franco fut en somme plus habile : Il ne lâcha jamais le pouvoir et mourut tout puissant.

Geneviève de Ternant
Décembre 2010

 
 
HONTE

Depuis quelques années, sous l'impulsion d'une gauche moralisatrice et oublieuse, la France s'est fait une spécialité de la honte.
Honte de son passé, de son présent et de son futur.
Honte personnalisée ou collective.
Honte traduite dans les livres, les films, les discours : Tout est contaminé par ce sentiment devenu poison mortel.
" C'est, écrit Boris Cyrulnik, l'arme du conformisme par excellence. " (Mourir de dire : la honte, Editions Odile Jacob). Le Professeur Antoine Pelissolo, psychiatre à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière écrit dans son livre : " Ne plus rougir et accepter le regard de l'autre (Editions Odile Jacob 2009) : " La honte est une émotion activée par une image négative de soi. Elle est aussi liée au fait de se comparer à une norme sociale " (…) " C'est une émotion terriblement commune mais ce n'est pas une maladie pour autant. Simplement, chez certains, elle est ressentie trop intensément ou revient trop souvent. " Bref, on peut avoir honte mais pas trop n'en faut !
Et c'est bien là que le bât blesse !
Nous, Français, devrions avoir honte et battre éternellement notre coulpe pour les Croisades mais les Arabes ne témoignent d'aucune honte pour la prise des Lieux Saints et les massacres qu'ils y ont perpétrés.
Nous devrions avoir honte pour l'esclavage que nous avons pratiqué mais ni les autres nations européennes ni surtout les nations musulmanes du Moyen Orient ne paraissent disposées à rougir des mêmes faits que ces dernières d'ailleurs ont continué de pratiquer jusqu'à des temps fort récents.
Nous devrions avoir honte d'avoir coupé la tête de notre Roi -ce qui fut inique et regrettable- mais les Anglais avaient raccourci le leur bien avant nous et combien de Chefs d'Etat du monde actuel ont assassiné leur prédécesseur et ne semblent nullement incommodés par le remord.
Nous devrions avoir honte d'avoir colonisé l'Asie et l'Afrique dans un but purement lucratif -ce qui est faux- mais les nations européennes ainsi que la Chine et le Japon ont agi de même dans leur sphère d'influence et ne parlons pas de l'URSS depuis la nuit des temps et après Yalta. Mais celles-ci s'accommodent fort bien de leur passé tumultueux. Seuls, les Français se couvrent la tête de cendre et battent leur coulpe…
Nous devrions avoir honte d'en avoir voulu à l'Angleterre pour l'assassinat des marins de Mers-el-Kébir : Vénérée Albion ! Quel gâchis !
Nous devrions avoir honte d'être demeurés pétainistes, en Algérie, à l'instar d'ailleurs des 50 millions de Français hexagonaux, et de ne pas, alors, condamné la Shoah, dont nous ignorions tout Alors que les Anglais et les Américains ne protestaient pas davantage puisque, nous dit-on, ils n'avaient pu croire les récits hallucinants des rares rescapés à partir de 1942 et jusqu'à la Libération…
Nous devrions avoir honte de ne pas accueillir à bras ouverts les malheureux du monde entier quand les autres pays sont bien moins généreux et bien moins ouverts que la France.
Soulignons le fait que ces professeurs de morale n'ont, en majorité, guère été aussi fraternels pour nous, Pieds Noirs, arrivant désespérés à Marseille avec une valise et la cage du canari… Mais, de cela, bizarrement, ils n'ont pas honte…
La France qui fut longtemps l'emblème de la liberté aux yeux du monde a entrepris de se rabaisser dans tous les domaines. Or, pour être aimé et estimé, il convient de s'aimer soi-même, sans arrogance, à sa juste valeur. Regarder l'autre avec estime afin qu'il nous regarde de même.
Malheureusement, les Français ne faisant rien à moitié, se distinguent dans le dénigrement comme ils se distinguèrent naguère dans la suffisance. La honte, disions-nous, est un poison et comme chaque Français se soucie peu de s'empoisonner, il rejette sa culpabilité sur un autre, au choix : Les boucs émissaires se sont succédés au cours de notre histoire : Lombard, Templiers, religieux, nobles, extrême droite, Juifs, extrême gauche, Pieds-Noirs… J'en passe car l'énumération serait fastidieuse.
Suis-je trop optimiste en demandant qu'enfin cessent ces anathèmes ? Qu'on regarde la vérité des circonstances, que le bon sens fasse la part des choses. Bref, que l'on s'aime un peu…

Geneviève de Ternant
Novembre 2010

 
 
De l'honneur

Camus a écrit des merveilles et quelques horreurs. En feuilletant distraitement le Figaro Madame du 6 novembre 2010, je tombe sur cette phrase : " L'honneur est un luxe réservé à ceux qui ont des calèches ", dans l'article de Marc Lambron (qui, lui, ne cite pas sa source !) Un coup de poing en plein cœur ! Cela me rappelle la réponse abominable du Général Gambiez au procès des Généraux " putchistes " : " L'honneur, mon président, est une notion floue… "
Certes, au pluriel, les honneurs sont souvent réservés à ceux qui, disait André Suarès, " mangent de la brioche ", mais, au singulier, il est " justement ", je crois, j'espère, l'apanage des " justes ", qu'ils soient riches ou pauvres ou ce serait à désespérer.
Encore faut-il s'entendre sur le sens du terme. Mon père, homme d'une parfaite droiture, disait : " l'honneur c'est de pouvoir se regarder dans une glace sans rougir ! "
Hélas, il semble que, dans notre monde tourneboulé, riches ou pauvres aient oublié ce réflexe carminé !
De quoi rougiraient-ils ceux qui sont si contents d'eux quand ils ont traîné dans la boue toute vérité, toute valeur morale et assassiné en parole ou en action les malheureux attardés mentaux qui osent parler d'honneur ? De quoi rougiraient-ils ceux qui ont des vestes cent fois réversibles ? De quoi rougiraient-ils ceux qui connaissent l'histoire et la laissent travestir ? Ceux qui promettent en sachant qu'ils ne tiendront pas ? Ceux qui font sans cesse référence à un " commandeur " que leurs pères ont été trop heureux de renverser après tout le mal qu'il avait fait ?
De quoi rougiraient-ils ceux qui se lamentent sur le triste état de la France après l'avoir pillée et laissée piller ?
L'Honneur ? Franchement, y a-t-il de quoi fouetter un chat ? Dansons sur le volcan et, après nous, l'éruption ou le déluge…
Et pendant ce temps, l'Honneur, ce pauvre petit dieu, est bien obligé de se réfugier dans le cœur des braves gens qui triment sans se plaindre, dans le cœur des braves Pieds-noirs qui n'ont pas brûlé de voitures, n'ont pas mis la France à feu et à sang alors qu'ils étaient dans le dénuement et le désespoir. C'est pourtant ce à quoi s'attendait l'imbécile gouvernement de l'époque et De Gaulle en tête, de la part des " braillards " que nous sommes à ses dires…
Braves gens qui ont retroussé leurs manches et donné leurs jours et leurs nuits au travail afin d'élever correctement leurs enfants et de permettre aux vieux parents de finir dignement leur vie de déracinés. Pour ceux-là, l'Honneur n'est pas un luxe ni une notion floue, ce n'est pas de la brioche, c'est leur pain quotidien… parfois bien amer.
Geneviève de Ternant
Novembre 2010

 
 
IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST

Il était une fois dans l'ouest… Non pas dans l'ouest de l'Amérique, mais dans l'ouest d'un pays que l'on nomma Algérie. Il était une fois une terre où les autochtones vivaient pauvrement.
Les plus anciens identifiés, après une préhistoire dont il reste peu de chose, étaient des Berbères. Puis déferlèrent les conquérants, Phéniciens, Romains, Byzantins, Vandales, Arabes et Turcs.
Les Phéniciens commercèrent, les Romains colonisèrent et en firent " le grenier de Rome ", les Byzantins convertirent au christianisme, les Vandales s'installèrent sur les côtes et démolirent beaucoup, les Arabes achevèrent de casser ce qui restait debout et convertirent à l'Islam par le fer et le feu, les Turcs levèrent des impôts.
Les tribus berbères sédentaires cultivaient un peu de céréales, un peu de cultures vivrières et élevaient un petit cheptel que les Berbères nomades venaient régulièrement razzier, et, sur la mer, les felouques barbaresques capturaient les navires marchands et ramenaient des richesses et des esclaves.
Une importante colonie juive vivait en dhimmi, c'est-à-dire en sous-citoyens et s'enrichissait en secret. Il en fut ainsi durant des siècles jusqu'à ce que une dette impayée provoque un mouvement brutal du chasse-mouche du Dey d'Alger. Et les Français débarquèrent à Sidi Ferruch en 1830.
Or, les Français sont des animaux bizarres. Ils veulent qu'on les aime. Aussi, après avoir au prix de lourdes souffrances, conquis cette terre aride et pauvre, se mirent-ils en devoir d'en faire un pays riche et fertile.
Il était une fois dans l'ouest des gens courageux et efficaces qui défrichèrent cette terre ingrate, le fusil à l'épaule, qui plantèrent, un peu au hasard, du blé, des légumes et des arbres, parce que le soleil était trop chaud et qu'il fallait bien pendre la gargoulette aux branches pour que l'eau soit fraîche.
Ils tracèrent des sillons et plantèrent des oliviers, des agrumes et puis, un peu aussi par hasard, de la vigne. Et la terre que l'on n'avait jamais soignée, que l'on n'avait jamais travaillée, que l'on n'avait jamais aimée, fut reconnaissante.
Elle donna des olives et de l'huile, des oranges et cette merveilleuse découverte du Père Clément, elle donna des clémentines, et, enfin, du raisin, un beau raisin plein de sève et de jus qui fait un vin haut en degré, un vin incomparable. Des fermes blanches, ombragées d'eucalyptus et parée de bougainvillées, apparurent au milieu des sillons qui s'étendaient à l'infini.
Bien sûr, il y eut la sécheresse et l'inondation, les sauterelles et les criquets, les années heureuses où l'on achetait du matériel et de la terre, et les années de désespoir où l'on empruntait à l'usurier d'abord, puis, plus tard, dans les banques agricoles et les Maisons du Colon.
Et les villes poussaient… Il était une fois dans l'ouest, nombre de petites villes et de gros bourgs dont les noms chantent dans la mémoire… Relizane, la petite Cayenne, qui fit tant de morts à la conquête, et devint un paradis, Mascara et son vin glorieux, Aïn-Témouchent, Nemours, Saïda, Tiaret, et Tlemcen la secrète, et Sidi-Bel-Abbès, et tant d'autres…
Il était une fois dans l'ouest, une ville qui naquit dans l'anse profonde de la Méditerranée, blottie au creux d'un ravin où tournaient les moulins, c'était Ouahran, nous l'appelions Oran.
Elle déborda bientôt de son Ravin Raz-el-Aïn et escalada la falaise de Kargentah. Il y eut des soldats et des cantinières, des cabaretiers et des artisans, des pêcheurs et des notaires, des commerçants et des fonctionnaires, des colons et des artistes.
Elle devint une grande ville aux artères spacieuses. Les magasins étincelaient de lumière et les néons des cinémas clignotaient. On se promenait le long des rues et l'arbre de la Rue d'Arzew requérait un jardinier pour lui tout seul…
Il était une fois dans l'ouest, une ville où l'on aimait chanter et rire, une ville autant espagnole que française, mais qui s'affirmait farouchement française et l'avait prouvé dans toutes les guerres.
Il était une fois dans l'ouest, une ville entre deux montagnes : La Montagne des Lions qui ne faisaient peur à personne, et la Montagne de Santa-Cruz qui, comme le Puy de Dôme pour Alexandre Vialatte, a une hauteur morale beaucoup plus élevée que sa hauteur physique.
Il était une fois, sur cette montagne-là, une Basilique et une Vierge miraculeuse qui tend toujours les bras à ses enfants déracinés…
Geneviève de Ternant

 
 
Une Histoire intéressante

Cioran écrivait dans " Ecartèlement " : " Seuls les peuples querelleurs, indiscrets, jaloux, rouspéteurs ont une histoire intéressante : Celle de la France l'est au suprême degré " et cela ne date pas d'hier puisque dans son de Bello gallico, César faisait un constat analogue : " Dans la Gaule, ce n'est pas seulement dans chaque ville, dans chaque bourg et dans chaque campagne qu'il existe des factions, mais aussi dans presque chaque famille : Ces factions ont pour chefs ceux qu'on estime, qu'on juge les plus puissants ; c'est à leur volonté et à leur jugement que sont soumises la plupart des affaires et des résolutions. La raison de cet antique usage paraît être d'assurer au peuple une protection contre les grands : Car personne ne souffre que l'on opprime ou circonvienne ses clients ; si l'on agissait autrement, on perdrait bientôt tout son crédit. Ce même principe régit souverainement toute la Gaule : Car toutes les cités sont divisées en deux partis. " Ces deux textes cités par Jérôme Leroy dans Valeurs Actuelles du 22 juillet 2010 me semblent plus que jamais d'actualité en cette automne où non seulement la France se coupe en deux : Celle qui travaille et celle qui exige, mais encore chaque partie se divise en une infinité de sous partis, chacun se croyant seul détenteur de la Vérité et du salut. Mais il s'agit là de la Vérité et du salut pour l'avenir. A chacun sa boule de cristal. Pour nous, à Véritas, il n'est pas question de l'avenir qui de toutes façons nous semble bien sombre, mais de la vérité du passé. Au fur et à mesure que des documents font surface sur la période de l'Algérie Française, depuis 1830 jusqu'à sa fin tragique, ce que nous affirmions devient évidence. Nous n'avons jamais prétendu que la conquête ait été une guerre en dentelle : Elle fut cruelle et dure, mais elle appartenait à une époque de colonisation de tous les pays d'Europe sur les continents africains et asiatiques et il est impossible de porter un jugement moral du XXI°siècle sur des hommes du XIX° à moins d'être habité par l'idéologie moderne et non par le souci historique. Elle a été menée par l'idéologie de l'époque qui croyait sincèrement à la supériorité de l'Homme blanc et pensait apporter le bonheur par le progrès matériel à des populations que l'on croyait arriérées et sans culture. Or, que s'est-il passé ? Les Français engagés dans cette entreprise, pour la plupart des hommes de gauche, le plus souvent francs-maçons, ont rencontré des indigènes lettrés et se sont pris d'amour pour cette terre dure, de soleil et de froidure, ils y ont peu à peu découvert un passé riche, une mosaïque de cultures transmises par voie orale et se sont mis en devoir de la mettre par écrit et de redonner à l'Afrique son passé. Cette aventure intellectuelle s'est faite malheureusement sans l'appui des autorités religieuses prépondérantes en Islam ni des autorités religieuses chrétiennes qui furent systématiquement neutralisées. Là encore, les dissensions inhérentes au caractère français s'en sont données à cœur joie. Et elles continuent mais à voile retournée : Les gens réputés de droite désirant qu'on reconnaisse le travail intellectuel de leurs pères de gauche et ceux de gauche affirmant que ce travail aurait détruit le patrimoine indigène. Ce serait à n'y rien comprendre si on ne se référait au jugement de César…
Fort heureusement, certains scientifiques continuent imperturbablement leurs recherches et découvrent enfouis dans les sables ou les tombes les traces écrites de civilisations oubliées, s'attachent à les décrypter et rendent à l'humanité ses trésors méroïtiques nubiens et libyco-berbères du VII°s avant J.C. que l'état de la science du temps de la colonisation ne permettait pas de découvrir mais qu'elle n'a jamais cessé de chercher, contrairement au mauvais procès qui lui est fait.
Ne serait-il pas temps d'arrêter de jeter du sel sur les plaies, de rabouter nos morceaux d'histoire et d'aller sereinement vers une connaissance plus complète du passé proche et lointain sans mépris, sans exclusives, avec un peu plus de hauteur d'âme et d'humilité ?
Geneviève de Ternant Octobre 2010

 
 
PANACHE !

" Cette cambrure de l'âme de l'insolente nation française " écrit Bruno de Cessole (Valeurs actuelles N° 3846 du 12 au 18/8/10) et je rêve devant l'image de Cyrano de Bergerac représenté par Zier au début du XX° siècle.
" C'est tellement plus beau lorsque c'est inutile… " Où donc est passée ta flamme, esprit français ? Où l'honneur de la parole donnée ? Où la pointe fine de tes plaisanteries ?
" La panache suppose un air de légèreté qui est gaulois et galant… "
Oh ! Combien est devenu rare dans nos journaux, dans nos émissions de télé, cette légèreté si propre à notre tradition nationale !
Gauloise ? Certes ! Puisque ce mot viendrait d'Henri IV à la veille de la bataille d'Ivry : " Ralliez-vous à mon panache blanc… "Un Roi à la tête de ses soldats, un Roi qui les mènera toujours sur le chemin de l'honneur, un Roi qui ne se cache pas derrière un micro, qui ne fuit pas sa patrie en danger. Oui ! Là, le panache est bien dans la " furia francese " crainte des ennemis. Elle est dans le courage de François I° à Pavie, vaincu, ayant tout perdu " fors l'honneur ! " Elle fut dans ces soldats de La Grande Guerre qui ne craignaient qu'une chose : " que l'arrière ne tienne pas… " Eux, dans la boue et le sang, ils tenaient !
Elle fut dans les combats héroïques et sans espoir des soldats de 1940 tenant les routes et les ponts pour permettre aux femmes et aux enfants qui fuyaient de passer vers des refuges incertains et qui se firent hacher en criant " Vive la France ! " et combien, parmi eux, étaient des enfants d'Algérie, des Européens d'Algérie avec leurs frères d'armes musulmans, combien ?
Panache ! Qui se souvient de ces jeunes d'Alger parmi lesquels notre ami récemment décédé, Mario Faivre, le compositeur, qui se firent parachuter derrière les lignes allemandes pour préparer, avec la Résistance, le débarquement des troupes alliées ?
Panache ! Ceux qui, en Indochine, tinrent les routes du Nord à un contre cent pour permettre aux réfugiés vietnamiens qui le pouvaient de s'enfuir et qui, le cœur brisé durent les abandonner. Et je pense au Commandant Guillaume, me mythique Crabe-Tambour qui préféra revenir en France à bord de sa jonque pour laisser laver sa colère par le grand vent des océans…
Panache ! Tant d'officiers, de soldats, de civils, hommes et femmes, qui luttèrent en Algérie pour l'honneur de la France et le respect de la parole donnée.
Panache ! Tous ceux qui, dans le lâche abandon, ont refusé de s'incliner, de renier l'oeuvre de leur vie et celle de leurs ancêtres, sans illusions et pourtant avec l'espoir au cœur, presque jusqu'au bout.
Panache ! Ceux qui, depuis un demi-siècle, sans illusions et même sans espoir, disputent à l'oubli, à la calomnie, au mensonge, leur visqueuse victoire.

Compagnon, quand tu tombes, un autre prend ta place.

PANACHE !
Geneviève de Ternant


 
 
Nouvelle saison

Septembre arrive, une nouvelle saison s'ouvre sous un ciel chargé d'orages. Nous en avons l'habitude. Depuis près de cinquante années, nous édifions notre barrière de vérité sans cesse ébranlée, sans cesse ébréchée par le mensonge et la calomnie.
Cette année, encore, il faudra réfuter, il faudra expliquer, il faudra rappeler l'histoire, la vraie histoire de notre pays, la France, lorsqu'elle étendait son manteau de paix jusqu'au bout de l'Afrique, jusqu'en Asie, lorsqu'elle était respectée et aimée, oui, aimée… Puisque nous sommes les enfants trahis de cette France là, puisqu'il faut montrer aux ignorants qui sapent le terrain où leurs pieds sont posés que cette France là, pour démodée qu'elle apparaisse aujourd'hui, n'avait pas le visage affreux que lui dessinent ses détracteurs, qu'elle ne fut jamais ethnocidaire ni génocidaire, qu'elle a eu ses défauts et ses fautes comme toute aventure humaine mais qu'elle portait des idéaux qui valaient bien ceux d'aujourd'hui, qui valaient beaucoup mieux que ceux qui ont engendré des millions de morts au cours de ce xx° siècle sanglant.
Nous défendons, non seulement la mémoire de nos ancêtres venus en Algérie bâtir un pays, mais aussi, solidairement, celle de la France, cette France que nous ne reconnaissons plus, maintenant, que les peuples du monde ne reconnaissent plus et qui leur manque.
Alors, je voudrais, en cette rentrée de septembre, rappeler combien des nôtres, depuis près de cinquante ans, ont lutté pour cette cause sacrée, la mémoire de nos ancêtres, et en tout premier lieu, le Général Jouhaud et le Bachaga Boualem. Leurs paroles sont encore dans ma mémoire, leurs écrits devraient être les livres de chevet de nos enfants car tout y est dit avec la noblesse de la lucidité, la noblesse de ceux qui, avec beaucoup de compagnons d'alors, ont mis leur vie en jeu, leur liberté, leur carrière et leur famille. Dans leurs différences et parfois leurs discordes, tous méritent qu'on ne les oublie pas, qu'on ne les diffame pas.
Je ne puis, ici, donner tous les noms de la chaîne des défenseurs de la mémoire ; il faut effeuiller les pages déjà jaunies des journaux de nos associations : Cercle Algérianiste, ANFANOMA, Echo de l'Oranie, Echos d'Alger, ASFED, Rizières et Djebels, Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui, Khémia, et tant d'autres qui toutes racontent une histoire belle et simple, une histoire d'amour pour un pays aride et dur et pour ses habitants, qui, aujourd'hui, " libérés " se sentent plus prisonniers mentalement que jamais.
Nos journaux et bien sûr, si cher à mon cœur, notre Véritas, levé comme un drapeau, jamais asservi, toujours libre et fier et courageux à l'image de notre Président disparu mais toujours vivant en nous, notre cher Joseph Hattab Pacha.
Il avait su fédérer, autour de sa personnalité éclatante, ceux qui maintiennent haut le pavillon de Véritas : La courageuse Eliane Salaberry, le docteur Cattin, Georges Dillinger, Georges-Emile Paul, tous fins connaisseurs de l'histoire et plumes de talent. Bien d'autres apportent leur pierre à l'édifice, au fil des mois et des années.
Alain Algudo, solide, animé d'une foi ardente et capable à la fois de lucidité et de bon sens, ce qui donne à ses paroles, à ses écrits, cette mesure qui touche le cœur et l'esprit, qualité rare.
Notre étoile du Berger, celle qui garde le cap et montre la voie, ma chère sœur de cœur, Anne Cazal, qui non seulement oeuvre par la plume mais nous offre le plus merveilleux, le plus incroyable des cadeaux : Deux de ses fils !
Alain Avelin porte la parole de Véritas au loin sur la terre par Internet et permet d'atteindre les consciences qui doutent mais qui espèrent, le semeur de vérité.
Enfin et surtout notre jeune président, Jean-Marie Avelin, fils spirituel de Joseph Hattab Pacha, imprégné de son aura et digne fils de celle qui, aujourd'hui, retrace dans un livre que j'attends avec impatience de lire la vie de Joseph, cette vie toute donnée à notre Algérie, au respect de ce qu'elle fut, au respect de ses enfants, tous ses enfants.
La chaîne d'amour et de vérité dont nous, les vieux, fumes les maillons, ne sera pas rompue.
Dans son premier discours de président, lors de la dernière Assemblée Générale, j'étais à sa droite et Alain Algudo à sa gauche, tous deux vibrant de l'émotion profonde que nous sentions en Jean-Marie car il ne s'agissait pas seulement de prendre la barre du navire Véritas, mais il s'agissait d'un adoubement au sens des chevaliers d'autrefois, un adoubement dont le seigneur invisible était Joseph Hattab Pacha entouré de tous les serviteurs de vérité dont je n'ai pu donner ici tous les noms mais qui restent présents à nos côtés pour que l'œuvre perdure.
Pour une nouvelle saison…
Geneviève de Ternant
21 août 2010.

 
 
Souvenirs, souvenirs...
NOTRE DAME DES ORANAIS


En souvenir de Monseigneur Lacaste
En hommage à tous les présidents, les bénévoles, les brillants et les humbles, les pèlerins de la fidélité.
En hommage au travail opiniâtre qui a permit de donner à Notre Dame de Santa-Cruz une maison digne d'elle, et, en toute modestie, digne de nous aussi, de l'image que les meilleurs d'entre nous ont su donner de notre communauté.


" Oh ! Anna, tu ne sais pas pourquoi
Je ne regarde que la montagne,
La montagne bleue dans le soir.
Oh ! Anna, tu ne sais pas pourquoi…
Cette montagne est la sœur
De celle où j'ai laissé mon cœur.
La montagne bleue dans le soir
Oh ! Sainte Croix,
Anna, tu ne sais pas pourquoi… "

La guitare pleurait dans le soir. Le garçon de vingt ans avait encore comme un relent de l'accent de là-bas et sa voix était blues. Le garçon n'était pas noir, mais tous les exils ont même couleur.

" Oh ! Anna, tu ne sais pas pourquoi… "

La petite dame pas jeune, en jean et veste sans forme, pleine de poches, écoutait pleurer la guitare et son cœur s'emplissait comme une coupe de souvenirs doux-amers.

" Oh ! Anna, derrière mes yeux
La montagne est bleue
Et court mon enfance,
Oh ! Anna, tu ne peux pas savoir pourquoi… "

Sur la colline, s'effaçaient la basilique à ciel ouvert, fruit des petits sous amassés par courage et patience, et l'autel et la Maison du Pèlerin ; Derrière les yeux de la dame en jean, il y avait un simple autel de pierre et la statue ramenée de là-bas, la statue du miracle ou une autre, qu'importe… Il y avait, sur la gauche, une anfractuosité, même pas une vraie grotte, où brûlaient des dizaines et des dizaines de cierges, et la cire coulait au sol, et tout s'enflammait, oh ! Danger… Mais non, la Vierge, ou les pompiers, ou les fidèles jetaient de l'eau et le feu ne gagnait plus, mais les cierges continuaient de brûler, petites flammes opiniâtres, petites flammes de la foi : Tout recommencera, nous sommes là et Tu es là, Marie ! Tout nous a abandonné, mais pas Toi, Marie !

Dans les H.L.M. construits à la hâte pour abriter bien ou mal ceux qui revenaient de l'enfer, on se refaisait -bien ou mal- un semblant de foyer quand la Vierge de là-bas est revenue et la cité, soudain, a trouvé une âme. Bénis soient ceux qui l'ont " rapatriée " !


" Oh ! Anna, tu ne peux pas savoir.
Mes pas ne seront plus,
Jamais plus dans mes pas,
Mais la montagne sœur
Berce mon cœur, berce mon cœur.
Oh ! Anna, ne me console pas… "

Il n'y avait rien que la poussière et les cailloux. Comme on riait dans le petit matin, en montant les tentes branlantes, dépliant les tables de camping en Formica et les chaises qui pincent les doigts, étalant nos journaux, nos livres… Comme on s'interpellait : " Oh ! Béni-Saf, tu fais le café ? "
La petite chapelle en bois bruissait de prières et de chants : " Chez nous soyez Reine, nous sommes à vous, Oh ! Vierge souveraine, chez nous, chez nous… "
Et le soleil brûlait, on essuyait son front : " On se croirait chez nous, il tape fort Kadour ! " ou bien le vent emportait les livres, les journaux, les serviettes en papier, les gobelets de plastique ; ou bien la pluie détrempait les tentes, faisait, des fragiles abris, des baignoires pour les oiseaux, dégringolait en rigoles, s'insinuait et on riait encore : " Dis, la Vierge, tu nous refait le miracle de la pluie ? Arrête, arrête un peu… "

Le dévoué Monsieur Muller recevait dans sa villa proche les prêtres exténués et quelques amis. Depuis des jours, son épouse, ses enfants organisaient les paellas. Pour tant de monde, ce n'était pas une sinécure. Dans la salle à manger fraîche, même par temps de canicule, la longue table accueillait les prêtres venus de loin et Monseigneur Lacaste, souriant et attentif.

Pendant ce temps, dans la poussière, dans l'odeur des brochettes et de l'anisette, les gars râlaient : " Nous, on trime ici, pendant qu'ils se gobergent, chez Muller ! "
C'était vrai, c'était faux. C'était pour le plaisir de dire… Il fallait bien permettre aux prêtres, souvent âgés, qui avaient fait un si long chemin, de se remettre un moment, et l'émotion était forte et partagée, la même chez Muller et dans la poussière d'en bas… C'était bon enfant, sans hiérarchie, politique ou religieuse. Paria, mais libres.

Dans la pénombre fraîche de la maison Muller, dix, douze prêtres et quelques rares amis autour de la longue table. Filles et fils font le service, souriants, empressés, manifestement heureux de voir les visages fatigués se détendre et les fourchettes aller bon train.

L'abbé Antoine Balsamo, colosse à la voix douce, calmait d'un mot ceux qui, oubliant la charité chrétienne, explosaient : Tant d'injustice, tant d'incompréhension de leur hiérarchie… Et l'exil dans des paroisses hostiles qu'il fallait amadouer, sans cesse expliquer, sans cesse défendre les nôtres bêtement insultés, bêtement critiqués, tout en étant soi-même en butte aux mêmes incompréhensions, aux mêmes injustices …
Monseigneur écoutait, parlait peu, souriait beaucoup.
Là, l'abbé Dhamar, cet admirable prêtre kabyle, eh ! Oui, l'abbé des barricades, contait avec humour les étonnements de ses ouailles toulonnaises. Là, Monseigneur Lecat, infatigable bâtisseur d'églises, et l'abbé Filliars, l'abbé Garcia et les autres, tous les autres, avec ou sans vraie paroisse, compatissants et colères à la fois : " Vierge Marie, donne-nous la force… "

On se mettait à évoquer les anecdotes vécues dans les nouvelles paroisses, souvent cruelles, souvent cocasses, parfois presque croustillantes. Monseigneur souriait et de sa belle main marquait la mesure : Il ne faut pas aller trop loin.
Le Père Maxime Scotto entraînait dans le rire une tablée repue : On me demande pourquoi je ne porte pas la soutane ? A l'Ariane, je me fais lyncher !
Monseigneur se retirait un moment dans une chambre fraîche. Il n'était déjà plus jeune et venait de son village lointain, Accous, mais la ferveur et l'amitié de tous lui redonnaient vingt ans.
Autour de la table, Yvette et Michel Pittard, amis de toujours des maîtres de la maison, avaient pris par la main la petite dame intimidée qui regardait de tous ses yeux, écoutait de toutes ses oreilles.

" Oh ! Anna, tu ne peux pas savoir… "

Toi, le garçon de vingt ans, comment peux-tu chanter notre exil, toi qui n'as pas connu la montagne bleue ?
Le garçon a posé sa guitare, amie précieuse qu'on ne brusque pas. Les parents, les amis applaudissent et ouvrent les cabassets.

La petite dame n'a pas bougé ; des larmes coulent sur ses joues. C'est le garçon qui se lève et s'approche : " J'ai trouvé ces paroles dans les papiers de mon grand père. Moi, je voudrais tant connaître la montagne bleue… " Et il fredonne à capella :

" Oh ! Anna, tu ne peux pas savoir
Combien mon cœur est plein de souvenirs
Combien mon cœur est lourd de tout le poids
De la montagne bleue,
Oh ! Anna, tu ne peux pas savoir… "

Geneviève de Ternant
Juillet 2010

 
 
Devoir de mémoire ou droit à l'oubli ?

Châteaubriant écrivait : " Bonaparte appartenait si fort à la domination absolue, qu'après avoir subi le despotisme de sa personne, il nous fallait subir le despotisme de sa mémoire. "
Cette cruelle appréciation me semble convenir fort bien à De Gaulle et même mieux qu'à Napoléon qui s'employa, après les horreurs de la terreur, à recomposer une France en lambeaux. Certes, il ne fut pas sans défauts et si l'Angleterre n'avait pas jeté de l'huile sur le feu, sans doute aurait-il réussi, après son mariage avec Marie-Louise d'Autriche à réconcilier la France avec le reste de l'Europe, et, peut-être vivrions-nous sous sa descendance. Mais ne faisons pas d'Ucronie bien que cette fiction sur le passé soit très à la mode.
De Gaulle, lui, est plus que jamais présent par les propos de ceux qui le louanges sans le connaître et par ceux qui l'invoquent comme la statue du Commandeur.
C'est pourquoi les ouvrages qui s'appuient sur la vérité des faits, les citations, les témoignages sont indispensables. Pourtant, malgré ces attaques ciblées dans les pieds d'argile de la statue, l'imposteur est toujours debout dans l'imaginaire des Français. Je pense que c'est par paresse, par commodité. Il est plus facile de nager dans le sens du courant que de faire l'effort de s'informer, de juger sur pièce et de comprendre à quel point le monde déliquescent dans lequel nous vivons est tributaire des erreurs de jugement, des actes haineux de ce mégalomane schizophrène.
Or, à y bien regarder, sur quoi se fonde l'admiration béate du grand homme ? Ses écrits ! Et le bougre écrivait plutôt pas mal. Avec enflure et redondance, mais ça fait de l'effet, surtout pour des gens déterminés à admirer ce qu'on leur a vanté comme admirable.
Le malheur est que les mémoires de De Gaulle, c'est de la fiction, pas de l'histoire. Tout est faux. Il s'approprie les mérites des autres et condamne sans nuance les malheureux qui ont eu le tort d'avoir raison contre lui ou avant lui. Et quand je dis condamne, c'est au propre du terme : Chaque fois qu'il l'a pu, il a fait assassiner par ses sicaires ou trucider par juges interposés, juges à sa solde, sans honneur, carriéristes. Il s'en trouve, hélas, de tous temps. Tout comme des militaires prêts à écraser leur chef pour gagner un galon, à l'image de ce chef de l'Etat de 1945 et 1958…
Rien n'est plus bouffon que sa diatribe, lorsqu'il affirmait ne pas vouloir, " à son âge ", être un tyran, un despote alors qu'il s'était fait voter les pleins pouvoirs et usa jusqu'à la corde (avec laquelle on aurait du le pendre) cet épouvantable article 16 qui lui permit sous couvert de cette fausse légalité les pires abominations !
Mais qui le sait ? Quel jeune sait même ce qu'est cet article 16 ?
Les jeunes générations demandent quelque fois le " Droit à l'oubli ". Croient-ils que c'est par plaisir que nous ressassons nos douloureux souvenirs ? Nous ne sommes point masochistes ! Nous voudrions bien oublier mais il faut d'abord qu'on ne soit pas attaqué par ceux qui font de la mémoire falsifiée leur brouet préféré.
Il n'est pas facile de s'élever à la hauteur de vue d'Henry IV décrétant : " que la mémoire de toutes choses passées (…) demeurera éteinte et assoupie comme de choses non advenues. "
Napoléon l'a tenté en laissant revenir en France une partie des nobles exilés, une fraction du clergé. Mais son crime majeur reste l'assassinat du Duc d'Enghien.
De Gaulle n'a jamais rien pardonné à personne : Il s'est même offert le luxe de s'égaler à Dieu en faisant de Bastien Thiry un martyr, ce sont ces propres mots. Excusez du peu !
Nous pouvons, à juste raison parodier Châteaubriant : " De Gaulle appartenait si fort à la domination absolue qu'il nous faut encore subir le despotisme de la falsification louangeuse de sa mémoire. "

Geneviève de Ternant
20 mai 2010

 
 

CHAPEAU

A Marcel Ronda qui, le 1° mai 1999, m'a dit en contemplant la statue inachevée :
" Quand le vent soufflera, la statue chantera. "
A Jo Ortiz et ceux qui sont partis sans voir leur rêve réalisé.
A Claude Rochette et son équipe qui ont donné corps à ce rêve.
A tous mes frères, vivants ou morts, porteurs du souvenir.

Il s'appelait Adam Cano, ce qui lui valu le sobriquet d'Adamacane, en arabe : " ça suffit " ! Mais ses concitoyens ne s'en tinrent pas là. On disait couramment : " Adamacan… et mon chapeau "donc, il devint " chapeau ". C'est sous ce nom bizarre qu'il s'illustra dans une guerre qui ne consentit à dire son nom que quarante ans après qu'elle se fut terminée.
C'était d'autant plus drôle qu'il n'avait jamais porté que des casquettes. De son village de " l'intérieur ", il " descendait " à Oran pour choisir, chez Lacaze, tous les deux ou trois ans, une casquette à petits carreaux gris, toujours la même. Pas assez chaude, l'hiver, et il frissonnait, les oreilles rougies ; Trop chaude l'été, et son visage ruisselait, mais rien ne l'aurait fait déroger à cette habitude. " Chapeau " portait casquette, un point, c'est tout.
Du naufrage de sa vie dans son village déserté, de l'exode tragique, de ses illusions perdues, rien ne demeurait sauf la casquette.
Le sobriquet avait sombré quand l'O.A.S. était devenu sujet tabou, dans cette France si différente de celle qu'il avait connue lors du débarquement de l'Armée d'Afrique, à Fréjus, pour chasser l'envahisseur allemand.
En 1962, dans la débâcle d'un monde, sur le sol de cette France qui ne pensait qu'aux vacances, Adamacan… et mon chapeau était redevenu Monsieur Adam Cano. Mais à l'intérieur de cette respectable enveloppe, il s'était senti vide et ne s'était plus jamais rempli. Même la casquette n'y pouvait rien. Tant bien que mal, sa famille a repris une vie que l'on dit " normale ". Mais il n'y croyait pas. Au fil du temps, son épouse est morte, ses enfants établis, ses petits-enfants poussent et souvent, il les sent énervés, peu attentifs à ses histoires de " là-bas ", ses souvenirs de vieil homme : La ferme et les ouvriers arabes, marocains, le commis espagnol et sa grosse voix définitivement tranchée par un couteau F.L.N. et les bêtes, les chevaux peu à peu remplacés par le tracteur, les mulets tenaces qui tiraient les grosses comportes de raisin… comment insérer ces souvenirs-là dans le désert d'une cité bétonnée où les gosses ne savent pas dire " bonjour, pardon, merci " comment ? Adam referme soigneusement la porte du studio où il vit seul, si seul. Il passe ses bras dans les courroies d'un sac à dos qu'un de ses petits-fils a jugé trop vieux, démodé, et qu'il a repêché, parce que, chez nous, on ne jetait rien. Il a mis, dans des boites bien fermées de quoi se nourrir quelques jours et une paire de chaussures de rechange. A ses pieds, les vieux godillots qu'il mettait pour la chasse, il y a bien longtemps. Et sur sa tête, sa chère casquette.
Sur la table de la cuisine, il a laissé une lettre pour ses enfants, oh ! bien courte. Elle dit simplement : " Je vous aime, ne me cherchez pas. " Et, dessus, il a posé le téléphone portable que ses enfants ont tenu à lui offrir, et dont les touches sont trop petites pour ses gros doigts de paysan, tordus de rhumatismes.
Il sait qu'il existe, pas tellement loin, une statue de Notre Dame d'Afrique que des fidèles d'Algérie ont édifiée à force de courage, d'abnégation, et de petits sous économisés.
Monsieur Adam Cano a toujours été un homme raisonnable, travailleur, économe. Pourtant, le voici parti sur la route, à pied, sans savoir avec précision où il va, et cela ne l'inquiète pas. Presque sans argent et il s'en fiche complètement. Pour la première fois de sa vie, il fait une démarche insensée, poussé par une force qu'il ne connaît pas et à laquelle il s'abandonne. Il faut qu'il trouve cette Vierge-là et il la trouvera. On lui a dit : " Théoule sur Mer " alors, il va vers la mer.
Sous son bon pas de paysan, les kilomètres défilent. C'est le premier printemps du nouveau millénaire. Serait-ce, pour le vieil homme, l'heure des bilans ? Pas vraiment. C'est l'heure de revivre une éternité de souvenirs, le petit morceau d'éternité dévolu à chacune des vies humaines.
Sur la route, les autos frôlent, à toute allure, ce piéton obstiné qui, dans sa tête, chemine le long des routes d'autrefois bordées d'eucalyptus, et il sent leur parfum âcre et tonique ; il traverse un petit bois, et, dans sa tête, il sent l'odeur des genévriers et des térébinthes, des forêts de là-bas. Il approche de la mer et il sent, comme autrefois, l'iode et cette odeur de sable chaud des dunes de là-bas. Lorsqu'il arrive à Théoule, et que la mer s'inscrit entre les rochers, dans la splendeur du couchant, il est désorienté, c'est vraiment là le mot : L'orient est du mauvais côté par rapport à son rêve et le soleil se couche à sa droite, quand, dans sa tête, il se couchait à sa gauche. Désorienté mais non perdu. " Chapeau " en a vu d'autres ! Si l'âge fait vaciller ses perceptions immédiates, cela ne l'empêche pas de garder bien au chaud, bien lumineuse la vision de Notre Dame d'Afrique qui l'appelle. Il lui faut simplement la trouver. " Chapeau " ne sait à qui s'adresser lorsqu'il avise un vieil homme, comme lui, assis sur un rocher, les yeux perdus dans l'immensité bleue. D'instinct, il sait que cet homme est l'un de ses frères. Il va vers lui mais ne lui adresse pas la parole abruptement. On ne trouble pas ceux qui sont partis dans leur passé. On attend qu'ils reviennent. " Chapeau " s'assoit à quelques mètres, sur un rocher, sans mot dire. Quand il voit l'homme rentrer dans son propre corps, et cela se décèle à un mouvement presque imperceptible des épaules, aux mains qui se nouent, au soupir profond, alors, il sait qu'il peut parler. Il dit simplement : " Vous aussi " et ce n'est pas une question. Et l'homme tourne son regard bleu, son visage creusé de rides où " Chapeau " voit le reflet de son propre regard, de son propre visage. L'homme lui sourit, de ce sourire si triste et si beau qui contient tant de larmes. Mais ce ne sont pas des êtres qui s'apitoient. " Chapeau " demande s'il connaît Notre Dame d'Afrique, celle de Théoule, pas celle d'Alger. Et l'homme connaît. Il dit c'est loin, c'est dans la montagne, au dessus de Théoule, dans un cirque solitaire. Il dit, je vous accompagnerais bien mais ma femme va s'inquiéter. Et " Chapeau " est heureux. Il est parti seul pour arriver seul aux pieds de Notre Dame. Il prend le chemin indiqué. C'est vrai que c'est loin, c'est vrai que c'est rude. Il semble que la force invisible qui l'a poussé à quitter son studio douillet le guide et le presse. Il sent sous ses godillots rouler les cailloux de la pente, car, après avoir grimpé, après avoir atteint une sorte de plate-forme où l'on est entouré de montagnes grises, il faut encore redescendre au centre d'un cirque aride comme les djebels de la vie d'avant.
" Chapeau " a peur de tomber, de se casser " une patte " avant de toucher le but. Il marche, les yeux rivés au sol, attentif aux aspérités du chemin et, quand soudain, il débouche en face du site, c'est une énorme gifle de stupéfaction qui l'atteint. Une vague d'émotion le submerge : Elle est là ! Haute, si haute, son beau visage plein de bonté l'accueille, ses mains sont tendues vers lui ; Il lève les yeux vers la robe faite de larges bandes métalliques : On dirait les plis du tissu. Tout autour, sur les murets, des plaques de céramiques disent les noms de tant d'amis morts. Mais " Chapeau ne les voit pas. Il n'a d'yeux que pour la statue qui lui semble s'animer. Et voici que le vent se lève, une petite brise douce, d'abord, qui s'enfle et s'engouffre dans les interstices de la robe, du manteau. " Chapeau " est là, à genoux, mains ouvertes vers les mains ouvertes de la Vierge qui l'attendait. Le vent souffle et siffle dans les plis de la robe, s'enfle et siffle, et siffle encore et c'est comme un chant profond et doux qui prend forme, un chant si fort, si familier qui rebondit de sommet en sommet, la montagne chante tout autour de la statue et de l'homme immobile, un chant qu'il a souvent hurlé avec espoir, avec désespoir, avec rancune, avec amour, LE CHANT… " C'est nous, les Africains… "

Geneviève de Ternant

 
 
Les accords déviants

" Le monde au sein duquel nous nous sommes formés à la vie et à la pensée est un monde foudroyé " dit Paul Valéry dans son discours d'intronisation à l'Académie Française…
Un monde foudroyé, calciné…

Il est instructif de lire avec attention l'exposé de René Mayer concernant les soi-disant accords d'Evian. Ces " accords " sans aucune validité juridiques puisque signés, comme je l'ai publié dans le tome III de l'Agonie d'Oran par un seul envoyé du G.P.R.A. et récusés dès leur proclamation par ce même G.P.R.A. dont les membres qui n'avaient d'ailleurs aucune légitimité furent renvoyés à leurs chères études par le véritable interlocuteur caché de De Gaulle, le FLN.
Voici ce qu'écrit René Mayer : " Si, bien qu'ils aient été violés dès la première heure, aucun gouvernement français n'a jamais tenté un quelconque recours devant la Cour internationale de justice de La Haye, c'est que l'existence des " accords " d'Evian en tant que contrat ayant une valeur juridique internationale est des plus douteuse… "
Les raisons invoquées par l'auteur sont tellement lumineuses " qu'une seule serait suffisante pour assurer leur nullité. "
Je ne peux, ici, que renvoyer le lecteur au texte de René Mayer extrait de son ouvrage : " Algérie : mémoire déracinée " (Ed. L'Harmattan 1999). Il ajoute : " Comment dès lors soutenir valablement que les gouvernements qui se sont succédés à Alger étaient tenus par des " accords " conclus par un ectoplasme juridique ". Puisqu'en effet " la nature juridique exacte (G.P.R.A. ou F.L.N.) de la personne morale qu'elle (la France) s'était choisie comme partenaire à la négociation, reste à définir. "
C'est donc à juste titre, comme nous l'avons toujours écrit, que les opposants à ces " accords " se sont rebellés contre leur application unilatérale par la force publique française : C.R.S. et Gardes Mobiles alliés à ceux qui demeuraient des hors-la-loi, les terroristes F.L.N. augmentés des " marsiens " et des A.T.O.
Cela faisait beaucoup de meurtriers en puissance des malheureux Français d'Algérie et le courage des O.A.S., et de la population qui les aidait, les hébergeait et portait leurs documents frisait l'inconscience ou plutôt la folie du désespoir.
René Mayer souligne que la presse de l'époque ne parlait pas d'accords mais de " déclaration d'intention ", lesquelles intentions ne sont en effet, tout au long des pages de ces " non accords " que des vœux pieux destinés à leurrer le bon peuple de métropole, une manipulation abominable dont bien peu de juristes se sont alors avisés et que seule la statue du commandeur a pu imposer par machiavélisme.
Il était facile d'influencer des parents désireux de voir revenir leurs enfants et sans doute pour beaucoup, imprégnés de ces thèses communistes alors en vogue…
En effet, depuis la fin de la 2° guerre mondiale, les " intellectuels " prônaient la vie idyllique de l'U.R.S.S. ; les propos imbéciles de Jean-Paul Sartre étaient devenus paroles d'évangile et quiconque n'était pas converti aux merveilles soviétiques était un " salaud " qu'il convenait de supprimer, à commencer par ces colons sueurs de burnous !
Il est intéressant d'étudier les changements d'opinion entre le commencement de la guerre d'Algérie et sa fin ; comment les Français cocardiers, courageux, sont devenus, en s'imprégnant des écrits des journaux, de la radio, ce que De gaulle appelait avec son habituel mépris " des veaux ".
Certes, les Français étaient las des années de guerre et de l'occupation ; beaucoup commençaient à avoir honte d'être français puisqu'on leur affirmait que la France était méprisable ; ils ne percevaient plus, comme leurs aïeux, la colonisation comme une mission civilisatrice mais comme un boulet qui leur coûtait cher.
L'énorme bêtise de faire venir en Algérie un contingent marxisé ou simplement lâche et intoxiqué ne pouvait qu'aggraver le malentendu bien que la plupart des conscrits et des rappelés aient fait leur devoir de soldat avec courage. Mais comment se battre pour ce que l'on ne comprend pas ? Dont on n'imagine pas l'enjeu ? Qu'on vous a appris à mépriser ?
Aujourd'hui, le problème qui a amené notre exil s'est déplacé en France et en Europe : c'est l'ignorance et le mépris de la civilisation européenne. Or, ceci est le résultat de cette mutation intellectuelle produite dans les années 50 et concrétisées par ces " déclarations d'intention " promulguées le 19 mars 1962. Tout se tient !
C'est pour cela que j'estime que cette date n'est pas seulement la lettre de cachet qui nous a jeté hors de chez nous mais la marque indélébile d'une abdication morale de la France, ce qui justifie le titre de mon billet : Les accords déviants.
Un monde foudroyé !

Geneviève de Ternant
16 mars 2010

 
 
Les barricades d'Alger

L'hebdomadaire " Valeurs Actuelles " dont nous n'avons pas oublié le numéro consacré " aux blessures des Pieds Noirs " publie dans le numéro 3817 du 21/27 janvier 2010, sous la plume de Claude Jacquemart, un long article retraçant la semaine des barricades du 24 janvier 1960 à Alger.
L'historique est clair et les responsabilités de part et d'autre sont exposées sans fard.
Mais… Je remarque que lors des 3 terribles dates qui ont marqué l'abandon : Les Barricades, le 26 mars 1962 à Alger et le 5 juillet 1962 à Oran, il est toujours fait mention d'un mystérieux coup de feu ayant déclanché le drame. Tant de constance dans le piège tendu aux Pieds Noirs ne peut être le fait du hasard : Une fois, pourquoi pas ? deux fois, peut être, trois fois, non, c'est trop…
Voici ce qu'écrit Claude Jacquemart : " Les gendarmes insultés, bombardés avec des pierres et des bouteilles arrivent au contact de la foule. Des manifestants sont renversés, UN COUP DE FEU PART. Un fusil-mitrailleur dissimulé dans un bosquet fait feu sur les forces de l'ordre qui ripostent. " Ah !
Le 26 mars, un coup de feu tiré d'un balcon aurait déclanché un feu nourri au ras du sol… Belle logique !
Le 5 juillet deux coups de feu, l'un sur la Place d'Armes, l'autre sur la Place Karghenta tirés de terrasses auraient déclanché le massacre au ras du sol par des Arabes bizarrement armés de couteaux et de flingues divers : Que voila encore une drôle de fable ! Bref…
Revenons à nos Barricades, ou plutôt plongeons dans nos archives :
Pierre Montagnon écrit (Histoire de l'Algérie. Ed. Pygmalion. P.309) : " Lagaillarde, Ortiz rallument la poudrière algérienne. Mais les barricades ne conduisent qu'à un fiasco sanglant. L'armée n'a pas suivi. La métropole encore moins. Le locataire de l'Elysée a haussé le ton et a été écouté.
Cet épisode est aussi malheureux que négatif pour les tenants de l'Algérie française. Les officiers qui ont montré trop de sympathie pour les insurgés des barricades sont mutés en métropole. Challe est rappelé. Les unités territoriales sont dissoutes, enlevant aux Européens leur bras armé légal. L'armée en pleine bataille n'apprécie pas les perturbateurs qui ont causé des morts dans ses rangs. " En fait il y eut 14 gardes mobiles tués et 123 blessés et dans les rangs des insurgés, 6 morts et 24 blessés. Nus verrons plus loin l'analyse un peu plus fine mais d'ores et déjà, je ne crois pas que l'armée qui se battait en effet ai considéré que les Gardes Mobiles tués étaient des morts de leurs rangs… Ils n'étaient pour rien dans les ordres iniques qui leur étaient donnés mais l'avenir montrera qu'ils ne se battront que contre les Français. On peut considérer que Montagnon traite ce sujet de façon un peu sommaire.
Claude Martin (Histoire de l'Algérie tome 2 Ed. L'Algérie heureuse. P.214) donne un excellent historique de ces journées dramatiques. Je n'en cite que le passage qui a trait à ce moment précis : " Challe reçut Ortiz et un dialogue étrange s'engagea entre le chef de l'Armée d'Algérie et cafetier révolutionnaire. (…) Il n'interdit pas la manifestation en faveur de Massu. Il était enchanté que les Algérois criassent mais il ne leur permettait rien de plus. L'armée paraissait donc abandonner les civils. Ceux-ci pensèrent qu'il fallait l'entraîner en la plaçant en face du fait accompli.
(…) Cette demi complicité avait permis aux manifestants de s'installer solidement au centre d'Alger. Brusquement, à six heures, elles changèrent d'attitude. Les gardes mobiles massés devant le gouvernement fédéral descendirent en rangs serrés les escaliers qui mènent au boulevard Lafferriére où étaient massés les civils. La disparition des commissaires de police chargés d'adresser aux émeutiers les sommations réglementaires avait fait donner l'ordre de charger sans avis préalable. Les gendarmes lancèrent-ils deux grenades lacrymogènes et le bruit de leurs détonations fit-il croire aux manifestants, dont certains étaient armés, qu'on les attaquait ? Les émeutiers tirèrent-ils les premiers sur la masse sombre des gendarmes mobiles ? Les Algérois soutinrent la première version, le gouvernement la seconde. "
Le colonel Antoine Argoud (La décadence, l'imposture et la tragédie. Ed ; Fayard P.210) donne un compte-rendu précis des contacts qu'i eut avec les autorités et les insurgés mais je ne rapporte, là aussi, que les lignes qui concernent le moment précis des tirs : " 16h30. Sur mes adjurations, Broizat, Dufour et Bonnigal vient Challe. Ils lui décrivent l'état d'esprit de leurs officiers. Quelques instants plus tard, le téléphone sonne. C'est Ortiz : " Mon colonel, c'est affreux, la fusillade s'est déclanchée (j'entends en effet des coups de feu dans l'appareil) C'est une boucherie. Faites quelque chose. "
" C'est un geste du Général Crépin qui, d'un bureau de l'E.M.I., a donné l'ordre de dégager le bas du Forum. Le colonel Georges de Boissieu, de la bouche duquel je tiens la scène, est intervenu pour l'empêcher, pressentant le drame. Trop tard.
Les paras refusent mais la gendarmerie obéit. On ne saura jamais qui a tiré le premier. "
Je ne cite pas la remarquable analyse de notre ami le Docteur Jean-Claude Pérez, j'espère qu'elle sera publiée in extenso mais nous avons pu la lire et la publier grâce à Internet. Elle figure sur mon site Oran 1962 admirablement géré grâce au dévouement d'Hervé Cuesta.
Je n'ignore pas les dissensions que les protagonistes ont nourries à propos de toutes ces années douloureuses. Je n'en veux pas faire état. J'estime que chacun a agit et écrit en fonction du lieu où il se trouvait et des connaissances forcément fragmentaires qu'il pouvait avoir des événements.
Je verse donc au dossier le témoignage du commandant Sapin-Lignière que je repêche dans mes archives. Il raconte la formation des Unités territoriales : (…) Le général Challe a qui je vint me présenter me fit bon accueil et me dit à mon départ : " Pour gagner la guerre, je n'ai besoin de personne et je casserai autant de katibas qu'il faudra pour y arriver, mais, tout seul, je ne peux pas gagner la paix et là, j'ai besoin de vous. " C'était vrai, nous seul pouvions l'aider à gagner la paix contre tout le monde, sauf contre le général De Gaulle.
L'accueil de Monsieur Delouvrier fut beaucoup plus nuancé, quoique correct. Je ne savais pas encore toute la duplicité dont cet homme était capable et je le croyais seulement prudent et réservé alors que c'est par lui que la camarilla qui entourait le général De Gaulle prit conscience que tout processus d'abandon de l'Algérie devait au préalable annihiler la symbiose armée/population et pour cela créer entre ces deux éléments un choc se transformant en une irrémédiable rancœur.
Le plan conçu par l'entourage du chef de l'Etat comprenait trois phases distinctes :
1ere phase : Exacerber la colère de la population. Elle fut confiée au FLN et s'exerça essentiellement au pourtour d'Alger. Vous vous souvenez combien furent sanglants les débuts de l'année 1960 à la périphérie d'Alger, là où la surveillance était forcément moins active et les points sensibles plus difficiles à observer.
2eme phase : Imaginer un détonateur. L'expérience prouve que, lorsque la population de toute une ville veut manifester sa joie ou sa colère, elle se porte toujours aux mêmes points. A Paris, c'est à l'Arc de Triomphe, à Alger, c'est au Plateau des Glières, et le détonateur fut le rappel de Massu. Les Algérois le croyaient garant de l'Algérie française. Ils ne vont pas tarder à être déçus. Muni de très fortes recommandations et tous frais payés, le journaliste allemand au Sud Deutche Zeitung Hans, Ulrich Kempski, ancien parachutiste, arriva à Alger en fin 1959 pour interviewer le général Massu. Il fallut toute l'insistance de M. Delouvrier pour que Massu accepte de le recevoir. Il exigea de Kempski sa parole qu'aucun enregistrement ne serait pris de cette rencontre et se laissa aller à de vives critiques contre le chef de l'Etat.
Je me trouvais avec mon ami Jean Brune dans son bureau de rédacteur en chef de la Dépêche quand on nous annonça l'arrivée d'un de nos jeunes amis professeur d'allemand à Alger. Celui-ci, encore tout ému, nous fit le récit suivant : " Je me trouvais au consulat général de la RFA quand Kemski arriva pour mettre en sûreté l'enregistrement de son interview avec Massu. Il nous dit que l'armée française était le seul obstacle à une solution correcte du problème algérien, mais qu'elle serait rapidement brisée. "
Nous étions trop avertis, Jean Brune ou moi du vocabulaire marxiste pour ne pas avoir noté au passage la " solution correcte " envisagée par Kemski, mais on n'y prit pas trop garde, pensant à une rodomontade du journaliste allemand. Ce fut pourtant la publication de cette interview qui permit le rappel du général Massu, la colère des Algérois et l'annonce d'une vaste manifestation au monument aux morts d'Alger pour le dimanche suivant.
3eme phase : Elle fut l'œuvre du colonel Fonde et du commandant Debrosse de la gendarmerie. Voici comment, selon eux, devait se dérouler ce scénario : La foule se trouvant sur le Plateau des Glières, un provocateur allait mettre la feu aux poudres en tirant, déclanchant une fusillade vive, mais très brève, car devaient arriver par le tunnel des Facultés et par le Boulevard Baudin deux régiments de parachutistes qui, agissant en tenaille sur les manifestants, prendraient à leur compte le combat engagé parles gendarmes et en viendraient rapidement à bout.
Pour que soit encore plus efficace cette machination destinée à braquer définitivement l'armée et les Algérois, il fit venir à Alger la 10° division parachutiste qui était en opération dans l'est. C'était l'ancienne division du général Massu, celle qui avait gagné la bataille d'Alger et qui était particulièrement chère aux cœurs des Algérois. Le 1° REP du colonel Dufour devait surgir du tunnel des facultés, cependant que le 1° RCP du colonel Broizat arriverait par le boulevard Baudin.
Les légionnaires sur lesquels reposait l'essentiel de ce montage n'étant pas réputés pour avoir des états d'âme, tout devait bien se passer et pourtant il n'en fut rien. De divers côtés la manœuvre grippa et ce furent les raisons de ce grippage que nous devons vous exposer, ce qui ne manquera pas, j'en suis sûr, de surprendre beaucoup d'entre vous.
Bien entendu, le 24 janvier 1960, aucun de nous n'imaginait le piège diabolique qui allait se refermer sur les Algérois et pourtant nous aurions dû déjà nous en méfier. Le vendredi 22, je fus convoqué au Gouvernement Général et je me trouvais en face de Delouvrier et du général Challe qui me demanda ce qui allait advenir de la manifestation du surlendemain. Il me fut aisé de répondre, car cela était mon sentiment, que, si rien ne venait troubler la manifestation, il ne se passerait rien. Aussitôt le général Challe me rétorqua : " Je ne suis pas un provocateur. Les gendarmes ont reçu l'ordre de rester dans leurs casernements sauf si des manifestants voulaient s'emparer du G.G. (Appellation courante du Gouvernement Général). Delouvrier écouta, mais ne prit pas part à la conversation. Quant au général Challe, il se croyait encore au 13 mai 1958.
Un autre élément plus sérieux aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Dans la matinée du dimanche 24 janvier on m'apporta un exemplaire d'un journal peu connu à Alger : Juvénal. Un éditorial exhortait les Algérois au calme et leur affirmait qu'ils courraient tête baissée dans un piège. L'article n'était pas signé, il ne donnait aucune précision pour étayer son avertissement. Je négligeai donc cette information. Ce ne sera que beaucoup plus tard que j'apprendrai que le " tuyau " provenait d'une fuite de l'entourage élyséen.
Mon ami Auguste, dont le langage imagé nous réjouissait toujours, vin me dire que, la veille, des " CRS frais " avaient débarqué de Maison-Blanche et une autre source vint confirmer que ces CRS avaient été dirigés sur Maison-Carrée où ils avaient perçu des munitions y compris pour les fusils-mitrailleurs.
Mais, le 24 janvier, le temps était magnifique,le soleil brillait et la foule s'entassait sur le plateau des Glières, applaudissant les orateurs qui, du balcon de la Fédération des U.T. déversaient des propos qui, certes, n'étaient pas destinés à plaire au chef de l Etat. Appelé par le général Challe, Ortiz se vit offrir de partager avec lui son sandwich et entendit les mêmes propos qui m'avaient été tenus l'avant-veille. A l'heure de l'anisette, la foule se clairsema et le sacro-saint repas dominical acheva de retirer une partie des spectateurs. L'attrait des plages en persuada beaucoup de choisir une autre distraction pour l'après-midi.

17h. Debrosse, de plus en plus nerveux, craint que le complot, si minutieusement monté ne vienne à lui échapper. Alors, il fait regrouper les gendarmes sur l'esplanade du G.G. et, par un tirage au sort des plus douteux, décide que chargeront en tête les gendarmes d'Alger. Il lui reste à envoyer à la 10° DP un ordre de mouvement précisant l'horaire et les itinéraires d'intervention. Tout est prêt pour sa manœuvre, y compris deux fusils-mitrailleurs servis par des CRS et installés sur les murets bordant l'esplanade du G.G. Nous en reparlerons. Il reste à Debrosse à convoquer le commissaire Trouja et lui ordonner de faire les sommations réglementaires précédant l'ouverture du feu par les forces de l'ordre. Trouja est abasourdi. Il sait que la manifestation est en train de se disloquer et qu'il est inopportun de faire des sommations inutiles. Bien sûr, Trouja ne sait pas quelle partition on veut lui faire jouer, mais, entrevoyant un mauvais coup, il s'éclipse.
Debrosse ne s'arrête pas à ces vétilles et, à 18h, il donne aux gendarmes l'ordre de débouler sur le plateau des Glières par les escaliers du G.G., qui encadrent le monument aux morts.
Moment de stupeur chez les manifestants. Silence. Puis, un coup de feu tiré d'on ne sait où, par on ne sait qui et, instantanément, un feu intense se déclanche auquel répond le feu des manifestants, c'est-à-dire des U.T. puisque ces deux mots sont synonymes à ce moment.
Les FM des CRS tirent dans le dos des gendarmes et les ventres des manifestants. Les gendarmes refluent en désordre, ne comprenant pas ce qui arrive et les paras n'arrivent pas…

De lui-même, le feu s'arrête. Sur la place, un grand silence ; même les oiseaux se sont tus et sur les corps allongés plane un nuage bleuté qui s'accroche aux arbres… C'est alors que les paras arrivent sans avoir à reprendre à leur compte un combat qui a cessé ; il n'y a plus ni gendarmes ni manifestants.
Que s'est-il passé ? Je ne tarderai pas à le savoir par le commandant Lafargue faisant fonction de chef d'état major auprès du général Gracieux commandant la 10°DP. Le chef d'état-major en titre est le colonel Meyer. Il est resté à la base opérationnelle, s'employant à résoudre les menus problèmes laissés par les unités dans leur volte rapide vers Alger. C'est donc à moi, me dit Lafargue, qu'on a remis le papier de Debrosse. Il ne paraissait pas avoir d'urgence et on me rapportait que la manifestation s'étiolait. Par contre, j'avais sur place de nombreuses questions à régler, alors j'ai mis le papier de Debrosse dans la poche et je n'y ai plus pensé. Quand j'ai eu un instant de répit, j'ai lu l'ordre qui nous était donné, mais il était trop tard et ni Dufour ni Broizat ne pourraient être à 18h sur le plateau des Glières.

Naturellement, cette affaire provoqua de violentes explications entre Debrosse et Lafargue soit devant le général Crépin qui a remplacé Massu au corps d'armée d'Alger, soit même devant le tribunal militaire au " procès des barricades ". Ce fut même la violence des propos de Debrosse qui nous donna l'idée du complot, le vrai, celui dirigé contre les Algérois. En effet, sans lui, on n'aurait eu qu'à se féliciter de ce retard qui aurait pu sauver des vies.

Il serait temps maintenant d'en venir à la question des fusils-mitrailleurs des CRS. Ce ne sera qu'au cours du vaste procès dit " des barricades " que nous apprendrons l'existence indiscutable de ces deux armes et leur utilisation pendant la fusillade. C'est vers la moitié de ce si long (5 mois) procès que fut appelé à la barre le capitaine La Bourdonnais qui, après quelques propos sans importance, ajouta : " Au début de la fusillade, je suis sorti du G.G. sur le forum et j'ai vu deux FM tirer en direction de la grande poste ". L'instant fut dramatique. Nos juges, militaires pour les deux tiers d'entre eux, bondirent de leurs sièges réclamant au témoin d'autres détails. Le bâtonnier Charpentier déclara solennellement : " C'est maintenant que le vrai procès de l'Algérie française va s'ouvrir ". La Bourdonnais continua : " C'est même moi qui ai fait cesser le feu à l'un d'entre eux en mettant réglementairement ma main sur la ligne de mire ; l'autre FM c'est le colonel Godard qui s'en est occupé. "

De fait, nous nous aperçûmes qu'aucun d'entre nous n'était poursuivi pour fusillade, sauf Ortiz, mais il était absent et seulement jugé par contumace. Il fallut toute la dialectique habile de l'avocat général Mongin pour convaincre le Président du tribunal que cette question ne devait pas paraître aux débats puisqu'aucun des inculpés présents n'était en cause. Le commandant Debrosse put cesser d'éponger ses mains moites. Le colonel Godard (directeur de la sûreté d'Alger) vint confirmer les dires de son adjoint et d'autres témoins parlèrent de tirs de mitrailleuses. La question n'était plus à l'ordre du jour pour moi, comme pour la plupart des co inculpés., la cause était entendue et ce d'autant plus que le colonel Godard mais aussi le général Jacquin, avaient eu tous deux l'idée de recueillir au pas de tir les étuis des balles. Ils provenaient tous des lots délivrés la veille aux CRS.

Pour être complet, je dois ajouter que, le 24 janvier dans la soirée, je fus convoqué ainsi que mon adjoint, le commandant Grisoni, par le général Challe. Il était dans son bureau et une crise de goutte qui l'obligeait à rester en pantoufles ne contribuait à calmer sa fureur. Dés notre arrivée, il éructa : " On m'a fait un enfant dans le dos. J'ai relevé le colonel Fonde de son commandement et je l'ai expédié en métropole. Jusqu'à nouvel ordre, c'est le colonel Meyer qui assurera l'intérim. "
Ainsi le général Challe savait d'où venait le mauvais coup. Ayant repris son calme, il ajouta : - Mais que veulent donc les Algérois ?
- Mon général, ils veulent rester Français. Que le général De Gaulle l'affirme solennellement et tout rentrera dans l'ordre.
- Mais je vous affirme que le général De Gaulle ne veut pas autre chose. Si je ne le croyais pas, je n'aurais qu'à poser ma casquette sur la table et il n'y aurait plus de général De Gaulle.
Je ne doutais pas un instant de la sincérité du général Challe. Il était de bonne foi mais un jour, il comprendra et posera sa casquette. Ce jour là, l'Algérie française sera déjà morte. Il me reste à vous dire, pour conclure cet exposé, comment elle mourut.

Le complot des barricades déjoué, - à quel prix ! - il n'en demeurait pas moins que les circonstances qui l'avait naître persistaient, même après la dissolution de U.T. Plus que jamais, le général De Gaulle avait toujours besoin de briser la symbiose armée/population pour que devienne possible son mauvais coup. Ce sera la fusillade de la Rue d'Isly. Ce jour-là, des éléments de tirailleurs ouvriront le feu sur une foule pacifique, non armée. Ce sera un carnage.
Alors ce jour-là, les Algérois baisseront les bras ; ce jour-là sera tuée l'Algérie française, tuée par des balles françaises.

Amis pieds-Noirs, n'oubliez jamais.
Michel Sapin-Lignière
Notes : 1) Le bilan de ce drame : 14 morts et cent vingt trois blessés dans la gendarmerie, 6 morts et cent vingt quatre blessés chez les manifestants.
2) A Alger, le 26 mars 1962 à 14h45, deux sections de la 6° compagnie du 4° RTA ont ouvert le feu au fusil-mitrailleur sur un cortège de Français d'Algérie bloqué sur ordre par des barrages dans la rue d'Isly. 54 tués et 147 blessés avoués par les autorités. (Bilan véritable plus lourd !) Message en clair du 28 mars : Origine 4° RT - Pour action : EMT/1/4° RT (OPS) - Texte : Général C a demandé fournir urgence propositions témoignage satisfaction pour gradés s'étant distingués journée 26 mars.
Le lieutenant Daoud Ouchène, qui commandait le détachement du 4° RTA, a reçu la Légion d'Honneur en 1977. "

Ce texte a été publié dans le journal de l'Amicale Royal Auvergne, je n'ai pas gardé mention de la date de cette publication.

On peut donc conclure de ces divers exposés non seulement la préméditation et l'organisation du complot ourdi par De Gaulle et ses sbires mais encore, une fois de plus, le meurtre de Français, qu'ils soient CRS d'Alger par les CRS venus tout exprès et de manifestants, jusqu'alors pacifiques. Et l'utilisation du " mystérieux coup de feu " qui n'a de mystère que pour ceux qui ne veulent rien voir. Cela ayant bien réussi, on réitérera le scénario le 26 mars et en bons élèves de De Gaulle, le FLN le 5 juillet.

Je n'ai aucune compétence en matière militaire, je livre donc ces documents à l'Histoire.
N'oublions pas non plus que De Gaulle s'est vanté de n'avoir jamais fait tirer que sur des Français ! Sachant tout cela, comment peut-on encore se déclarer gaulliste ? Cette aberration me stupéfie !

Geneviève de Ternant
5 février 2010

 
 
Eclipses

La mémoire des peuples est sujette à d'étranges éclipses. Tout le monde sait que " le bon Roi Henri " (le Quatrième) signa l'édit de tolérance religieuse connu sous le nom d'édit de Nantes ; on sait aussi que ce fut Louis XIV, bien mal inspiré en la matière, qui l'abolit ; mais peu savent que ce fut Louis XVI, en 1887, soit deux ans avant la Révolution, qui rétablit le fameux édit. Sans doute était-il trop bon, trop sage et trop honnête : Ce ne sont pas les qualités qui font un Roi ! On traduit par trop faible et la messe est dite !
Henri IV fit un grand nombre de guerres tant territoriales que religieuses mais il a écrit : " Il me fâche fort du sang qui se répand ! " à la bataille de Contras. Cela a tout de même plus de gueule que De gaulle se targuant de n'avoir jamais fait couler que du sang français ! Henri IV fut assassiné par Ravaillac et De Gaulle raté par Bastien Thiry.
Et bizarrement, l'imaginaire français, plus friand de légende que de vérité, les honore l'un et l'autre pour de mauvaises raisons !
Et Colbert ! L'imaginaire en fait le prototype du grand serviteur de l'Etat, un gars qui n'aurait eu que des succès… Or, il décide d'un débarquement à Gigeri, dans ce qui sera plus tard, l'Algérie : en 1664, ce fut un désastre ! Silence radio ! Il tente la colonisation de Madagascar, nouvel échec ; il essaie l'installation aux Indes de comptoirs commerciaux : raté ! Ce ne sera qu'au XVIII siècle qu'une nouvelle compagnie des Indes sera une réussite…
On vante sa probité : encore une légende ! Il touche des pots-de-vin et meurt immensément riche. On le dépeint comme issu du petit peuple : encore faux ! Son père était roturier mais c'était un grand marchand de Reims, et ses accointances avec Mazarin et Le Tellier le mènent à sa situation auprès du Roi ! Pour en savoir plus, le livre de François d'Aubert : " Colbert, la vertu usurpée " nous en apprend de belles.
Alors, je m'interroge sur un problème contemporain : On sait que De Gaulle est présenté comme un modèle de désintéressement et d'honnêteté. Je n'imagine pas, naturellement, qu'il ait pris des sous dans quelque caisse que ce soit ; mais il ne semble pas qu'il ait eu une fortune personnelle importante. La Boisserie lui venait de famille mais en dehors de ce que son grade lui rapportait, comment pouvait-il louer des bureaux à Paris, entretenir un parti, organiser des conférences et financer des campagnes électorales ? Il disait " l'intendance suivra ! " Je n'accuse personne et me contente de poser la question : Qui payait ?
Geneviève de Ternant
Février 2010

 
 
Voile

Les têtes d'œufs qui sont censées penser pour le Français lambda se torturent les méninges non pas pour interdire le voile plus ou moins intégral mais pour présenter les choses de façon qu'ils estiment acceptable.
Sur le fond, tout le monde semble d'accord : Pas de burqa en France mais c'est sur la forme que ça coince. Alors faisons un peu de pédagogie à la pied-noir :
Souvenons-nous : Dans notre Algérie natale, alors département français, les femmes arabes (On dira arabe pour faire court, ne me chicanez pas avec les berbères et autres origines !) donc les femmes arabes étaient voilées. Cela ne chiffonnait pas la République.
A Oran, elles portaient le voile blanc, ne laissaient voir qu'un œil, et se débrouillaient comme elles pouvaient pour sortir les douros de leur porte-monnaie en cuir rouge, en serrant le drap avec les dents.
A Alger, le voile, blanc aussi, laissait voir les deux yeux ; la bouche et le nez couverts d'un mouchoir brodé pour les plus coquettes.
A Constantine, le voile était noir et les deux yeux découverts aussi.
C'était la coutume et cela était admis par tous. Cependant, elles ne faisaient pas de manières pour ôter le voile pour les photos d'identité ni pour se faire soigner à l'hôpital ; j'en peux témoigner et tous nos toubibs le savaient, même si, à l'époque dont je vous parle, les années cinquante, les religieuses infirmières étaient encore nombreuses dans les services des patientes. Ni père ni mari ne protestaient contre la Science ou l'Administration qui, d'ailleurs, faisaient montre, à de très rares exceptions près, du plus parfait respect.
Dans nos rues d'Oran, on chinait gentiment nos " barques à voile "…
En arrivant dans les maisons de leurs amis ou de leurs employeurs, elles ôtaient le voile, le pliaient et ne le remettaient qu'au départ. Les hommes européens " ne comptaient pas " !
Les filles de famille allaient à l'école sans voile, naturellement, et si elles avaient échappé au mariage précoce arrangé, certaines, trop rares il est vrai, poursuivaient des études supérieures ou travaillaient dans des magasins, des bureaux, des administrations. Tout doucement, l'évolution se faisait dans les esprits et donc dans les mœurs.
Souvenons-nous aussi qu'à cette époque qui peut paraître antédiluvienne à nos enfants, les femmes européennes ne sortaient pas " en cheveux ", tout au moins pour les visites importantes : Avocat, notaire, médecin ou pour " les grandes occasions " : Mariage, baptême ou enterrement. On se chapeautait pour la messe, et la mantille de dentelle noire ou blanche voilait joliment les visages à l'Eglise et à la Synagogue. Quant à la Mosquée, les femmes n'y allaient guère.
Lorsque vint mai 1958, pour la première fois, le voile devint enjeu. Ce qui était tradition fut perçu comme servitude. Les filles brûlèrent symboliquement leur voile sur le forum d'Alger, et, main dans la main, Européennes et Musulmanes voulurent entrer dans la modernité.
Comme il fallait s'y attendre, cela ne changea rien pour la Mauresque lambda. Elles continuèrent presque toutes à déambuler paisiblement couvertes de leur voile noir ou blanc.
Seules les filles engagées politiquement pour ou contre l'indépendance rejetèrent massivement le voile. Les vieilles hochaient la tête : " Ah ! Ba, ba ! "
Les Ouléma tonnaient, tout le monde s'en fichait.
Les filles rejetaient la sujétion du voile au nom de la liberté mais les unes pour être " comme les Françaises " (Rappelons qu'elles l'étaient !) les autres parce que dans une Algérie indépendante la femme algérienne serait égale aux hommes… Pauvres petites ! La réalité fut loin du rêve…
De religion, pour elles, il n'était pas question. Je l'affirme pour avoir discuté de la chose avec nombre d'entre elles à l'époque.
Tout allait changer et pas dans le bon sens avec les bombes des terroristes. Il était si facile de dissimuler un engin de mort sous un voile !
Il y eut des hommes déguisés en femmes, il y eut des employées de maison, des malheureuses contraintes par la terreur du FLN qui n'hésitait pas à menacer la vie de leurs enfants si elles ne transportaient pas leurs grenades, leurs bombes en ville… Il y eut des adolescents bourrés de hachich, qui jetèrent des grenades et furent lynchés par la foule, il y eut l'horreur dans les cafés, les bus, au coin des rues…
Dans les Grands Magasins, dans les bureaux, il y eut l'armée ou des vigiles ; on ouvrait son sac ; on montrait qu'on ne transportait pas d'arme ; au début, ce fut un jeu, accepté avec le sourire et puis ce ne fut plus drôle du tout…
Alors ce fut la folie, la peur, la suspicion. Ce furent, dans les caniveaux, les cadavres qu'on enjambait, ce fut l'habitude horrible de la mort…
A Oran, nos " barques à voile " continuaient à venir en ville européenne alors que leurs familles se repliaient dans certains quartiers. La mixité qui s'était instaurée naturellement ne survivait que difficilement dans des faubourgs frappés par le crime et une séparation de fait se produisait à l'encontre de l'évolution qui doucement s'installait, avant les " événements ".
Alors, oui, ce fut la folie : Toute forme voilée devenait danger. Les chefs de l'OAS, souvent utopistes, il faut l'avouer, s'évertuaient à demander que demeure la fraternité entre les communautés. Mais les Européens mouraient depuis sept années sous les coups du FLN, pratiquement sans réaction, fidèles à la France, confiants en l'Armée. Là, c'en fut trop ! Des jeunes, l'esprit échauffé, se rendaient compte qu'ils étaient les victimes potentielles de ces êtres non identifiables. Et ce fut l'atroce tuerie des femmes de ménage. Les malheureuses payèrent de leur vie la folie des hommes. Celles qui venaient pour gagner la nourriture de leur famille, celles qui aimaient les enfants qu'on leur confiait en toute tranquillité, finirent misérablement dans cet holocauste radical. Elles ne furent pas très nombreuses, les victimes expiatoires mais cela frappa les esprits des deux communautés. On ne vit plus de voile blanc en ville européenne comme on ne voyait plus, depuis longtemps, d'Européennes en quartier arabe où depuis toujours nous allions pourtant…
Coupure terrible, définitive. Alors que dans les usines, sur le port, à l'aéroport et dans bien des endroits encore, les hommes des deux communautés continuaient à travailler ensemble dans une fraternité qui devait, le 5 juillet 1962 sauver bien des vies.
Je l'affirme pour l'avoir vécu, pour avoir protégé des ouvriers arabes innocents, des malheureux dont j'ignore s'ils étaient FLN, et sans doute l'étaient-ils, j'affirme que ce n'est ni la religion, ni la politique qui ont déterminé un apartheid de fait en 1961 à Oran, c'est la peur.
Chacune des communautés ayant peur de l'autre, identifiant au faciès anti roumi ou anti arabe le visage même de l'ennemi…
Comment une telle aberration a-t-elle pu nous devenir, à tous, consubstantielle, nous qui avions vécu toute notre enfance ensembles dans une merveilleuse insouciance ?
Parce que je l'ai vécu, je puis affirmer que la peur vient, qu'elle s'empare de tout l'être et l'asservit, qu'elle est la mère de toutes les dérives.
Et voila pourquoi je pense que le voile, intégral ou pas, ne doit pas s'installer en France. Il peut dissimuler le danger des fous d'Allah, il peut engendrer la suspicion envers la grande majorité des innocentes voilées par choix ou par contrainte. Il déterminerait forcément une réaction qui ne pourrait être que violente.
Têtes d'œufs qui nous gouvernent, vous ne savez pas ce qu'engendre la peur. Nous, nous savons…
Geneviève de Ternant
Janvier 2010


 
 
Des lois et de leurs applications

Championne absolue de la quantité de lois, la France semble aussi championne dans l'art de ne pas les appliquer. Les magistrats disposent d'un arsenal étoffé au fil des ans, des modes, abondamment pourvu par l'inventivité des élus de nation toujours friands d'attacher leur nom à une nouvelle fantaisie législative. Emotion dans la voix, applaudissements dans l'hémicycle, roulement des tambours médiatiques de la République… et pan, à la trappe ! Les décrets d'application soit se font attendre jusqu'à ce que la mode soit passée, soit ne sont jamais promulgués, et, s'ils le sont, ne seront jamais appliqués : Administration qui traîne les pieds, manque de moyens financiers ou humains, mauvaise volonté sur le terrain et, pire encore, on s'aperçoit brusquement que la bonne idée engendre des catastrophes : Gâchis de temps, d'argent, d'espoirs. La France législative donne l'impression d'un navire sans boussole !
Paris est une île idéologique sans aucun rapport avec le pays réel, les braves gens qui ont les mains dans le cambouis et les pieds dans la gadoue !
Et voici que, soudain, parce que les Suisses ont dit qu'ils en ont par-dessus la tête d'être colonisés -car c'est bien le sens de leur votation - Paris s'étonne, s'indigne, stigmatise ! Mais ouvrez donc les yeux, Princes qui nous gouvernent si mal !
Quand les voitures des gens qu travaillent brûlent dans toutes les villes de France, dans les quartiers dits " tranquilles " aussi bien que dans les banlieues, vous faites des statistiques toujours truquées, vous relâchez les coupables quand vous les arrêtez, ce qui est rare. Ne savez-vous pas qu'il existe un arsenal de lois pour mettre hors d'état de nuire des " jeunes qui s'amusent ", ben voyons !
On nous parle de travaux d'intérêt national… Et pourquoi pas ? Mais sérieux alors ! Des canaux à drainer, des décharges sauvages à nettoyer, des forêts à débroussailler, il n'y en a donc pas en France ? Est-ce que ça les tuerait, les pauvres chéris ? Et qu'on ne nous bassine pas avec les " petits délinquants ". Ils sont tous récidivistes, voyez donc les mains courantes des commissariats ! Et si pour vous les " flics " sont suspects, interrogez les gens dans la rue, anonymement, les chauffeurs de taxi, les commerçants, oui, je dis bien anonymement et sans caméras, car la dictature du politiquement correct règne sur notre pauvre pays ! Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Mais faites une " votation " comme en Suisse, anonyme, vous verrez enfin le vrai visage d'une France qui n'est ni raciste, ni fasciste, ni xénophobe mais qui en a marre, marre, marre…
Savez-vous, beaux esprits, qu'il existe une loi qui permet de déchoir un indésirable de sa citoyenneté, de sa nationalité, oui, un délinquant récidiviste, d'en faire un apatride, et de le ramener aux frontières de Schengen. Libre à lui d'aller où il veut, si on veut bien l'y accueillir. Barbare ? Sans doute. N'est-ce pas ce qui fut appliqué à des enfants de France par De Gaulle, il n'y a pas si longtemps. ET ceux-là n'avaient fait qu'essayer de garder leur patrie. N'est-ce pas lui, encore, qui frappa d'indignité nationale des généraux, des amiraux, des officiers pour avoir maintenu l'Empire dans le giron d'une France malheureuse, battue, occupée. Ces braves ont eu le tort de ne pas s'aplatir devant le Commandeur… Tout comme ceux qui se sont levés en Algérie pour dire non à l'abandon. Ces lois terribles furent alors appliquées dans toute leur rigueur. Elles existent toujours. Il serait temps qu'elles servent enfin à la paix des braves gens de France, quelle que soit leur origine, leur couleur de peau ou leur religion : Ceux qui sont honnêtes et travailleurs, ceux qui aiment vraiment leur pays, la France.
Geneviève de Ternant
8 décembre 2009

 
 
Victimisation

L'Islam et les Musulmans se posent en victimes de discriminations, victimes de la colonisation, victimes de l'Histoire. Il me semble important de rechercher les sources de cette position que l'on peut constater depuis que les historiens écrivent.
L'Islam se réclame d'une filiation spirituelle à Abraham et affirme son adhésion exclusive au monothéisme. Juifs et Chrétiens professent la même foi depuis bien avant lui. Il affirme être le descendant direct d'Ismaël, patriarche ayant vécu 2000 ans avant Jésus-Christ et revendiquent une ascendance arabe.
Or, les descendants directs d'Ismaël et de sa mère, Agar, la servante de Sarah, seconde femme d'Abraham sont les Ismaélites, peuple si manifestement distinct des arabes qu'ils se sont fait souvent la guerre. En outre, Ismaël est d'origine Chaldéenne par son père Abraham et égyptienne par sa mère Agar, née en Canaan (Gen.16.3), y ayant vécu toute sa vie et donc ne saurait avoir la moindre goutte de sang arabe.
Pourquoi donc l'Islam veut-il descendre d'Ismaël ? Le Coran affirmerait que ce n'est pas son fils Isaac qu'Abraham devait immoler mais bien Ismaël. Ainsi Isaac, " Le Fils de la Promesse " ne serait pas le vrai messager de Dieu mais ce serait en quelque sorte en Ismaël qu'on devrait voir " le fils d'adoption de Dieu ". Ismaël représente donc la victime par excellence : Victime de la jalousie de Sarah, il est rejeté, choisi par Abraham comme victime et sauvé par l'intervention divine pour devenir l'ancêtre des Musulmans.
De même, Mahomet aurait été rejeté par les Juifs et les Chrétiens par jalousie et dû se réfugier à Médine comme Agar et Ismaël ont dû fuir la jalousie de Sarah.
En se revendiquant d'un ancêtre " rejeté ", " mal aimé ", le peuple musulman se légitime en éternelle victime. C'est une façon étrange de réécrire l'histoire. En psychiatrie, la symbolique de la jalousie est très forte. On ne doit pas sous estimer ce fondement même de la religion musulmane.
En réalité, les événements dont les Musulmans s'estiment victimes ont été, tout au long des siècles des réactions à une attaque de leur part.
Pourquoi la victoire de Poitiers en 732 ? N'est-elle pas la naturelle riposte de la chrétienté à l'invasion d'un gros rezzou berbero-musulman au-delà des Pyrénées après que les " arabes " aient soumis la presque totalité de la péninsule ibérique. D'où la Reconquista. Qui étaient les agresseurs ? Les Musulmans.
Se poser en victimes est un non-sens historique.
Pourquoi les Croisades ? Le commerce était prospère tout au long des routes que les pèlerins chrétiens parcouraient pour gagner les Lieux Saints. Les Musulmans ayant conquis l'Egypte, la Syrie et la Palestine, ils devenaient, par intermittence, inaccessibles d'où la réaction des papes Alexandre II en 1063, Urbain II en 1095, toutes opérations de représailles et non d'attaque. De même la prise d'Edesse par les Musulmans provoque la III° Croisade prêchée par Saint Bernard et d'ailleurs combattue par l'Abbé Sucher qui connaissait trop bien les rivalités des Rois d'occidents. Mais faire des Arabes des victimes et en même temps glorifier Soliman dit Le Magnifique, c'est pour le moins contradictoire.
L'Empire Turc a asservi une grande partie de l'Europe jusqu'à être arrêté sous les murailles de Vienne. Ce serait donc à l'Europe de demander aux Musulmans la repentance, et non l'inverse.
La prise de l'Algérie fut décidée pour lutter contre la piraterie barbaresque pratiquée par des Musulmans (Renégats chrétiens souvent, d'ailleurs) Qui était l'agresseur ?
Aujourd'hui nous voyons fleurir des livres et des films d'une extrême mauvaise foi sur les événements du 8 mai 1945 à Sétif, Répression brutale certes, à une agression barbare. Qui a commencé ?
Et la guerre d'Algérie accommodée à la sauce de la victimisation fait bon marché de la vérité abominable des massacres perpétrés par les terroristes FLN au Maghreb et en métropole.
Et maintenant, ces personnes qui ont fui l'Algérie et d'autres pays musulmans se plaignent d'être discriminés en France et veulent tout en profitant de " Madame Sécu " imposer leur propre loi… Victimes ? Mais enfin, victimes de qui sinon de leurs coreligionnaires ?
S'il y a victime, il y a bourreau. Au nom de quoi serions-nous considérés comme tels alors que la France, son armée, la population européenne d'Algérie n'ont fait que répondre et mal et tard à la violence jusqu'à ce que la lourde main gaullienne renverse le sablier.
Dans notre Oran, les Espagnols disaient : " El que no llora no mama " " Celui qui ne pleure pas ne tète pas " ! Les Musulmans ont du téter ce dicton dès le VII° siècle ; Et nous, bourricots que nous sommes -Dignité et Cocorico - on se tait au lieu de lever le doigt comme quand nous étions gosses : " Madame, madame, c'est lui qui a commencé ! "

Geneviève de Ternant
Novembre 2009


 
 
Lettre à Jo

Jo, mon ami, mon frère de combat, tu as réuni autour de toi, pour ton dernier voyage terrestre, tous ceux que ta personnalité exceptionnelle avait conquis.
Représentants de l'Etat, présidents d'associations exprimaient par leur présence l'hommage officiel qui t'était dû. Mais, pleine, la nef immense de Saint Victor vibrait surtout de la peine de ce peuple d'Algérie venu de loin pour te témoigner son affection et son estime. Les voix étaient nouées, les yeux étaient humides, les prières montaient vers les voûtes vénérables, tout disait mieux que des discours la tendresse et le respect.
Les degrés du chœur disparaissaient sous les fleurs afin que leur beauté t'accompagne, toi qui aimait les choses belles, l'harmonie dans la nature et dans l'art.
Et ce n'est pas un hasard si l'ultime cérémonie s'est déroulée dans cette abbaye chrétienne et guerrière, à l'image de ton existence et sous le regard de Notre Dame de la Confession, qui signifie, Notre Dame de la Crypte, Reine des martyrs, car tu plaçais ta vie sous la protection de La Vierge Marie, Notre Dame d'Afrique et Notre Dame de La Garde, Douce mère qui console, souri et pardonne.
Ton amie de Toujours, Anne Cazal, brisée de chagrin, a pourtant réuni toutes ses forces pour parler d'une voix claire, pour dire ton courage et tes épreuves physiques et morales que tu cachais non par orgueil mais par pudeur, ces plaies jamais cicatrisées que seuls tes proches connaissaient.
Denis Fadda trouva les mots fraternels qui exprimaient les sentiments de tous ceux, connus ou anonymes, qui suivaient ton long combat depuis tant de saisons et que tu continueras à guider, de là où tu te trouves maintenant, pour que les courtes années qui nous seront encore accordées poursuivent ton œuvre de vérité.
La surprise vint du message apporté du Prince de Bourbon-Parme, comme un lien renoué par l'Histoire venu d'un descendant des Rois très chrétiens qui ont fait la France vers le dernier descendant, grand chrétien et grand Français du Dey Turc, musulman, d'Alger.
Et, au dessus du cercueil drapé des trois couleurs, je voyais ton sourire attendri et complice.
A Dieu, Frère, repose enfin en paix.
Geneviève de Ternant
Nice, Lundi 26 octobre 2009

 
 
La dérive des incontinents

 

Lorsque la dérive des continents entraîne les plaques à se bousculer, se chevaucher et provoquer tant de catastrophes humaines, on ne peut qu'être ému et même épouvanté. Aussi me pardonnera-t-on le jeu de mots qui sert de titre à cette chronique.
A l'évidence, il ne s'agit pas du sens médical du mot incontinent, lequel n'aurait aucune propension à faire sourire, mais mon merveilleux Littré ouvre à ce jeu de mots des perspectives réjouissantes : " Incontinence de la langue, propension à trop parler " me dit-il et encore : " incontinence : adverbe de temps. Aussitôt, au même instant, sur-le-champ " et là, nous trouvons un vaste espace pour la dérive.
Du chef d'Etat au plus modeste élu de la France profonde, quel que soit le sujet : On parle, on parle ! Déferlante de logorrhée où tout est dit et le contraire de tout. On se contredit, on se prend les pieds dans le tapis et on casse la porcelaine en essayant de se rattraper en s'agrippant à la commode ! Brice Hortefeux, dans un accès de lucidité a exprimé ce que 63% des Français pensent d'après un récent sondage. On peut supposer que dans les 47% restant la plupart soit appartiennent aux " minorités visibles " concernées soit mentent par conformisme.
Disons tout de suite qu'il ne s'agit nullement de racisme mais d'incompatibilité de voisinage, comme il en est des minorités chrétiennes en pays musulman. Citons De Gaulle, honni, mais pour une fois apparemment sincère : " C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. " Rappelons que c'est en vertu de cette opinion et afin pensait-il que la France ne soit pas envahie par une majorité extérieure à son génie qu'il a sacrifié les départements d'Algérie et nous, malheureux Pieds-noirs, par-dessus le marché.
Citons encore le témoignage recueilli par Monsieur Philippe Aziz, journaliste qui a publié " Le paradoxe de Roubaix ", d'un jeune Français d'origine algérienne, étudiant en sociologie à l'Université de Lille : " Notre " invasion pacifique " au niveau de l'Europe n'est pas terminée. Nous voulons agir simultanément dans tous les " pays d'accueil ". Puisque vous nous faites de la place chez vous, pourquoi nous en priver ? Et ce que nous n'obtiendrons pas parla persuasion, nous l'obtiendrons par la force ! Nous possédons une armée mobilisable à tout moment de 3 millions de " soldats d'Allah ". Même vos autorités reconnaissent 1.400 zones de non droit sur votre territoire ! Nous vaincrons car notre cause est juste : " Allah Akbar " ! (In " Le vrai visage de l'Islam " M. Alcader. Page 139.)
On ne peut pas dire qu'on n'est pas avertis ! Et lorsque, par inadvertance, le Ministre laisse sa pensée guider sa langue, incontinent du verbe, il injurie les Auvergnats, stupéfaits d'être mis à cette sauce ! Et voici la " victime " de ce dérapage incontrôlé, qui se marre sur la photo, soudain prise d'une vertueuse indignation, qui porte plainte ! Yves Sainsot me signale que cette plainte serait contre ceux qui l'injurient. Le Figaro dont je tire cette annonce dit qu'il s'agit d'une plainte contre X. Attendons sereinement la fin de l'histoire. Et tout ce monde parle, parle !
Notre République bananière conserve des élus qui disent n'importe quoi, se permettent de ne pas ratifier les lois votées par le Parlement et le chef de l'Etat qui change d'avis, dit un jour blanc, un jour noir, tout cela repris à l'envi par les journaux, ce qui a peu d'importance puisqu'on lit de moins en moins, mais surtout par Internet dont les commentaires sont d'autant plus péremptoires que leurs auteurs connaissent moins le sujet… Pauvre France !
Et on vient nous parler avec des accents martiaux d'Etat de Droit ! Quand un ministre soutenu par le chef de l'Etat trouve ignoble d'arrêter un criminel en fuite même si cet homme est un artiste de grand talent dont on ne peux qu'admirer la carrière mondialement reconnue il n'empêche qu'il a commis la même crime que d'autres violeurs ou pédophiles et dont les mêmes hommes d'Etat s'indignent avec les mêmes accents qu'ils soient remis en liberté ! Faut-il rappeler que, lors de sa fuite, Roman Polanski puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'offrait pas plus qu'un autre la moindre garantie de ne pas récidiver et que son cas relève de la justice des Etats-Unis, dont l'Europe est l'alliée. Que ce cas soit examiné avec toute la bienveillance nécessaire, justifiée par une vie sans tâche depuis 40 ans, d'accord, mais la loi devrait être la même pour tous et les élus devraient réfléchir avant de parler… Incontinent !
Etat de Droit ? Plaisanterie de mauvais aloi pour les Pieds-noirs qui relèvent d'une justice tout à fait spéciale : spolié, injuriés, déboutés… Etat de Droit ? Vraiment ? Comme disait Zazie : " Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire… "
La dérive des incontinents, c'est la logorrhée généralisée et la réactivité immédiate qui fait que l'on parle sous le coup de l'émotion sans mesurer l'impact de ses paroles. Ce qui est admissible pour un témoin lambda ne l'est pas pour un élu, encore moins pour un chef d'Etat.
Il faut faire attention à ce qu'on dit et à ce qu'on écrit lorsqu'on a charge d'âme.
A propos d'écriture, un mot sur un sujet qui me tient à cœur : François de Closets ressort son antienne sur la réforme de l'orthographe. J'implore grâce pour le nénuphar et pour l'oignon, et pour le chariot et la charrette ! Mais voici que je dérive ! J'arrête donc… incontinent !

Geneviève de Ternant
Octobre 2009

 
 
Sous le masque ou la burqa…

Charles Péguy exaltait le blanc manteau des cathédrales étendu sur la douce France. Dans notre Algérie, plus modestement, nos pères, chrétiens ou pas, et le plus souvent sans aide de l'Etat résolument laïc, un doux mantelet d'églises ; devenues au mieux bibliothèques ou mosquées, elles ne reflètent plus le retour d'un christianisme qui fut pourtant la religion du Maghreb bien avant l'islam et durant des siècles, il est vrai sous des formes obliques, arianisme et autres… Non seulement la religion chrétienne ne fut pas encouragée durant les 132 ans de présence française en Algérie mais même elle fut combattue comme en atteste la mise au pas de Monseigneur Lavigerie et la criminelle décision d'y faire venir en 1931 les oulémas obscurantistes d'Egypte ainsi que le montrent les écrits pertinents du Docteur Jean-Claude Pérez.
La situation actuelle des chrétiens en terre redevenue d'islam par la volonté de De Gaulle est extrêmement critique. Pourtant il y a des conversions.
Le simple fait de se convertir à une autre religion que l'islam et surtout au christianisme entraîne automatiquement pour le musulman la peine de mort. Les baptêmes sont donc toujours clandestins en pays arabe mais, ce qui est encore plus choquant, ils le sont aussi dans les pays occidentaux. Il s'agit d'éviter les représailles des familles. Que les musulmans intolérants puissent agir en occident et que les gouvernements ferment les yeux sur ces violations manifestes de la liberté de conscience et de religion en pays laïc est intolérable. Certes, nous, Pieds-Noirs, savons depuis longtemps que la France n'est plus un pays de droit puisque nos droits sont bafoués depuis près de cinquante ans par tous les gouvernements, de droite ou de gauche ainsi que l'actuel en dépit de ses promesses écrites.
Peut-être convient-il d'essayer de comprendre pourquoi le musulman s'estime en droit de faire la loi de la charia sur notre sol. Le musulman affirme obéir au coran. Il y est écrit : " S'ils renient leur foi (l'islam), attrapez-les et tuez- les où que vous les trouviez. (S.4,89) et plus loin : " Ceux qui renient leur foi (musulmane) sont des orgueilleux ; ils sont maudits ! Fais-leur la chasse et où qu'ils se trouvent, ils seront capturés et tués impitoyablement, car la loi d'Allah est irrémissible ". (S.33, 60-32).
Soulignons les termes : " Où qu'ils se trouvent ", donc en pays laïc, donc en occident jadis chrétien !
En conséquence, tout musulman doit dénoncer son frère " apostat " et s'il ne peut le faire " revenir à la raison ", son devoir est " d'agir en conséquence " donc, le tuer !
La délation est ainsi instituée en devoir sous peine d'être soi-même condamné. On imagine les dégâts d'une telle suspicion au sein des familles, auprès des voisins. Un dicton arabe dit même : " En pays musulman, il faut se méfier de soi-même ! "
Le Président Egyptien, Anouar El Sadate en 1981 et l'écrivain égyptien, Faraq Foda en 1992 sont tombés sous les balles d'assassins qui les accusaient d'apostasie.
Parmi les " penseurs " musulmans tenant de cette stricte application de la peine de mort pour apostasie, Ibn Taymiya est un des plus connus et ses écrits sont très répandus en pays musulmans mais aussi en vente dans la plupart des librairies musulmanes occidentales.
La fameuse " fatwa " sur Talman Rushdie et ses " Versets sataniques " a été considérablement médiatisée mais bien peu de media ont parlé de l'assassinat, le 11 juillet 1995, à l'Université de Tsukuba, du professeur Hitoshi Igarashi, l'un de ses traducteurs.
Toute critique du texte du Coran est strictement interdite. Madame Delcambre, docteur d'Etat en droit et en civilisation islamique écrit : " On décourage toute critique qui risquerait de remettre en question l'héritage islamique, on cloue au pilori celui qui oserait douter, critiquer, s'insurger. Dans les cas extrêmes, comme au Soudan, le savant religieux moderniste est condamné à mort. Il convient de rappeler que le théologien soudanais, Mahmoud Taha fut pendu pour avoir voulu différencier, dans le Coran, les appels à la guerre et les versets qui expriment les exhortations morales. " (L'Islam des interdits, ed. DBB. P. 74)
M. Sélim Naguib, égyptien copte, docteur en droit de l'Université de Lyon et protonotaire spécial du Palais de Justice de Montréal au Canada, constate : " La liberté de conscience au sens où l'entendent les constitutionnalistes du XX° siècle n'existe pas dans l'islam. Dans la cité fondée par Mahomet, nul n'est libre de croire ou de ne pas croire. L'islam est une doctrine d'Etat, et à ce titre, il bénéficie d'une forte protection. On s'expose à la peine capitale en l'abjurant ou en blasphémant. L'exercice des autres cultes n'est pas libre mais seulement toléré. " (Les coptes dans l'Eglise d'aujourd'hui, ed. Solidarité-Orient, Bruxelles. P.40)
Tous les témoignages proviennent du livre de M. Alcader : " Le vrai visage de l'islam " préfacé par le général Gallois, (éditions Kyrielles 98bis rue Saint Pierre 49430 Durtal 20euro)…

 

Pendu pour avoir voulu différencier, dans le coran, les appels à la guerre et les versets qui expriment les exhortations morales. " (L'islam des interdits, ed. DBB. P.74)
M. Sélim Naguib, égyptien copte, docteur en droit de l'Université de Lyon et protonotaire spécial du Palais de justice de Montréal au Canada, constate : " La liberté de conscience au sens où l'entendent les constitutionnalistes du XX° siècle n'existe pas dans l'islam. Dans la cité fondée par Mahomet, nul n'est libre de croire ou de ne pas croire. L'islam est une doctrine d'Etat, et à ce titre, il bénéficie d'une forte protection. On s'expose à la peine capitale en l'abjurant ou en blasphémant. L'exercice des autres cultes n'est pas libre mais seulement toléré. " (Les coptes dans l'Eglise d'aujourd'hui. Ed. Solidarité-Orient. Bruxelles, p. 40)
Tous les témoignages proviennent du livre de M. Alcader : " Le vrai visage de l'islam " préfacé par le général Gallois. (Editions Kyrollos, 98bis rue Saint Pierre 49430 Durtal 20 euros) L'auteur a des origines arabo-musulmanes, licencié d'Etat en théologie, son expérience en terre d'islam et sa parfaite maîtrise de la langue arabe lui donnent accès aux subtilités linguistiques indispensables à une véritable compréhension de la doctrine islamique.
Pour terminer, je vous donne le témoignage d'un Kabyle converti dès l'enfance à la religion catholique qui subit des pressions afin de le faire revenir à la religion de sa famille : Monsieur Mohamed-Christophe Bilek dénonce : " Je ne pouvais être disciple du Christ sans devenir " roumi " et trahir les miens faute de distinguer entre nationalité et religion. Le scandale des scandales en cette période de guerre (N.B. il s'agit de la guerre d'Algérie de 1954 à 1962) et de post indépendance. Je n'avais que 11 ans et déjà on voulait me convaincre que les choses étaient ainsi définitivement acquises, depuis des siècles : Les roumis avaient leur Dieu et nous autres, Algériens, Kabyles et Arabes confondus, avions le nôtre. Etait-il possible en 1962 de remettre en cause cette alternative ? Oui, à condition d'être naïf ou suffisamment téméraire. Est-ce que la cause est définitivement entendue que Musulmans et Chrétiens ont le même dieu ? dans ce cas j'aurai perdu mon temps. " (L'homme nouveau, 18 mai 2002)
M. Alcader qui cite ce texte ajoute : " La naïveté dont il parle signifie qu'il fallait, en cette période sanglante d'après guerre, où des dizaines de milliers d'Algériens favorables aux " roumis " (terme péjoratif pour désigner tout occidental supposé à priori de religion chrétienne) ont laissé leur vie. (…) De même le terme de téméraire indique combien il fallait prendre de risques quasi démesurés, pour oser défier l'islam qui ensanglantait alors un pays entier. "
De ces citations, des conclusions importantes sont à tirer, ce que malheureusement, dans le cadre d'un article, je ne peux faire. Nous en reparlerons et en particulier de la notion de peur, peur à imposer aux autres et peur du musulman lui-même face à sa foi.
Geneviève de Ternant
25 septembre 2009

 
 
Le chat, la belette et le petit lapin

La fable de La Fontaine est toujours d'actualité. Dans l'Afrique soi-disant décolonisée s'installe en douce une colonie de peuplement.
On pouvait espérer que le continent africain, fort d'une liberté octroyée, se construise suivant son propre génie. Il y eut toujours des commerçants chinois, indiens, libanais se livrant à leurs affaires licites ou pas sous le bienveillant parapluie de la paix française, anglaise, portugaise, belge, allemande ou italienne. La paix européenne fit taire les luttes ancestrales entre les ethnies et, fortes d'une relative aisance, elles auraient du trouver dans leur complémentarité la voie de la richesse proposée par un sol riche de tant de matières premières indispensables au monde moderne.
Il n'en fut pas ainsi ; les ethnies nomades, ennemies jurées des ethnies sédentaires, reprirent leurs querelles fratricides au point où les avaient saisies la colonisation du XIX° siècle. Comme toujours, un Raminagrobis guettait. Celui-là n'avait que faire de la toge et de l'hermine. Il avait dés longtemps compris que la blouse blanche des médecins coloniaux n'avait aucun intérêt pratique, au contraire. La blouse blanche pouvait servir à une colonisation discrète en Europe.
Le Raminagrobis avait les yeux bridés mais vifs et brillants, une notion particulière du droit des gens et un appétit féroce. Il disposait d'une main-d'œuvre innombrable et corvéable à merci ; Il avait aussi beaucoup appris depuis un siècle et se garda bien du coup de patte meurtrier de celui de la fable. Il avança à petit pas de velours, glissant son armée pacifique dans tous ces pays revenus à leurs batailles inutiles et sanglantes. Pendant longtemps, on les vit peu, puis, un peu plus, avançant et retirant la marée de ses ouvriers sous payés, sans exigences, au grès des événements locaux ou mondiaux. Et, soudain, l'Afrique s'aperçut qu'ils étaient partout, les soldats de la nouvelle colonisation industrielle.
A Alger, un quartier entier leur appartient qu'on appelle chinatown.
Bien sûr, des Chinois tranquilles, avec femmes et enfants, vivant entre eux mais travaillant partout… Et les chômeurs locaux " tenaient les murs "…
Alors, au milieux de l'été 2009, les Algérois se rebellent, avec la violence méditerranéenne. Ils en tuent quelques uns, dans le silence de la presse muselée.
Comment l'Algérie mise à sac par ses gouvernants se passerait-elle, aujourd'hui, de cette main d'œuvre pour laquelle un salaire algérien qui semble misérable en Europe est un pactole ?
Raminagrobis a peut-être sous estimé la colère de la belette et du petit lapin… Qui regrettent de plus en plus ouvertement la tutelle débonnaire de la France d'alors ; car la France d'aujourd'hui, passive et paresseuse, ne semble pas avoir la moindre parenté avec celle qui oeuvrait du temps de notre jeunesse, de nos parents, de nos ancêtres, ces maudits pieds-noirs, n'est-ce pas ?
Geneviève de Ternant
Août 2009

 
 
Légalistes et coup d'Etat

" Un héroïque soldat se transforme rarement en authentique révolutionnaire. Leurs raisons et leurs natures appartiennent à des essences contradictoires sinon opposées. " écrit Dominique Venner à propos d'Ernst Jünger dans son livre : " Ernst Jünger, un autre destin européen " (Editions du Rocher).
Pour l'avoir ignoré, nous avons remis notre destin entre les mains de quatre Généraux courageux et désintéressés qui n'ont su empêcher le malheur. On ne fait pas de révolution avec des légalistes !
De Gaulle, lui, a réussi ses coups d'Etat parce qu'il n'a jamais été un soldat, encore moins un soldat héroïque ! Donc, il n'eut aucun scrupule à réaliser le coup d'Etat d'Alger en 1944, dégommant sans état d'âme le Général Giraud et faisant assassiner Darlan ; puis le coup d'Etat de Paris, à la Libération, en mettant le Maréchal Pétain en accusation, donnant ainsi les mains libres au Parti communiste, comme il s'y était engagé envers Staline, seule personnalité politique qu'il ait jamais admiré : Il devait reconnaître en lui un frère en ignominie. Il ouvrait aussi le chemin aux abominations perpétrées par la lie des soi disant résistants, ce qui écoeura les vrais et scinda la France en deux pour des décennies : On n'en est pas encore remis ! Enfin le coup d'Etat de mai 1958 où il réussit à se faire appeler au pouvoir par des gens qui ne l'aimaient pas, qui connaissaient ses turpitudes et s'en méfiaient à juste raison…
Le diable rend fous ceux qu'il veut perdre !
Geneviève de Ternant
9 juillet 2009

 
 
Secrets d'Etat, des tas d'secrets !

Tiens donc ! Les moines de Tibehirine ont été victimes d'une " bavure " de l'armée algérienne. Il n'y avait apparemment que le Président de la République, Nicolas Sarkozy, pour l'ignorer. Les Algériens le savaient, les Pieds-noirs le savaient. En France, ce secret de polichinelle fut recouvert du manteau souillé du " secret d'Etat ". Au fil des révélations, on trouve bien des noms : Jacques Toubon, ministre de la Justice, Alain Marsaud, ancien chef du service central de lutte anti terroriste, Jean-Louis Debré, Charles Million, Alain Juppé, alors Premier ministre, le général Philippe Rondot, chargé de mission opérationnelle à la DST, le préfet Jacques Dewattre, ancien directeur de la DGSE, tous savaient et se sont tu sur ordre. En relation directe avec ces assassinats, celui de l'évêque d'Oran, Monseigneur Claverie, considéré par le pouvoir algérien comme un trublion : Il était venu saluer Hervé de Charrette à Alger et revenait à Oran " de façon inopinée : un déplacement effectué dans un pays en guerre (civile) où les voyages des personnalités étaient surveillés. La technicité des auteurs de l'attentat qui avaient employé une bombe télécommandée avait également surpris. " (Thierry Oberlé, le Figaro, Mardi 7/7/2009). Et voici que Nicolas Sarkozy décide de lever le secret défense sur tous les documents pour éclaircir les zones d'ombre de ces deux affaires dans lesquelles le gouvernement de l'époque s'est empêtré par peur des bombes du GIA en France et pour ne pas faire de peine au sultan d'Alger, Bouteflika : business d'abord !
Or, il ne semble pas que les observateurs et les journalistes aient constaté une coïncidence étrange : Il se trouve qu'en Algérie le pétrole ne suffit plus aux appétits des apparatchiks et le mécontentement du peuple se fait de moins en moins discret. Bouteflika qui a tiré les enseignements de la politique veule et repentante de la France, se tourne vers des investisseurs aux dents longues : Inde et Chine en particulier. Mauvaise perdante, la France aurait-elle soudain décidé de livrer en pâture un Bouteflika malade, déconsidéré dans son pays ? Et du même coup, de jeter une pluie de pierres dans le jardin de son prédécesseur qui aurait couvert de son silence ces turpitudes ? Qui sait ?
Au nom de la vérité, on ne peut qu'apprécier ce louable souci de transparence. Mais, si j'ose dire : et si on allait plus loin ? Si on levait le secret des archives non encore ouvertes ? Si on osait reconnaître que les barbouzes et le SAC de Pasqua ont été d'abominables tortionnaires des Français d'Algérie ? Que beaucoup de bombes, d'assassinats imputés à l'OAS ont été l'œuvre de ces polices parallèles, De Gaulle régnante ? Et remontant dans le temps, reconnaître l'implication " du plus grand des Français " dans les attentats et les assassinats des heures troublées de 1942 à 1944 à Alger, puis dans ceux de la " Libération "… La litanie des " secrets d'Etat " que nous dénonçons depuis tant d'années risque de retentir douloureusement aux oreilles des Français soudain déniaisés !
Rien de nouveau sous le soleil, Devinez de qui sont ces vers :
" Vérité, tu sais comme on broie
Tous les baillons entre ses dents ;
Un roi peut te fermer son Louvre ;
Ta flamme importune, on la couvre,
On la fait éteindre aux valets ;
Mais elle brûle qui la touche !
Mais on ne ferme pas ta bouche
Comme la porte d'un palais ! "
Ils sont de Victor Hugo, dans Les chants du Crépuscule, en juillet 1830…

Geneviève de Ternant
8 Juillet 2009

 
 
Pékin sur Seine

Il y a vingt ans, le 4 juin 1989, le massacre de Tienanmen anéantissait l'espoir des jeunes chinois qui tentaient d'obtenir liberté et vérité. Cet anniversaire a été commémoré un peu partout dans le monde. Pas en Chine. La " vérité officielle veut que les manifestants ne soient que des pilleurs, des casseurs et qu'il n'y ait eu " aucun mort ". Bien mieux, pour obtenir des indemnités, les blessés ont été contraints de dire qu'ils avaient eu " des accidents ".
Certes, il ne nous est pas interdit de commémorer les dates sanglantes de notre drame, nous pouvons dire des messes le 1° novembre, le 20 août, le 26 mars et le 5 juillet, nous pouvons même nous rassembler à condition de ne pas " troubler l'ordre public " ; il ne faut pas que nous soyons trop voyants… Mais nos lieux de mémoire sont menacés, brisés, profanés, détruits à la sauvette, la nuit… Notre Mur des disparus, nos stèles, jusque dans les cimetières ! Que peut craindre le gouvernement, héritier de De Gaulle, que l'on invoque sans cesse, de quelques personnes d'âge avancé qui n'ont jamais, du moins depuis longtemps, manifesté qu'en silence, recueillies et dont la seule outrecuidance est de chanter le séditieux " C'est nous les Africains " ? Mais non, comme les dissidents chinois, niés, nous faisons peur non par notre force, qui n'est pas, mais par la force invisible, invincible de la vérité.
On dit qu'en Chine la jeune génération ne s'intéresse guère à ces faits déjà lointains et même qu'elle peine à y croire. Bao Tong, en résidence surveillée depuis 1996 dit : " Le nettoyage des cerveaux a bien fonctionné. " Nous pouvons en dire autant car bien des enfants de Pieds-noirs ne veulent pas savoir. Avons-nous le droit de les juger ? Eux qui ont vu nos vies détruites ! C'est parfois un réflexe de survie pour eux. A moins de laisser notre trace écrite, jouée, chantée. A cela ils seront sensibles… un jour.
Parmi les nôtres, les plus éprouvés se trouvent nos amies qui ont perdu un enfant ou un mari ; rien ne les lasse, rien ne les arrête ; et je pense à ces " Mères de Tienanmen " qui se battent inlassablement pour le souvenir de leurs enfants morts, qui continuent d'interpeller le gouvernement, risquant leur propre vie. Mais que vaut la vie d'une mère qui a perdu son enfant ? Une Charte circule pourtant : la " Charte 08 " signée par plus de 300 chinois en faveur de la démocratie sur Internet, malgré les affirmations du ministre des affaires étrangères : " Sur les troubles politiques de la fin des années 1980, notre Parti et notre gouvernement ont établi une conclusion sans équivoque. " Et pourtant, même sous cette chape de plomb, la vérité se fait doucement jour. Chez nous, c'est un peu le contraire. L'abondance d'opinions et contradictoires enrobe la vérité de nuages mais notre voix, celle des vrais témoins, est étouffée ; aucun média ne la relaie et le résultat est le même. Ce n'est pas de la politique, ce que j'écris là, non, c'est le constat troublant que le déni de vérité qui nous est imposé depuis un demi siècle rappelle douloureusement la situation de la Chine encore communiste. Alors ? Pékin sur Seine ?
Geneviève de Ternant
Juin 2009

 
 
Nom d'une pipe éteinte !

On nous aura donc tout volé ! Notre terre, notre soleil, notre Histoire, et maintenant la partie de notre mémoire qu'on n'avait pas encore attaquée : On a mis dans la bouche de M. Hulot un petit moulin à vent à la place de la célèbre pipe toujours dans son bec et toujours éteinte ; dans cette bouche si bizarrement enfantine et désabusée… Un moulin à vent !
Et dans la main de Mademoiselle Chanel, la cigarette a disparu sur des affiches du film. Sur une autre, la cigarette a survécu : Audrey Tautou, la main en l'air, sans cigarette, aurait eu l'air de faire de l'auto stop ou de se préparer à faire le salut nazi ! Vous allez voir, qu'on va lui flanquer une pâquerette… Affadissement, affaiblissement… Soft, Zen… Où va-t-on ?
Vous allez voir, on va nous enlever la cigarette de Prévert, celle de Bogart dans Casablanca, les nuages de fumée romantiques, évocateurs de cette liberté toute neuve que nos mères ont conquise ! N'avons-nous pas en mémoire cette sinistre interdiction de la cigarette par un FLN criminel qui coupait les lèvres et le nez des malheureux indigènes qu'il fallait terroriser ? Toutes les intolérances se valent et ne valent rien.
Et parce que l'excès d'alcool tue, va-t-on priver les gens du petit verre convivial, interdire les affiches où l'on boit ? Horresco referens, le vin que l'Islam prohibe, le vin heureux que chantait Saadi, grand poète musulman dans son " Jardin des Roses " ?
Moi, qui n'ai jamais fumé et qui ne bois guère, je me sens insultée par ces mises à l'index de ce qui fut la joie de vivre d'un pays merveilleux, je parle de la France, la douce France où l'on avait le droit de n'être pas " correct ", où l'on pouvait parler de sourd ou d'aveugle, non de malvoyant ou de mal- entendant, concepts en réalité réservés à ceux qui entendent et voient encore un peu et que les imbéciles plein de morgue imposent à tout va !
Ah ! Qu'on me rende Gabin fumant comme la locomotive qu'il domptait ou titubant avec Belmondo dans ce " Singe en hiver " où Blondin exorcisait la dive bouteille qu'il tétait volontiers…
Marre, marre, marre de ces précautions qui pour vous empêcher de mourir vous enlèvent le goût de vivre… Qu'on nous fiche la paix, Nom d'une pipe !

* * * * * * *

On nous apprend qu'un certain Adel Smith, italien comme son nom ne l'indique pas, âgé de 43 ans, converti à l'Islam en 1987, président de l'Union des Musulmans d'Italie qui compterait 5.300 membres, a obtenu d'un tribunal de la province de l'Aquila, dans les Abruzzes, le retrait des crucifix des murs de l'école maternelle de la localité d'Ofena où un de ses fils est scolarisé… Voici que la terre tremble et se rebelle ; Dans l'église effondrée seule une petite statue de plâtre de la Sainte Vierge est intacte, posée sur une pierre, comme un défi à cet Adel Smith… La petite vierge de plâtre, muette et provocante, proteste au nom de son fils humilié.
Geneviève de Ternant
Mai 2009

 
 
Par ici la bonne soupe !

Nous venons d'assister, avec le G20 à une mise en scène de haut vol ! Au double sens du terme… Haut vol théâtral indiscutable et vol tout court des malheureux gogos qui gobent promesses et consensus comme œufs frais ! Sans doute, comme les sénateurs romains, les participants ne pouvaient-ils se regarder sans rire… Les chefs d'état étaient là pour ça, la poudre aux yeux fut répandue, chacun a joué son rôle et s'en est reparti content de lui et des autres. Parfait ! Dés le lendemain, les économistes ont fait leurs comptes et publié quelques articles qui mettent à mal les " résultats positifs ", mais qui les lit ? On se souviendra de la " fermeté " de Sarkozy, de la " résignation " de Merckel, et surtout du sourire d'Obama. On a " moralisé " la finance : Bravo ! La bizarrerie de cet oxymore ne semble pas avoir entamé l'optimisme affiché, et pourtant…
Un minuscule entrefilet dans le Figaro de la semaine dernière a éveillé mon mauvais esprit : L'argent caché, dit-on, n'existe plus et les Paradis fiscaux sont priés de s'aligner dans une transparence virginale, le petit doigt sur la couture du pantalon. Or, tel le village d'Astérix, un petit pays fait de la résistance, un petit pays d'Afrique se permet, subrepticement d'inscrire dans sa constitution, devinez quoi ? Le secret bancaire !
Coup de pied au derrière des " pays riches " ? Revanche d'anciens colonisés ? Je n'y crois guère ! Il est difficile de penser que cette décision soit un hasard, une coïncidence. Allons voir de plus près : Le Ghâna, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un pays d'Afrique entre la Côte d'Ivoire et le Togo, ancienne colonie britannique. Sa capitale Accra est très belle et quoique ballotté depuis son indépendance en 1967 entre République et coup d'état militaire, ce pays est fort riche ; Premier producteur du monde de Cacao, il possède d'importants gisements d'or, de diamants, de manganèse et de bauxite. Il est le troisième producteur mondial d'or et, du temps des Anglais, on l'appelait la " Gold Coast ", la Côte de l'Or. On n'y pratique pas le dénigrement de l'ancienne puissance coloniale : Vive le Commonwealth !
L'Angleterre est un pays pragmatique, qui ne donne pas de leçon des droits de l'homme : Business is business !
Qu'aurait-on dit, Grand Dieu, si une ancienne colonie française installait chez elle le secret bancaire ? Mais là, silence ! Cela donne à penser…
Quant aux Etats-Unis, on voit mal Obama obliger les Etats dont il est le président et le garant de leur indépendance à unifier leurs règles juridiques et fiscales. Ainsi l'Etat du Delaware, à peine plus grand " que le département de la Haute Marne (écrit Yves Dugha dans le Figaro) accueille plus de 40% des entreprises côtes à la Bourse de New York parce que les profits que les entreprises réalisent au dehors de ses frontières n'y sont pas taxées, il n'y a pour elles, ni impôt local ni la " sale tax ", sorte de TVA appliquée dans les autres Etats américains. Les habitants paient l'impôt sur le revenu et les taxes fédérales mais " les états financiers des sociétés enregistrées dans le Delaware n'ont pas besoin d'être physiquement tenus sur le territoire de l'Etat " Il ne s'agit pas là de secret bancaire, ni de centre offshore mais c'est tout de même une entorse à l'égalité devant la finance… On comprend dès lors, la prudence d'Obama sur ce chapitre.
Je ne pense pas que beaucoup de rapatriés, plumés en Algérie, aient la possibilité de domicilier leur entreprise au Delaware, ni possèdent des fortunes à cacher au Ghâna, mais ces possibilités n'ont sûrement pas échappé à la sagacité des " vrais riches ", et cette coïncidence est pour le moins étrange. Par ici la bonne soupe !
Geneviève de Ternant
Avril 2009

 
 
La révolution des casseroles

En Islande, la crise économique a provoqué la chute du gouvernement à coups de casseroles. Chaque samedi - car les Islandais travaillent la semaine et ne font pas grève - une foule armée de casseroles et de poêles s'est réunie devant le Parlement à Reykjavik pour protester contre l'incurie du gouvernement si bien que Geri Haarde, chef du parti conservateur qui gouvernait l'Islande depuis 1944 a dû quitter le pouvoir dans une limousine noire maculée d'œufs et de fromage blanc. Ces concerts de casseroles m'ont rappelé ces soirs où, sous la voûte scintillante de notre ciel d'Oran, dans les nuits du couvre-feu, s'élevait la bruyante symphonie de nos casseroles frappées avec toute la vigueur de notre rage.
Hélas ! Cela ne servit à rien, les oreilles du gouvernement français étaient loin et d'ailleurs bouchées à l'émeri ! Il est triste de penser que, peut-être, si nos compatriotes parisiens avaient eu le cran d'assiéger l'Elysée en concert de casseroles, nous aurions été moins maltraités, moins abandonnés.
Les bombes et les plastics, en France, loin d'intimider De Gaulle, l'ont conforté dans son obstination orgueilleuse et inhumaine et ont, sans doute, contribué à nous faire passer aux yeux d'une opinion versatile pour des trublions qu'il convenait de jeter aux poubelles de l'Histoire. Souvenons-nous de l'indignation, certes justifiée, lorsque le petite Delphine Renard fut blessée, accidentellement, dans un attentat alors que les enfants Français d'Algérie cloués sur les portes ne soulevaient pas la moindre compassion…
Bien sûr, ce furent des hommes de courage et de conviction qui tentèrent par ces moyens d'infléchir l'Histoire ; mon admiration et ma reconnaissance envers eux restent inchangées, mais, avec le temps qui passe et notre connaissance des ressorts de l'opinion publique en France, il me semble que la seule arme qui eut été efficace, peut-être, c'eut été le ridicule !
On dit qu'il ne tue plus, non, mais il affaiblit. Qu'en eut pensé l'orgueilleux de l'Elysée, lui qui a fuit devant les braillards de 1968 ?
Enfin, ceci n'est qu'une réflexion née des concerts de casseroles islandais.

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Mentor

Il semble que l'obamania se calme, quelque peu dans nos média panurgissimes. Le pauvre homme ne peut faire qu'avec ce qu'il a et le chemin du succès est miné, tout comme chez nous. Finalement, il est bien obligé d'agir par compromis à l'instar de son modèle, Abraham Lincoln, choisi par le parti républicain de l'époque, créé en 1854 à Pittsburgh en réaction au " compromis du Missouri " signé en 1820, qui admettait l'esclavage au Sud. Mais la guerre de sécession devenue inévitable, le prude avocat usera de mesures plus qu'énergiques, de procédures expéditives, d'emprisonnement de milliers de suspects ! Semblable évolution est-elle inévitable pour le nouveau président des U.S.A. ? Espérons que son sort ne sera pas celui de son lointain mentor, assassiné le 14 avril 1865. Lincoln marque le triomphe d'une Amérique plus religieuse dont les " carpetbaggers " furent une des plus déplorables illustrations, mélange bizarre d'avidité et de foi puritaine. Or si l'Amérique fut toujours le théâtre de multiples églises, le renouveau religieux dans le monde, et surtout l'islamisme extrême sèment sur la planète des germes puissants et dangereux… On est loin d'une foi guidée par l'Amour !

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Charité bien ordonnée….

Le président chinois, Hu Jintao, élu en 2003, vient de faire sa 4° tournée en Afrique. Le ministre adjoint des Affaires étrangères, Zhai Jun, a fait remarquer que les pays choisis cette année " ne possédaient pas beaucoup de ressources énergétiques et minérales. (…) notre relation avec les pays africains, ajoute-t-il, n'est pas seulement basée sur l'énergie et les ressources. " Le mot " seulement " est à souligner. Les Chinois savent fort bien marier le commerce et la géopolitique : Partout où les anciennes colonies de la France, de la Grande-Bretagne ou du Portugal ont laissé la place, la Chine avance avec le même discours " anticolonisateur " ; de plus, elle prête sans condition, ne demande aucun respect des droits de l'homme (ce serait drôle !) et investit des millions de dollars. Elle acquière des forêts dont le bois d'ébène est envoyé par camions à Dakar, des terres où elle plante le riz qu'elle importe pour pallier la hausse des prix alimentaires alors que les Africains meurent de faim. L'or du Mali, le cuivre, les diamants et l'Uranium de Zambi, le pétrole de Casamance, du Niger, du Soudan, du Nigeria, du Tchad, du Congo ou d'Arabie Saoudite, partout les Chinois achètent en échange de constructions de routes, de complexes industriels, d'hôtels de luxe. L'Ile Maurice doit devenir un centre dédié au commerce entre l'Afrique et l'Asie afin de faciliter les investissements chinois. Comment n'avons-nous pas eu l'idée de faire payer les écoles, les hôpitaux, les routes construites par nos pères en Algérie en échange des minerais et du pétrole que nous avions trouvé ?
La Chine se fait payer aussi par son adresse diplomatique en s'assurant les voix des pays africains " amis " aux Nations Unies. Il est difficile de s'en étonner puisque ce fut la politique de la France durant plus de cinquante ans !
Une anecdote donne la mesure de la volonté chinoise de supplanter la France en Afrique. On sait la force des symboles pour les Chinois. Ils voulaient acheter l'Hôtel particulier occupé par le Ministère Français de la Coopération, Rue Monsieur le Prince, à Paris. En mai 2007, juste avant de céder la place à Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, pourtant grand ami de la Chine, a bloqué l'opération : L'humiliation eut été trop forte !
Le livre de Michel Beuret et Serge Michel, intitulé " La Chinafrique ", publié chez Grasset, est une mine d'informations sur cette lutte d'influence. Nous avons, en Algérie, été victimes de la sottise des gouvernements français et européens qui aujourd'hui en payent les frais et en dégustent les fruits pourris.
Geneviève de Ternant
Mars 2009


 
 
Mauvais esprit

Jadis, dans les salons régnait le bel esprit,
Une guerre en dentelle, on cultivait la rime
Et, vers de mirliton ou poème sublime,
Il fallait, à la Cour, de court n'être pas pris !

Il importait bien peu, au bal des épigrammes,
De se montrer profond ou de toucher les cœurs.
On se voulait piquant, méchant, souvent par peur
De montrer le défaut de cuirasse des âmes.

On complote en secret quelque embrouillamini
Pour abattre un puissant, toucher la favorite.
Un pamphlet de Scarron et la voici proscrite
La victime choisie et son crédit, fini.

Il est vrai la méthode était fort hypocrite.
Ce jour, un Saint Simon ne peut écrire, ni
Scarron épigrammer ! La loi Gayssot punit
Tout esprit mal pensant, et la pointe est proscrite…

Il est vrai que depuis toujours, l'Histoire ment,
Construit à son profit la légende officielle,
Mais les chercheurs cherchaient la vérité partielle
Le contrat archivé, le nouveau document…

L'historien scrupuleux, en pesant pour et contre,
Retrouvait le contexte et son raisonnement
Au juste trébuchet pèse l'événement,
Sans passion, sans haine, il explique et démontre.

Or, foin de tout cela, on ouvre les archives,
Ce qu'on trouve déplaît, on les ferme aussi sec.
L'historien curieux se voit clouer le bec :
Les vérités d'Etat tombent, définitives !

Dans deux cents ans, peut-être on pourra discuter ;
Tout témoin à la rive du Styx abordée.
On exhume aujourd'hui le drame de Vendée !
Pas de raison, Pied-noir, de s'impatienter !

Geneviève de Ternant
Février 2009

 
 
Fou
" Fou celui qui s'use les ongles contre le passé qui est bloc de granit ". Fou celui pour qui la " nostalgérie " n'est que larmes et malédiction. Fou celui qui condamne son frère. Fou celui qui n'admet pas que le cheval, le mulet et l'âne tirent la charrette à des modes différents, mais l'essentiel est que la charrette soit tirée, et tirée dans le même sens. Fou celui qui n'aide pas, au moins par ses mots de tendresse, s'il ne possède plus que cela, oui, fou celui qui n'aide pas ceux qui se battent contre les vagues déferlantes du mensonge, de la mauvaise foi. Oui, les initiatives sont multiples et parfois incohérentes. Et après ? Nul ne sait quel chemin creuse l'eau, nul ne sait quel chemin creuse la vérité. Fou celui qui dit : " celui-ci a tort, celui-ci a trahi. " Non, dites : " celui-ci a faibli ! " Aidons-le à voir plus clair, aidons-le à retrouver la cohérence, l'amitié, la force du groupe. Tendons la main, expliquons sans relâche à nos amis tentés de dissidence. Qui connaît leur fatigue ? Qui mesure leur lassitude ? La critique est cruelle qui vient de l'intérieur. La critique est méchante qui appuie où elle fait si mal. Car celui qui critique, souvent, a subit la critique, juste ou injuste, et sait ajuster la flèche blessante. Ami, ne t'abaisse pas à bander cet arc !
Le passé est bloc de granit et nos ongles sont cassés, usés, à gratter, gratter sans cesse.
Sur ce bloc de granit, nous monterons ensemble, amis divers, justes ou pas, mes frères, nous monterons ensemble ou, tous, il nous écrasera.
Ecoutons Jean Brune :
" Quand tout s'effondre
Les valeurs formelles n'ont plus cours
Il faut réinventer le devoir
Et non pas nouer des intrigues dérisoires. "
(Lettre à un maudit. 1963)

Geneviève de Ternant
Février 2009

 
 
Droits de l'Homme

La France adore les commémorations ! L'année 2008 en a connu plusieurs dont le 50° anniversaire de la Constitution. La pauvre ! Elle a mal vieilli malgré les nombreux liftings et opérations de chirurgie esthétique. La dernière commémoration en date, à moins que j'en aie loupé une, est celle du 60° anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Il convient de signaler que notre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 est souvent confondue avec la Déclaration universelle des Droits de l'Homme adoptée par une résolution de l'Assemblée Nationale des Nations Unies le 10 décembre 1948, à l'initiative de René Cassin, comme le rappelait récemment dans le Figaro du 12 décembre 2008 le professeur agrégé des facultés de droit et avocat à la Cour de Paris, Jean-Philippe Feldman (Auteur de " De la Constitution de la V° République à la constitution de la liberté ", Institut Charles-Coquelin 2008).
" Selon le vœux de Cassin, elle devait entériner les droits " classiques " tout en accueillant de nouveaux droits, dont la consécration ne pouvait être que progressive. " Elle ne s'est pas contentée d'être internationale, mais se veut " universelle " ! Fichtre ! Et nous voila avec l'obligation de la démocratie, qui a si brillamment réussi à ce malheureux Bush !
" Le préambule, continue Maître Feldman, adopte le principe marxiste selon lequel les libertés ne sont pas une donnée à respecter mais une conquête à organiser " sans doute une exigence du délégué soviétique de sinistre mémoire, Vychinsky, et en contradiction avec le 1° article qui proclame que tous les hommes naissent libres et égaux !
" La référence aux devoirs de l'individu envers la communauté confond dangereusement droit et morale et surtout le texte est à l'origine de " l'indivisibilité " des droits de l'homme selon lequel tous les droits se valent ".
On a ainsi le droit au travail, aux loisirs, au repos, à un niveau de vie suffisant (suivant quel critère?) maintenant on a le droit, en plus opposable, à un logement et Dieu sait à quoi encore…
Le juriste s'insurge et écrit : " parler de " droit à " est absurde et dangereux, car seul le prétendu titulaire du droit est connu et jamais celui sur qui pèserait l'obligation corrélative. Les faux droits chassent les bons, car ils entrent nécessairement en conflit avec eux. " En particulier avec le droit de propriété qui est reconnu lui aussi… Prendre aux uns pour donner aux autres, c'est Robin des Bois, ce n'est pas un droit de l'homme.
" L'idée d'une actualisation historique n'a aucun sens puisque l'universalité des droits tient à la nature même de l'homme (…) le seul mérite de la Déclaration de 1948 est de mériter l'oubli " Cruelle conclusion, hélas ! trop véridique. Le malheureux René Cassin, homme de bien, a dû se retourner plusieurs fois dans sa tombe en comprenant l'usage fait de sa Déclaration, inconséquente, il est vrai !
Il n'avait pas pensé à y inscrire le droit sacré aux commémorations ! En tous cas, seules les nôtres sont frappées d'interdit, mais chacun sait que nous sommes d'épouvantables trublions et que même nos centenaires en fauteuil roulant troublent l'ordre public !
Je voudrais, pour finir sur une note baroque vous signaler que Barak Obama va devoir trancher un problème crucial : Il doit débloquer cinq milliards de dollars pour sauver l'automobile aux U.S.A. or, une autre industrie sollicite un plan d'urgence équivalent : L'industrie pornographique américaine, car " les gens sont trop déprimés pour être actifs sexuellement ", il faut sauver de toute urgence un secteur qui pourtant, admet-on, n'est pas sur le point de s'effondrer ! " Quel soulagement !
Geneviève de Ternant
Janvier 2009

 
 
Marcel Petitjean

Marcel Petitjean est mort le 1° novembre 2008 à l'âge de 77 ans, écrit Guy Pujalte, dans l'hommage qu'il lui rend dans l'Echo de l'Oranie N° 320 de janvier-février 2009 qui vient de me parvenir. Et les souvenirs remontent à ma mémoire.
Janvier 1960 : Sonne à ma porte, à Oran, Robert Werhlé dit Bob. C'est le filleul de mon frère aîné. Nous avons le même âge, et, nos parents étant amis, nous avons été pratiquement élevés ensembles jusqu'au départ de ses parents pour Alger. Son père était militaire de carrière et je garde un merveilleux souvenir de ses deux sœurs aînées, Letti et Collinette. Bob me demande d'héberger le commando Petitjean. En effet, ce sont sept gaillards inconnus qui sont sur mon palier, habillés en péquins, c'est-à-dire en civil et en tenue de sport. Marcel Petitjean se présente et je les installe dans mon bureau et la vaste pièce contiguë où la table de ping-pong leur plait beaucoup. Je ne dispose pas d'assez de lits mais ils ont des sacs de couchage et un impressionnant barda. Bob, après une collation rapide, repart en voiture pour Alger. Mon époux, prévenu par téléphone, abandonne sa pharmacie à Madeleine, sa dévouée préparatrice, et vient prendre les choses en main.
Nos hôtes refuseront de partager notre table et préféreront rester entre eux, l'oreille collée à la radio. Ils apprécieront, néanmoins, les victuailles et le vin de la ferme de Misserghin que je leur offre. Et le lendemain, ce qu'ils attendaient se produit : Les barricades d'Alger !
Le commando quitte ma demeure, sans discrétion je dois dire, en uniforme et en armes et comme j'habite rue Général Leclerc (anciennement rue d'Arzew), en face du cinéma Régent et de la Brasserie de Paris, cela ne passe pas inaperçu !
Mon époux les accompagne ainsi qu'un ami, Jean Gomez, au P.C. improvisé, boulevard Laurent-Fouque, si ma mémoire est bonne. Je n'y suis jamais allée car j'avais à garder chez moi nos deux petits garçons, de 5 ans et 5 mois.
Quelques temps auparavant, j'avais écrit les paroles d'une chanson dont Jean Gomez avait composé la musique ; il s'agissait d'un texte disant les regrets d'avoir vu le referendum approuver la venue au pouvoir de De Gaulle, et il s'intitulait : " Il fallait dire non ! "
Nous en avions pressé deux 33 tours et cette chanson rythma cette folle semaine avec La Marseillaise, Les Africains et d'autres chants militaires…
Lorsqu'il fut avéré que le mouvement à Alger avait échoué, tous ceux qui s'étaient rassemblés dans ce P.C. improvisé furent longuement interrogés par les autorités car, malheureusement, ils étaient inscrits sur une liste qui ne fut pas détruite. A cette occasion, Yvan Santini montra son courage. Tous ceux qui l'ont connu savent que son engagement fut total, au F.A.F. et jusqu'à sa mort au sein de Véritas.
Un autre de nos amis démontra aussi sa solidarité ; Il s'appelait Henri Vincent. Mon époux se nommait Gérard, Henri Vincent. Tous deux figuraient sur la fameuse liste, mais Henri affirma qu'il s'agissait d'une erreur et que lui seul était en cause, épargnant ainsi à mon mari l'interrogatoire et l'incarcération.
Dans l'aventure, les disques furent brisés et notre chanson disparut avec les espoirs que nous avions mis dans cette tentative désespérée d'inverser l'histoire.
Voila les souvenirs qui me reviennent en lisant l'In Memoriam de l'Echo qui rend un vibrant hommage à cet homme d'exception que fut Marcel Petitjean.
Nice le 30 décembre 2008 - Geneviève de Ternant

 
 
Tabou

Malek Sohbi, journaliste à Alger, rapporte dans Le Point du 23/10/208 qu'un député, et pas le moindre, a osé enfreindre le tabou qu veut que la guerre d'Algérie ait provoqué la mort d'un million et demi de personnes durant " La guerre de libération " donc entre 1954 et 1962. Nordine Aït Hamouda est pourtant le fils de ce fameux Amirouche, de sinistre mémoire, tué les armes à la main en 1959.
Or, il estime cette évaluation largement surestimée et ajoute " qu'en privé, même les anciens responsables des maquis parlent plus volontiers de 500.000 morts ". C'est déjà beaucoup ! Mais nul n'ignore les purges dont furent victimes tant de maquisards de la part de leurs propres chefs, ou de leurs rivaux.
Aussitôt le député, et tous les députés de son parti, ont été accusés de trahison par l'organisation des anciens moudjahiddines, entonnant le refrain de la défense du tabou : " Nous voulons que soit retirée l'immunité parlementaire aux députés du RDC. C'est le parti de la France qui a redressé la tête en Algérie ! " Le RDC est le rassemblement pour la culture et la démocratie. Il est vrai que dans ces domaines, il y a fort à faire dans notre malheureux pays natal…. Il faut savoir que les anciens combattants du FLN-ALN se sont multipliés (à l'image des résistants de la dernière heure, à la libération, en France),et qu'ils ont , avec leurs descendants, des avantages sociaux, des métiers réservés (chauffeurs de taxis), des pensions etc…
Il faut savoir aussi que le parti en question est ouvertement hostile à la révision de la constitution qui vient d'être votée permettant à Bouteflika d'effectuer un troisième mandat. Sans doute ne possède-t-il pas dans sa manche un clone de Medvedev en qui il ait suffisamment confiance pour jouer aux chaises musicales président-premier ministre, à l'image de Poutine.
Trop de casseroles, trop de soupçons, trop de vengeances. Un mauvais coup est vite arrivé. Tout le monde se méfie de tout le monde. Equilibre de la peur ! Alors, vous pensez ! Laisser un quidam s'asseoir sur son trône ! Non, Messieurs, un troisième mandat et un million et demi de morts…Mordicus !
Geneviève de Ternant
Novembre 2008

 
 
Pour dire encore d'Albert Camus

Ses baccalauréats en poche, Albert n'avait pas le premier sou pour poursuivre ses études à Alger. Il lui fallait obtenir une bourse dont le dispensateur était Paul Bellat, délégué à la culture au Gouvernement Général. Camus lui demanda audience, ce qui lui fut aussitôt accordé.
Paul Bellat, Maire de Sidi-Bel-Abbès, habitait en cette ville sa propriété : Le Rocher, dont il avait fait, après ses père et grand père un lieu idyllique et un domaine privilégié pour ses ouvriers. Paul et son épouse y recevaient avec la même urbanité le plus humble fellah et les célébrités venues de métropole ou du monde des lettres et des arts. C'était un humaniste, un patriote et un poète, lauréat de l'Académie Française et Grand Prix de littérature de l'Algérie. C'était un pied-noir et un colon.
Dans son bureau du G.G. il reçut Albert Camus, l'encouragea à se confier, examina ses notes et lui octroya la bourse demandée. C'est alors qu'Albert Camus, mis en confiance, lui exposa le cas d'un " ami arabe ", qui sollicitait lui aussi une bourse d'études supérieures. Il attendait dans le couloir.
Paul Bellat le reçut aussitôt, l'encouragea aussi à se confier et lui octroya la bourse demandée. Cet " ami arabe " c'était Aït Ahmed…
Mais l'histoire ne finit pas là. Paul raconta à son épouse les visites des deux étudiants. Emue par la détresse matérielle de Camus, celle-ci se rendit auprès de la mère d'Albert. Dans le quartier, on la désignait toujours sous son nom de jeune fille, Sintes, car la grand-mère, femme de fort tempérament écrasait de sa personnalité la quasi mutique " veuve Camus " !
Celle-ci était couturière et ses travaux, ajoutés à sa maigre retraite et celle de sa mère faisaient vivre la famille. Madame Bellat constata que la pauvre femme exécutait ses travaux à la main. Aussi alla-t-elle aussitôt lui acheter une machine à coudre. L'ordinaire de la maison en fut grandement amélioré.
C'est Paul Bellat qui me conta lui-même cette histoire que je verse aujourd'hui dans la corne d'abondance des souvenirs de notre Prix Nobel de littérature.
Geneviève de Ternant
4 novembre 2008

 
 
Quelle Histoire ? Quelle histoire !

Richesse de la ponctuation ! Tu permets des nuances subtiles et délicieuses. Mais venons à nos moutons…
Qu'allons-nous répondre à nos enfants qui nous demanderaient -si cela les intéressait encore- quelle Histoire de France leur apporterait LA VERITE ? Pour ne prendre que les plus remarquées, nous en dénombrons huit relativement récentes : Notre classique Mallet et Isaac, qui, forma des générations de lycéens, dont moi-même, écrite par des républicains dreyfusards, amis d'Ernest Lavisse et de Charles Péguy, elle est laïque (parfait) et chronologique (Horreur !). Elle ne s'étend pas outre mesure sur les " rois qui ont fait la France " mais n'escamote pas grand-chose. Seulement voila : Elle est démodée…
" L'Histoire de France " de Jacques Bainville fait aux " Rois très Chrétiens " la part belle. L'auteur, fondateur de l'Action Française en 1908 avec Charles Maurras et Léon Daudet, fait pousser des cris d'orfraie à l'intelligentsia imbécile alors que les républicains pur jus reconnaissent à Bainville l'esprit de synthèse, la clarté des analyses, et son amour lucide de la France. Il montre que les mêmes causes produisent les mêmes conséquences, ce que l'actualité brûlante confirme…
" L'Histoire de France pour les nuls " de Jean-Joseph Julaud est pleine d'alacrité quoique plus sérieuse que son titre voudrait le faire croire. La collection " Pour les nuls " est presque toujours intéressante et bien faite… Une thérapie en ce temps de morosité.
Je ne dirais que peu sur la monumentale " Points Histoire " collectif en quarante volumes que j'avoue na pas avoir lue. Pardon ! Pardon ! Jacques de Saint Victor dit que parmi les nombreux participants de cette histoire universitaire publiée en collection de poche figurent quelques uns des meilleurs spécialistes des périodes concernées. Que mes courageux lecteurs qui ont encore un peu de place dans leur bibliothèque me renseignent éventuellement.
Je ne peux non plus parler du livre de Jean-Claude Barreau " Les racines de la France " que je possède pas. L'auteur conseiller politique de François Mitterand puis de Charles Pasqua " retrace la genèse de la Nation France comme on raconterait la naissance d'une œuvre d'art " écrit Jacques de Saint Victor. Cela me plait bien et j'y regarderai de plus près dés que possible.
" Histoire de la France des origines à nos jours " de Georges Duby, célèbre médiéviste entouré d'universitaires remarquables donne une synthèse érudite des l'histoire événementielle éclairée par une étude des mentalités dans l'évolution sociale et économique. Travail de spécialistes qui se veulent au dessus des contingences et le plus souvent y réussissent.
" Histoire de France " de Jules Michelet fut publiée en 19 volumes en 1876, deux ans après la mort de l'auteur. Verbe impétueux et plaidoyer pro domo, il est toutefois impossible de ne pas être emporté par le charme tumultueux de ce professeur à l'Ecole Normale et au Collège de France, républicain sourcilleux et protestant convaincu.
J'ai un gros faible pour " L'âme de la France " de Max Gallo. Est-ce parce qu'il est Niçois, d'origine italienne, ce qui ne peut que m'attirer ? Oh ! Je sais bien son passé communiste et son toujours présent " anti colonialisme " mais voila, il parle de la France comme d'une femme aimée, douce et violente, une France comme nous la rêvions là-bas, au pays d'avant…
Et puis vient de paraître l'étonnant essai d'Alain Minc qui affirme entre beaucoup d'autres aphorismes séduisants que " la France a manqué son destin marchand ". Oui, sans doute, si Louis VII et Aliénor d'Aquitaine avaient mené une longue vie paisible, si cette province devenue anglaise avait conquis la France morcelée d'alors, si François I° et Henri VIII avaient eu moins d'orgueil, si Louis XIV n'avait pas aboli l'Edit de Nantes (abolition qu'Alain Minc traite drôlement de " pivotement de notre histoire ", c'est joli, non ? Mais ce n'est pas dans le dictionnaire !) si la France avait eu autant d'ambitions maritimes que territoriales, si elle avait su protéger ses brevets et garder ses cerveaux… Oui, bien sur. Mais alors nous serions anglais à coup sur et non français, cabochards, géniaux et complètement stupides…
Rendons à César ce qui lui appartient : C'est un article de Jacques de Saint Victor dans le Figaro du 25 septembre 2008 qui m'a fait plonger dans mes bouquins ainsi que l'article de Patrice de Meritens et Jean-René Van der Plaetsen sur Alain Minc dans le Figaro Magazine du 20 septembre. Pourquoi cette revue de presse me direz-vous ? Parce que l'ouvrage de Pierre Nora et Françoise Chandernagore " Liberté pour l'histoire " revient avec détermination sur le danger des lois mémorielles. Je m'étais insurgée, et je crois bien que je fus la seule, contre le projet de loi du 25 février concernant " l'œuvre positive de la France en Algérie ", sachant trop bien que les scalpels allaient a nouveau fouailler nos plaies et persuadée que les lois Gayssot et Tobira étaient des violations de la liberté de penser, d'écrire et de confronter les opinions quelles qu'elles soient car rien de bon ne peut sortir d'un passé fossilisé et nous payons très cher ce qui fut une victoire à la Pyrrhus. Bien entendu, la loi votée et abrogée, j'ai du monter au créneau pour défendre ce qui était une nouvelle injure. Mais je l'ai dit, on avait eu tort… Pierre Nora conclue : " Remplacer des mensonges d'Etat par des vérités d'Etat remplacer une vérité officielle par une vérité légale, ne fait aujourd'hui rien gagner " Et remplacer une vérité enfouie par un mensonge légal ne fait pas mieux… Cela est si vrai que nous ne pouvons plus discuter sereinement, écrasés par un mensonge d'Etat. Les documents pourtant le fissurent sans que le bon peuple en tienne le moindre compte et nous traite de menteurs, d'esclavagistes et même, c'est le comble, de fascistes…
A travers toutes ces Histoires de France, il nous faut nous faufiler et recoudre avec amour et lucidité l'histoire de nos pères.
Geneviève de Ternant
Octobre 2008

 
 
Néron, le retour…

Mauvais film ! Quand la vérité est trop simple, l'opinion publique, qui a besoin de boucs émissaires, a recours à la calomnie. Une petite calomnie qui enfle, gonfle, devient une rumeur puis, une vérité. Arme des faibles, armes des foules. Figaro le chante : " La calomnie, messieurs, vous ne savez pas ce que c'est… "
Je vous parlais, il y a peu, des chrétiens emprisonnés en Algérie. Je ne vous en ai dit que peu, les choses s'étant encore amplifiées par la suite, mais voici qu'en Inde des chrétiens sont en butte à des violences terribles à cause, précisément, d'une rumeur. Un responsable du Conseil Mondial Hindou et quatre de ses compagnons ont été assassinés dans le district d'Orissa, à l'est de l'Inde. La police a laissé entendre qu'ils auraient été tués par des rebelles maoïstes, mais les hindous accusent les chrétiens et se livrent à des tueries : Ils auraient tués ou blessés des dizaines de pauvres diables. Quant aux dégâts matériels, ils sont considérables : 41 églises et 500 maisons chrétiennes auraient été détruites d'après le Père Babu Joseph, porte-parole de la Conférence Episcopale d'Inde. Un orphelinat catholique a été incendié où deux personnes ont trouvé la mort. Les violences, cependant, ne sont pas nouvelles : A Noël dernier, sans qu'aucune voix ne s'élève, 5 chrétiens furent tués et 200 églises catholiques ou protestantes détruites.
Le conflit serait moins religieux que social et politique. Dans les mouvements nationalistes à l'origine des violences, les personnalités appartiennent aux castes supérieures, Brahmanes, Ksatriya ou Vaisya qui emploient la main-d'œuvre des basses castes et ne voient pas d'un bon œil ces Shudra et Dalits (hors castes) se tourner vers le christianisme qui leur apporte une éducation et donc une élévation de leur niveau de vie. La minorité chrétienne ne représente pourtant que 18 millions de catholiques soit 2,3% de la population du pays. Mais on l'accuse de tous les maux comme au temps de Néron les chrétiens furent accusés d'avoir mis le feu à Rome…
Dans de nombreux pays d'Afrique ou d'Asie les chrétiens sont soumis à des régimes proches de la dhimitude, traités en sous hommes ou persécutés. Nos dirigeants n'ont-ils pas un mot à dire pour la protection des droits de l'homme chrétien partout dans le monde ? Pourquoi le Tibet et pas l'Inde ? Pas le Liban, l'Egypte et même le Kosovo si arbitrairement abandonné à l'immigration albanaise musulmane ?
Ce serait un débat philosophique à proposer : Pourquoi et comment la rumeur choisit-elle ses victimes ?
Un remarquable article de Christian Bosio dans Valeurs Actuelles du 21 août montre comment fut monté de toute pièce le procès posthume du Pape Pie XII. C'est bien le mot car tout est parti d'une pièce de théâtre de l'allemand Rolf Hochhut, " Le Vicaire " accusant le Pape d'avoir par son mutisme laissé perpétrer les crimes nazis.
Pièce relayée au cinéma par Costa-gravas sous le titre " Amen " Cette infamie aurait été le résultat d'une opération montée par le général Ivan Agayants, chef du service de désinformation du KGB. Vrai ou faux, ce fut en tous cas l'occasion d'un lynchage médiatique étonnant concernant ce pape dont Golda Meir, à sa mort le 9 octobre 1958 a pu dire : " Nous partageons la peine de l'humanité en apprenant le décès de Sa Sainteté le Pape Pie XII. A une époque troublée par les guerres et les discordes, il a maintenu les idéaux les plus élevés de paix et de compassion. Lorsque le martyre le plus effrayant a frappé notre peuple, durant les dix années de terreur nazie, la voix du Pape s'est élevée en faveur de victimes (…) Nous pleurons un grand serviteur de la paix. "
Golda Meir, un des fondateurs de l'Etat d'Israël était alors ministre israélien des Affaires étrangères.
Mais qu'importe à la rumeur, la vérité ? N'est-il pas plus croustillant de propager que les chrétiens sont des assassins, les pieds-noirs des racistes et De Gaulle un saint de vitrail ! Ben Voyons !

Geneviève de Ternant, 02 septembre2008


 
 
Trous de mémoire

Jamais ne fut autant exalté le " devoir de mémoire ". Jamais ne fut autant malmenée la mémoire des peuples. Nous nous plaignons, nous, pieds-noirs, de l'indifférence de nos enfants, de leur refus d'entendre notre histoire et, narcissiques que nous sommes, nous pensons être les seuls en butte à cet état de choses. Pire encore, nous pensons, avec une vraie bonne foi, que nous sommes les seuls à en souffrir. Ouvrons les yeux, frères et sœurs de malheur, et réfléchissons.
Dans un autrefois relativement proche, les générations, trois en général, cohabitaient plus ou moins sereinement : Les grands parents, porteurs de l'histoire familiale à transmettre oralement et à l'aide des papiers de famille, pieusement conservés ; les parents, ceux qui travaillaient, héritiers de l'histoire et garants de l'avenir ; les enfants, distraits, joueurs, baignant dans l'histoire qui les imprégnait sans même que l'esprit soit sollicité, parfois rebelles à " toutes ces vieilleries " et parfois attentifs à la saga qu'une vieille voix déversait. Les enfants, entourés des oncles, des tantes, des cousins plus ou moins lointains, des parrains, des marraines, témoins blagueurs qui " racontaient ", receleurs des blagues, des expressions, des souvenirs, des accents, pourvoyeurs de rires qui ne faisaient rire que la famille… Que tout cela ait disparu dans les drames du XX°siècle ou que le " progrès " ait mangé ce monde, le résultat est le même. La mémoire est devenue affaire de " communication ", véhiculée par les ondes, affaire d'Etat donc, affaire de " Big Brother ".
Pour nous, les choses sont encore plus dissociées : la mémoire d'état n'a que faire de la vérité des faits vécus : Elle se doit d'être " correcte " et c'est tout.
La mémoire des trois générations de Français d'Algérie actuellement encore vivantes est un mille feuilles, chaque feuille bien étanche. Mais, est-ce si différent ailleurs ?
François Hautier, dans un article du Figaro (le 6 août 2008) écrit : " Marquées par des expériences et des valeurs radicalement différentes, trois générations de chinois ne savent plus communiquer entre elles. " Trois générations : 350 millions d'individus chacune ! Hu Xingdon, professeur d'économie à l'Institut de technologie de Pékin l'exprime sans détour : " La Chine se trouve dans une phase de mutation très violente entre l'ultra conservatisme des générations âgées et des jeunes sans aucune conscience sociale ". Pour les parents, la valeur la plus importante demeure la responsabilité, pour leurs enfants, c'est l'égalité. Chez les grands-parents, la tradition primait tout et rien ne devait survenir qui fit perdre la face aux ancêtres ; pour les parents, les 35-60 ans, le collectivisme était devenu la règle et l'enfant, l'enfant unique, est un individualiste. La Chine compte plus de 100 millions d'enfants uniques, surnommés " mangeurs de vieux " Ils ne savent rien des massacres de Tien an Men en 1989, beaucoup n'ont jamais entendu parler de la Révolution culturelle ni du " grand bond en avant " qui fit 30 millions de morts par famine… Et ils s'en moquent complètement !
Marek Halter constate le même phénomène en Allemagne où la douloureuse mémoire des crimes nazis n'est plus connue que des anciens qui n'ont guère envie de la transmettre. Le fardeau de la guerre doit être épargné aux enfants et l'Allemagne préfère renouer avec la culture " d'avant ", quand elle s'en souvient encore.
L'importance du souvenir pour comprendre le présent appréhender l'avenir : " Zakhor " " souviens-toi " en hébreu ne revient pas moins de 169 fois dans la Bible, souligne-t-il ! Pour servir de leçon à l'humanité… Et pourtant, de retour en Allemagne dans les années 60, il écrit : " Les hommes de quarante à cinquante ans vous imposaient les fantaisies d'une mémoire qui, immanquablement, avait balayé cinq années de leur vie, à moins qu'elle ne les eut obligeamment déplacées sur le front de l'est. Leurs enfants, eux, pleuraient au récit de Varsovie, du ghetto, de la fuite en Union Soviétique. L'Allemagne du boom économique peinait sous le poids de sa conscience malheureuse ". Vingt ans après, on oublie ! En 1979, il constate que " c'est par la grâce d'un feuilleton télévisé américain, Holocauste, qu'ils ont vu pour la première fois la réalité de cette époque et il ajoute : " six ans plus tard, si la jeune Allemagne évoque assez librement le passé -le passé national-socialiste- ici on ne dit pas nazi, c'est pour le reléguer dans la préhistoire ". (Un homme, un cri, Marek Halter)
Comment ne pas comprendre que notre histoire, l'histoire de France pourtant, passe à la moulinette d'une mémoire de fantaisie ?
Je ne sais si ces exemples sont probants, si notre vraie mémoire que tant de nous ont entretenue par leurs écrits, des conférences, des associations apparaîtra un jour. Si on reconnaîtra ces 132 ans de parenthèse sinon heureuse pour tous, du moins civilisée, sur cette terre victime encore tous les jours de crimes, de bombes, de douleurs, cette terre où les grands-parents qui meurent gardaient, comme ils disent, " un bon souvenir des Français ", les parents ne se souvenant que des années de guerre dans l'un ou l'autre camp et les enfants se faisant difficilement une place entre deux souvenirs déchirés, et tous soupirant : " ce n'est pas cela que nous voulions ! "
Ô mémoire ! Pour se préserver du mal que tu nous fais, faut-il te regarder en face ou jeter sur toi le manteau de Noé ?
Geneviève de Ternant
Août 2008

 
 
Délit de chrétienté

Je vous avais parlé, dans Véritas, il y a peu, des problèmes rencontrés par les Eglises chrétiennes en Algérie et des amalgames dans la presse entre les Eglises Protestantes et Catholiques romaines. Il semble qu'une offensive tous azimuts contre les cultes chrétiens soit en train de s'organiser en Algérie et tout particulièrement en Oranie. L'Islam y est religion d'état mais la constitution est censée garantir la liberté religieuse. La vérité est toute autre. Nos prêtres catholiques sont d'une prudence extrême alors que les Eglises réformées n'hésitent pas à témoigner et à faire du prosélytisme avec beaucoup de courage, on doit le reconnaître. Aux nouveaux convertis, il faut encore plus de courage pour affirmer leur foi au risque de leur vie : L'Islam punit de mort l'apostasie. Ils doivent vivre leur foi dans la clandestinité.
Depuis janvier 2008, les procès pour " délit de chrétienté " ont été nombreux tout particulièrement dans l'ouest algérien, l'Oranais, à Oran, Mascara et Bel-Abbes, relate l'envoyé spécial du Figaro, Arezki Ait-Larbi, le mercredi 21 mai 2008. Le tribunal correctionnel de Tiaret jugeait, la veille, Habiba Kouider, chrétienne de 37 ans, éducatrice dans une crèche, pour détention de livres religieux : bibles et évangiles. Ce délit est passible de prison depuis l'adoption de la loi que je vous signalais, loi de février 2006 qui réglemente " les cultes non musulmans ". Cette femme habitait Tiaret et a été arrêtée le 29 mars, alors qu'elle se rendait en bus à Oran où elle fréquente l'école biblique. Placée en garde à vue, elle fut soumise à des interrogatoires par plusieurs officiers qui se relayaient pour confondre la " mécréante ".
Sommée par le procureur de réintégrer l'Islam, elle refuse de renier sa foi malgré les menaces. Méprisant, le juge l'interpelle : " Les curés t'ont fait boire leur eau bénite qui mène au Paradis ! " Elle ne répond pas. Il s'en prend aux journalistes, les menace et confisque leurs carnets. Les avocats de Tiaret ayant refusé de défendre la " chrétienne ", c'est une avocate du barreau de Tizi-Ouzou, rompue aux dossiers sensibles, Maître Khelloudja Khalfoum, qui défend l'inculpée ; et s'interpose : " L'audience est publique, les journalistes ont le droit d'être là ! " Elle plaide la " liberté de conscience garantie par la constitution ". Le verdict devrait tomber le 27 mai. Le même jour, devant le même tribunal, six autres chrétiens comparaissent pour " distribution de tracts visant à ébranler la foi des musulmans. "
Faut-il donc que la foi des Algériens soit fragile pour qu'une poignée de chrétiens puisse l'ébranler ! Faut-il que juges et procureur soient peu sûrs de leur droit pour s'attaquer à une jeune femme qui n'a que sa parfaite dignité à leur opposer !
La note aussi comique que ridicule revient au ministre des affaires religieuses qui affirme avec le plus parfait sérieux : " La communauté chrétienne jouit de tous les droits. Mais nous luttons contre les sectes ! "
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Comme j'ai très mauvais esprit, je me pose une question : Pourquoi la région d'Oran est-elle en pointe dans ce combat anti chrétien ? Est-ce que les gouvernants souhaitent faire peur sans qu'une publicité plus large qui n'aurait pas manqué dans Alger, la Capitale, n'alerte les bonnes consciences si promptes à donner des leçons en France et en Europe ? Est-ce que l'Oranais ne serait pas le laboratoire d'une expérience que l'on pourrait étendre en l'absence de réaction des Eglises du monde ? Je vous laisse y réfléchir…
Geneviève de Ternant
Mai 2008

 
 
Crime sur ordonnance

Elle s'est faufilée, presque en douce, l'ordonnance qui vaut l'abolition de l'Edit de Nantes. Lorsque fut publiée l'ordonnance du président Bouteflika, le 28 février 2006, bien rares furent ceux qui, comme nous, s'attendirent au pire. Que dit-elle ? Elle prévoit des peines de prison et des amendes pour toute personne " qui incite, contraint, ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion, ou à ébranler sa foi, ou qui fabrique, entrepose, distribue du matériel imprimé, des publications audiovisuelles ou tout autre support ou moyen visant à affaiblir la foi musulmane ". " L'exercice de cultes non musulmans est interdit en dehors des édifices prévus à cet effet. "
C'est donc en vertu de cette ordonnance que le Père Wallez, prêtre du diocèse d'Oran, a été condamné le 30 janvier dernier par le tribunal de Maghnia à un an de prison avec sursis et 2000.000 dinars d'amende. Quel crime cet homme avait-il donc commis ? Il avait prié, le lendemain de Noël, avec un petit groupe de migrants camerounais chrétiens EN DEHORS D'UN LIEU CONNU ET AUTORISE COMME LIEU DE CULTE. Mais y a-t-il encore une église à Maghnia ? On remarquera qu'il n'a pas évangélisé des musulmans ni célébré la messe, il a prié avec des chrétiens. Sans doute de pauvres bougres qui tentaient de gagner la France ou l'Espagne puisque l'Afrique leur refuse de pratiquer leur religion, et les plonge dans la misère. Noël devait représenter pour eux une halte heureuse ! Erreur, hélas !
Le médecin musulman qui accompagnait le prêtre a été, lui aussi, condamné pour avoir soigné les migrants chrétiens. Depuis quand un médecin demande-t-il à ses patients leur religion ?
Monseigneur Georger, évêque d'Oran, a exprimé son incompréhension dans un communiqué le 31 janvier et l'Eglise d'Algérie espère que ce cas particulier sera examiné avec indulgence et les accusés innocentés. Mais elle ne cache plus son inquiétude. Il y a de quoi !
Selon le Ministère algérien des affaires religieuses, il reste en Algérie 11.000 chrétiens pour 33 millions d'habitants. Les quatre évêques d'Algérie : Mgr Henri Tessier, archevêque d'Alger, Mgr Gabriel Piroird (Constantine), Mgr Claude Rault (Laghouat) et Mgr Alphonse Georger (Oran) ont rencontré le lundi 25 février le Ministre des affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamaleh qui leur a affirmé que l'Eglise Catholique " avait bien sa place en Algérie ". On a dit, et c'est sans doute exact, que la fameuse ordonnance visait surtout le prosélytisme des Nouvelles communautés Chrétiennes dites évangéliques. De celles-ci, Mgr Tessier tient à préciser que " ces nouveaux chrétiens sont nos frères en tant que disciples de Jésus, mais nous comprenons autrement qu'eux la témoignage à rendre à l'Evangile ". Dans les faits, la presse algérienne entretient, à dessein certainement, l'amalgame : Les articles dénonçant le prosélytisme évangélique, en Kabylie surtout, sont illustrés de photos de Notre-dame d'Afrique ou de Mgr Tessier, complètement hors sujet. Le Président du conseil de l'Eglise Protestante d'Algérie, le Pasteur Mustapha Krim, y explique que, selon lui, " le prosélytisme en Algérie est surtout islamiste " et qu'il " ne comprend pas comment 32 petites communautés chrétiennes peuvent faire trembler 32.000 mosquées. " Le Pasteur américain, Hugh Johson, 74 ans, ancien président de l'Eglise protestante d'Algérie, est sous le coup d'une mesure d'expulsion. Il attend la décision du Conseil d'Etat.
Il ne faut pas être naïf : Les évangélistes sont partout en Afrique et leur influence, portée par le dollar (même faible !) grandit depuis de nombreuses années. A la différence de l'Eglise catholique " qui se veut profondément respectueuse et solidaire des Algériens musulmans, y compris pendant la décennie sanglante des années 1990 " ; c'est dire que nos prélats se font les plus discrets possibles. On peut discuter de cette façon d'annoncer l'évangile en catimini, mais il faut les comprendre. Et se souvenir de l'assassinat de l'Evêque d'Oran, de celui des moines de Tiberine, les meurtres de chrétiens dans presque tous les pays musulmans, l'enlèvement, le 1° mars 2008, suivi du décès de l'Archevêque de Mossoul, Mgr Paulos Faras Rahho, en Irak et ce que l'on sait moins, les enlèvements d'une vingtaine de prêtres irakiens ces cinq dernières années dont le pauvre Père Khalil, libéré sans doute sur rançon, qui avait commis l'imprudence de venir chercher trois jeunes Irakiens malades pour les faire soigner en Jordanie ; en octobre dernier, deux prêtres du diocèse de Mossoul ont été enlevés et séquestrés neuf jours, en juin, trois religieuses ont été abattues devant leur église et on est toujours sans nouvelles de deux prêtres chaldéens, Saad Syrop et Douglas al-Bazi, enlevés à Bagdad, il y a deux ans…
Partout, l'Eglise catholique est confrontée au martyr alors que dans le Figaro de vendredi 21 mars 2008, la plume de Stéphane Kovacs, sonne le tocsin -si j'ose dire- avec ce titre : " L'Islam, première religion à Bruxelles dans vingt ans ! " Aujourd'hui, un tiers de la population de la capitale belge est musulman et " La Libre Belgique " constate que "si les parents n'étaient guère pratiquants " pour faciliter l'intégration dans leur pays d'accueil, " les jeunes marquent un retour important vers le fait religieux " et la journaliste flamande Hind Fraihi va plus loin : " Le jeunes sont de plus en plus radicalisés, ils rejettent les valeurs occidentales, même leurs parents s'en inquiètent. A Bruxelles, il existe des îlots, comme Moleenbeck, où l'on a parfois du mal à se croire en Belgique. " Olivier Servais tempère : " L'essentiel de l'Islam belge est paisible et familial, " pour l'instant, " mais un jour il y aura peut-être une revendication claire d'Islam. Je n'exclus pas des explosions sociales. " Et se profile l'ombre du Kosovo !
Les choses en sont venues à tel point que des personnalités algériennes viennent de signer un appel " pour la tolérance et le respect des libertés ". Ce sont l'écrivain Boualem Sansal, l'historien Mohammed Harbi, l'universitaire Salem Chaker, le Président de la ligue des droits de l'homme Abdennour Ali Yahia ou le caricaturiste Ali Dilem. Ils dénoncent le harcèlement des chrétiens pour " délit de prière " et expriment leur solidarité " avec la communauté chrétienne d'Algérie, cible de mesures aussi brutales qu'injustifiées. " Ils affirment leur attachement " à la liberté de conscience, au droit de chacun de pratiquer la religion de son choix ou de ne pas pratiquer. " Le Recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubeker est intervenu en faveur du Père Wallez.
Toute cette agitation anti chrétienne ne me semble pas être prise suffisamment en considération par les Européens, chrétiens ou pas, si prompts à dénoncer le moindre dérapage commis par un des siens et prêts à excuser les actes les plus barbares commis par un musulman. Etrange conception de la justice et du droit. Tout homme a droit à même justice, tout acte répréhensible à même punition. Mais, c'est bien connu, le poisson pourrit par la tête et l'Europe par idéologie délétère.
Geneviève de Ternant
Mars 2008
Sources : Figaro des 14, 19 et 21 mars 2008 ; La Croix N° 37990, Les Nouvelles religieuses du 14 mars 2008


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L'offensive tous azimuts contre la mémoire pied-noir continue : Libération des samedi 15 et dimanche 1- mars 2008 sous la signature de Pierre Daum, recense deux ouvrages plus qu'orientés sous le masque de l'objectivité : " Histoire de la colonisation, réhabilitations, falsifications et instrumentalisation " sous la direction de Sébastien Jahan et Alain Ruscio et " Les mots de la colonisation " sous la direction de Sophie Dulucq, Jean-François Klein et Benjamin Stora.

 
 
Un Prêtre condamné en Algérie

Le Père Pierre Wallez, prêtre français du diocèse d'Oran, a été condamné le mois dernier à 2 ans de prison dont un an ferme pour avoir régulièrement rendu visite à Marnia, à des clandestins chrétiens subsahariens pour y célébrer la messe. Un médecin algérien qui l'accompagnait a été condamné à 2 ans de prison fermes. Ces condamnations ont été prononcées en vertu ( !) de l'ordonnance présidentielle du 28 février 2006 qui encadre l'exercice des cultes non musulmans. Vive la tolérance façon Bouteflika !
Notre Président Sarkozy a-t-il interpellé son cher ami à ce sujet ? Va-t-il aller chercher un prêtre français comme il le fit pour les infirmières bulgares ou les membres de l'Arche de Zoé ? Quelle réciprocité lorsque, en France, on construit des mosquées et on forme des Imams, aux frais des contribuables, chrétiens, entre autres !
Geneviève de Ternant
Février 2008

 
 
" Marocains sous douane "

Sous ce titre incongru se cache un bizarre projet : Le Maroc s'apprêterait à importer des Marocains ! L'hebdomadaire " Jeune Afrique " n° 2446 du 25/11 au 1/12/2007 publie un billet ainsi intitulé de Fouad Laraoui ; le corps de l'article n'est pas moins étonnant : " exporter ses nationaux, tout le monde sait faire, mais les importer ? " Voici l'explication de cet étrange " projet " : Dans le quartier Slotervaart, à Amsterdam, des jeunes Marocains désoeuvrés s'amusent chaque nuit à briser des vitrines, brûler des voitures, bref, faire ce que nos riantes banlieues connaissent également.
Le Maire du quartier, Ahmed Marcoucwhe, qui est lui-même marocain, a tout essayé, toujours comme chez nous, travaux d'intérêt général, gel des allocations familiales, rien n'y fait : " Il y a toujours un noyau d'irréductibles qui ne trouve son bonheur qu'en emm…ant le reste du monde. "
D'où l'idée : " Pourquoi ne pas mettre ces petits crétins dans un avion et les renvoyer temporairement dans le pays de leurs parents, au Maroc ? " Pas les grandes villes, pas le merveilleux Maroc bien connu des touristes, non, ces villages du bled où, " comme il n'y a strictement rien à faire, comme on n'y a jamais entendu parler d'allocation chômage, comme il est impossible de brûler des voitures -Elles sont ininflammable dans le Rif, à force d'être recarrossées, repeintes, et retapées - l'ennui, le gigantesque ennui ne tarderait pas à se saisir des délinquants d'importation et ceux-ci retourneraient, la queue basse, à Slotervaart, au bout de quelques mois ayant compris la chance qu'ils ont de vivre dans un tel paradis. "
Le plus drôle est que dans les trois zones franches du nord du Maroc, les douaniers savent " comment traiter les marchandises " sous douane ", c'est-à-dire celles qui entrent au pays pour y être transformées et repartent vers l'Europe. " L'auteur de l'article, Fouad Laroui, ne manque pas d'humour !
Cette suggestion cocasse mérite d'être étudiée de près pour faire, peut-être, rentrer un peu de bon sens dans " ces adolescents à tête de bois " !
Généralement l'Europe importe des Marocains et bien d'autres immigrants légaux ou non, elle ne les mets pas " sous douane " et les transforme à coup de millions d'euros, pour les meilleurs, en des gens très bien, travailleurs et diplômés, pour les médiocres en " têtes de bois " et pour les pires, en terroristes. Ne devrions-nous pas réfléchir sérieusement à la méthode du Maire marocain d'Amsterdam, quartier de Slotervaart ?
Geneviève de Ternant
Février 2008

http://veritas.cybermatrice.biz/newss/pop_news.asp?id=208

 
 
Amère Liberté

Sous ce titre désabusé paraît dans le Figaro Magazine du samedi 19 janvier 2008, une critique signée de Jean Sévillia dont nous connaissons les ouvrages " démystificateurs " : " Historiquement correct ", " La terrorisme intellectuel " etc.. (Edition Perrin), qui tentent dans notre paysage intellectuel déboussolé de remettre les idées et les jugements dans le " bon sens ". Il s'agit de la recension du livre d'Hélé Béji intitulé : " Nous, colonisés " (Arléa). Tunisienne, ancien professeur à l'Université de Tunis, et présidente du Collège international de Tunis, elle est " née dans une famille anticolonialiste " et, se souvient-elle, " l'anticolonialisme portait en lui nos rêves, tout le sens de l'existence, le salut du monde. " Citons Jean Sévillia : " Décrivant l'état matériel et moral des anciens pays colonisés, l'auteur se lance dans une charge qu'un natif du Nord de la Méditerranée craindrait d'esquisser, par peur de déclancher les foudres antiracistes. " Elle critique un anticolonialisme officiel qui contraste avec la soif de départ pour l'occident de tout un pan de la population. Elle s'alarme de la poussée fondamentaliste au Maghreb et donne " une peinture désespérante de l'envers du décors ". Et le critique cite : " Nous aimons les médailles et les rubans officiels, les haies d'honneur, les cérémonies, la pompe, le lustre, les acclamations, les cortèges, mais nous déversons nos poubelles à ciel ouvert dans nos rues et ne daignons pas réparer nos réverbères brisés et nos trottoirs défoncés. Cette réalité-là, nous ne la voyons pas (…) l'homme décolonisé n'aime pas le fastidieux travail journalier. L'effort lui répugne. (…) Les décolonisés ne sont pas malades de la peste mais d'eux-mêmes. "
Ce triste constat n'est pas moins souligné par cette Nadia Guendouz qu'une infâme plaque de rue, inaugurée récemment par la municipalité de Saint-Ouen présente comme " infirmière et poétesse, membre du FLN " (1) lorsque dans ce qu'il est difficile d'appeler un poème, elle écrit : " Ma ville Alger / Ma ville aux nuages argentés/ Ma ville aux trottoirs pollués/ Ma ville aux ordures/ par les balcons jetés/ Ma ville au vocabulaire forcé/ Ma ville désarticulée/ Ma ville ouverte/ Ma ville vacante. "
Pour les amoureux de notre belle ville d'Alger, soignée, peignée, adorée du temps de la France, quel crève-cœur ! Et quel aveu ! Et croyez-moi, notre chère Oran n'est guère mieux lotie… Or, cette décrépitude constatée par celles qui ont puissamment contribué à la mettre en place, par ces femmes grisées par ce mot terrible de " liberté " dont Madame Roland disait déjà en montant à l'échafaud " que de crimes on commet en ton nom ", oui, cet état d'abandon, ne croyez pas qu'il soit le triste apanage du Maghreb. Ecoutons ce que dit Sarah Obama, la grand-mère kenyane du jeune prétendant à la présidence des Etats-Unis, Barack Hussein Obama ; cette personne de grand bon sens dont la photo dans Paris-Match du 23 janvier 2008 montre une émouvante " vieille femme les pieds nus et crevassés qui épluche des épis de maïs - elle les a arrachés seule à sa terre ", oui, cette femme là de 86 ans, amoureuse de son Kenya natal et désespérée de ce qui s'y passe, tient à l'envoyée spéciale, Caroline Mangez ces propos désabusés : " Le Roi Georges se retournerait certainement (dans sa tombes) s'il voyait ce pays, auquel il a apporté modernité et civilisation, en si mauvais état. (Elle se souvient avec nostalgie de l'époque prospère du colonialisme anglais) : " Avant eux on s'habillait avec des peaux et sans eux, on n'aurait pas eu l'idée de manger du sucre ou de conduire des voitures. (…) Autrefois, il y avait du travail pour nos jeunes. Plus maintenant, c'est la racine du mal qui nous arrive… Tous ces gens qui s'entretuent en ce moment sont allés à l'école, c'est ça le pire… " Conflit ethnique entre Luo et Kikuyu, certes, mais bien au-delà, désir effréné de pouvoir, et, comme le dit Hélé Béji, de " pompe, de cortèges, de décorations " A-t-on le droit, pour ces hochets, de faire périr un continent ? A-t-on le droit d'importer en France non des travailleurs pleins de courage et de bon sens, mais des gens qui ne sont attirés chez nous que par notre évident côté paillettes et qui jettent leurs ordures par les fenêtres ? Ou sur la tête des policiers, des médecins et des pompiers… Comment faire le tri sinon par le travail ?
Les consternants aveux de ces femmes, qu'elles soient en France, au Maghreb ou au Kenya, devraient faire réfléchir les tenants irréalistes des repentances à répétition, des condamnations du " colonialisme, mal absolu ". Il faudrait instaurer un " permis de liberté " aussi difficile à obtenir que le permis de conduire et y soumettre aussi tous les Français de souche ou d'importation, car les errements ne sont pas qu'exogènes, tant s'en faut !

Geneviève de Ternant
Janvier 2008

(1) Pour manifester votre indignation, soit pour la " qualité " de FLN, soit pour celle de sa poésie : 01.49.18.14.53 ; contact : eco@mairiesaint-ouen.fr. Adresse postale : 6 Place de la République, 93406 Saint-Ouen cedex. 01.49.45.67.89.

 
 
Politique et civilisation

L'art de la conférence de presse consiste à trouver des slogans. L'art de la dissertation n'en diffère que par la difficulté de placer dans un devoir les citations que l'élève a pu retenir de ses lectures souvent abstruses. Citations et slogans sont de même veine. L'avantage de la conférence de presse est la liberté de choisir son sujet. Et d'être hors sujet si cela vous chante… De Gaulle, lui, avait parfaitement balisé la chose. Marc Chevanche, chroniqueur de Nice-Matin écrit : " Ce qui conférait un caractère proprement phénoménal à l'exercice rhétorique gaullien était qu'aucune place n'était laissée à l'improvisation. Ce qui était donné - comme on donne une pièce de théâtre - c'était un texte spectaculairement appris par cœur et dit en réponse à des questions préalablement attribuées à des journalistes complaisants. " Souvenons-nous du bon peuple, dont beaucoup d'entre nous furent un temps, fasciné par l'éloquence boursouflée de ce comédien tragique dont la seule qualité que nous pouvons lui reconnaître est une mémoire sans faille. Cette mémoire qui lui fit ne jamais oublier la moindre vétille, le moindre soupçon de l'ombre d'un doute émis contre son omnipuissance. Cette abominable mémoire jointe à un orgueil démentiel et à une capacité de nuire diabolique. Mitterrand était trop malin et Chirac trop balourd pour se livrer à cet exercice difficile lorsque la conférence de presse est réellement improvisée dans sa partie question-réponse. A notre Président actuel, coaché par Henri Guaino, on ne refusera pas l'éloquence de l'avocat ou du bateleur, ni un certain goût du risque, limité il est vrai : les journalistes sont gens prudents et il est encore là pour au moins quatre ans et demi…
Une politique de civilisation donc ! S'il s'agit de protéger notre civilisation européenne et de la prôner, ce n'est rien d'autre que l'esprit qui animait les colonisateurs, nos ancêtres : apporter la paix et la modernité aux peuples de la terre… On voit ce que les beaux esprits en ont fait aujourd'hui ! S'il s'agit de prôner et protéger " toutes " les formes de civilisation, on imagine sans peine les confrontations qui s'en suivront et nous reviendrons dare-dare au concept de choc des civilisations, tant il est évident que deux conceptions de la civilisation ne peuvent coexister sans drame… Enfin, il faudrait s'entendre sur le terme même de civilisation ; est-ce de la culture occidentale qu'il s'agit ? Et dans ce cas suivons Jean-François Mattei qui la déclare en perdition. Est-ce la civilisation matérialiste du toujours plus : de technique, de cocooning, de protections physique, matérielle, sociale ? C'est alors la perte du sens, le déclin de l'innovation risquée donc du progrès. C'est le principe de précaution paralysant, c'est le " droit de l'hommisme " dévoyé du véritable droit de l'homme qui est liberté d'entreprendre et même liberté de se tromper. Nos ancêtres ont accepté ce risque et certes, nous l'avons payé cher et continuons de le payer comptant. Du moins avons-nous les yeux ouverts. Mais même plus le droit de crier casse-cou ! C'est raciste !
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Une église serait sur le point d'être édifiée au Qatar, l'Emirat le plus " ouvert " de cette péninsule arabique richissime et réactionnaire. Mais sans clocher, ni croix visible, édifiée à l'écart de la ville et seulement accessible aux immigrés catholiques essentiellement philippins, nous apprend le bulletin d'André Noël du 1 au 7 octobre cité par La Griffe n°67. Les mosquées que souhaite Nicolas Sarkozy sont-elles démunies de minaret ? Y est-il interdit au muezzin de psalmodier dés l'aurore au risque d'incommoder les voisins ? Je rappelle qu'une église du 9-3 comme on dit aujourd'hui, est privée de cloches. Ce serait une provocation ! Politique de civilisation ? Franchement, on la cherche…
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Pendant que les média faisaient leurs choux gras des mésaventures de l'Arche de Zoé, une toute autre histoire se produisait dans ces mêmes Tchad et Soudan, en ce même lieu d'Abeche : Une terrible bataille eu lieu entre les rebelles et l'armée tchadienne. Au camp Croci d'Abeche, le service médical du Colonel Régis Cordebar, venu du centre hospitalier de Pontivy, réserviste, médecin anesthésiste et chef de ce service, accueillait et soignait plus de 400 soldats tchadiens durement blessés. Aidé de son infirmier, l'adjudant Frichitthavong et de quelques volontaires dont les Marsouins présents, il a fallu " improviser, adapter ", évacuer par Transall vers N'Djaména, apprendre aux volontaires " sur le tas les gestes élémentaires ". Et pendant ce temps aussi la force française " Epervier " et les trois " colonels africains " : Paul Périé, Patrice Caille et Yves Métayer, tentaient d'endiguer la barbarie d'Abeche à Goz Beïda, en attendant que l'Allemagne et le Royaume Uni se décident à envoyer les troupes promises et que l'Eufor se mette en place. La France paye en hommes et en argent l'impéritie des 25 ! Mais, vous allez voir, il va bien se trouver des " historiens " pour jeter l'anathème sur ces gens courageux, pour stigmatiser quelque volonté suspecte de " néo colonialisme ". On verra, j'en mettrais ma main au feu, leur courage et leur abnégation transformés comme le sont le courage et l'abnégation des Français d'Algérie depuis 1830 jusqu'à l'ultime trahison de 1962. ON va nous dire : " Voyons, ce n'est pas pareil ! " mais oui, c'est pareil ou du moins tellement proche… Des contempteurs de salon, la race n'est pas éteinte. Elle est même de plus en plus prolifique. Elle crie sur les ondes, sévit dans la presse et se pavane dans les étranges lucarnes… Monstre froid nourri de chair valeureuse ! Nous qui savons, ne pouvons que dire : Attention ! La France n'aime pas les gens d'honneur.
Geneviève de Ternant
Janvier 2008

 
 
Injustice ?

Le Président de la République, prudent tel le serpent, a employé ce mot pour qualifier la colonisation. On peut en effet penser qu'il fut profondément injuste de priver les malheureux pirates de leur juteux gagne-pain ; qu'il fut d'une injustice flagrante d'abolir l'esclavage dans ces contrées radieuses : Tout les goûts sont dans la nature et " s'il me plaît à moi, d'être battue ? "
Plus sérieusement, on peut se demander s'il était judicieux d'importer la démocratie en pays musulman ? Il semble que personne n'ait la réponse puisque deux cents ans plus tard c'est officiellement le but recherché par les Américains en Irak et, avec plus ou moins d'humour noir, en Afghanistan…
C'était déjà, et cela non plus ne manque pas de sel, la justification des guerres de Napoléon en Egypte, puis en Europe où il voulut imposer sinon la démocratie, du moins la lumineuse liberté de la Révolution française pour arracher les peuples ravis aux tyrans locaux : Tsar de Russie, Empereur d'Autriche ou de Prusse, Rois des différents états d'Italie, d'Espagne, bref, tous des abominables pressurant leurs malheureux sujets, premières victimes des guerres en question… Bien entendu cela a mal finit pour lui et par la suite pour eux. Mais à quel moment doit-on parler d'injustice ?
Tout gouvernement est forcément injuste pour environ la moitié des gens qui lui sont soumis puisqu'ils sont élus, au mieux, à 51% ; sauf évidemment dans les régimes totalitaires qui, élus à 99,9% sont donc forcément parfaitement justes ! Fariboles !
Au moment de l'Indépendance, il y avait en Algérie environ un million d'Européens de souche et de Juifs plus ou moins autochtones pour neuf millions d'Arabes et de Berbères. Les impôts étaient en majeure partie payés par le premier groupe et quelques riches Musulmans. Injustice ? Ah ! Bon…
La métropole investissait évidemment des sommes considérables mais je pense qu'elle demandait beaucoup à ceux qui travaillaient pour nourrir, éduquer, scolariser une démographie galopante. Dans son livre " Chère Algérie ", Daniel Lefeuvre souligne avec raison le peu d'investissements industriels des colons algériens (je veux dire Européens et Arabes), Mais il aurait fallu que les trésoreries ne soient pas sans cesse tributaires des mauvaises récoltes ! Et puis, comment avoir confiance en une industrialisation qui avait commencé durant la seconde guerre mondiale par obligation pour finir en queue de poisson lorsque les firmes métropolitaines les jugèrent non rentables et les fermèrent. Les ouvriers déjà formés, furent forcés de s'exiler en France. Injustice ? Envers qui ? Politique de Gribouille !
Comme toujours en France et sans doute souvent ailleurs, le bon peuple assiste, impuissant, aux conséquences fatales des idéologies quand elles se heurtent au mur très, très dur de la réalité du marché. Forcément, elles se cassent la figure, mais c'est le bon peuple susdit qui prend les bosses !
Geneviève de Ternant
7 décembre 2007

 
 
MUR DES DISPARUS EN ALGERIE.
Le 25 novembre 2007, une émouvante cérémonie réunit à Perpignan plus de 5000 personnes d'après le minuscule entrefilet du Figaro, plus de 7000 personnes d'après les média locaux, pour rendre hommage et donner une sépulture virtuelle aux milliers de Disparus, civils, militaires, harkis, de toutes ethnies et religions, lors des derniers mois tragiques de l'Algérie Française.
Tenue à bout de bras par le Cercle Algérianiste national et son président, Thierry Rolando, magnifiquement réalisé par l'équipe du Cercle Algérianiste de Perpignan dirigée avec efficacité par sa présidente, Suzy Simon-Nicaise, ce mur, dans son émouvante simplicité, égrène les noms et prénoms de 2619 personnes dont nul n'a plus entendu parler et qui n'ont droit à aucun cercueil.
Nous savons que cette liste, Hélas ! est encore incomplète et les efforts de tous visent à donner à ceux dont les noms manquent cette reconnaissance posthume.
Organiser une telle manifestation, canaliser une telle foule, n'était pas chose aisée. Ce fut pourtant remarquablement réalisé et toute l'équipe perpignanaise mérite les plus chaleureuses félicitations.
Sur un mur nu, des plaques de bronze portent les noms, une sculpture de Gérard Vié, plante un couteau dans nos cœurs.
Pour les 1200 personnes qui représentaient les familles des disparus, toutes n'ayant pu faire le voyage, le moment fut particulièrement bouleversant : Déchiffrer sur les plaques de bronze le nom de celui, de celle dont le temps n'a pu effacer le visage dans les mémoires arrachait à ces familles d'une dignité parfaite des larmes de douleur mais aussi de soulagement : Un lieu existe où elles pourront évoquer leur proche, un lieu existe où sa présence n'est pas définitivement effacée de la mémoire des hommes. A tous ceux qui ont œuvré pour que ce lieu existe, merci.
Les discours prononcés par Thierry Rolando, président national et Suzy Simon-Nicaise, présidente du cercle local, précédèrent ceux du Maire de Perpignan, Monsieur Alduy qui rappela son engagement et celui de son père au moment de l'arrivée massive des Européens d'Algérie et des Harkis en terre catalane. Puis ce fut son adjoint, Jean-Marc Pujol, issu de note communauté dont l'émotion transparaissait dans la voix. Monsieur Alain Marleix, représentant de l'Etat à cette cérémonie, rappela les engagements pris par le Président de la République, lorsqu'il était candidat. Pour leur concrétisation, nous attendons les faits.
Une lettre bouleversante écrite par Maurice Calmein adressée par un enfant à son père disparu, fut lue et arracha des larmes à plus d'un auditeur.
La présence de la musique de la Légion Etrangère donnait une solennité particulière à la cérémonie.
Oserais-je ajouter un mot personnel ? Lorsque je participais au colloque sur les Disparus, en cette même ville de Perpignan en 2004, je me remémorais l'immense émotion que j'avais ressentie, à Jérusalem, devant le mur des milliers, des millions de malheureux disparus dans la pire horreur de notre XX° siècle, la Shoah.
Mais, bien modestement, je pensais aussi que nos morts, nos pauvres morts, n'avaient pas, eux non plus, une pierre où reposer leur tête. Je lançais alors cette idée de mur des disparus… Honneur à Suzy Simon-Nicaise et son équipe qui ont réalisé mon rêve un peu fou.
Honneur à ceux qui ont tant travaillé pour réunir ces noms enfouis dans des archives trop longtemps inaccessibles : Colette Ducos-Ader, Jean Monneret, Maurice Faivre. Courage pour continuer les recherches, pour trouver des dossiers encore inexplorés. Oui ! Le travail n'est pas fini. A l'heure qui sonne, notre âge et la mort de tant des nôtres nous imposent de passer le relais. Nous le faisons avec confiance. L'Histoire ne peut que nous donner justice.

Geneviève de Ternant 27 Novembre 2007

 
 
Racisme anti Pied-Noir

Lundi 12 novembre 2007, le tribunal correctionnel de Toulon a infligé une amende de 1.000 € à un habitant de La Garde qui avait traité un pied-noir " d'enc… de pied-noir ", et ajouté : " La plus grande connerie que De Gaulle a fait c'est de faire entrer les Pieds-Noirs ; Defferre avait raison de vouloir vous jeter à la mer. Je suis allé en Algérie pour vous défendre, vous, les pieds-noirs. Vous n'êtes pas des Français ! " Le tribunal lui a accordé 1 €de dommages et intérêts et 1.OOO € au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénal.
La Licra s'était portée partie civile, aussi et a obtenu la même dédommagement.
Voila qui me laisse rêveuse ! Si chacun de nous avait porté plainte chaque fois qu'on nous a insultés, nous serions tous riches…
A toutes fins utiles, je vous signale que la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations) qu'il fallait jusqu'ici saisir à Paris, se décentralise. Une permanence est installée à Nice, tous les mercredi après-midi, au Palais de justice ou à la Maison de la justice et du droit de l'Ariane. Uniquement sur rendez-vous : Tel : 04.92.17.71.16. du lundi au vendredi de 8h 30 à 17h.
Bien entendu, il faut justifier d'une discrimination réelle liée à l'age, le sexe, l'origine, le handicap etc… L'injure n'entre pas dans cadre, mais… On ne sait jamais ! On en a tant vu…
Geneviève de Ternant.
Novembre 2007

 
 
En butinant la presse.

Ce matin, mon quotidien, Nice-Matin, m'apprend deux nouvelles surprenantes. En Libye, les 172 passagers, tous Français, d'un vol d'Air Méditerranée en provenance de Paris n'ont pas pu débarquer à l'aéroport de Sebha, au centre du pays, sous prétexte que leurs passeports n'étaient pas munis d'une traduction en arabe. Ils ont été rapatriés à Paris. Que voici une étrange histoire ! Faudrait-il que tous les passeports des voyageurs du monde entier soient traduits en alphabet cyrillique, en idéogrammes, en lettres arabes, grecques ? Et pourquoi pas en langues arabe, anglaise, russe, chinoise ? Et pourquoi les néerlandophones, les Ouolofs, les Ougriens n'exigeraient-ils pas une traduction, eux aussi ? En Inde, n'y a-t-il pas, si j'ai bonne mémoire, quatorze langues usuelles ? Le petit opuscule qui sert aujourd'hui de sésame se transformerait en un bouquin de l'épaisseur d'un dictionnaire !
Le nécessaire respect de l'autre ne saurait être à sens unique et les susceptibilités nationales, lorsqu'elles sont poussées aux extrêmes aboutissent à des situations ubuesques. Le colonel Kadhafi qui se donne bien du mal pour revenir sur la scène internationale comme partenaire fiable a dû faire une grosse colère contre les autorités de Sebha qui compromettent ses initiatives pour promouvoir le tourisme dans son pays !

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La seconde nouvelle surprenante, dans le même journal, provient de Malaisie. Le constructeur malaisien Proton envisage de construire avec l'Iran et la Turquie la " première voiture islamique ", équipée d'une boussole indiquant la Mecque et d'un rangement pour le coran. Cette voiture serait destinée à l'exportation. Il me semble que personne n'a jamais interdit de placer Bible, Evangiles ou Coran dans la boite à gants des voitures que l'on peut, avec un peu de goût, tapisser de soie comme un écrin. Et pourquoi pas un G.P.S. indiquant la direction des lieux saints de chaque religion… sauf, bien entendu, Rome, puisque chacun sait bien que tous les chemins y mènent…

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Le Figaro Magazine du 27 octobre sous la plume de Rémi Kauffer signale l'avalanche de livres consacrés à Ernesto Guevara, plus connu sous le nom du Ché quarante ans après sa mort en Bolivie. Certains ne se cachent pas d'être des hagiographies, d'autres démythifient celui que la population cubaine avait surnommé " le petit boucher de la Cabana " prison où il avait fait fusiller 190 personnes. La légende du " médecin argentin " qui ne fut jamais toubib puisqu'il ne termina pas ses études est mise à mal par Jacobo Machover, exilé cubain en France, maître de conférence à l'université d'Avignon. " Ce qui frappe, chez lui, c'est sa propension à faire entrer du métal dans la chair humaine, bien plus que sa capacité à en extraire ! " On ne s'étonnera pas de trouver la louange, en revanche, dans un livre " plutôt laborieux d'Olivier Besancenot et Michaël Lowy. Rémi Kauffer conclut " Homme de deux guérillas avortées -au Congo puis en Bolivie- et de tous les échecs économiques à Cuba, Guevara, récupéré par le capitalisme, connaît aujourd'hui un succès posthume en icône décorative pour tee-shirts, posters et autres objets de consommation. Triste fin pour un révolutionnaire ! "
D'autres légendes qui concernent celui que nous nommons le plus grand faussaire de tous les temps sont elles aussi mises à mal par des livres courageux, comme ceux de Guy Forzi ou de Raphaël Delpart et bien d'autres, mais curieusement, les journaux n'en parlent guère. Bizarre non ?
Geneviève de Ternant
Novembre 2007

 
 
Piqûre de rappel

Lors du voyage de De gaulle en Pologne, du 6 au 12 septembre 1967, Jean Grandmougin raconte que le problème se posa de l'endroit où le chef de l'Etat Français irait à la messe : A l'époque, le Cardinal Primat Wiszinski incarnait la résistance au communisme ; Il aurait célébré le culte si De Gaulle avait assisté à la messe à la Cathédrale. Un peu de courage aurait eu du panache. Pas du tout ! De Gaulle " se résigna " à une messe à Dantzig… Puis, lorsqu'il fut reçu à la Cathédrale de Cracovie, ce fut par un chanoine et non par un certain Cardinal Wojtyla, élevé à la pourpre en juin précédent. Et que trouva à dire notre brillant chef d'Etat ? " Ce que je voudrais que vous sentiez, c'est que la France a toujours voulu la Pologne ; les autres ne l'ont pas toujours voulue… " Les autres en effet, voulaient la Pologne, mais un morceaux chacun ! Croyez-vous que c'était là ce que les Polonais souhaitaient entendre du représentant de la France ? Ces propos vagues n'engageaient en rien et il se garda bien de crier : " Vive la Pologne libre ! " On n'était pas au Québec, pays démocratique et ami, où il ne risquait rien à être à la fois impoli et hors sujet ! Jean Grandmougin conclue que De Gaulle surveillait davantage ses paroles à l'Est qu'à l'Ouest… En Fait, il restait dans la ligne politique de courbettes inaugurée lors que sa première visite en 1945 fut pour Staline qui lui dit : " N'oubliez pas Thorez ! " Petit conseil qui était un ordre à peine déguisé, et Thorez, le déserteur, le communiste saboteur des armes des soldats français, fut fait ministre par De Gaulle… Non, en 1967, il n'avait pas changé… Sa fascination pour le communisme dont il ne pouvait pas ignorer les crimes, éclate partout pour l'observateur attentif de ses écrits et de ses actes. Le Docteur Catin, dans la lettre de Véritas, a fait une étude percutante et documentée à ce sujet. Comment ne pas voir dans cette fâcheuse propension le terrain sur lequel devaient prospérer ses mensonges durant la guerre d'Algérie ? Les communistes alliées des terroristes FLN, (contre leur gré, au départ) étaient de part l'influence de la Russie sur De Gaulle les alliés objectifs du chef de l'Etat. Un comble ! Et nous, naïfs, innocents, politiquement incultes, nous avons donné les clefs de nos vies à cet affabulateur. C'est là, la seule repentance qu'il nous faut bien faire !

Nous nous sommes tous indigné, à juste titre, des interdictions subies par nos associations concernant les commémorations des dates symboles de notre drame ou des hommages aux victimes, martyrs, dans nos cimetières. Il est donc important que nous rendions hommage, symétriquement, à ceux qui organisent ou autorisent ces commémorations, sans se soucier des possibles " troubles à l'ordre public " qui ne viennent jamais de nous mais de " contre-manifestants " bruyants et de mauvaise foi.

Aussi, je suis heureuse de signaler l'inauguration à Toulon, à la chapelle du Cap Falcon, entièrement réhabilitée, du mémorial des cimetières " Algérie-Maroc-Tunisie ", sous le patronage et en présence du sénateur-maire de Toulon, Hubert Falco, grâce au travail poursuivi sans relâche de Ghislaine Ruvira, présidente de l'Union des Associations Varoises des Français Rapatriés d'Outre-mer. Plusieurs centaines de personnes ont prié ensemble la Vierge Blanche du Cap Falcon, la vierge Pèlerine de Théoule et la vierge de Santa-Cruz, amenées tout exprès à Toulon. Puisse notre Vierge, Une et Multiple, inspirer les responsables politiques ou associatifs pour une véritable union des cœurs et des actes.
Geneviève de Ternant
Septembre 2007

 
 
Le secret de Pierre Mesmer

Dans un article du Figaro de 4 septembre 2007, Yvon Gattaz (de l'Académie des sciences morales et politiques) raconte que lors d'une réunion du Bureau de l'Académie " un lundi d'octobre 1998 " Messmer leur relata, " en leur demandant de garder provisoirement le secret ", une histoire de sa vie militaire. Lieutenant en Cyrénaïque, il fut envoyé en mission alors que Rommel cherchait à gagner Alexandrie ; il devait avec sa section être récupéré en un endroit précis par des camions alliés, la mission accomplie ; mais les camions ne vinrent jamais et le commando abandonné effectua une retraite qui " fut un calvaire ". Finalement seuls deux d'entre eux regagnèrent leur base. Messmer demanda à son commandant des explications et celui-ci lui répondit : " Je n'ai envoyé personne car j'étais persuadé que vous seriez tous morts dans l'opération. " Messmer " ne lui cacha pas son indignation. "
Voila qui ne manque pas de sel ! Messmer se rendit coupable d'un abandon encore plus abominable en laissant ses harkis se faire assassiner, bouillir ou étrangler pour complaire à son gourou, De Gaulle. Il était alors Ministre des Armées et je vous renvoie au livre de Georges-Marc Benamou : " Un mensonge français " : " Pire que cet abandon, Un crime d'Etat (…) Parfois pourtant la vérité éclate, sans fard, à travers un simple acte administratif comme ces trois télégrammes " secret défense " signés de Joxe et de Messmer.
" Ainsi pour contrarier l'exode des harkis, continue Georges-Marc Benamou, Louis Joxe fit verrouiller l'armée, sanctionner les indisciplinés, surveiller la stricte exécution des instructions restrictives et, par exemple, proscrire les opérations de recherche de harkis dans les douars. Averti des massacres, il fut, comme toujours, le fidèle exécutant de De Gaulle. Et Messmer, ministre des armées je le redis, ne protesta pas, ne démissionna pas et signa les télégrammes !
Yvon Gattaz rend cet " hommage tardif pour sa conduite une fois de plus héroïque, pour son désintéressement total et pour son exceptionnelle modestie. " Quelle amertume je ressens à cet hommage immérité car si en effet Messmer fut un soldat courageux, il fut aussi l'instrument de la bassesse de De Gaulle et préserva sa carrière et les honneurs au détriment de son honneur. Pire encore, lui n'a même pas eu le courage de se repentir de l'abandon des hommes auxquels il avait fait le serment de les protéger et de ne jamais les laisser aux mains des plus féroces de leurs ennemis.
Je ne connais pas le nom du commandant dont il est question, mais j'imagine qu'il attendait de pied ferme l'arrivée de cet homme qu'il avait abandonné pour lui dire avec ironie : " Tu quoque filii ! " (Toi aussi, mon fils ! "
Geneviève de Ternant
5 septembre 2007


 
 
Le fond du fonds

Le fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme a décidé, le 20 juillet, d'accorder une indemnité à une des filles de nationalité française de l'ex président Rwandais Juvénal Habyarimana assassiné en avril 1994. Marie-Mercie Habyarimana, 28 ans, demande 75.000 euros pour son " préjudice moral ". Elle avait assisté au crash de l'avion ramenant son père à Kigali. Elle réclame de plus 2000.000 euros au titre de son préjudice matériel, ayant du quitter " précipitamment " son pays. Les autres enfants n'ont pas la nationalité française et donc n'ont pu entreprendre cette démarche.
Cet article que me soumet notre ami Hervé Cuesta, infatigable traqueur de tout ce qui se publie et peut nous concerner, a paru dans le journal " Sud Ouest " le 23 août 2007. Il me plonge dans un abîme de perplexité… et d'espoir ! Ne pouvant pas une seule seconde imaginer que la France, pays de droit, comme chacun sait, puisse traiter de façon différente ses ressortissants, j'imagine -allons, ne riez pas !- que le sus dit Fonds de garantie s'occupe activement à évaluer les indemnités qu'il se propose de verser à chacun de nous, malheureux Français d'Algérie, contraints de quitter Ô combien " précipitamment " notre pays et que le pretium doloris du à la perte de notre ciel, de notre mer, sans compter, bien sûr, nos maisons, nos métiers, va, dans les très prochains mois, faire l'objet d'indemnités confortables pour tous puisque enfin ces privations brutales ont concerné le pauvre et l'ancien riche, qu'il y eut un nombre de suicides et de maladies mortelles en quantité équivalente dans l'une et l'autre catégorie de " rapatriés " et qu'on en compta tout autant dans les hôpitaux psychiatriques.
On va évaluer au plus juste la douleur des mères et des épouses de disparus civils ou militaires sans nul doute hachés menus par les gentils copains du chef de l'Etat et peser au trébuchet le chagrin des enfants sans père ou sans mère, champions toutes catégories de la résilience.
Allons, mes frères en diaspora algérienne, vous voyez bien que tout espoir n'est pas perdu. La France, nous le découvrons quarante cinq ans après notre drame, possède un fonds de garantie pour les victimes d'actes de terrorisme : Cette jeune femme dont le père fut assassiné il n'y a que treize ans se révèle notre cheval de Troie dans note combat… Si Dios quiere !

Geneviève de Ternant
Août 2007

 
 
Identité nationale

Coucou, le revoilou ! Le 99 se refait une santé sur nos cartes électorales et, bien entendu, sur nos passeports et autres papiers d'identité. Les diverses réponses à la protestation de Simone Gautier ne sont guère encourageantes, (On peut les consulter sur le site : Oran 1962 dans "actualité") mais, enfin, s'il n'est pas nécessaire et suffisant d'être né dans un département français pour être français et non catalogué étranger, que fait-on de ce fameux droit du sol dont on nous à tant chauffé les oreilles ? Notre tout neuf Président de la République est allé déposer une gerbe à ce haut lieu de l'identité nationale qu'est le Plateau des Glières. Geste fort et Ô combien symbolique. Malraux, de sa voix étrange, disait : " L'histoire des Glières est une grande et simple histoire. Pourtant il faut que ceux qui n'étaient pas nés alors sachent qu'elle n'est pas d'abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l'entendirent sur les ondes brouillées, c'est qu'ils y trouvèrent l'un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang. "
Il est vrai et nous ne pouvons que souscrire à ces propos. Tous ceux qui se sont levés contre le lâche abandon de notre terre natale ont fait aussi le sacrifice du sang, ont parlé aussi ce même vieux langage des hommes qui ne plient pas dans l'adversité, qui oublient carrière, prudence, et même famille, lorsque l'honneur demande de se lever et de contrer par tous les moyens les reniements et le déshonneur. Notre cœur, aujourd'hui, se serre lorsque les fossoyeurs de la vérité crient au scandale devant les stèles de nos pauvres morts, lorsqu'on empêche nos défilés, nos réunions dignes. Ceux qui ont combattu en uniforme ou en secret l'abandon à un FLN égorgeur de nos paisibles cités, de nos campagnes prospères méritent, tout autant que les résistants glorieux du Plateau des Glières l'hommage des consciences pures, des patriotes sincères.
Il appartient, maintenant, à ce Président de la République qui se présente comme celui de tous les Français de réconcilier enfin dans une histoire limpide et sans tabous les Français d'Algérie, de toutes ethnies, avec une France digne de celle qu'ils ont aimée et servie, une France digne de Tom Morel, enterré par ses hommes sur ce Plateau des Glières, une France qui, comme l'écrivait le Duc d'Orléans, était si belle quand on la voyait de loin.
Courage, Monsieur le Président de la République, rendez-nous notre identité nationale.
Geneviève de Ternant Mai 2007
 
 
La Charia est parmi nous.

Haro sur les miniatures persanes ! Cet art délicat est une injure grave contre l'Islam puisqu'il ose représenter le visage de Mahomet. Les Editions Bellin l'ont si bien compris que la reproduction dans un manuel scolaire d'un de ces chefs-d'œuvre qui y était présenté montre maintenant le visage flouté du Prophète. Une telle décision ne légitime-t-elle pas la destruction des Bouddhas Banians ? Et partant, la destruction de toutes les statues et tableaux qui osent représenter le visage humain, ce que prônèrent les islamistes et bien plus tôt, les iconoclastes ? Et vive la loi islamique en France et dans nos écoles…
On avait déjà supprimé les arbres de Noël pour tous les écoliers de certains établissements pour ne pas choquer les élèves musulmans. On enseigne tout et n'importe quoi sous couvert de l'Histoire redécouplée à la mode islamique. Certains juges n'appliquent plus le droit français dans nos palais de justice ! Vous ne me croyez pas ? Le Tribunal Administratif de Lyon vient de rendre une décision au nom de la Kafala. Si vous ne savez pas ce que c'est, vous avez intérêt à apprendre rapidement les lois de la Charia : Une Algérienne voulait adopter son neveu au titre du regroupement familial. Le juge algérien avait permis ce transfert au nom de la Kafala, l'adoption coranique. Le préfet du Rhône avait tranché en faveur du retour de l'enfant auprès de ses parents biologiques, en Algérie. Le Tribunal Administratif aurait pu, sans doute, permettre non l'adoption, mais le séjour de l'enfant auprès de sa tante pour diverses raisons (santé, éducation ou autres choses logiques) mais non, c'est au nom du respect d'une loi coranique, donc étrangère à notre code, que ce tribunal a justifié sa position. La loi française ? Quelle importance ?
Nous ne sommes pas le seul pays dans ce cas : Une jeune femme marocaine se faisant tabasser régulièrement par son époux, marocain également, a osé demander le divorce à un juge allemand. Il l'a refusé au motif que " le Coran ne condamne pas ce genre de pratique " ! En fait, il la prône ! Si la femme meurt sous les coups, ce juge sera-t-il poursuivi pour non assistance à personne en danger ?
On avait déjà les horaires aménagés dans les piscines pour séparer hommes et femmes et les cantines sans charcuterie : Est-il laïque, demandais-je déjà, à l'époque, de priver nos enfants de quiche lorraine et de choucroute alsacienne ?
Non, nous ne sommes pas les seuls en matière d'absurdité : Au Canada, un jeune Sikh a intenté un procès à son école pour avoir le droit de porter en classe son Kirpan, c'est-à-dire son poignard. Et la justice l'a permis, à condition que le poignard soit dans un fourreau !
Le Directeur général des élections a autorisé les Musulmanes à voter sans soulever leur voile, leur burka ! Elles ne peuvent être fouillées que par des policières, " ou, si c'est un policier, mais à tâtons ! " Ils ne connaissent pas nos glorieuses poseuses de bombes d'Alger, ça va venir !
Dans une " Cabane à sucre ", restaurant typiquement québécois, des musulmans ont demandé des " fèves au lard, sans lard " et ont même exigé de faire sortir d'autres personnes pour avoir la place pour prier… Les demandes de dérogations se multiplient au bureau, à l'hôpital, à l'école pour raisons religieuses. C'est au point que Rachida Azdouz, Vice-doyenne de l'Université de Montréal, a déclaré : " Nous sommes frappés de plein fouet, nous qui nous disons si tolérants, par des demandes qui viennent heurter nos valeurs de modernité, laïques et féminines. "
Il ne faut pas croire d'ailleurs que les demandes viennent exclusivement de musulmans fanatiques ; des dérogations sont ainsi exigées par des groupes protestants, adventistes et pentecôtistes dit Robert Sylvestre, de la commission des Droits de la personne et des Juifs Hassidiques ont obligé un club de sport de Montréal à givrer ses vitres pour que les élèves de l'école hassidique d'en face ne lorgnent pas les filles en short ! Que n'ont-ils givré leurs propres vitres ?
Il semble bien que les grands absents de toutes revendications soient les catholiques romains qui acceptent toutes celles des autres et supportent les injures en tendant la joue gauche. Mais on nous parle d'identité nationale…
" Accommodements raisonnables " disaient les Canadiens, et maintenant, ils disent : " ça commence à faire, là ! " Ils en ont même fait une chanson : " Nous sommes-nous fracturé la raison / Pour les caprices de chaque religion ?/ Vos accommodements raisonnables/ on est pu capable ! "
On a lâché l'Algérie à cause du Djihad, lequel se réveille, une fois de plus à Alger, au Maroc, en Tunisie et, sans doute, on ne sait quand, on ne sait où, on ne sait comment, dans notre pauvre vieille Europe déboussolée. La triste constatation -révérence gardée- de nos cousins canadien s'impose, hélas ! " On est dans marde pas à peu prés, mon tit gars ! "

Sources : le Figaro du 27 mars 2007, Valeurs Actuelles 23/29 mars 2007, La Voix des Français, Reconquête mars 2007 etc…

Geneviève de Ternant
Avril 2007

 
 
Les manchots ont froid aux pieds

Je vous entends déjà rigoler, iconoclastes que vous êtes : " Ils ne risquent pas d'avoir froid aux mains ! " Mais non, sans cœurs, il s'agit de ce sympathique animal, vedette involontaire et gratuite d'un film célèbre.
Il paraît que ce champion toutes catégories de la survie en milieu polaire possède un système performant de petits radiateurs sanguins qui maintiennent la température de ses petons à un ou deux degrés au dessus de zéro, ce qui leur permet de ne pas geler.
Petit pied-noir devait avoir, à son insu, le même genre de radiateurs internes pour survivre dans l'atmosphère glaciale qui l'attendait sur l'accueillant sol français en 1962. Faute de pouvoir aller se faire rapatrier ailleurs comme le lui suggérait gentiment Deferre, Maire de Marseille à l'époque ; nullement découragé par le chœur sartrien : gauche hurlante et soi-disant droite muette au mieux, imprécatoire au pire, petit pied-noir gelé s'inspira, sans le savoir, bien sûr, du manchot qui pour ne pas avoir trop froid bascule sur ses pattes afin de ne reposer que sur les talons et la queue. Bon, c'est une figure de rhétorique, hein ! Je veux dire que, ne sachant plus sur quel pied danser, il s'efforça de se faire le plus petit possible, de minimiser, à l'instar de la dite bébête, le contact avec le sol…Et pourtant, gros manchot et petit pied noir ont vraiment froid et pas seulement aux pieds.
Je puise ma science toute neuve (concernant les manchots) dans un article de Jean-Luc Nathias (Figaro du mercredi 28 février 2007) intitulé : " Pourquoi les animaux polaires ne gèlent-ils pas ? " Il m'a entraîné vers ces considérations peu orthodoxes sur la faculté d'adaptation du pied-noir en milieu glacial. La suite n'est pas moins instructive : " Dernière stratégie, continue l'auteur de l'article, la formation en tortue. Les manchots se regroupent et se serrent les uns contre les autres par groupe de quelques milliers d'individus à raison de 8 à 10 manchots au mètre carré. Ils changent constamment de place… " Tout comme nous, on s'est construit une carapace de tortue et on n'a pas arrêté de bouger. Et voila pourquoi il y eut une infinité de petites associations de Pieds-Noirs, grelottant mais bien serrés dans leur besoin commun de se réchauffer. Faire l'unité aurait sans nul doute été plus productif mais ce n'était pas conforme à l'instinct de survie qui nous a permis de tenir le coup. Il nous fallait retrouver nos voisins du village ou de la rue, de l'école ou du lycée ; et si beaucoup d'entre nous ont adhéré et soutenu, heureusement, les grandes associations que je qualifierais de thématiques : la MAFA, l'ANFANOMA, le GNPI et quelques autres, c'était par raison mais le cœur battait en petits groupes. On peut le regretter mais, peut-être les manchots vous inclineront-ils à plus de compréhension, plus de tendresse pour ceux qui se sont, dés le début, dévoués, comme ils ont pu. Cela nous a aidé à vivre, à retrousser nos manches et à prouver que les Pieds-noirs, même s'ils ont froid aux pieds, ne sont pas des manchots.
Geneviève de Ternant
Février 2007

 
 
Je m'interroge…


Le 25 février sont distribués les " Oscars " à Los Angeles. Le film " Indigènes " est sélectionné au titre de film algérien, alors qu'il a été primé comme film français à Cannes et, je crois aussi, aux " Césars ". Ce serait en raison de la double nationalité de son réalisateur, Rachid Bouchared. C'est une co-production franco-algéro-maroco-belge, ce qui justifie de le présenter sous n'importe quelle étiquette. Mais, au-delà de l'anecdote -Nous sommes habitués aux incohérences de notre " Culture "- Il est tout de même paradoxal que l'Algérie se targue, aujourd'hui, du sacrifice très réel des soldats musulmans français d'Algérie, alors que, depuis l'indépendance, les dirigeants du FLN toujours au pouvoir n'ont cessé de vilipender ceux qui ont servi la France en 132 ans, au point d'avoir tué dans d'affreuses tortures les anciens combattants aux quels ils ont fait avaler leurs décorations ! Je m'interroge…

Selon l'Ifop, c'est l'album de la rappeuse Diam's, " Dans ma bulle ", qui s'est le mieux vendu l'an dernier. De son vrai nom Mélanie Georgiades, ce qui fait vaguement grec, la rappeuse chante dans " Ma France à moi ", extrait du dit album ces paroles poétiques : " Ma France à moi, c'est pas la leur, celle qui vote extrême (…) celle qui vénère Sarko, intolérante et gênante/ celle qui regarde Julie Lescaut et regrette le temps des Choristes/ qui laisse crever les pauvres et mets ses propres parents à l'hospice/ Non, ma France à moi c'est pas la leur qui fête le beaujolais/et qui prétend s'être fait baiser par l'arrivée des immigrés/ celle qui pense que la police a toujours bien fait son travail/ celle qui se gratte les couilles à table en regardant Laurent Gerra/ non, c'est pas ma France à moi, cette France profonde/ Ma France à moi leur tiendra tête jusqu'à ce qu'ils nous respectent. " Et la Fnac de conclure : " C'est une artiste sincère, qui ne mâche pas ses mots. " Amis, jugez sur pièce, pour moi, je m'interroge…

Le dimanche, à Présence Protestante et au Jour du Seigneur, France 2 encourage à contrecarrer les lois qui limiteraient l'accès à la France généreuse afin de soulager sans frein et sans contrôle tous les êtres humains qui entrent sans même frapper à la porte. Or, le Catéchisme de l'Eglise Catholique imprimé sous l'autorité de Jean-Paul II en 1992 stipule page 463 " qu'on est tenu de veiller à sa propre vie, plus qu'à celle d'autrui. " et page 469 : " L'émigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine naturel et spirituel de son pays d'accueil, obéir à ses lois et contribuer à ses charges. " et plus loin : " Préserver le bien commun de la société exige la mise hors d'état de nuire de l'agresseur. A ce titre, l'enseignement traditionnel de l'Eglise a reconnu le bien-fondé du droit et du devoir de l'autorité publique légitime de sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit sans exclure, dans des cas d'une extrême gravité, la peine de mort. " Au moment où les politiques envisagent d'inscrire dans la Constitution l'abolition absolue de la peine de mort, on ne peut qu'être interpellés par ces positions contradictoires. Notre bon pape défunt était-il un abominable fasciste ? Je m'interroge…

Denis Tillinac écrit : " Sous la plage de la compassion, il y a des pavés d'une discrimination aussi pernicieuse que le racisme ordinaire ", ce qui est déjà une réponse. Le Président U.M.P. du Sénat, Christian Poncelet a proposé à Catherine Tasca, sénatrice P.S. des Yvelines et ex ministre de Mitterand de succéder au Conseil Constitutionnel à Simone Veil en fin de mandat en février. Celle-ci a refusé et Poncelet doit choisir un nouveau nom… De droite cette fois ? Je m'interroge…

Peut-être ne savez-vous pas qui est Rémy Mauduit ? De son vrai nom, Madoui, il fut un fellagha dés 1954, puis, suspecté par ses petits camarades de complicité avec l'armée française, il fut emprisonné et torturé. Il réussit à s'échapper et à rejoindre les forces françaises où il devint lieutenant à la tête d'un commando anti FLN. Après l'indépendance, il refait sa vie aux Etat-Unis et vient d'être recruté par l'armée américaine pour son expérience contre révolutionnaire. Il a publié un livre : " J'ai été fellagha, officier français et déserteur " en 2004 aux éditions du Seuil. En effet, la Rand Corporation, l'un des centres de recherche américains en matière militaire vient de rééditer en anglais " La contre-insurrection, théorie et pratique " du colonel David Galula publié initialement en 1964. David Galula est, avec le lieutenant colonel Roger Trinquier et le britannique Franck Kitson, un des auteurs militaires les plus importants de la guerre contre-révolutionnaire. L'islamologue John W. Kiser publie dans la revue des troupes d'élites américaines : Marine Corps Gazette, un article intitulé : " De l'Algérie à l'Irak " et l'on étudie avec soin le film " La bataille d'Alger " non sous l'angle bêlant des intellectuels parisiens, mais pour l'efficacité des méthodes employées. Hasard de l'histoire, elle se déroula il y a exactement 50 ans. Enfin, depuis l'an dernier, l'Air end Space Power journal périodique de l'armée de l'air américaine publie une édition en français (après celle en arabe) dont le rédacteur en chef est justement ce Rémy Mauduit dont je vous entretenais. Le général Lorenz en dit : " Originaire d'Algérie, il a une expérience considérable de la contre-insurrection lors de la guerre d'Algérie de 1954 à 1962. " On voit par ces différentes publications combien l'armée américaine, embourbée en Irak, cherche à s'inspirer des méthodes qui en Algérie ont permis quelques années de relatives paix entre 1957 et 1959. N'est-ce pas étrange alors que ces " Frenchies " sont, en France, voués aux gémonies par cette intelligentsia toujours aussi bête. Alors, bien sûr, je m'interroge…


Geneviève de Ternant
Février 2007

 
 
Enfin Malherbe vint !

Le professeur Alain Bentolila estime que les enfants vivent en " insécurité linguistique " ; l'école ne leur donne pas une bonne maîtrise de la langue (Le verbe contre la barbarie, édition Odile Jacob). Je crains que la chose ne perdure depuis fort longtemps. Ne viens-je pas d'entendre notre présidentiable en jupon dire, à propos du " bon mot " de son porte-parole, Arnaud Montebourg, rendu muet un ou deux mois, je crois, par ordre, qu'il a fait une plaisanterie car il a de la " spiritualité " ! Elle a du confondre l'esprit français et le Saint Esprit ! Et vive la bravitude dans la linguistitude !
Comment voulons-nous que les gens comprennent ce qu'on leur dit si on emploie un mot pour un autre ? Cette maladie langagière sévit de plus en plus. Il est devenu courant d'entendre " expertise " pour " expérience " et combien d'autres approximations plus ou moins franglaises ! Maîtriser le langage c'est maîtriser le monde qui nous entoure et il n'est pas étonnant que les voyous ne disposent, paraît-il, que de quelques soixantaines de mots. " Celui qui parle avec sa bouche ne parle pas avec ses poings ". Il devient urgent de distribuer, dans les stades, les chroniques du cher Blondin ou, à défaut, le dernier petit livre délicieux de Philippe Delerm : " La tranchée d'Arenberg et autres voluptés sportives ", mais sans doute nos sauvages de tribunes croiraient-ils que c'est du chinois…

Nous voila loin de notre Algérie, penserez-vous ? Point du tout. L'école de notre terre natale fut une pépinière d'excellents francophones et les élites arabes et berbères se faisaient fort de s'exprimer avec la plus grande précision dans un français impeccable et je me souviens des joutes d'esprit français entre mon père et son ami d'enfance, Ali Chekal, tous deux avocats : Un régal !

Or, dans les élites ainsi formées par la débonnaire éducation nationale en Algérie, certains prirent le parti de la révolution, d'autres celui de la légalité douce de la France. Ceux-là furent les premières cibles des terroristes et Ali Chékal mourut sous les balles du FLN, à Paris, dans le stade où il assistait à un match de football au côté du Président de la République.

Et comme la révolution dévore ses enfants, ceux qui avaient choisi le parti des terroristes furent à leur tour assassinés par les durs les plus sanguinaires quand ils ne réussirent pas à mettre la Méditerranée entre eux et leurs petits camarades…Or, tel le culbuto, l'actuel président de la République d'Algérie ressurgit toujours malgré les embûches et la maladie. Il faut croire qu'il détient en lieu sûr des dossiers accablants pour beaucoup de gens… Cependant, s'il venait à perdre son pouvoir, il pourrait utilement se recycler pour apprendre à Dame Royal à s'exprimer en bon français. Avouez que c'est un comble !

En tous cas, je recommande le livre d'Alain Bentolila " à ceux qui briguent de hautes et prochaines responsabilités " (dixit Damien Le Garay in Le Figaro n° 19442 du 3/2/2007) ; Croyez bien que la pub est gratuite et spontanée !
Geneviève de Ternant
Février 2007

 
 
A propos de la bataille d'Alger

Etait-il bien utile de rouvrir les plaies mal cicatrisées en rediffusant le film d'Yves Boisset ? Sans doute la chaîne France 2 a t-elle voulu contrebalancer l'effet des films de Gilles Pérez et de Karine Bonjour sur la 3, puisqu'il faut à tout prix et surtout au prix de la vérité que l'armée française soit coupable, que les pieds-noirs soient coupables. Pourtant, Yves Boisset lui-même, dans le Figaro du 11 janvier 2007 revient sur son œuvre et sur cette époque avec " un regard nouveau à l'aune, notamment, des attentats de 2001 du World Trade Center. " Passons sur le fait (raciste et discriminatoire ?) que les morts américains semblent peser bien plus lourd que les malheureux morts et mutilés européens et arabes d'Algérie. Il dit donc que " son regard est plus juste, plus détaché, plus historique, moins manichéen, moins clément envers les terroristes, comme le politiquement correct le voulait jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont modifié la façon de penser. " Et la journaliste qui l'interviewe, Isabelle Nataf, de continuer : " On peut à présent, comme le souligne Yves Boisset, commencer à insinuer le doute sur " la blancheur de certains héros de la résistance algérienne. "

Effectivement, quand on voit Yassef Saadi, avec son bon visage de faux jeton dire qu'il a pleuré au spectacle des jeunes mutilés par la bombe qu'il a fait placer au Casino de la Corniche, cela me rappelle furieusement cet officier SS, adjoint de Goebbels affirmant qu'il avait à regret envoyé les juifs d'Auschwitz au crématoire, mais " il fallait que quelqu'un le fasse ! " Monstrueux ! Indécent ! Je boue !

Mais continuons à écouter Yves Boisset ou du moins les propos que lui prête la journaliste : " Ce sont les Algériens qui, les premiers, ont inventé le terrorisme contre les civils, remarque-t-il, ils avaient coutume de se revendiquer de la Résistance française quand ils commettaient des attentats, mais jamais la Résistance ne s'est attaquée à des civils. " Propos qui méritent d'être nuancés, mais continuons : " Les militaires ont fait le sale boulot, eux avaient les mains dans le cambouis, alors que la responsabilité venait des politiques. " Tient, tiens ! On y vient. " Avant de condamner, il ne faut pas oublier que des civils sautaient tous les jours et la tentation était grande d'interroger brutalement les terroristes pour faire cesser le massacre. Mais cette question est très compliquée. Insoluble même. "

Encore une fois, il ne s'agit pour moi ni d'excuser ni d'accabler qui que ce soit mais la question que je pose est : Monsieur Boisset, qu'auriez-vous fait si votre fille ou votre femme avait eu la jambe arrachée pour avoir commis l'abominable crime d'aller danser au Casino de la Corniche ou d'aller manger une glace au Milk-Bar ? Cette question, vous auriez du vous la poser en 1973, quand vous avez fait ce film qui a pesé lourdement pour stigmatiser les malheureux pieds-noirs qui n'y étaient pour rien et que beaucoup de Français rejetaient déjà pour mille et un préjugés stupides. Enfin, le film se termine sur une belle ânerie : La bataille d'Alger aurait soudé la population algérienne " dans sa lutte historique " ! C'est faire bon marché de l'extraordinaire élan des journées de mai 1968 où la population arabe, lasse des exactions des terroristes FLN, s'est montrée beaucoup plus soudée mais pour affirmer sa fidélité à la France. Hélas, trahie, comme nous tous, par De Gaulle, le félon !

Geneviève de Ternant
Janvier 2007

 
 
Le soleil radieux de la liberté et de l'indépendance

L'avocat et historien algérien, Rachid Benblal écrit dans El Watan du 9 janvier 2007 : " En novembre 1954, le peuple algérien, sous l'impulsion d'une moisson de résistants animés par la sève brute du patriotisme, mis sur pied ses forces et sa volonté et chassa après une guerre de huit années l'ouragan (Note personnelle : La France accusée de tous les maux.) qui laissa place au soleil radieux de la liberté et de l'indépendance. "
Je ne reviendrai pas sur l'incohérence des propos et le racisme délibéré de l'auteur envers les Français et les Juifs : Il y faudrait un traité complet. Je m'interroge sur l'expression concernant les soldats arabes qui auraient séduit Napoléon III par " le charnue chevaleresque de nos guerriers "… Mais là n'est pas mon propos. Je me contenterai de citer quelques articles : Un journaliste qui signe F. Boumediene écrit le 4 janvier 2007 (Merci à Jean-Pierre Rondeau qui a transmis l'article sur le Web) : " Oran a presque des allures d'un douar par endroits par la présence de chiens errants, particulièrement en plein centre-ville. (…) Les zoonoses, les maladies transmissibles à l'homme par les animaux, ne sont plus depuis longtemps l'apanage des pathologies des campagnes. (…) La situation épidémiologique dans la wilaya d'Oran livre des chiffres inquiétants : Ainsi en 2006, il y a eu 2.622 cas de morsures d'animaux dont 65,71 % de chiens, 19,23 de chats et 11,25 de rats. " Tout l'article est à lire et il figure sur le site http:// oran1962free.fr géré avec efficacité et dévouement par Hervé Cuesta.

Est-ce donc là le soleil radieux de l'indépendance ? Faut-il rappeler l'œuvre admirable, bienfaisante et positive des médecins du temps abominable de la colonisation ? Je retrouve dans mes archives un article toujours d'El Watan, le 28 juin 2000 intitulé : Bouteflika historien et signé A.C. " Voila qu'on le découvre féru d'histoire. Devant un parterre de la société parisienne, il affiche une connaissance bien maîtrisée de l'histoire de France " de la Gaulle de Vercingétorix jusqu'aux temps modernes " ; il s'autorise même de lancer une pique aux français coupables de ne pas avoir enseigné aux enfants colonisés la véritable histoire d'Algérie (Note de moi, ce n'est pas vrai !) Sait-il seulement que quarante ans après le départ des derniers colons, les petits Algériens dorénavant décolonisés, ignorent tout de l'Algérie antique. La Kahéna, Koceïla, par exemple, restent bannis des manuels d'histoire. Sans parler de bien d'autres personnages historiques. Qui est derrière cette mise à l'écart ? On aimerait bien voir notre président lancer des piques en direction de ces " falsificateurs " et ordonner de sa voix chaude de " rendre à l'histoire ce qui appartient à l'histoire ".
Il est certain que si les historiens, de part et d'autre de la Méditerranée, se mettent à dire la vérité, les politiques, des deux côtés aussi, auraient chaud, très chaud !

Mais les journalistes algériens, pour ne pas aller en prison, se censurent prudemment et les journalistes français, pour la plupart, cultivent la langue de bois du politiquement correct, surtout quand il s'agit de l'Algérie… Soleil radieux de la liberté et de l'indépendance ?

Et je ne parle pas des innombrables articles que je détiens concernant les exactions en tous genres, les expulsions de familles arabes par leur " propriétaire " sans autre titre que " bien vacant " de 1962, c'est-à-dire spoliés à leur légitime propriétaire " rapatrié " en urgence qui, lui, n'aurait jamais viré des locataires qui payent rubis sur l'ongle leur loyer… Je ne parle pas de la guerre civile qui a ensanglanté la malheureuse Algérie durant près de dix ans, ni des attentats qui sévissent encore tuant de pauvres civils arabes sous les coups des djihadistes. Je ne parle pas de cette peste terroriste qui se répand à partir de l'Algérie en Tunisie, au Maroc, en Egypte et menacé d'envahir l'Europe sous l'étendard radieux de la liberté (religieuse sans doute !) et de l'indépendance des nations…

Je vous livrerai seulement la lettre de Mourad, combattant du FLN, publiée dans le Monde du mercredi 31 décembre 1997 et datée du 8 octobre 1994 : " Vieux Frère, encore une lettre sans signature. Ca déborde de courage. Pour la simple raison que les salauds sont au tri postal et dans beaucoup de bureaux de poste. Alger se vide. Alger est vide. Que de salauds ont pris la poudre d'escampette. Hier, ils se pavanaient dans les couloirs du pouvoir, se baladaient de par le monde au frais du peuple, au nom du pouvoir et pour le pouvoir, et aujourd'hui, ils quittent le bateau en feu, comme des rats, les premiers et je suis sûr qu'ils jouent les démocrates à l'ombre de la Tour Eiffel !
La peur. Le mot ignoble. La mort ! Et puis après ? J'ai peur de mourir égorgé ; peur de mourir la tête éclatée. J'ai peur pour mon fils, pour ma fille, pour ma femme, pour moi, pour mes frères et leurs enfants. J'ai peur de mon ombre, d'un regard inconnu, d'une présence étrangère, de la sonnerie du téléphone, des coups à la porte de la maison, des barrages, des voitures qui suivent derrière moi, ou qui me croisent, au marché, chez le marchand de tabac, dans la rue ! Et la nuit ! C'est le cirque. Insomnies ! Au moindre bruit, debout. Avec le couvre-feu, le silence total. Une voiture s'arrête prés de la maison ? On fait l'obscurité totale. On guette. Même avec cette peur, il y a les " nouvelles ". Au portail des écoles, des profs égorgés et accrochés. Dans la cour des écoles, des têtes sans corps. Jeudi, au centre-ville, cinq policiers mitraillés dans leur voiture, devant la porte du lycée. Morts sur le coup. Avant-hier, un enseignant à Notre-Dame d'Afrique, abattu. Il y a quinze jours, un voisin égorgé avec trois autres et une jeune fille. Je ne parle pas des familles égorgées, des vieux abattus, des filles et des femmes enlevées et violées, de ce qui brûle, des écoles fermées ainsi que des lycée etc…L'HORREUR ! (…) J'ai longtemps hésité pour t'écrire. Te raconter notre merde, c'est tout ce que je sais. Toute mon affection à Nathalie et à Christine. Mourad. "

Ainsi les malheureux civils algériens souffraient et souffrent encore les mêmes horreurs que le FLN nous a infligées. C'est avec désespoir que je raconte tout cela. J'aurai tant voulu m'être trompée, en prévoyant le pire pour l'Algérie après le départ des Français. Oui ! J'aurai aimé que ce pauvre et merveilleux pays soit heureux, sans nous, comme il l'avait été avec nous. Hélas ! Le cycle infernal recommence avec les djihadistes que Bouteflika a libérés… Pouvait-il en être autrement ?

Ah ! Oui, saluons avec Rachid Benblal le soleil radieux de la liberté et de l'indépendance et craignons qu'il se lève aussi sur notre terre de France où la barbarie s'installe avec la bénédiction des imbéciles.

Geneviève de Ternant
Janvier 2007

 
 
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