"Tu seras fidèle aux
tiens, surtout quand la nation les oublie ou les diffame."
Le Onzième commandement, André Rossfelder. |
ARCHIVES LIBRES PROPOS - Décembre 2006 à
mars 2004
|
|
Pauvre Boutef !
Il n'est pas fauché, le Boutef ! Thierry Oberlé (Figaro
21/11/2006) raconte comment les Islamistes graciés rejoignent les
maquis salafistes et multiplient les attentats un peu partout en Algérie
; cela ne nous rappelle-t-il pas la fameuse trêve unilatérale
de De Gaulle ? Et comme le signale Hamid Lafrad : " beaucoup redoutent
de voir s'opérer bientôt la jonction entre l'islamisme "
social " de Kébir (Rabah Kébir, ancien chef du mouvement
de l'étranger) et l'islamisme dormant de Ben hadj (Ali Bel-Hadj,
n°2 du Front islamique du salut) " et citant un haut fonctionnaire
tenu à l'anonymat, il ajoute : " la nouvelle face aimable
de l'islamisme algérien n'est pas convaincante ; nous assistons
à une islamisation rampante de la société, le retour
en force du hidjab, des barbes, des gandouras et le redéploiement
des repentis dans le commerce et le social sont des signes avant-coureurs
d'un retour beaucoup plus dur des islamistes. " Pauvre Boutef ! Geneviève de Ternant |
De la salutaire indignation
|
Lors du Congrès Algérianiste des 21/22 octobre dernier,
la présence du Professeur Jean-François Mattéi était
annoncée. Ce fut une déception de ne pas l'y rencontrer,
mais il participait, je crois, ces mêmes jours à un important
colloque à Menton: Il n'a pas le don d'ubiquité. J'ai lu
avec un immense intérêt son livre publié l'an dernier
intitulé: De l'indignation, (Editions de La Table Ronde). |
Merci de ne m'avoir pas citée
|
Le 25 juillet 2006, M. Boris Thiolay, journaliste à L'Express,
m'a longuement interviewée par téléphone. Il semble
qu'une seule chose intéressait ce monsieur: me faire dire le chiffre
des morts et disparus le 5 juillet 1962 à Oran. Une fois de plus,
j'ai expliqué que la rumeur dans les jours suivants parlait de 3.000
morts et disparus, mais que nous n'avions aucun moyen de préciser
le nombre de victimes. Probablement très déçu, il n'a
fait état, dans son article publié dans l'Express n° 2880
du 14 au 20 septembre 2006, ni des informations que je lui ai données
ni de mon travail: Les 3 tomes de témoignages et d'enquêtes
publiées dans "L'Agonie d'Oran" (Editions Jacques Gandini).
Je lui en suis infiniment reconnaissante, étant donné la façon
dont il a mouliné les faits et les témoignages au point de
dresser de nombreux lecteurs contre mes amis de longue date: Jean Monneret,
Colette Ducos-Ader et Maurice Faivre. J'en veux pour preuve le communiqué
laconique et précis de Jean Monneret. Ces personnes ont fait un travail
considérable et utile bien que je sois personnellement convaincue
que les archives mises à leur disposition sont incomplètes,
caviardées ou mensongères, et que bien d'autres documents
restent à découvrir qui les conforteront ou les infirmeront.
Les historiens du futur ont du pain sur la planche. Le 7 octobre, au Congrès Assemblée Générale de Véritas, j'ai rencontré Madame Eliane Sallabérri qui travaillait à Alger, au Rocher Noir puis à l'Ambassade France. Son service était chargé des 'victimes' et des spoliations. Monsieur de Béarn étant spécialement chargé des dossiers de spoliation).. Elle m'a affirmé que le chiffre des morts et disparus à Oran en ce funeste 5 juillet 62, était plus près de 4.000 que de 3.000 victimes. Elle regrette amèrement de n'avoir pas conservé les documents qu'elle a eus en main. Elle reste persuadée que ces documents demeurent dans les archives, probablement des Affaires étrangères. Une autre personne m'a dit avoir rencontré un lieutenant-colonel de gendarmerie mobile qui a dénombré 700 cadavres à la morgue et fait état de 3.200 disparus. Il a raconté comment un officier de santé ramassait les cadavres dans la rue et aurait téléphoné à Katz vers 16 heures. Celui-ci lui aurait dit qu'il attendait les ordres de l'Elysée .o Ces témoignages qui malheureusement sont imprécis doivent être considérés avec tout le recul nécessaire. Si cependant, ces personnes ont connaissance de notre enquête, nous leur serions reconnaissants de préciser leur identité et les circonstances de leur témoignage. En tout état de cause, trois certitudes m'habitent: -La tuerie fut préméditée, planifiée et déclenchée volontairement. - La responsabilité est équitablement partagée entre les dirigeants FLN: Ben Bella, Boumediene et Bouteflika, le responsable local, le général Katz et le chef du gouvernement absolutiste en France, le général De Gaulle. -La volonté commune des gouvernements gaullistes de droite ou de gauche, en France de cacher la vérité perdure plus de quarante quatre ans après les faits, comme perdurent les mensonges gaullistes et communistes sur la Libération, sur la guerre d'Algérie et en général sur toute l'histoire de la seconde moitié du XXe siècle. Geneviève de Ternant Octobre 2006 |
La langue est une patrie
|
" Tout pays, dit Daniel Maximin, (écrivain, responsable
éducation, recherche et littérature de francophonie) doit
construire son unité nationale autour de mythes d'origine. ( ...
) Si la République a eu besoin de la langue, la langue n'a pas besoin
de la République et s'est épanouie en littératures
au-delà de l'hexagone et, cela, depuis son origine. " Hélé-Béji, romancière tunisienne, situe remarquablement le dilemme: Les décolonisés doivent-ils écrire dans leur langue ou en français? (ou en anglais, néerlandais, portugais, allemand etc ... ) et elle dit: " Si on considère la langue française comme une patrie, au sens artistique et littéraire, celui de l'esprit, ( ... ) on ne se situe plus alors dans le clivage entre sa nation, ses racines, et la langue qu'on va utiliser qui serait celle de l'étranger, du colon, du dominateur. On se retrouve dans la question de la vérité littéraire, qui pose un tout autre problème." Elle situe le français comme une langue de conversation et non de communication, "un outil d'intelligibilité du monde dans lequel nous vivons. " Et elle pose cette question courageuse: "Quel va être le second souffle de l'humanisme à travers les cultures décolonisées qui, elles non plus, n'ont pas tenue leurs promesses, ( ... ) n'ont pas été un monde meilleur." Ces propos et bien d'autres, ont été tenus lors du colloque de la francophonie de la Société des Gens de Lettres. N'est-ce pas là reconnaître, au-delà du politique qui pollue, un rôle positif? L'agilité intellectuelle des yaouleds de notre cher Oran, attrapant au vol des bribes d'anglais ou plutôt d'américain lors du débarquement en 1942 me semble due au fait qu'ils possédaient déjà, plus ou moins deux langues, leur arabe familial, leur français de proximité ou d'école: Les chemins neuronaux étaient perméables. Doit-on comprendre que le français, langue imposée, leur fut douloureux? C'est possible et, sans doute, les plus imprégnés de culture française furent ceux qui en souffrirent. On a entendu cela des patoisants de nos provinces. Et nous ne devons pas nous le dissimuler. Ce que nous, Français, francophones de langue maternelle considérions comme une richesse, et je maintiens que c' en est une, pouvait leur peser comme un carcan, un corset aux baleines pointues. Notre bonne foi, notre tranquille assurance, ne fut jamais troublée par le moindre doute, sans quoi nous aurions tous pratiqué l'arabe. Mais alors, comment expliquer que ce soit l'agriculteur, le colon qui ait fait les frais de la majorité des exactions, lui qui, en fait, parlait l'arabe? On n'en est pas à une contradiction près ... Mais revenons à notre instructif colloque. Mukola Kadirna-Nzuji, poète et écrivain congolais, exprime cette espèce de duplicité de la conscience. Enfant, il parlait, en famille, le Tshibula, sa langue maternelle. A "l'école des blancs ", le Congo étant belge, on enseignait en français et en néerlandais. L'enfant de dix ans ne comprenait ni l'une ni l'autre langue. Cependant, il s'accroche et découvre la splendeur du français à travers le poète symboliste belge, Ver Haeren. Il écrit: " Je me suis rendu compte qu'il y avait trois types de français: Celui de Ver Hearen, celui de Senghor et celui d'autres africains. " n opta pour celui de Senghor, qui, dit-il, " d'emblée parlait à mon âme. " Ce qui, me semble-t-il, a manqué à l'éducation en Algérie, c'est que les écrivains arabes ou berbères ont écrit dans un français qui ne parlait pas à nos âmes. Si cela avait été le cas, Européens et Indigènes d'Algérie auraient peut-être été bien plus proches les uns des autres. Notre commune fascination pour tous les "parisianismes" n'a fait que creuser le fossé. Les Algérianistes, tels Randeau ou Pommier ont cru trouver la solution à ce problème que bien peu se posèrent. Il était trop tôt, sans doute. On sait l'amour que je porte à ma terre natale, cette Algérie française qui "m'est une patrie et beaucoup davantage ". Je crois que, sans jamais abandonner le combat pour que la vérité des faits soit reconnue, il est nécessaire, dans un monde où toutes les certitudes sont ébranlées, de rechercher ce qui unit les locuteurs disparates d'une même patrie: notre langue. Geneviève de Ternant - Octobre 2006 |
Des idées et des hommes
|
Dans un très brillant article publié le 18 août,
dans le Figaro, M. Percy Kemp écrit: "Au Proche-Orient, les
idées sont homicides. " Cette assertion est tout à fait
exacte, sauf qu'elles ne tuent pas qu'au proche-orient. Tout est idée,
donc tout peut tuer. Le danger vient des hommes qui les manipulent; tout
comme un revolver, une bombe ne devienent dangereux que si 1 'homme qui
s'en sert est homicide. L'idée de liberté est un bon exemple: confiée à des gens de parfaite bonne foi mais d'opinions opposées, cette idée là fit bien des ravages, depuis toujours. En particulier depuis la Révolution française et son " idée" bien particulière: Non content d'avoir mis au tapis un grand nombre d'innocents en France, il fallut encore la véhiculer dans toute l'Europe sur les pas de Napoléon, et lui laisser faire des petits en Allemagne, en Italie, en Russie: Belle et magnifique " idée" que cette liberté, bien sur, mais homicide? Pas de doute! Et le " droit des peuples à disposer d'eux même" ? Oh la généreuse et belle " idée" ! Et vlan pour les minorités qui n'ont plus à disposer que de "la valise ou le cercueil" ! On a payé pour connaître ... La liberté? Celle de prendre, par la force, " aux riches" ce qu'ils ont gagné, (légitimement ou pas, là n'est pas le problème) ? Or, il est aisé de constater que les biens acquis par la spoliation en Algérie et dans toute l'Afrique, et au Viet Nam, et partout, ont périclités par l'incurie des spoliateurs. La liberté de vivre où cela nous convient? Qui a respecté pour nous cette liberté là ? Au contraire, chassé d'un sol aimé par une injuste loi, il nous fallut des années pour vivre à peu prés dignement dans une France, noyée de grands sentiments et de mesquinerie, une France qui nous rejette encore. Les récents interdits qui concernent nos commémorations, et jusqu'à la plus légitime, celle d'honorer la mémoire de nos morts, le prouvent assez. La liberté de dire notre propre histoire? C'est au nom de la liberté (de la presse, de l'opinion, de la création artistique ... ) que d'autres racontent doctement des balivernes historiquement correctes. Mais nous? On nous ignore, on nous insulte ... La liberté? Quelle liberté? Oui, les " idées" tuent lors que des hurluberlus encensent des poseuses de bombes ou des assassins terroristes. Ne se rendent-ils pas compte, ces donneurs de leçons, que la mort de l'Algérie Française a signé la naissance de l'ère du terrorisme qui triomphe? L'ère des morts accumulés au nom de l' " idée " ! Le 5 juillet 1962 annonçait le 11 septembre 2001 et, qu'on la condamne ou qu'on la loue, la guerre d'Algérie était grosse des drames des Balkans et du Moyen Orient; l'idée de décolonisation tue en Afrique chaque jour des millions d'enfants, de femmes, innocentes victimes des " idées " des hommes. Et depuis la nuit des temps, les religions, hélas, aussi engendrent meurtres et massacres. Puisqu'on a oublié la plus belle, la meilleure " idée" qui soit, elle aussi, née au Proche Orient: " Tu ne tueras point! " et " Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. " C'était une belle " idée" non ? Geneviève de Ternant - Septembre 2006 |
Requiem pour une terre perdue
|
J'achève en cet automne plein de soleil un livre qui m'a envahie
depuis près de quatre ans. Dans le ciel qui remplit l'espace, en
face de mon bureau, passent de gros avions avec la tranquille assurance
de notre siècle de science, avec ou sans conscience. J'ai vécu
durant ces quatre années, plus schizophrène que jamais,
entre le temps présent, avec ses combats pour la vérité
de l'histoire et les mille tracas quotidiens, et ce temps jadis devrais-je
dire naguère ?- où la France entreprenait sans le savoir,
une geste pathétique. |
La logique de Monoprix
|
Le travail de Daniel Lefeuvre, professeur à l'Université
de Paris VIII, démontre par les chiffres que l'Algérie était
un" insupportable fardeau" pour la métropole. Jacques Marseille
avait déjà ouvert cette voie d'ailleurs mathématiquement
indiscutable. Oui! La France a donné pour ses colonies et ses départements
des sommes importantes et, quant à la guerre d'Algérie, tout
à fait colossales. Et il faudrait compter les morts, les disparus,
les blessés, et les drames entraînés par ces "événements"
et leurs suites tragiques: exodes, massacres, spoliations, intoxications
des esprits à tous les niveaux ... Je ne suis pas sûre, cependant, que financièrement parlant ce même constat ait été fait pour la Corrèze, par exemple, ou pour la Corse, le Pays Basque, la Bretagne ou le Nord -et telle autre province aussi- Je m'explique: ces départements, ces régions, apportent à la Nation leurs forces vives, leur travail, leurs impôts. L'Algérie, département français faisait de même. Ces provinces, tour à tour ont essuyé des drames : les guerres de 14-18 et de 39-45 pour le Nord, le recul des industries textiles et minières, la Bretagne a des problèmes de développement en raison de son agriculture et de son élevage, le Pays Basque et la Corse sont soumis à des alternatives de calme et de terrorisme qui ne facilitent pas leur développement légitime. Je propose donc, que, faisant abstraction du courage et de la vaillance des populations de ces coins là, Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre se penchent, département par département sur leur rendement comparé à ce qu'ils coûtent. On pourrait, je.crois avoir des surprises. Et je ne parle pas des sommes, colossales consacrées à l'Ile de France pour ses banlieues puisque Paris concentre la plupart des entreprises ou de leurs sièges sociaux, ce qui rétablit, peu ou prou la balance ... Quoi que? Ceci me remet en mémoire cette anecdote : Lorsque un économiste s'étonnait des prix très bas pratiqués auprès d'un dirigeant de la chaîne Monoprix, il y a bien des années, celui-ci lui répondit cette phrase magistrale : " on perd un peu sur chaque article et on se rattrape sur la quantité! " Au pied de la lettre, c'est comique et pourtant quelle sagesse! On rogne sur la marge mais la quantité de produits vendus à moindre prix compense la perte et .permet de vivre à ce qui est devenu une institution. Bien entendu, poussé à bout, cette politique financière aboutirait à la faillite; Tout est donc dans le bon sens et la prudence. Je pense qu'à l'échelle d'un pays, adaptée au sujet, la logique de Monoprix s'impose. On dépense, bon en mal an, pour tel ou tel département et son rendement est alors amélioré et donne peu à peu un équilibre: le facteur humain est prépondérant. Les impôts de l'ensemble du pays compensent les pertes: C'est la solidarité nationale. Elle doit donc avoir les mêmes limites: le bon sens et la prudence ... Qui peut dire aujourd'hui que c'est le cas? En Algérie, le facteur humain n'est pas pris en compte, ni le fait que la population européenne d'Algérie était et est encore une des plus dynamique que l'on connaisse. La véritable et fatale raison de l'échec de l'Algérie Française est la démographie de l'élément indigène. Qui ne voit que ce problème est transposé en France maintenant et à l'échelle du malheureux continent Africain? Il est vrai que Jean-François Kahn, gourou de Marianne, aurait dit qu'il était opposé à l'Algérie Française mais qu'il ne voyait aucun inconvénient à la France Algérienne. On peut avoir le goût de la dhimitude ... Masochisme pas mort ! Geneviève de Ternant Juillet 2006 |
Fier d'être Français?
|
Max Gallo a écrit un plaidoyer superbe et intelligent, intitulé: « Fier d'être Français. » Il vient comme un contre poison tenter de guérir les esprits faibles ou malveillants pour lesquels la France doit être détruite, son passé, avec ombres et lumières, son présent, pas si mal que ça quand on considère tous les illégaux, sans papiers et autres boat-people d'un nouveau genre qui s'y pressent et la pressurent en se délectant d'insultes relayées par un nabot de cur plus encore que de taille qui gouverne à la gaffe une Algérie malheureuse ... Pour nous qui étions si fiers d'être Français là-bas, nous ne pouvions pas en croire nos yeux et nos oreilles lorsque des soldats français (légalement déguisés !) trouèrent nos drapeaux, nos fleurs et nos peaux un certain 26 mars 1962, rue d'Isly, lorsque ces truands (légalement déguisés en gardes mobiles) mettaient à sac nos maisons perquisitionnées, lançaient des grenades sur les femmes et les enfants, tiraient dans les fenêtres et autres facéties, il est difficile d'être encore fier d'être Français et pourtant, nous ne sommes pas guéris de cet attachement inculqué dés l'enfance. La France de notre enfance que chante Enrico Macias, ça ne peut pas être ça, ce que nous avons vécu, ce que De Gaulle a infligé à tant d'innocents pour le malheur de la France et de l'Afrique. Mais ce titre valeureux pour un livre thérapeutique (Oui, je sais, l'auteur est un gaulliste irrécupérable ... ) me rappelle cet autre ouvrage publié en 1992 chez Fayard par un écrivain d'immense talent, André Frossard (de l'Académie Française, ce qui n'est pas rien, même si ... ) et qui s'intitule: «Excusez-moi d'être Français. » C'est, dit-il, «une mauvaise habitude que j'ai prise depuis que j'ai vu le jour ( ... ) et dont je n'ai jamais réussi à me corriger. » Nous non plus! C'est une situation burlesque. On nous en a fait de toutes les couleurs, on nous a traités comme on ne traite pas un chien (lui, il a la S.P.A.), on nous couvre de mensonges, d'accusations contradictoires mais toutes insultantes, et comme, même athées, nous restons des roumis, bons chrétiens, (au moins pour cela) nous n'arrêtons pas de tendre l'autre joue, à croire qu'on en a des douzaines ... Et pourtant, bêtes que nous sommes, nous nous sentons incurablement français. Bien sûr, de temps à autre, nous nous laissons aller à dire que nous en avons honte, et franchement, c'est notre droit le plus strict, surtout quand on voit s'étriper bassement une classe politique toutes tendances confondues, quand on nous étale petits trafics et grosses magouilles, tout en nous chipotant quatre sous, ça devrait nous faire fléchir! Je n'ai pas dit, réfléchir, on l'a fait depuis longtemps. Mais enfin, c'est plus fort que nous, Français nous sommes, Français nous restons ... Fiers? C'est une autre paire de manches. Mais, si la patrie était en danger, on verrait encore nos Pieds-Noirs, jusqu'aux plus cachexiques, sauter de leurs fauteuils roulants pour courir comme ils l'ont fait, eux et leurs pères en 1870, 1914, 1940, 1942 ! Comme ils sont émouvants, ces anciens combattants! Sur leur poitrine saignent les décorations et le drapeau ne tremble pas dans leurs vieilles mains. Mais leur cur saigne plus encore, partagé entre fierté et amertume ... Fiers? Incurables et moi aussi. Mais c'est en souvenir de cette France et je rêve en relisant André Frossard: «Il arrive souvent, il arrive encore qu'un individu quelconque d'un pays quelconque mais pauvre -la précision est importante- se sente des points communs avec moi, Français, qui croit bien n'en avoir avec personne. Il est né sous d'autres étoiles, sous un autre climat, dans une autre culture, une autre religion; ses chevaux sont des zèbres, ses chats, des panthères, ses platanes, des palmiers; ses souvenirs ne sont pas mes souvenirs, la colonisation française n'a jamais planté son drapeau chez lui, et pourtant on l'entend parfois, subitement pris de folie, crier « Vive la France» sur un pic de sa cordillère ou sur un rocher de Patagonie. Voila un grand mystère. » Un mystère vécu, en dépit des sarcasmes; Souvenez-vous, cet oranais tout drapé encore de fierté hispanique qui s'écriait: «On est Français, qué léché!» D'Artagnan eut dit « Mordiou» et c'était aussi beau! Mais de Français de papiers, du sol ou d'allocations, la France saura-t-elle faire des gens qui vaillent nos Hispano-Français, Italo-Français, Berbéro-Français, Harkis-Français? Il faudrait un miracle ... Excusez-moi d'être Française. Geneviève de Ternant |
Colonisation et identité
|
Colonisés, nous sommes et ce, depuis la nuit des temps. Dés qu'il sut se tenir sur deux pattes, et sans doute même avant, l'Homo se mit en route et, du Rif africain, vers l'est et vers l'ouest, rechercha des terrains de chasse et de cueillette. Ce faisant, il «génocida» allègrement de nombreuses espèces animales et végétales dont, certainement quelque «Homo» plus ou moins « erectus » que les fantaisies évolutives avaient fabriqué et dont nos savants ignorent peut-être encore l'existence. Cette colonisation a produit des effets positifs, du moins en sommes nous les brillantes conséquences, et des effets négatifs que l'homme moderne n'est certainement pas disposé à mettre dans la balance. Et donc, cahin-caha, de colonisations p~rse, grecque, chinoise, mongole, romaine, byzantine, vandale, hilalienne etc ... la terre s'est modelée, les civilisations se sont ancrées dans les terroirs les plus favorables, les frontières, fluctuantes, se sont disputées; les voisins, entre déchirés, et les « génocides identitaires » se sont multipliés. Si la civilisation celte et druidique a été éradiquée ou presque, c'est parce qu'elle était de tradition orale. C'est ce qui caractérisait la culture amazighe. Depuis Ibn-Kaldoum, peu d'écrits sont parvenus jusqu'à nous. Bien entendu, cela ne signifie rien en tant que valeur historique ou artistique. Les femmes, souvent, berçaient les enfants des chants et des récits transmis de bouche à oreille par leurs mères. Les conteurs allaient de village en village, de marché en marché et leurs récits prenaient un tour fantastique à l'image de ceux d'Homère et, comme eux, influencés sans nul doute par les événements politiques récents. Ce sont des Européens, le plus souvent des Français, respectueux du passé qui ont patiemment reconstitué les épopées chantées par ces troubadours de misère dignes d'un Moyen Age quasi analphabète. On peut se demander pour quelle raison les Oulémas qui, eux, étaient lettrés, ne se sont pas chargés de cette rude mais utile besogne? Mépris, peut-être, des arabisants purs et durs pour ce parler spécial des Maghrébins ? Car l'arabe usuel en Algérie, était si différent de l'arabe classique qu'après l'indépendance, les fùms égyptiens devaient être traduits ou sous titrés en français pour être compris des autochtones (du moins ceux qui savaient lire car beaucoup d'enfants scolarisés, et des fillettes surtout, avaient oublié en grandissant, faute de pratique.) Pour en revenir à ce « génocide identitaire » dont Bouteflika accuse la colonisation française en Algérie, il convient de lui demander en effet à quelle identité il s'identifie: Berbère, Hilalienne ? Ou même, pourquoi pas? Arienne ou Donatiste ... Rassurons-le: Bouteflika est Français du Val de Grâce ... Soyons sérieux! La colonisation est un fait de l'humanité. C'est une réalité économique qui n'a que peu à voir avec la morale: C'est le pan germanisme, le partage de Yalta, la guerre d'Irak et tant d'autres accidents politiques. Elle s'exprime par les armes, par la culture, par la religion, par la contre façon et par le peuplement. Actuellement la colonisation de l'Europe s'effectue essentiellement par la contre façon chinoise et· par le peuplement et la religion islamique. Et tout le reste est littérature. Geneviève de Ternant Avril 2006 |
D'un Philippe à un Charles
|
La condamnation des propos humiliants et diffamatoires du fils du "grand
Charles" est un baume à nos coeurs et une victoire sur le "politiquement
correct ". Notre obstination et surtout celle d'Anne Cazal et de Joseph
Hatab Pacha ainsi que le talent pugnace de René Blanchot et de Pierre
Courbis, nos généreux avocats, ont fléchi la pensée
convenue et introduit la réflexion honnête, enfin ! Un tournant
s'amorce. J' ai regardé et enregistré le téléfilm
"Le grand Charles" car, je l'ai toujours soutenu, si on ne connaît
pas ce que font " les autres ", on ne peut ni riposter ni se défendre,
lorsque cela s'avère nécessaire. Une mise au point tout d'abord:
Beaucoup d'auditeurs potentiels ont été découragés d'avance par le nom du réalisateur, confondant " le spécialiste auto proclamé de l'histoire de l'Algérie ", Benjamin Stora dont nous connaissons tous le parti pris anti Algérie française, et ce Bernard Stora dont j'ignore s'il en est parent. Je connais aussi un Jean-Pierre Stora, écrivain, qu'il ne faut donc pas confondre avec les deux autres. Le deuxième point à souligner provient du fait que la première partie du téléfilm est une hagiographie de De Gaulle extrêmement partisane et propre à décourager le spectateur lucide. C'est donc avec la conscience lourde du devoir à accomplir que j'ai allumé ma télé pour la deuxième partie. Surprise ! Le grand Charles y est montré tellement prétentieux, méchant, vulgaire, tel enfin que nous le connaissons, que je n'en croyais pas mes yeux. Son attitude envers les hommes qu'il subjuguait: Guichard, Malraux, Debré est d'un réalisme terrible: Il les traitait comme des chiens couchants! Tout est vrai, tout est écrit dans les mémoires de ces hommes-carpettes, mais l'entendre du personnage a une bien autre portée. Le pire est le traitement infligé à Delbèque: Le pauvre homme, clé de l'imposture du 13 mai 1958, a été si bien roulé dans la farine, trompé, berné, bafoué que son grand homme ayant trahi ses promesses et les Français d'Algérie autant que les Musulmans fidèles, il se serait, m'a-t-on dit, laissé mourir de chagrin. On se demande comment ces esprits qui se croyaient libres ont pu s'inféoder à ce point à ce faussaire gonflé de suffisance. Et cela me remet en mémoire la phrase désenchantée d'Aimée de Coigny, "La jeune captive" chantée par André Chénier : " Que de fois, nous sommes nous entourés nous même de liens fatals et honteux en cédant à la reconnaissance pour une action isolée dans la vie d'un homme devenu de ce jour notre tyran! " Cette action, pour De Gaulle, c'est l'appel du 18 juin, tout discutable et peu écouté qu'il fut. A cause de cet appel qui déclencha, il est vrai, un espoir dans les esprits, plus rien ne pourra lui être reproché, même le pire ! Oui, ce téléfilm, dans sa seconde partie est un véritable assassinat de l'homme politique, un réquisitoire sans appel, même si on tente de sauver quelque chose de l'homme privé dans sa relation avec sa femme, sa fille autiste et son benêt de fils qu'il semble peu apprécier. Voila ce que j'avais à dire sur ce docu-fiction, comme on dit aujourd'hui. Cependant, dans la première partie du film, les relations de De Gaulle et de Churchill signalent une approche qui fut peu soulignée par les historiens. C'est le fait que l'Angleterre qui se moquait comme d'une guigne de l'envahissement de la France en 40, n'avait qu'un unique souci: Que la flotte française, alors la première d'Europe et la troisième du monde après celles des Etats-Unis et du Japon, ne tombe entre les mains de l'Allemagne et de préférence, tombe entre les siennes. Ce fut le nud de la proposition farfelue de faire une seule nation de la France et de l'Angleterre et une seule flotte de leurs deux flottes, et encore un seul empire de leur empire colonial. Cette proposition qui fut faite au gouvernement français replié à Tours, étudiée par celui-ci, puis réitérée par l'intermédiaire de De Gaulle au même gouvernement français réfugié à Bordeaux n'était en somme rien d'autre qu'une forfaiture... Qui ne fut évitée que par l'appel de la Chambre au Maréchal Pétain. La manoeuvre ayant échoué, il fallait détruire cette flotte et désarmer l'Empire Français encore libre, et ce sera l'attaque de Mers el-Kébir, celle de Dakar et entraînera le sabordage de la Royale à Toulon. Plus tard, la vindicte Gaullo-anglaise dictera les condamnations des amiraux français fidèles à 1 'honneur. Cette tâche indélébile, occultée dans les livres d'histoire, n'est pas soulignée dans le téléfilm qui présente la proposition comme « généreuse », et il faut connaître les péripéties de cette guerre peu glorieuse pour en démêler les fils. On sait, d'après les archives et les mémoires que Churchill, comme Roosevelt n'avait aucune confiance en De Gaulle, ce qui incita ce dernier à se tourner vers Staline et à réintroduire en France les communistes menés par Thorez, déserteur et ministre. La France ne s'en est pas encore remise et nous avons payé fort cher l'ambition démesurée et l'ego pathologique d'un homme qui fut un faux militaire, un faux homme de droite, un médiocre politique mais un comédien de génie! Geneviève de Ternant 1° Avril 2006 |
Tout va bien, bonnes gens ...
|
Boris Cyrulnik raconte qu'un soir, à Bogota, vers minuit, il
est rentré paisiblement avec son épouse à l'hôtel,
à pied, dans l'air doux et parfumé, parmi les familles qui
flânaient, oui, paisible. Rentré en France, il a appris l'horreur
: l'explosion d'une bombe à Bogota, des dizaines de tués,
de mutilés. Mais, dormez, bonnes gens ... "La pluie était
chaude, les oiseaux-mouches dessinent dans l'air des taches colorées,
la récolte de fruits sera bonne. " Tout est vrai, le paisible
et 1 'horreur. Nous avons vécu cela. Une bombe faisait des morts et des blessés dans une cafétéria de la Rue Michelet, mais, à deux pas, Rue Richelieu, tout était calme. Un village était incendié et ses habitants tués par les fellagha dans la montagne, mais dans la petite ville la plus proche, nul ne s'en doute: Le marché est plein de couleurs et les burnous se mêlent aux robes fleuries. Qui ment? Personne! Tout est vrai: le paisible et l'horreur. Mais c'est l'horreur qui gagnera ... Tout va bien, dormez bonnes gens ... Fabrice Del Dongo se promenait à travers la bataille de Waterloo sans voir de soldats se battre, sans victimes et sans héros. Régis Debray mangeait tranquillement sa pizza au Kosovo en révolution. Son témoignage avait beaucoup choqué ses amis. Nous, nous savons que c'est vrai: Le paisible et l'horreur, mais c'est l'horreur qui a gagné ... Dormez, bonnes gens ... On enlève en plein Paris un jeune homme sans défense (et qu'il fut juif, même si ce fut une motivation crapuleuse ou raciste, n'ajoute pas à l'horreur, rien ne peut ajouter à l'horreur totale d'un meurtre!) On rackette des personnalités, on menace de mort des braves gens pour de l'argent, pour leur religion, pour leurs propos trop libres ... Mais on peut, à côté, manger paisiblement sa pizza et pratiquer son culte, oui, à côté ... Le paisible et l'horreur ... " Nous ne percevons du monde qu'une infime partie, et, à partir de ces éclats de réel, nous constituons une représentation que nous appelons vérité. " Conclue Boris Cyrulnik (Nice-Matin 26/02/2006). Quel progrès a fait l'humanité depuis les ombres de la caverne de Platon? Aucun! Nous nous effrayons des ombres quand il faudrait mesurer lucidement le réel. Nous passons distraitement devant l'horreur en nous rassurant sur des ombres. Oh ! Inconséquence ! Allons-nous encore laisser gagner l'horreur, en la baptisant incivilité, frustration ou n'importe quoi? Allons-nous continuer à nous battre la poitrine de contrition alors que l'horreur se pare des oripeaux de la victime? Aurons-nous enfin un sursaut de lucidité, un peu de tendresse envers nous-mêmes, qui ne sommes pas si mal que ça, un éclair enfin de lumière et comme le souhaite Max Gallo, essayons de nous donner, pour une fois, après tant d'années perdues sottement, les moyens d'être" fiers d'être Français" ! Geneviève de Ternant Février 2006. |
Rôle positif
|
La mode est aux psy ! " Chiatres ", " chologues ",
" canalistes " ou " chotropes " : Tous les psy accourent
au chevet de la moindre victime de son enfance, de la société,
d'une maladie, d'un accident, du chômage, de la paresse, d'hyperactivité etc... Vive le psy quand il est vraiment utile, mais, aujourd'hui, il sert de béquille à tout éclopé mental mal élevé ou pas élevé du tout. Eh bien ! Des psy, en 1962, ça ne devait pas exister. Dans l'ensemble, ce fut très heureux. Je ne sais si ce genre de soins aurait pu diminuer la fantastique épidémie de dépressions et de suicides qui sévit chez nous et je ne le crois pas. Dans l'idéologie de l'époque, je pense qu'ils n'auraient fait qu'accentuer notre désarroi et creuser le gouffre d'incompréhension. Mais, pour ceux qui survécurent, la majorité tout de même, la cure de travail intensif, la responsabilité soudain assumée de familles démunies, l'obligation de se faire une place " à la pluie " après avoir perdu notre place " au soleil ", nous ont donné une force capable de renverser tous les obstacles. Lors, on vit des vignes et des arbres fruitiers pousser sur des parcelles jusque là arides, mais achetées au prix de l'or aux paysans goguenards, puis étonnés, puis envieux ; on vit des commerces vieillots acquis dix fois leur valeur devenir accueillants et pimpants et trouver leur clientèle à la barbe des oiseaux de mauvaise augure. Ce fut une psychothérapie de choc. Des rues sinistres en furent transformées ; de petites villes somnolentes en furent éveillées. Des rapports soigneusement étouffés reconnurent l'aspect positif de l'arrivée des Français d'Algérie (et du Maroc et de Tunisie) dans le tissu métropolitain. Vous avez dit " aspect positif" ? Horreur ! Décidément, ces pieds-noirs, ils ont le génie de se flanquer tout le monde à dos ! Geneviève de Temant Janvier 2006 |
Voltaire, Au secours !
|
Je n'irai pas par quatre chemins ! Cette histoire ridicule
de " soupe identitaire " me chatouille et m'irrite. Geneviève de Ternant |
Liberté hypnotique
|
Globalement positive ? Absolument négative ? Toute uvre
humaine échappe par son essence même d'humanité à
ces étiquettes et pourtant l'Histoire demande avec une insistance
accrue des jugements de valeur sur des actes
|
FATWA
|
Fatwa n'existe pas dans le Littré. On trouve à FETFA
ou FETVA : Chez les musulmans, sentence prononcée par le mufti sur
un point de doctrine ou de droit difficile à résoudre ; elle
supplée au silence de la loi et demeure sans appel. " Ce mot
arabe est bien dur à l'oreille, écrit Voltaire dans une épitre
à l'Impératrice Catherine de Russie, On ne la trouve point
chez Racine et Corneille ; du Dieu de l'harmonie, il fait frémir
l'archet ; on l'exprime en français, par lettre de cachet. "
Du moins la dite lettre de cachet, toute abusive qu'elle pût paraître,
était du seul ressort du roi et donc de l'arbitraire d'un seul homme.
La Fatwa peut émaner d'une multitude d'individus d'obédiences diverses qui s'entre battent depuis l'assassinat du dernier imam, Hussein, et par conséquent peuvent se livrer à des concours de fatwa (le mot ne prend pas le pluriel) pouvant aller jusqu'au meurtre comme il fut dit pour les " versets sataniques " de Salman Rushdie. Il est plus plaisant de se souvenir que dans " La physiologie du goût ", Brillat-Savarin qualifie de Fetva son ordonnance à un obèse qui, s'il la suit, lui sauverait la vie au lieu de la lui prendre. Geneviève de Temant |
Identité religieuse
|
u'est-ce que l'identité ? C'est, dit le Littré, la qualité
qui fait qu'une chose est la même qu'une autre, que deux ou plusieurs
choses ne font qu'une. Une identité musulmane, invoquée
par M. Dalil Boubekeur supposerait que l'identité de millions d'individus
se rédamant de la religion de Mahomet serait une seule et même
chose. C'est, à l'évidence, un sophisme. La religion musulmane
qui boit à une source commune, le Coran, est éclatée
en diverses |
Le mépris et la pitié
|
Depuis plus de 40 ans, les rapatriés d'Algérie (ou les
exilés ou les repliés comme on voudra) car, en vérité,
nul terme n'est absolument valable; nous, donc, avons eu à coeur
de réfuter les accusations et les mensonges qui pleuvent sur nous
et tendent à accréditer le fait que nous étions des
tortionnaires esclavagistes et que notre malheur, nous l'avions bien mérité.
Répondant du tac au tac par des exemples et des explications, des
témoignages et des thèses universitaires, nous n'avons pas
réussi à inverser ce torrent d'animosité et même
de haine. Tout juste, parfois à l'endiguer auprès des historiens
de bonne volonté qui semblent cependant garder une attitude fort prudente. Je crois qu'il est temps d'essayer de comprendre pour quelles raisons notre évidente bonne foi n'a pas convaincu. Pourquoi notre drame n'a fait l'objet que d'un mépris ironique pour notre communauté. Je ne nie pas les mouvements de générosité ponctuels mais adressés à des personnes presque considérées, malgré leur nombre, comme des exceptions, la communauté restant globalement perçue comme méprisable. "Colonialistes","Sueurs de burnous", et autres gentillesses. Comment ce mépris s'exprime-t-il et pourquoi? Cela me semble le fondement de notre approche, car, pour combattre il faut connaître l'adversaire. Le mépris s'est installé au grand jour sur une dialectique de rupture par rapport à tous les discours qui ont précédé le virage à 180° de De Gaulle le 16 septembre 1959. Mais ses racines sont bien plus lointaines, profondes et pour tout dire peu reluisantes. Jalousie des familles restées au pays après le départ des plus aventureux et des plus courageux vers cet eldorado qu'on leur fit miroiter: lettres et témoignages l'attestent. Boycott des viticulteurs de l'Hérault en particulier, qui à l'époque faisait une infâme bibine contre les vins d'Algérie : des tracts du parti communiste de ces années entre les deux guerres sont édifiants. Fermeture par Saint-Gobain de l'usine de verrerie de la Sénia peu après la fin de la guerre de 39-45 et celle des filatures de TIemcen afin que l'industrie naissante en Algérie qui avait évité la pénurie totale durant la guerre, ne vienne concurrencer les industries de métropole. Je site ces deux exemples que je connais bien, qui se situent dans ma province. Il y en aurait sûrement bien d'autres. Mais quel motif a présidé à ces décisions alors qu'une main-d'oeuvre importante était ainsi licenciée ou acheminée vers la métropole avec le cortège de déracinements. L'idée de concurrence ainsi avancée ne me paraît pas complètement pertinente. Il semble que les industriels métropolitains aient considéré nos néo-industriels comme peu fiables ou même incapables : mépris ? Certainement. Jean-François Guillaume, dans l'introduction de son livre violemment anti Algérie française : " les mythes fondateurs de l'Algérie française " écrit : " la notion de communauté européenne d'Algérie constituait déjà, à elle seule, un problème, dans la mesure où rien ne permet de penser que les ouvrages actuels spécialisés sur l'Algérie décrivent l'histoire d'une communauté. Rien sinon l'idée que l'on s'en fait. " Ce qui déjà dévalorise son propos. Qui est du, somme toute, à l'idée que lui s'en fait. Pour lui cette communauté n'existe pas. Seul "le fait colonial" existe. Cette approche déshumanisée est peu compatible avec la réalité du terrain. Pour Jean-François Guillaume, pour Bruno Etienne, et partiellement Benjamin Stora, ce mépris supposé des Européens d'Algérie pour les autochtones et des dirigeants français en général pour tout le monde est le moteur de toute l'histoire des 132 années. Il semblerait que tous les gouvernements, les journalistes, les élus aient eu, sans doute à leur insu, ce sentiment qui, pour eux, se traduisait par une oppression insupportable dont les Européens d'Algérie auraient été les instruments et les autochtones les victimes. Ce manichéisme totalitaire engendre les conclusions délétères. Le mépris est ce sentiment absurde de supériorité de certains pour d'autres humains d'essence supposée inférieure. Ce sentiment a-t-il présidé à la conquête de l'Algérie ? Certainement pas. La mode orientaliste faisait grand cas des civilisations persanes, égyptiennes et arabes ce qui n'empêchait pas les élites issues des Lumières de considérer qu'il était injuste que le peuple vive dans la misère et ne profite pas des progrès de la science et de leur influence sur l'évolution des idées. Condorcet est fort clair sur ce point. Peut-on considérer comme du mépris le fait de vouloir faire accéder le plus grand nombre à la connaissance ? Que les moyens aient été discutables et le soient encore lorsqu'on veut imposer la démocratie au continent Africain ou à l'Irak, c'est un problème récurent mais les motivations ne sont pas forcément mauvaises. Pourquoi l'Europe issue des Lumières et en particulier la France se sont-elles investies de cette mission? Nous en trouvons l'explication dans les discours de la gauche progressiste de l'époque, relayée tout au long du XIXe et XXe siècle par une gauche offensive et une droite timorée. Cependant la question que les historiens ne semblent pas s'être posée est celle- ci : pourquoi la France a-t-elle fait de l'Algérie un prolongement de son territoire alors qu'elle s'est contentée au Maroc et en Tunisie d'un protectorat ? La réponse la plus évidente est qu'elle a trouvé dans ces deux pays un fort sentiment national qu'elle n'a pas rencontré en Algérie. Elle a donc apporté par le biais du protectorat le progrès matériel: Routes, écoles, hôpitaux, sans toucher aux fondements de civilisations anciennes et respectables. Ceci étant un raccourci car il n'est pas possible, dans cette approche, d'entrer dans le détail des vicissitudes politiques conjoncturelles. Etant donné le peu d'enthousiasme de la France pour une occupation pérenne de la Régence d'Alger, il y a tout lieu de penser qu'une fois éradiquée la piraterie, elle se serait contentée de la même façon d'une présence tutélaire si elle avait trouvé en Algérie un sentiment de communauté entre les tribus. Abdelkader lui-même ne réussit pas à les fédérer. Dans le même temps le discours officiel, lui, rendait hommage aux résultats obtenus par les ingénieurs, les fonctionnaires français en Algérie, accentuant implicitement le clivage entre les élites venues de métropole et les Européens qui oeuvraient sur place depuis deux ou trois générations ou davantage. Et ceux-ci, loin de s'en indigner, acceptèrent ce mépris, le plus souvent implicite, mais parfois fort explicite. Car ils se sentaient profondément français et donc partie prenante de ces hommages, qu'ils fussent originaires de France, d'Espagne, d'Italie, de Malte, de Suisse ou d'ailleurs... D'où leur (notre) étonnement en découvrant, durant la guerre d'Algérie, le fossé entre la perception de notre quotidien et l'idée que s'en faisait les jeunes venus de métropole. -D'où leur, notre, stupéfaction devant les exactions des barbouzes, du S.A.C. et autres forces de l'ordre gaullistes. -D'où leur, notre, conviction que " ce n'était pas possible ", qu'un miracle allait se produire. -D'où leur, notre, indignation lorsque devint évidente la collusion des sicaires de De Gaulle avec les égorgeurs du F.L.N. -D'où notre dégoût lors de l'abandon déshonorant et la découverte de l'état de suggestion de la France gaulliste, et son ignoble soulagement fortement teinté de trotskisme, de communisme. -D'où enfin, notre rage de convaincre, convaincre, convaincre... Remarquons toutefois que si la France et les Européens n'avaient pas apporté aux populations miséreuses le soutien de ses ingénieurs agronomes, de ses médecins de ses instituteurs, quels cris d'orfraie n'entendrions-nous pas de la part de ces mêmes " intellectuels" qui l'accusent aujourd'hui à la fois d'en avoir trop fait et pas assez. Mais au Maroc comme en Tunisie l'effort fait par la France et les Européens n'est nullement considéré comme une forme de mépris, bien au contraire. Leurs dirigeants intelligents, après avoir reconquis leur pleine souveraineté, ce qui n'allait pas de soi, ni pour eux ni pour la France, ont conservé des liens d'amitié avec la France sans jamais remettre en question l'oeuvre positive des Européens dans leur pays. Peut-être serait-il utile de se remémorer les mots pleins de bon sens de Jonathan Swift dans "les voyages de Gulliver" : " II émit l'opinion que quiconque pourrait faire pousser deux épis de blé ou deux brins d'herbe à un endroit du sol ou un seul croissait auparavant mériterait bien plus de l'humanité et rendrait un service plus éminent à son pays que la race tout entière des politiciens. " En vérité, l'hostilité méprisante rencontrée par beaucoup d'Européens d'Algérie dés 1962 était un racisme qui ne voulait pas dire son nom. Et comme tout racisme, il est fait d'un mélange de complexes de supériorité et d'infériorité. Certains d'entre nous n'en furent, et n'en sont sans doute encore, pas exempts. Ils sont des exceptions. Concernant notre communauté dans son ensemble et dans ses élites que furent tout particulièrement le général Jouhaud, le professeur Goinard, des êtres de lumière comme Marie-Jeanne Rey ou Franche Dessaigne et bien d'autres encore, on peut répondre catégoriquement non. Nous accuser, globalement, de ses sentiments méprisables est une injure raciste caractérisée. Les" historiens" et les "philosophes" semblent ramener tout sentiment de compassion ou de pitié à leur familière notion de mépris. Or le mépris engendre l'injustice et le tour est joué: les mots détournés de leur sens deviennent des armes. L'éminent linguiste Philippe Barthelet exprime cette constatation: " La perversion de la pensée se manifeste par la perversion du langage : les impropriétés sont des symptômes. " Et l'écrivain de "Fantasy" Therry Pratchet, plus profond qu'on ne pense, écrit: "quand on veut trouver des serpents, il suffit de les chercher derrière les mots qui ont changé de sens ". (Nobliaux et sorcières. Les annales du Disk-monde). Un gros livre serait nécessaire pour stigmatiser tous les exemples de ce mépris à notre endroit déguisé sous l'informe manteau de "pensée coloniale". Quel philosophe aura le courage de s'atteler à cette tâche ? En attendant cet improbable esprit vraiment libre, constatons que la réalité quotidienne en France, en Europe et dans le monde fourmille de ces exemples tragiques qui nous donnent raison dans notre pessimisme. Notre drame n'est que le symptôme de la maladie qui gangrène le monde : l'inversion des valeurs, la culture de mort, le mépris sans la pitié. Geneviève de Ternant septembre 2005 |
GRANDS ET PETITS CRIMES
|
Au premier siècle de notre ère, Publius Syrus écrivait
: " Negata est majoris sceleribus semper fides " (On
se refuse toujours de croire aux grands crimes.)Cette phrase citée
par Philippe Barthelet dans son article intitulé " négationnisme
" (Valeurs actuelles 10/06/2005) est en effet révélatrice
de l'état d'esprit des " opinions publiques " au cours
du XX° siècle. En deux mille ans, rien n'a changé si
ce n'est que les contemporains de Publius Syrus étaient excusables
: Ils n'avaient ni radio, ni télé, ni Internet. Les avions
ne sillonnaient pas leur ciel ni les voitures leurs campagnes. Mais l'esprit
humain s'est refusé à croire aux crimes des nazis et à
ceux des soviétiques comme il s'est bouché hermétiquement
devant ceux des musulmans djihadistes et ceux de De Gaulle. Ces crimes
qui étaient pourtant révélés et dénoncés
par des centaines, des milliers de témoins ont été
systématiquement occultés par les journalistes ou minimisés. Oh oui, l'esprit humain ne croit pas aux grands crimes mais il adhère
de toute sa bêtise aux petits crimes réels ou supposés.
Et Philippe Barthelet de conclure : " Le fameux devoir de mémoire
ne sert à rien s'il ne s'accompagne de cette conscience prophylactique,
capable, en choses humaines, de s'attendre à tout. " |
Triste parallèle
|
T outes les télévisions, tous les journaux nous ont fait partager la détresse des colons de Gaza contraints de quitter leurs maisons, leurs champs, leur vie au nom d'une politique dont on veut espérer qu'elle engendrera la Paix. Cela rappelait avec douleur nos drames, dont, à l'époque, bien peu fut rapporté et rien du tout filmé, à part les quais des ports et les aérogares. Nos maisons furent, pour la plupart, abandonnées bien fermées et en bon état, comme celles des juifs d'Andalousie, à la reconquista. Nos fermes aussi, avec tout le matériel et nos champs parfaitement cultivés. On est loin de la terre brulée dont on nous accusa; On est loin de la destruction systematlque que les colons de Gaza ont pratiquée. Ce qu'on a peu souligné, ce sont les propos d'une dirigeante palestiniene affirmant que toutes les maisons jujves seraient rasées par les palestiniens car la conception de leurs derreures ne correspond pas a leur culture. C'est vrai: Ceux qui ont vu, en Algérie, nos maisons ouvertes sur la rue de toutes leurs fenêtres, obscurcies dés l'indépendance et la prise des « biens vacants », par un mur destiné à « protéger » les femmes, c'est-à-dire à les enfermer, comprennent que nos cultures sont différentes par essence et que l'émancipation des femmes, à de rares exceptions près, n'est pas pour demain en pays musulman. Un argument souvent écrit, semble obsolète: la démographie. D'après Youssef Courbage, démographe spécialiste du monde arabe, et méditerranéen, « la guerre des berceaux » serait à l'avantage des colons israéliens qui ont des familles très nombreuses alors que la natalité parestinienne s'effondre. (Propos recueillis par Pierre Prier dans le Figaro, du 14/08/2005) Il ne semble pas que ce soit le cas des populations émigrées en France, mais là n'est pas mon propos. Ce qui m'a beaucoup troublée, c'est le discours d'Ariel Sharon qui a osé dire avec un grand courage: Je vous ai envoyé coloniser la bande de Gaza et je vous oblige, aujourd'hui à la quitter. Je vous demande pardon. Oh! Combien nous aurions aimé entendre les gouvernants de la France en 1962, tenir de tels propos! Oh! Combien nous aimerions même aujourd'hui, quarante trois ans plus tard, entendre des mots semblables des gens qul nous gouvernent! Je sais bien, lorsqu'ils viennent dans nos réunions, ils expriment en gros, une miette de compassion, un grain de compréhension, mais de la a tenir à la télé un discours semblable, un discours venu du coeur, halte-là " « Globalement positive» la colonisation, c'est encore
trop pour Bouteflika et pour Chirac qui promet, dit-on « d' arranger
ça » ! Mais qu'est-ce qu'ils ont dans le ventre, ces types
? Les Colons de Gaza y étaient depuis, au plus, une trentaine d'années,
et c 'est leur vie qui s'écroule. Oui! Mais nous, après
cinq générations vivant en Algerie, y ayant nos racines,
nos morts, nos vies. ..Qui a demandé pardon pour ce véritable
assassinat de tout un peuple ? Un peuple dont on avait envoyé les
ancêtres sur cette terre pour la plus grande gloire de la France
et pour leur malheur ? Un mot, un seul: Pardon... Août 2005 |
INJUSTICE ?
|
On ne dira jamais assez combien les mots détournés de
leur sens deviennent pernicieux. Larousse et Littré (D'accord, c'est
ma marotte ! Il en est de pire, non ?) s'accordent pour définir le
mot de justice par : Vertu morale qui fart rendre à chacun ce qui
lui est dû. Mais qu'est- ce qui est dû à chacun, exactement
? La vie ? On entre dans le flou depuis l'embryon jusqu'au vieillard. La
nourriture ? Est-ce à dire ce qui est absolument nécessaire
pour maintenir l'être en vie ? Qui y pourvoira ? Doit-on percevoir
comme injuste que celui qui travaille ait une nourriture abondante et variée
alors que celui qui ne travaille pas mais que le premier nourri par ses
impôts, taxes et autres contributions plus ou moins volontaires, doit
se contenter d'un minimum vital déjà cent fois plus nourrissant
et varié dans notre occident qu'en Afrique ou dans bien des pays d'Asie. Où se cache l'injustice? Le logement? L'U.R.S.S. avait décidé que, du palais au misérable studio, tout se partageait si équitablement que la vie devenait impossible pour tous. L'occident a perdu l'habitude de la cohabitation des générations qui fut la règle au temps où la France était rurale, or, en Afrique la cohabitation s'étend bien au-delà de la simple famille, à un clan, un village, une tribu. Il n'y a là ni justice ni injustice mais différence de mentalité, et lorsqu'on veut imposer aux forceps une mixité sociale qui bouscule les habitudes des uns et des autres, la coexistence ne reste pas toujours pacifique et nos banlieux en sont les tristes exemples. Justice, injustices ? Les malheureux maliens ont payé de la vie de leurs proches un logement certes vétusté et sans confort mais quel confort avaient-ils dans les cases de leurs villages ? L'injustice ne serait-elle pas dans le fait que ces pauvres gens aient préféré le mythe d'une vie meilleure en Occident ? Car, tout-de-même, 27 adultes sur 140 personnes, d'après la presse, cela pose bien des problèmes.... On peut parler de malheur, de destin atroce, mais d'injustice ? Le plus pernicieux dans ce détournement de sens provient, me semble- t-il, de l'époque, pas si lointaine où la charité, la compassion, ont commencé à être perçues comme une forme de mépris. Quand la pitié est devenue insupportable sous l'influence des idées trotskistes et communistes. Il est normal que l'Etat assure dans la mesure de ses moyens le bien-être de ses citoyens. Est-ce une raison pour que la charité des particuliers qui a assuré la cohésion sociale de la France depuis toujours soit aujourd'hui perçue comme une offense et leurs dons comme un dû ? Leur cur généreux s'est pourtant chargé de soulager bien des misères et c'est encore cette classe sociale qui assure par ses dons la vitalité des milliers d'associations dans tout le pays. Comment fonctionnerait Médecins sans frontières, la recherche conte le cancer ou le sida, des dispensaires, des écoles, des hôpitaux dans tout le tiers et le quart monde sans le coup de pouce des gens charitables et l'enthousiasme de milliers de bénévoles ? Est-ce du mépris ? Dans notre Algérie française, c'était un petit million de pieds-noirs, chrétiens, protestants et juifs, dispersés sur l'immense territoire, qui permettait à toutes les associations caritatives de venir en aide aux plus démunis des neuf millions de musulmans. Les prêtres, les religieuses dans les paroisses, les hôpitaux, les écoles secondaient les médecins, les infirmières et les instituteurs qui, souvent athées, souvent " de gauche ", reconnaissaient leur efficacité et leur disponibilité. Et c'était presque toujours, les " dames d'oeuvres " qui, à l'écoute des populations, directement à leur contact, signalaient les détresses et souvent apportaient les premiers secours. Et puis, " on " leur a dit que ce n'était pas acceptable, que c'était un signe de mépris. Et " on " a tué les instititeurs du bled, les religieux, les religieuses et les prêtres et les civils compatissants, et puis tout le monde... Halte à ceux-là qui, par une idéologie dévoyée ont fait croire que le malheur est une injustice alors qu'il frappe aveuglément. Tenter de l'atténuer n'est pas une affaire de justice mais de compassion car ce mot, un des plus beaux de la langue française, signifie : souffrir avec ! Seuls des hommes et des femmes doués de cur peuvent prendre en charge une part des souffrances infligées par le destin, celui qui vous échoie ou celui provoqué, par exemple en quittant son pays volontairement, comme ces malheureux maliens, pour l'utopie d'un occident qui ne peut donner que ce qu'il a. De ces gens de cur, l'Algérie française ne manquait pas. Non, la pitié n'est pas le mépris, au contraire. Le malheur n'est pas l'injustice. Quant à déshabiller Pierre pour habiller Paul, est-ce vraiment la justice ? Geneviève de Ternant Août 2005 |
Choisissez vos injures
|
Choisissez vos injures avec soin Geneviève de Ternant |
Vive la télé !
|
Messieurs, « Le Fil à la patte » de Feydeau joué par les animateurs a été un succès. Ils se sont bien amusés et nous ont donné beaucoup de plaisir. Mais, au-delà de cette expérience il me semble qu'ainsi la preuve est faite qu'un théâtre joyeux et « populaire » sans violence ni mièvrerie, dans la lignée d' « Au théâtre ce soir », peut drainer un vrai public à une heure de grande écoute, avec de vrais acteurs qui ne peuvent jouer faute d'argent dans les théâtres, ce qui résoudrait une partie des problèmes des intermittents du spectacle. La télévision peut donner des comédies, des comédies musicales, des opérettes avec de frais costumes, de beaux décors ce qui relancerait l'amour du spectacle non seulement chez le troisième âge, non négligeable, mais chez la ménagère de moins de cinquante ans que le sport ou les polars embêtent et serait une découverte pour beaucoup de jeunes pas aussi obtus qu'on les décrits injustement. Que de choses drôles et gaies vous pourriez faire contre la sinistrose ! Un peu de courage et on dira : « Vive la télé ! » Geneviève de Ternant |
Un rapport secret
|
L'incroyable gâchis engendré par les initiatives incongrues
des idéologues de tout poil vient d'être durement sanctionné
par le non au référendum du 29 mai 2005. Ce non hétéroclite
ne demande, à mon sens ni plus ni moins de libéralisme. Il
demande de prendre avec bon sens la mesure des réalités de
notre pays, de l'Europe et du monde. Dans ces réalités à
prendre en compte, l'immigration incontrôlée, des humains ou
des textiles a une place prépondérante. Ce qu'on nous en dit
par média prudents est déjà effrayant. Ce qu'on ne
nous dit pas ferait encore davantage frémir. Ainsi ce qui s'est passé
récemment à Perpignan, soigneusement expurgé par les
journaux ne se découvre que par les témoignages et les articles
sur Internet, indispensable et cruel reflet de l'incompétence de
nos gouvernants. Le rapport tenu secret par le P.S. est fort significatif d'une prise de conscience par un homme de terrain dont on n'aurait pas attendu tant de franchise : Malek Boutih, l'ancien président de S.O.S. racisme s'y révélerait « ultra républicain, nationaliste et plus proche de Le Pen que de l'U.M.P. » ! Pas moins ! L'ex-pote préconise de sortir « d'un rapport humanitaire et charitable », d'établir des quotas évalués régulièrement réservés aux pays amis : Maghreb, Afrique du franc C.F.A., et ressortissants des pays de l'Est (de l'U.E. ou non) et d'instaurer des titres de séjour aux couleurs du drapeau français : Bleu, blanc ou rouge selon la durée du séjour accordé. Le rouge donnant la possibilité d'accéder à la nationalité française mais en renonçant à toute autre nationalité. On ne saurait plus être franco-algérien ni franco-suisse, et il faudrait jurer fidélité aux valeurs républicaines, comme aux Etats-Unis ! Une immigration intelligente, limitée, précédée dans les pays d'origine d'une formation linguistique et d'une préparation à l'immigration. Voici ce que le rapport secret préconise. Certes, on ne dit pas comment refouler ceux qui ne se conformeraient pas à ce modèle idéal et on ne les expulse guère, semble-t-il. Mais n'est-ce pas la voie préconisée par la plupart des associations de rapatriés ? Ce qu'elles ont essayé en vain de faire comprendre « aux élites » bouchées à l'émeri depuis un demi siècle ? Une approche véritablement humaine et respectueuse des hommes, qu'ils soient de France ou des pays anciennement français, quelle que soit leur religion et non une importation massive de déçus et d'aigris. C'était souhaitable il y a cinquante ans, est-ce encore possible ? Il existe, en France, des fonctionnaires et des cadres issus des deuxième et troisième génération d'immigrés qui ne sont ni des fanatiques ni des révolutionnaires, qui n'ont pas bénéficié d'une « discrimination positive » plutôt insultante mais qui se sont battus avec les armes de leur intelligence, de leur volonté et de leur ardeur au travail. Leur réussite prouve, comme celle des rapatriés, pieds-noirs, que ces qualités sont plus efficaces que les discours creux, les défilés et les attentats. Ce rapport secret sera-t-il dévoilé ? Sans illusion, je livre à la sagacité de nos lecteurs cet élément de réflexion qui risque fort de demeurer sans conséquences heureuses. Malek Boutih sera diabolisé comme le fut Régis Debray, et tout continuera comme devant... A moins d'un miracle. Geneviève de Ternant Mai 2005. |
Quelle amitié ?
|
La France va signer avec l'Algérie un traité d'amitié,
dit-on. L'amitié ne se décrète pas. Elle s'impose par
le respect mutuel, par la confiance et, le plus souvent, par une histoire
commune, des intérêts communs. Monsieur Bouteflika, lors de ses voyages en France, a bien montré, par ses discours, le peu de respect qu'il porte à la France. L'absence de réaction des « autorités » à ses propos discourtois prouve qu'en effet les représentants de ce qui fut notre France prestigieuse ne méritent pas mieux. Donc, ni respect, ni confiance. Une histoire commune ? Celle, falsifiée, qu'on enseigne dans les écoles des deux côtés de la mer ? Personne n'y croit et les Algériens, les premiers, s'en effarent ! Des intérêts communs ? Là, on commence à y voir plus clair. Les revues scientifiques parlent de réserves d'hydrocarbure considérables dans le sous-sol du sud oranais, supérieures à celles actuellement en exploitation en Algérie. On peut y voir la raison des yeux d'odalisque que nos dirigeants font à Bouteflika. On peut lui faire confiance pour se servir des occidentaux pour détecter et mettre en perce ces tonneaux de richesses, après quoi, il vendra au plus offrant sans le moindre scrupule... Il est coutumier de « laisser le coq gaulois gratter les sables du désert » après quoi on lui tord le cou et d'autres profitent des dividendes de son travail. Nous l'avons subit, on connaît. Ce qui se passe en Côte d'Ivoire et dans toute l'Afrique sub saharienne provient en droite ligne de la même imbécillité des dirigeants alors qu'il faut saluer le courage des soldats français envoyés dans ces missions impossibles, comme ils le furent en Algérie. « La côte d'Ivoire est un don d'Houphouët- Boigny » disait-on couramment à Abidjan » On aurait pu dire de même du Sénégal de Léopold Sédar Senghor. Mais là, l'intelligence d'Abdou Diouf et de Wade tient en main le pays. Relisons ce qu'écrivait Raymond Bourgine en 1971 : «Le succès de la Côte d'Ivoire est spectaculaire. Comme il n'y a jamais de miracle en économie, il n'y en a pas là non plus où tout s'explique en un mot : confiance. Une confiance inspirée par les moyens ordinaires : stabilité, bon sens, travail. » Cette Côte d'Ivoire qui ne voulait pas de l'indépendance qui lui fut imposée par De Gaulle le 7 août 1960, qu'en est-il aujourd'hui ? Georges Ayache dresse le terrible constat de la faillite des idéologies de droite comme de gauche. (Spectacle du Monde N° 507, décembre 2004). Lorsque François Mitterrand nomme Jean-Pierre Cot « dont l'irréalisme aussi notoire que son sectarisme entraînent une fixation obsessionnelle sur la démocratie en Afrique » ce furent les sommets de La Baule et le décrochage du franc CFA : l'Afrique se mit à douter de la parole de la France. Les accords de Marcoussis tout aussi irréalistes ne correspondent nullement à la psychologie africaine, et l'on s'achemina du miracle à la haine... Tout comme chez nous. Ainsi, depuis plus de soixante ans, la diplomatie française a systématiquement négligé les signaux d'alerte des dispositifs présents sur le terrain : Souvenez-vous du 8 mai 1945 et du 1° novembre 1954 ! Elle a privilégié des idéologues fumeux et des stratégies inadaptées. L'Afrique s'enfonce dans la misère économique et les drames de la santé. Pouvons-nous imaginer une seconde que l'Europe sortira indemne de ce chaos à nos portes ? Pouvons-nous croire une seconde que les richesses du continent africain ne continueront pas encore longtemps à susciter des guerres tribales et des conflits frontaliers, laissant les populations abandonnées dans des camps de réfugiés où régnent la malnutrition et la mort ? A moins qu'elles ne déferlent sur le continent européen dans un rêve de prospérité qu'elles contribuent à détruire... De l'Algérie française pouvait s'étendre par la prospérité et la confiance une ère de paix vers les régions du sud, vers ce continent noir si bêtement « lâché ». De Gaulle n'est pas le seul responsable de ce gâchis, mais il en porte une grosse part. Geneviève de Ternant Mai 2005 |
Lettre ouverte à Monsieur Elkabbach
|
Vous avez, lors de deux émissions sur France 2, en compagnie
de Michel Barnier et M. Delanoë, maire de Paris, avec le sourire complice
de M. Drucker, repris les chiffres fantaisistes des victimes de la répression
des événements du 8 mai 1945 à Sétif à
l'instar de vos copains FLN, communistes et autres intellos gauchistes.
Cette attitude qui est celle de la propagande totalitaire en usage depuis
longtemps sur les ondes soi-disant françaises ne saurait nous étonner.
Vous parlez sans savoir, vous répétez comme un perroquet.
Vous n'y étiez pas et les ouvrages de Maurice Villars, de Francine
Dessaigne, du Dr J.-C. Pérez et mon propre travail sans parler des
historiens de métier honnêtes - oui, oui, il y en a...- vous
sont inconnus. Votre présence médiatique est celle d'un histrion non d'un historien. Bon, passe encore : répéter une ânerie n'en fait pas une vérité. Mais lorsque vous affirmez que des barbelés étaient installés sur les plages d'Algérie pour empêcher les arabes d'y aller et que vous les avez vu, c'est un mensonge flagrant et un faux témoignage. Seriez vous le seul pied-noir, car vous l'êtes, quoique renégat, à avoir vu cette barrière ? Et quand ? Et où ? Demandez donc à Yves Saint-Laurent dont la villa était voisine de celle de mes parents à Trouville, sur la corniche oranaise, si cette ségrégation matérielle existait. Seuls, les Américains ont installé des barbelés sur les plages d'Oranie pour protéger les zones où se baignaient les Gi's entre 42 et 44. Ils ont été vite ôtés et non replacés. Il est vrai que les femmes arabes venaient se baigner tout habillées, au coucher du soleil (les hommes ne s'y mêlaient pas, par respect de leurs coutumes.) Elles ne savaient pas nager et criaient de peur lorsque leurs gosses plongeaient des rochers et riaient en s'éclaboussant. Oui, cela, je l'ai vu et c'était beau. Des grenades FLN ont mis bon ordre à cette insouciance : leur ordre de mort. Vous me faites penser à un de mes bons amis de Saïda qui m'affirmait que, lorsqu'il était enfant, on lui avait rasé le crâne parce qu'il était juif. Je lui expliquais qu'à la même époque c'était l'épidémie de typhus qui avait imposé cette tonsure radicale que mon frère, mes cousins et amis non juifs avaient subie également. Le pou était l'ennemi le plus terrifiant, il ne faisait pas de quartier et n'était pas raciste. L'arme dérisoire contre lui : le peigne fin ! Et puis la chasse aux « lentes » et « la Marie-Rose, la mort parfumée des poux », surtout une hygiène rigoureuse et... la tête rasée pour les garçons, les nattes serrées, serrées pour les filles : le martyre ! Voyez comme les souvenirs s'interpénètrent et se déforment. Cela n'a que peu d'importance dans la sphère privée. C'est grave lorsque des personnalités médiatiques répandent ces mensonges et alimentent la haine. Pour en revenir à vous, M. Elkabbach qui semblez n'avoir agi toujours que par opportunité et sans scrupule et dont toute la carrière s'est faite dans le reniement de vos frères malheureux, pouvez-vous m'expliquer à quoi vous sert aujourd'hui de mentir ? Quel intérêt y trouvez-vous ? Au soir de nos vies, car vous avez à peu prés mon âge, la vérité vous fait-elle si mal ? Geneviève de Ternant Avril 2005 |
Les bambins du Consul
|
Ils sont costauds, les bambins d'Algérie ! Le consul d'Algérie
à Nice, Monsieur Mohammed Bachir Mazouz, « comprend l'émoi
des familles de rapatriés » (Nice-Matin, jeudi 10 mars 2005)
à l'idée de voir les pauvres restes de leurs aïeux jetés
à la fosse commune, mais il refuse « tout saccage » dont
pourtant mille preuves ont été fournies depuis 40 ans... Il
ne nie pas, le cher homme, que des « bambins ou adolescents aient
déplacé des fleurs et commis quelques dégradations
». Non, mais, quel culot ! Les sépultures profanées,
les cercueils éventrés, les ossements dispersés et
les crânes servant de ballons de football, sont, bien sûr des
gamineries sans aucune importance, sans la moindre connotation raciste ni
anti-française, ni anti-chrétienne, ben voyons ! Ce qui s'est perpétré dans les années 1962 et 1963 fut ignoble, un point c'est tout. Depuis, bien sûr, le temps n'a rien arrangé mais quand nous voyons le foin qu'on fait, à juste titre, pour des graffiti, ignobles d'accord, on se dit que l'indignation est à géométrie variable. Ce qui est en cause, en réalité et ceci est valable pour le FLN toujours au pouvoir comme pour les gaullistes, toujours au pouvoir, c'est la volonté d'éradiquer cent trente deux ans de présence française sur une terre que nos malheureux morts ont fertilisée de leur sang et de leur sueur. Lorsque, dans quelques années, les chercheurs ne trouveront plus trace des sépultures des villages du bled, ils penseront que les européens se sont cantonnés à une occupation des villes côtières, de quelques présidios et toute l'histoire en sera altérée. Est-il possible que les falsificateurs de notre passé n'y aient pas pensé ? n'agissent pas ainsi à dessein ? Quand je vois avec quelle tendresse, quel soin est entretenu le minuscule cimetière anglais qui se trouve à Nice entre la rue de la Buffa et la rue de France, dans une zone où le terrain vaut de l'or, je me dis que le respect des morts est une notion inconnue des barbares, qu'ils sévissent de l'un ou de l'autre côté de la méditerranée : Les bambins du consul valent les sauvageons de Chevènement ! Je salue l'effort qui est fait, maintenant, pour essayer de fabriquer un semblant de sépulture aux défunts d'Algérie, mais, en même temps, je crois que nos aïeux, s'ils sont au bord d'un nuage en train de regarder ce qui se passe sur terre, préféreraient mêler leur poussière à la poussière du sol qu'ils ont tant aimé. Mais, ceci, bien sûr, n'est qu'une opinion personnelle. Geneviève de Ternant 19 Mars 2005 |
Résilience
|
Le philosophe Boris Cirulnik nomme résilience
la faculté de rebondir après un traumatisme, afin de continuer
à vivre et à se reconstruire. Je crois que nous, repliés
d'Algérie, sommes les champions de la résilience.
Certes, nous avons connu beaucoup de suicidés, beaucoup d'êtres
touchés à mort par le drame que fut, non seulement le départ
forcé de notre pays, mais peut-être surtout la désillusion
profonde concernant la France. Il est normal d'idéaliser ce qui est lointain. Toute notre éducation par nos parents, « Français de France » ou « Français d'Algérie », était basée sur le respect que l'on doit à la famille, au pays et à ses lois. Il y avait bien des roublards pour tenter d'esquiver ces obligations, mais, outre la réprobation encourue dans des villages ou des quartiers où tout le monde se connaissait, une voix intérieure profonde et menaçante avertissait les coupables d'avoir à s'amender: On ne transigeait pas facilement avec les coutumes d'honnêteté inculquées avec plus ou moins de virulence ! Notre formation civique n'était pas moins rigoureuse : A l'école comme a la maison, « on ne nous passait rien ». La France était perçue comme puissante, juste et tutélaire. On pleurait à la défaite de 1870 et à « La dernière classe », on chantait à la victoire de 1918 et le retour à la France de l'Alsace et de la Lorraine nous semblait un enrichissement personnel. D'ailleurs, n'avions-nous pas tous quelques familles amies « réfugiées d'Alsace-Lorraine » ? Sangs mêlés, comme la plupart d'entre nous, d'italien, d'espagnol ou autre mais fidèles aux lointaines racines, et Français et fiers de l'être... Enfants, nous avons chanté de bon cur « Maréchal nous voila » pour « le salut de la France » et bien peu d'entre nous soupçonnèrent les magouilles qui faisaient rage dans les milieux politiques lors du débarquement des Américains en Algérie. Or, tous les clignotants étaient déjà au rouge ! Ceux de nos proches qui prirent alors la mesure de l'être indigne qui allait abuser la France et l'Algérie peuvent se compter sur les doigts de la main. Ceux-là, pourtant respirèrent lorsque, en 1946, De Gaulle fut renvoyé par les Français à ses chères études. On se dit que la France était trop belle, trop grande, trop puissante et trop juste pour ne pas effacer très vite les séquelles communistes de la Libération. Nous avions tous souffert, on allait rebondir : Résilience ! On l'a fait, avec courage, des deux côtés de la Méditerranée. Mais, trop occupés à rebâtir un pays, on ne voyait pas que ses fondations étaient fissurées. L'oeuvre terrible de désinformation était commencée. Elle ne s'arrêterait plus. Raconter que la décolonisation était faite pour le bonheur et la dignité des autochtones était un mensonge flagrant. On décolonisa par bêtise et lassitude car il est vrai que la France a lâché ces pays « au milieu du gué ». Sur le soi-disant « vent de l'histoire » invoqué, il y aurait à dire, et d'ailleurs, je le dirai. Mais le plus dur, ce fut de se rendre compte à quel point les Français sous De Gaulle ont laissé avilir la France. On a beaucoup écrit que De Gaulle n'aimait pas les Français mais aimait la France, C'est faux ! En osant s'assimiler à la France, il l'a réduite à sa pauvre mesure. Tous les grands mots dont il se grisait et dont il s'est servi pour endormir « les veaux » comme il disait, ne masquent plus que le vide sans fond de sa pensée et la nocivité de son action. C'est malgré lui que la France s'est relevée après la guerre car les Français ont enseveli leurs douleurs pour rebondir : Résilience ! Pour nous, repliés sans illusions, nous n'avons pas failli au sang de nos ancêtres pionniers. Nous avons, tant bien que mal rebondi aussi, quelques fois « pas bien haut, peut-être, mais tous seuls » à l'instar de Cyrano. Les économistes reconnaissent ce que les 30 glorieuses doivent à l'apport dynamique des Français d'Algérie vaporisés sur l'hexagone, chacun rebâtissant presque sans aide et en milieu globalement hostile une vie professionnelle digne et souvent exemplaire : Résilience ! Lorsque je parle de milieu globalement hostile, il convient de faire la part belle à la Corse où nos agriculteurs courageux se sont heurtés tout spécialement à un véritable ostracisme pour ne pas dire racisme. La lettre ouverte de Gérard Perrin à Dominique de Villepin dit clairement et avec une admirable modération ce qu'il convient de penser à ce sujet. (Voir dans Actualité) En cette triste affaire, ce fut une double résilience et, là encore, dans la plus complète indifférence des sots qui nous gouvernaient et des gouvernés eux-mêmes. Les familles déchirées par la mort ou la disparition d'un proche, par le désespoir, les maladies dues au stress et l'impossibilité de faire comprendre et encore moins admettre à nos concitoyens aveugles et sourds, l'ampleur d'un naufrage qui jetait un million et demi de Français sur le sable, tout cela fut cependant surmonté en apparence. Merveilleuse résilience ! Boris Cirulnik a fait là une extraordinaire découverte. Il a donné un nom nouveau (quoiqu'aux très anciennes racines) à ce que nous, pauvres simplets que nous sommes, appelons tout bêtement : courage ! Geneviève de Ternant |
Le vent de l'histoire, une histoire pleine de vent.
|
Contrairement à ce que beaucoup pensent, le vent de l'histoire
pousse les religions qui reviennent au galop. Le mot de laïcité
dont se gargarisent d'honnêtes gens sans cervelle est doté
d'une extraordinaire plasticité. On peut le tordre en tous sens,
il revient toujours à sa véritable forme qui est un masque.
Depuis 1789, ce masque a beaucoup servi et malheureusement les visages qu'il
dissimulait et dissimule encore, sont rarement radieux. Me voici donc encore
politiquement bien incorrecte ? Oh ! Dieu me garde de politique ! Ou Allah
ou Bouddha ou tout ce qu'on voudra ! Parlons français. Le mot laïcité ne correspond à aucune définition juridique. Le mot est récent et Ferdinand Buisson, grand maître de l'instruction publique en 1911 le considère encore comme un néologisme. Mon Littré ne définit le mot laïque que par des négations : « Qui n'est ni ecclésiastique ni religieux ». Dire ce qui n'est pas, ce n'est pas définir ce qui est. On pourra donc mettre la chose indéfinie à toutes les sauces et en particulier à la sauce du vent de l'histoire, si j'ose dire ! Déjà Bossuet se plaignait que nos lois, enlevées à l'autorité du pape, soient placées entre les mains laïques des magistrats. Reste à prouver que la France de l'époque s'en est mieux trouvée, mais enfin, admettons la chose. Emile Poulat (1) affirme que « notre laïcité c'est aussi la pacification des esprits par le droit. » Au regard de ce que nous observons en France, pour ne pas parler du monde, cet aphorisme a tout d'un vu pieux (si j'ose dire encore !) Depuis le baptême de Clovis, en 496, les rapports du pouvoir en France avec la papauté et par conséquent la chrétienté française furent pour le moins tumultueux. Il serait trop long d'en raconter ici les épisodes tragiques ou burlesques. Il s'est toujours agit de diminuer l'emprise des religieux sur les esprits. Dans ce but, l'état n'épargna aucun sévices ni ne se priva de la moindre malversation en rendant l'activité matérielle des prêtres, en particulier dans l'enseignement, très difficile. Lorsqu'on 1882 Jules Ferry rend l'enseignement primaire laïc et obligatoire, les Francs-maçons et Radicaux de l'époque sont persuadés que les religions n'ont pas d'avenir. En 1901, la loi sur les associations prévoit la dissolution des congrégations non autorisées, et, en 1905, est promulguée la fameuse loi de séparation de l'église et de l'état. Emile Poulat souligne qu'au sortir d'un XIX0 siècle positiviste qui a prédit la mort de Dieu, « les républicains sont persuadés que les églises vont se vider, c'est le sens de l'histoire. Certains pensent qu'en supprimant le budget des cultes, l'église va définitivement s'effondrer. » Or, après des moments bien durs, c'est le contraire qui va se produire. Non que les églises se remplissent, mais, cahin-caha, elle se maintient et une pratique à éclipse s'organise tandis que le prestige des écoles religieuses et libres se renforce. Le « petit père Combe », élevé au séminaire, est sèchement portraituré par Georges Clemenceau, pourtant aussi radical : « Une cervelle de vieux curé, non point retourné mais simplement détourné de ses voies. » Et quant au résultat, il n'est pas plus tendre : « Ajoutez tous les vices du Concordat à tous les inconvénients de la liberté et vous aurez le combisme napoléonien ! » Au fil du temps, le masque laïc n'a fait que se rigidifier, mais une sorte d'armistice s'installe dans la durée et après la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-siège, en 1921, on peut croire les choses apaisées. Mais voila que cette loi de 1905 faite sur mesure contre les chrétiens, se retrouve controversée par l'irruption de l'Islam en France. Sarkozy semble penser que le vent de l'histoire doit imposer à l'état une responsabilité envers une religion d'importation. Unissant les différents courants qui s'entredéchiraient joyeusement sur notre sol, il impose un conseil des cultes musulmans où les extrémistes font la loi. Mais, de toutes façons, pouvait-il en être autrement lorsque le débonnaire Daril Boubekeur s'exprime lui-même en musulman orthodoxe, c'est-à-dire pour lequel la loi du Coran et de la Charia est au dessus des lois de la République ? Le vent de l'histoire nous apporte, par la volonté de l'état, des mosquées là où, par la volonté de l'état, les églises se sont tues. Ainsi ce vent de l'histoire qui balayait les religions chrétienne au nom du progrès et juive au nom de je ne sais quelle suprématie démographique devrait imposer à l'occident une loi qui a figé l'orient depuis dix siècles ? Quelle responsabilité prennent nos gouvernants, girouettes qui tournent au nom d'un vent de l'histoire qu'ils ont inventé et qui les broie et nous écrase aux meules des moulins d'un monde devenu fou. Geneviève de Ternant 1) Emile Poulat est Directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales, directeur de recherches au CNRS fondateur du groupe de sociologie des religions, auteur de nombreux ouvrages. Il a publié en 2003 une somme passionnante intitulée « Notre laïcité publique. » Voir « Valeurs Actuelles » n° 3556 du 21 janvier 2005. |
Plombiers pieds-noirs, au secours !
|
J'assistais récemment à une conférence d'un astronome
de l'observatoire d'Alger entre 1950 et 1962. Actuellement c'est un de ses
anciens ouvrier, plus ou moins jardinier en ce temps là qui ferait
office de patron de ce service à Alger. Les officiels ont demandé
à notre conférencier de revenir prendre la direction de l'observatoire
qui est en piteux état et où rien ne fonctionne. Des arbres
poussent dans le miroir qui servit à faire pour la première fois l'expérience de chauffage solaire, et tout est à l'avenant. On lui a même offert de retrouver son appartement qui lui fut enlevé en 1962, comme à nous tous. Mais, lui a-t-on précisé, le lavabo fuit... On ne lui a pas encore demandé de payer le plombier ! Si non e vero, e ben trovato... Notre conférencier est plein d'esprit et même un peu farceur. Mais cela m'a fait penser à la proposition qui nous est faite, nous pieds-noirs et nos associations et même aux collectivités locales des régions de France où vivent beaucoup de rapatriés de payer, par l'intermédiaire d'une association France- Maghreb, la remise en état de nos cimetières. Outre le fait que la plupart ont disparu sous le béton ou sont rendus impraticables par les déprédations (beaucoup) par le temps (un peu), il nous faudrait payer le « plombier algérien » responsable de ces « nuisances ». De qui se moque-t-on ? D'autant que le traité qui doit être signé entre la France et l'Algérie, c'est-à-dire Chirac et Bouteflika (Bisous, bisous !) comporterait le versement d'un petit cadeau de 10 milliards d'euro... N'est-il pas déconcertant que ce soit les élus U.M.P. gaullistes qui sont à l'origine de cette histoire peu claire ? Croient-ils que les pieds-noirs sont naïfs au point de se laisser acheter, ou du moins leur vote ? D'autant plus que finalement, par le biais des impôts qu'on ne baisse plus, c'est eux, c'est nous qui financerons la générosité de ces gens qui, à part de bonnes paroles, ne leur coûte rien. Ils n'ont jamais eu le courage de remettre en question le grand uvre de décolonisation de leur icône, De Gaulle. Ni critiquer l'attitude plus qu'amicale du gouvernement actuel envers un assassin terroriste, comme l'a qualifié Mesmer lui-même, devenu chef d'Etat qui ne se prive pas d'injurier la France en la personne de ses soldats de toutes origines. Bisness ! Et, toute honte bue, nous irions réparer les déprédations des pilleurs de sépultures... et les robinets qui fuient dans nos maisons spoliées... Geneviève de Ternant 3 décembre 04 |
DANS LE COURANT D'UNE ONDE PURE...
|
Hélas ! Nous ne naviguons que dans des ondes impures ! Mais
quelle mouche a donc piqué le C.S.A. pour autoriser la diffusion
de la chaîne de télévision libanaise AL-MANAR en France
? J'ai un grand faible pour le courageux Liban, mais enfin, le Hezbollah
, ce n'est pas le Liban, pas plus que le F.L.N. n'était lAlgérie.
Ne suffisait-il pas qu'à travers paraboles et satellites se déversent
sur les cités les appels haineux d'un islam dénaturé
? Comme naguère la radio égyptienne a contaminé les
Algériens jusqu'à fomenter massacres et complots... Les moyens
aujourd'hui sont plus sophistiqués et donc plus nocifs. Et voici
qu'après Bourges de sinistre mémoire pour les Pieds-Noirs,
Dominique Baudis se fait avoir comme un bleu... ou pire ? Qui sait ? Faut-il rappeler que ce fut en vain que les associations de « Rapatriés » demandèrent des autorisations pour émettre sur des radios ? Que la seule autorisée, à Lyon, ne l'est qu'à condition de demeurer dans les étroites limites de la variété et de ne jamais effleurer « le politique » ? Et c'est mieux que rien, bien sûr... Faut-il raconter qu'à la suite des récentes rediffusions de films et « documentaires » orientés anti-pied-noir, anti-armée française et même anti-françaises tout court, un de nos historiens amis, indépendant et honnête écrivit au CSA pour demander, sinon un droit de réponse, du moins que ces émissions soient suivies d'un débat réellement contradictoire. La réponse du CSA fut celle que nous avons tous reçue années après année : « Les chaînes sont libres de leurs choix et les idées défendues dans les fictions ne sont pas censurées. » En gros, c'est ça ! Est-il convenable que les chaînes que nous payons nous injurient sans que nous puissions répondre, réfuter ? Est-il convenable que le CSA ait autorisé, même sous condition de surveillance (là, on peut, pour nous, on ne peut pas.) des appels « de nature à troubler l'ordre public » ? Lorsque après les émissions dont je parle nous nous sommes fait traiter de tous les noms d'oiseaux, cela ne troublait pas l'ordre public, voyons ! Cela ne troublait que nous, nos familles, nos enfants... Et à propos d'oiseaux, C, comme canards nageant sur des ondes polluées, S, comme sarcelles péchant en eaux troubles, A, comme autruche cachant sa tête dans le sable pour ne pas voir et ne pas entendre... Je vous laisse le choix. |
L'ARMÉE d'AFRIQUE
|
"C'EST NOUS LES AFRICAINS QUI REVENONS DE LOIN, NOUS VENONS DES
COLONIES
|
LA ROUE TOURNE
|
On peut se demander pour quelles raisons les pays occidentaux ont formé
des empires coloniaux au XIX" siècle : c'est très exactement
parce que la gauche et en particulier en France était pétrie
de « bons sentiments ». Les opinions publiques européennes,
alertées par les missionnaires et par les récits des explorateurs
furent horrifiées d'apprendre que l'Afrique « d'avant les blancs » n'était pas un monde harmonieux, n'en déplaise aux sectateurs de Rousseau. La création de l'empire zoulou dans les années 1810-1820 raya de la carte des peuples entiers, ethnocide qui vida de ses populations une grande partie de l'Afrique australe jusqu'au lac Tanganyka. A l'ouest, les peuples noirs islamisés ravageaient d'immenses territoires entre l'Atlantique et le Nil. Les empires de Foulbé, Rabath, EI-Hadj-Omar ou Samory éliminèrent de nombreuses ethnies massacrées ou vendues sur les marchés d'esclaves. Marchés qui alimentaient largement le Maghreb, faut-il le souligner ? Au nord, les Sénoussistes venus de Lybie vidèrent de leurs habitants le sud du Tchad et une partie de l'actuelle République Centrafiquaine, toujours en proie aux vicissitudes que l'on sait... Les Mahadistes ravageaient le Soudan, qui aujourd'hui ne se porte pas mieux. La chasse aux esclaves décima la Somalie, l'Ethiopie, le Kénia, l'Ouganda, la Tanzanie, le Burundi, le Zaïre, le Malawi, le Mozambique. Indignée, la France laïque et républicaine devint « colonialiste » au nom des droits de l'homme. Le 9 juillet 1925, Léon Blum s'écriait à la Chambre des Députés : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l'industrie. » A cette époque, la « droite » nationaliste considérait avec méfiance l'expansion coloniale. C'est donc bien par « souci humanitaire » que l'opinion de gauche influença la droite catholique française qui s'y rallia par charité, Mgr Lavigerie en tête... De cette « assistance à peuples en danger » découla l'engrenage de la colonisation. Pour que cesse la traite des hommes, il fallut que les Etats montent d'importantes expéditions militaires qui épargnèrent à des millions de noirs de prendre les chemins des marchés d'esclaves de Zanzibar, de Mascate et de toute la péninsule arabique. Lorsqu'il s'avéra que la colonisation, au prix certes de nombreuses vies, et de la perte de coutumes ancestrales, de toutes façon vouées à disparaître pour les raisons susdites, était partout un succès, que les peuples, sans atteindre le niveau de vie des occidentaux, vivaient en paix, se nourrissaient en suffisance, et commençaient à avoir des hôpitaux, des écoles, des routes et une infrastructure performante, bref, une, évolution lente mais perceptible vers l'autosuffisance, alors la gauche vira lentement de bord, condamnant les marchands qui faisaient la richesse des pays colonisés, et stigmatisant les « colons » qui commençaient à recueillir les fruits de leur labeur et faisaient vivre les fellah, alors que, dans le même temps, s'édifiait en métropole des fortunes énormes sans susciter le moindre soupçon d'indignation. Ainsi elle fit changer les opinions publiques tandis que les droites tentaient vainement de faire valoir qu'on avait fait des promesses aux indigènes et qu'il fallait les tenir. Or aujourd'hui que voit-on ? Après Bernard Kouchner, figure médiatique de la gauche, devenu champion de I' « ingérence humanitaire », des ONG infiniment sympathiques introduisent dans de nombreux pays des notions humanitaires et féministes qui bouleversent les habitudes ancestrales condamnables il est vrai à nos yeux d'occidentaux et si l'on se défend de l'étiquette infamante de colonisation, ce n'est en vérité rien d'autre. Et je ne parle pas des intérêts économiques à odeur de pétrole... La roue tourne ! Et si l'on veut nourrir, soigner et scolariser les populations qui en cinquante ans de décolonisation ont ruiné l'Afrique que peut-on faire ? Débarquer des troupes pour se faire tuer, casque bleu sur la tête ? Décréter des embargos qui enrichissent les trafiquants ? Et servir de tête de Turc à des potentats sans scrupules élevés dans nos université à la sauce marxiste-léniniste qui ne survie que là ? Ou subir ce qu'on ne peut empêcher lorsque la plus puissante armée du monde relaie la vieille Europe qui n'a plus les moyens de ses discours ? La néo colonisation a commencé, le processus est enclenché. Où pourra-t-il s'arrêter ? Au nom de quoi intervenir ici et pas là ? Au nom de quoi nourrir les uns et laisser les autres mourir de faim ? Au nom de quoi soigner là le Sida et pas ailleurs ? Toutes les belles paroles ne changent rien aux faits. On habille de mots choisis, de généreuses déclarations des actes qu'on stigmatisait sous un nom différent. Mais la réalité est têtue et les hommes blancs, noirs ou jaunes meurent tous les jours... qui vivaient paisiblement sous la paix française, mais foin de nostalgie, celle qui habite le cur de nos anciens compatriotes et qui s'exprime lors de ces « retours »... Et oui, la roue tourne... Geneviève de Ternant Décembre 2004. |
L'armée des ombres, l'armée des nombres
|
Le colloque organisé à Perpignan les 23 et 24 octobre
2004 par le cercle algérianiste a eu pour thème : Les Disparus.
Dense et émouvant, il donnait la parole aux familles de personnes
dont nul ne sait le sort. Quarante deux ans après la fin de la
guerre d'Algérie, le mystère est toujours épais quant
au nombre et au devenir de ces ombres que De Gaulle et ses séides
et, depuis, tous les gouvernements français et algériens
ont voulu effacer définitivement. Il en serait allé ainsi
sans l'opiniâtreté de nos associations, l'ASFED du capitaine
Leclerc, celle du Commandant Bautista et ma modeste mais décisive
contribution au sein de l'Echo de l'Oranie et, bien sûr, les actions
des familles de disparus, sans cesse ballottées de bureau en bureau,
de ministère en ministère, de fonctionnaires gênés
en fonctionnaires incapables... Tout se liguait pour que ces ombres là
soient à jamais effacées. On nous opposait, on nous oppose
encore, la fragilité des témoignages, l'absence de documents,
l'impossibilité d'un tel nombre : II faut être crédible
! Comme si un massacre était crédible ? Il n'est pas crédible,
mais il a existé ! Quant aux enlèvements d'hommes, de femmes,
d'enfants, il ne fallait pas en parler pour ne pas mettre en danger leur
éventuelle survie : Quelle escroquerie morale ! Quel cynisme ! Geneviève de Ternant |
NOUS NE SOMMES PAS DES CHIENS
|
Madame Viviane Ezagouri née Pinto nous a contacté sur
le site Oran 1962 le 3 mars 2004, s'étonnant de ne pas voir signalée
la disparition de son père, Joseph Pinto le 5 juillet 1962 à
Oran. Cette personne a raison et cela illustre bien la difficulté
que nous rencontrons pour identifier le plus grand nombre possible de
victimes de cette abominable journée. L'enlèvement de Joseph
Pinto a eu lieu à 15h 30 à hauteur du n°18 de la rue
Léon Djian. Il habitait au n°10. Gaston Pinto, l'oncle de Viviane
et son frère Wilfrid ont signalé la disparition, ils ont
porté plainte. Viviane, elle-même, a été arrêtée
puis libérée par un commandant de l'ALN qui, dit-elle, la
connaissait de vue parce qu'il était du quartier. Elle raconte
la quête infructueuse : « On allait de bureau Nice le 11 octobre 2004 |
SYMBOLES
|
Nous sommes tous des symboles. Nous pouvons essayer de vivre en tant
qu'individus, mais nous mourrons en tant que symboles. Pour les peuples
qui ont gardé l'instinct tribal, clanique, chacun de nous représente
un clan, à notre insu. Et celui qui assassine ne tue pas un homme
mais l'idée du groupe auquel appartient, dans son esprit, cet homme.
Notre individualisme occidental, quoique historiquement récent, s'est
si bien ancré en nous que nous renâclons à admettre
cette vérité humaine élémentaire. Pourtant nous
passons notre vie à essayer d'intégrer un groupe. A fortiori,
en le dénigrant. L'enfant solitaire dans la cour de récréation
se fera gloire de sa souffrance, de sa différence, ou en mourra.
Dans l'épreuve, parce que « les arabes », pris globalement
ont considéré le « roumi » comme l'ennemi qui
les méprisait, en dépit de tout ce qui prouvait le contraire,
il nous a fallu essayer une difficile union qui a donné, fort tard,
l'O.A.S. Pouvait-elle, cette union, exister plus tôt ? Nos amitiés
d'enfance avec nos voisins musulmans tout autant que les faux clivages entre
européens de France, d'Espagne, d'Italie ou de Malte ont joué
contre cette union qui, peut-être, nous eut sauvés... Ce peuple
violemment amoureux de vivre qui naissait de nos différences, ce
peuple que Louis Bertrand savoure avec une gourmandise mêlée
de répulsion, n'a trouvé sa cohérence que dans le danger
mortel et plus tard, dans le désespoir. Nous sommes alors devenus, à nos propres yeux, des symboles, alors que nous l'étions depuis toujours pour les Algériens indigènes et pour les « Français de France » comme nous disions avec innocence ; et ces mots traçaient, à notre insu, l'invisible et terrible frontière qui ferait de nous des parias des deux côtés de la Méditerranée. Lorsque je lis les onctueux propos de Jacques Duquesne ou ceux du Professeur Mandouze - pardonnez-moi d'évoquer son laid visage de mante religieuse - ces hommes qui osent, au nom de leur engagement en faveur des terroristes F.L.N. donner des leçons morales et affirmer qu'ils ont travaillé pour la paix, je ne reconnais pas le message d'amour que j'ai reçu dans mon enfance et qui m'est trésor. Car le terrorisme qui sévit sur la planète est l'enfant de celui qu'ils ont aidé, prôné, qu'ils prônent encore, celui qui a tué les notre, enlevé les innocents. Et pourtant, si, demain, la clan terroriste sévit en France même, après s'être servi d'eux, ils en seront victimes parce qu'à leur insu, ils ne sont pas des individus mais des parcelles du même clan que nous : des roumis. Lorsque des journalistes, des écrivains engagés - ce qui signifie de gauche, car, à droite, on n'est pas engagé, allez savoir pourquoi - se risquent à soulever un coin du voile opaque du politiquement correct, ils se font vertement rabrouer ou rejoignent nos rangs de médiatiquement étouffés. Rares sont les honnêtes, les courageux ou les fous qui persévèrent. Mais, de toutes façons, citrons pressés, ils seront aussi victimes. Les jeunes d'ascendance maghrébine veulent et redoutent la vérité, ceux et celles, du moins, dont les yeux s'ouvrent sur un monde dont, mieux que personne, ils connaissent la cruauté. Mais beaucoup ont dansé dans les rues, un certain 11 septembre. Vous avez dit clan ? Mais victimes, ils le seront aussi, si la barbarie triomphe, les plus sages le savent. Ma conclusion n'est pas de violence, oh ! Non, cela m'est étranger, mais de vigilance et de force. « Si vis pacem, para bellum ». Le Coran dit : « baise la main que tu ne peux couper », L'occident, aujourd'hui tend les deux mains pour qu'on les coupe... Et nous assistons, impuissants, divisés, à ce film dont nous connaissons la fin, pourtant. Il n'est peut-être pas trop tard pour qu'enfin, oubliant les querelles de personnes, les ambitions passées d'époque, les mesquineries et les peaux de banane, nous nous sentions enfin de la même tribu, celle qui veut la vérité sans tabou, sur notre histoire de 132 ans, notre drame plus de huit ans, sur notre épreuve de quarante deux années, pour la justice contre les faussaires qui tentent de modeler les faits aux contorsions de leur idéologie ou de leur fidélité à un masque. Nice octobre 2004 Geneviève de Ternant |
SPIRITUEL?
|
Lorsque Malraux disait que le XXI" siècle serait spirituel
ou ne serait pas (ce qui d'ailleurs n'est pas la citation exacte mais celle
usitée)sans doute ne soupçonnait-il pas qu'il serait l'enjeu
de la guerre des religions, des chocs de spiritualité. Connaisseurs
des cultures extrêmes orientales fatalistes, il ne semble pas avoir
pris la mesure des inquiétudes moyennes orientales, des déséquilibres
inhérents à leur conscience figée et à leurs
frustrations réprobatrices et fascinées. Les chrétiens
de ces pays, enracinés depuis plus de 2000 ans, ont vu grandir l'Islam
en rayonnement et en démographie. Leurs communautés de plus
en plus réduites en comparaison des musulmans, se sont vues imposer
un régime de dhimitude fragile que l'évolution des conflits liés à la religion, souvent artificiellement, du Maghreb aux frontières russes, a rendu de plus en plus précaire. Le prosélytisme religieux et matérialiste sans nuance des Américains a contribué à fragiliser encore leur position. Aussi se sont-ils bien gardé d'afficher une collaboration avec les troupes qu'ils ont du considérer avec une légitime suspicion: Ces coreligionnaires bien nourris et leur naïve bonne volonté ne pouvaient qu'inquiéter ces populations aux moeurs ascétiques qu'une longue cohabitation avec l'Islam a rendues vigilantes. Cependant, on ne peut se dissimuler l'offensive généralisée de groupes islamiques contre les populations chrétiennes minoritaires, aux Philippines, en Afrique et ailleurs. A peu prés aucun média n'a signalé qu'en Ossétie du Nord la population est, en grande partie, chrétienne et que le choix de l'école de l'horreur n'est certainement pas fortuit. En France les saccages de cimetières sont devenus monnaie courante et toutes les religions y sont visées, avec plus ou moins de fréquences mais partout le même irrespect, la même stupidité, le même manque de courage. Une opinion se défend à visage découvert, non dans l'anonymat de la nuit, non avec violence, mais avec des arguments... N'est-ce pas ce que nous tentons de faire? La vérité finit toujours par se faire jour. L'Algérie Française était le rempart d'une chrétienté virtuelle qu'il fallait abattre en priorité. Virtuelle puisque le "roumi" peu pratiquant et souvent athée avait libéré de la même dhimitude les juifs d'Algérie soumis depuis le X° siècle, la conquête du Maghreb et de l'Andalousie par les envahisseurs de la péninsule arabique et la conversion à l'Islam de l'Afrique chrétienne. Virtuelle parce que laïque et Franc-maçonne mais considérée par les musulmans comme chrétienne: N'oublions pas le slogan du djihad: "Tuez les chrétiens!" c'est à dire tous les européens. La France, fille aînée de l'Eglise, depuis deux siècles émancipée, s'est laissée violer, tourner en ridicule et abattre sur ses marches en attendant d'être démographiquement soumise aux lois des plus nombreux, et l'Europe entière avec elle. La loi sur "les signes religieux ostensibles" ne s'est révélée nécessaire que parce que les lois existantes, suffisamment explicites, n'étaient plus appliquées. Nous qui avons côtoyé nos amies musulmanes, voilées ou non, toute notre vie en Algérie, nous poumons en raconter long sur ce qu'elles en pensaient. Les habitants du Moyen Orient, las de la guerre, demandent la fin des affrontements. Peut-être la modération des musulmans de France aidera-t-elle la paix. J'en doute. Toutes les révolutions dévorent leurs enfants. Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure... Un répit? Peut-être! En Afrique noire cela viendra par la misère entretenue et la maladie. Hélas! Comment s'y résigner? Sans un sursaut de la vieille Europe, tout reprendra, plus virulent encore. La misère n'est pas le moteur mais le moyen, et la religion a bon dos. Oui! Le XXI" siècle est spirituel... pour son malheur. Geneviève de Ternant Nice septembre 2004 |
Relations croisées
|
Les hasards de l'édition mettent entre mes mains, en ce mois
de juin 2004, deux livres majeurs. Mais je ne crois pas trop au hasard;
je préfère lui donner le nom de providence. L'un est l'ouvrage
du Docteur Jean-Claude Pérez: "L'islamisme dans la guerre d'Algérie",
l'autre: "La dernière marche" de Louis Martinez. Curieusement, je devrais dire inévitablement, tous deux font référence à la haute, énigmatique figure de Ramon Llul choisie peut-être inconsciemment en référence aux racines ibériques des auteurs. Maurras ou Péguy eussent élu le Père de Foucault au destin parallèle. Pourtant c'est bien à une origine ibérique que J.-C. Pèrez rattache l'islamisme conquérant par une analyse historique précise et référencée, particulièrement dans le Livre IV de son ouvrage dont toutes les parties doivent être lues et méditées. On peut ne pas souscrire à la thèse développée par l'auteur on ne saurait lui dénier sa cohérence. L'analyse rigoureuse des antécédents religieux et politiques de l'islamisme qui aboutit à la débandade honteuse de 1962 et continue ses ravages dans l'Europe actuelle est menée avec la plus absolue clarté. On croit, à la lecture, entendre la voix précise du conférencier hors pair mais les développements vont bien au delà de ce qu'il est possible de faire passer en une heure de discours. Tous les ouvrages antérieurs toutes les recherches déjà publiées dans une oeuvre originale considérable sont repris, ré-analyses à la lumière de documents, de témoignages nouveaux ou nouvellement découverts, ou soumis a un nouvel et rigoureux éclairage. Partager les trois vertus théologales entre les trois religions du Livre: l'espérance pour les juifs, la charité pour les chrétiens, la foi pour les musulmans ne me semble pas nécessaire, chaque religion revendique les trois et les pratique, au moins en sermon. On peut, peut-être lui accorder la prééminence de l'une ou l'autre chacune, et la sélectivité des bénéficiaires. Ceci peut paraître anecdotique, mais je crains que cette distinction ne nuise dans 1'esprit du lecteur que je mets en garde contre une indignation ou une lassitude pour l'encourager à poursuivre. L'immense culture de l'auteur qui paraît à chaque page ne nuit en rien à la clarté de l'exposé et permet au lecteur, même peu averti, de plonger dans une histoire commencée dés le début de l'ananisme pour se prolonger dans notre quotidien, car si les monstres grouillent sous la peau de la mer, ils ne sont pas moins nombreux ni moins féroces sous la peau de l'histoire. 1) Ramon Llul, majorquin du Xll°siècle qui pour "avoir vu la réalité en face" dans le sein rongé du cancer de la belle Ambrosia comprit que l'absolu était Dieu. Subit le martyre à Bougie en 1 314 ou 1 315. "La dernière marche" est le troisième et dernier volet de l'oeuvre de Louis Martinez commencée avec "Denise ou le corps étranger", continué par "Le temps du Silure", un peu à la manière du quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durell. L'histoire, notre histoire, est prise et reprise par le narrateur, acteur et témoin, quête du père, quête de la légitimité de la terre, des racines, quête de soi- même, toujours recommencée, quête de la vérité historique dans les méandres des cerveaux et des motivations politiques et anonymes. La dernière marche est davantage la marche ultime qui jadis protégeait l'Europe, la dernière, en effet qui tomba par la volonté d'un démiurge qui se cru visionnaire, manipulateur manipulé, aveugle et sourd aux cris, non de l'Algérie, mais de la France, hélas! Oui, la dernière marche, non celle qui monte mais celle qui descend vers les profondeurs glauques, fascinantes et sournoises de la dé- civilisation. Cercles concentriques infiniment repris, sous tous les aspects en un style somptueux. Pour les deux auteurs, une fin de cycle et, plus, un constat de faillite. Faillite des illusions généreuses, faillite des institutions gangrenées, faillite des bonnes volontés aux effets pervers... Nous dansons sur un volcan, oui, mais qui n'a jamais pu empêcher l'éruption d'un volcan? Alors? Aller s'enfermer dans un château cathare ou dans un monastère bouddhiste? Ou danser sans illusion, Congrès de Vienne ou Munich? Les Cassandre disent les malheurs qui doivent arriver non les moyens d'y échapper, encore moins de les empêcher. Oui, il faut lire ces deux livres, pour le plaisir et pour, au moins, ne pas mourir idiots. Geneviève de Ternant -"L'Islamisme dans la guerre d'Algérie" de Jean-Claude Pérez. collection Vérité pour l'Histoire. Éditions Dualpha. B.P. 58-77522 Coulommiers cedex - 01.64.65.50.23. -"La dernière marche" de Louis Martinez - Roman- Éditions Fayard. |
Libre propos sur la télévision
|
Nous disions depuis longtemps que la télévision était
un soporifique puissant destiné à endormir toute conscience,
toute velléité de réflexion chez le spectateur. Voilà
une confirmation inattendue mais éclatante de cette triste opinion,
et c'est le patron de la chaîne la plus regardée d'après
les sondages, qui ose le proclamer avec une lucidité parfaitement
cynique.
Monsieur Patrick le Lay, PDG de TF1 nous dit dans un livre collectif
que " le métier de TF1 consiste à aider Coca Cola,
par exemple, à vendre son produit .et que pour qu'un message publicitaire
soit perçut, il faut que le cerveau du téléspectateur
soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible
: c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer
entre deux messages ; Ce que nous vendons à Coca Cola, c'est du
temps de cerveau humain disponible " Du temps de cerveau humain disponible
!!!!! |
Projet de loi.
|
Le projet de loi qui vient d'être adopté à L'Assemblée
Nationale concernant la situation des repliés que sont les Français
d'Algérie répond à certaines revendications et en exclu
d'autres. Un examen attentif de ce projet de loi amène à se
poser quelques questions. 1) Historiquement dans tous les traités et accords entre États, quel est exactement la nature de l'engagement des états signataires? 2) Lorsqu'un des états signataires est défaillant, quelles mesures de rétorsions sont légalement prévues? 3) Lorsque les ressortissants d'un état sont victimes de la raison d'état qui est responsable? Cette responsabilité est-elle limitée à assurer la survie (ce qui d'ailleurs n'a pas été fait)? Ou bien la responsabilité s'étend-t-elle à l'indemnisation des victimes et doit-elle être assumée en tout état de cause? Cela ressort en effet des termes des accords d'Evian. 4) La France a signé le paragraphe C du texte intitulé IV Structure d'une Algérie associée concernant les intérêts privés et les propriétés foncières. La garantie de ces droits n'est pas, dans le texte, imposée au seul état algérien à naître. 5) le titre V prévoyant la coopération entre la France et l'Algérie est soulignée comme la garantie des garanties, donc, si l'Algérie est défaillante, la garantie doit s'exercer par la France soit directement soit en obligeant l'état algérien à s'y soumettre. 6) Le projet de loi souligne (P.7) que les accords signés par la France avec la Tunisie, le Maroc, Madagascar et le Cambodge ont abouti à l'indemnisation par ces états des ressortissants français spoliés. Les accords d'Evian sont aussi explicites sur ce point. Or, il est peu probable que ces états nouvellement indépendants aient financés les dites indemnisations sur leur propre budget alors qu'ils sont aidés financièrement par la France. Nous avons donc là un transfert de fonds permis par une astuce comptable. Ces pays n'étaient d'ailleurs nullement dans le même cas que les départements français d'Algérie, mais laissons cet aspect pourtant essentiel. Le G.N.P.I. a chiffré, d'après le projet de loi (P. 12) à 12 milliards d'euros l'indemnisation des biens spoliés ou perdus outre-mer, estimation fort modeste de l'avis de tous les experts. Combien la France a-t-elle donné directement ou par l'effacement des dettes de l'Algérie à ce territoire en quarante- deux ans? Nous avons les chiffres de 1050 millions de francs en 1963 et de 1010 millions en 1964 et les aides financières ont ainsi continué depuis. Il m'a été dit que l'aide s'est chiffré pour l'année 2003 à 7 milliards d'euros. Je ne le garantie pas mais je crois qu'il serait intéressant d'en avoir confirmation. La publication des chiffres, même amputés des aides techniques et autres financements plus ou moins directs de l'État français au profit de l'état algérien serait de nature à faire réfléchir l'opinion publique française. L'indemnisation totale des "Rapatriés" s'avérerait même bien inférieure à ce que l'état français a payé pour renflouer le Crédit Lyonnais! Geneviève de Ternant Juillet 2004 |
DE LA DUPLICITE ÉRIGÉE EN DOGME
|
Les adversaires de la colonisation en Algérie ont soutenu que les reformes réalisées par la France dans ce pays constituaient une violation des engagements pris par elle dans la convention du 5 juillet 1830. Or, cette convention était simplement la capitulation emportant reddition de la ville d'Alger et ne précisait que les conditions de cette reddition. Et, pour ce qui concernait les habitants d Alger et uniquement eux, elle était ainsi conçue: l-'exercice de la religion mahométane restera libre. La liberté des habitants de toutes les classes, leur religion, leurs propriétés leur commerce et leur industrie ne recevront aucune atteinte Leurs femmes seront respectées." On ne trouve donc aucune trace dans cette capitulation d'un engagement pris par le Général de Bourmont à l'égard des habitants d'Alger et a fortiori de tout le territoire ultérieurement soumis à la France de ne les point soumettre aux lois françaises et de n'en point faire les justiciables des juges français. La France, si le Général en chef eut pris l'engagement d'assurer d'une façon définitive aux habitants d'Alger un statut juridique déterminé, eut eu le droit de le désavouer. Elle n'a pas eu a le faire parce que cet engagement, le vainqueur ne l'avait pas pris. Par la suite, nombre de décrets, d'ordonnances et de lois ont cherché a préciser le domaine de juridiction musulman. Or la France a toujours témoigné pour les institutions musulmanes d'un respect dont les gouvernements des pays musulmans d'Orient n'ont guère témoigné. Ainsi la Turquie, entre 1905 et 1926 a emprunté son code civil à la Suisse, son code de commerce à l'Allemagne et son code pénal à l'Italie. L'Egypte est allée moins loin mais la laïcisation dés 1883 des tribunaux indigènes sur le modèle des tribunaux français est bien implantée. La Tunisie et le Maroc ont sécularisé la législation et les juridictions dés avant l' instauration du protectorat français. En Algérie, dans toutes les applications extrêmement modérées de la législation française, la justice s'est trouvée confrontée à la volonté des religieux musulmans de réduire le champ d'application des réformes, contre la volonté des justiciables musulmans eux-mêmes. Les exemples abondent de la plus extrême mauvaise foi. L'excuse était toujours la même: la soumission est provisoire, la parole donnée à l'infidèle n'engage pas le vrai croyant et la guerre doit être reprise dés que le vrai croyant en a la force. C'est ainsi que le traité de la Tafna signé de bonne foi par le Maréchal Bugeaud et ratifié par Abd-el-Kader fut considéré par ce dernier comme nul et non avenu après qu'il se soit fait livrer par la France des armes et des munitions qu'il retourna contre les Français quand il se crut capable de les vaincre. C'est ainsi que les dirigeants du FLN considérèrent les accords d'Evian du 18 mars 1962, signés par un seul des trois délégués du Front de Libération Nationale, Belkacem Krim et par les trois délégués de De Gaulle, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, comme un chiffon de papier. Il en résulta que la France appliqua les accords à sens unique, allant même au delà de ses obligations en abandonnant les ressortissants français, européens et musulmans à la vindicte des égorgeurs, alors qu'elle s'était engagée à protéger "les personnes et les biens", sans exiger le moindre commencement de réciprocité de la part des chefs FLN qui mirent le pays en banqueroute et à feu et à sang. La France n'appliqua pas non plus les garanties qu'elle s'était engagée à promouvoir pour aider et indemniser les Français, européens et musulmans, réfugiés sur le sol hexagonal, leur marâtre patrie. Ainsi peut-on dire que la duplicité prônée par les docteurs de la loi musulmane, le mensonge, le double jeu ont été depuis toujours les armes déloyales de l'Algérie, que De Gaulle n'a pas hésité à les employer exclusivement contre ses propres compatriotes et qu'il est peu probable que ces armes ne soient pas en embuscade dans les rapports ambigus du gouvernement actuel de la France et du conseil des musulmans de France. Seuls ceux qui ne connaissent pas l'histoire peuvent se faire des illusions à ce sujet! Geneviève de Ternant Mars 2004 |
Regard en arrière
|
Je voudrais vous raconter aujourd'hui comment est
né ce livre: "L'agonie d'Oran". Comme vous le savez, j'ai
pris au premier janvier 1980, la direction de l'Écho de l'Oranie,
et, très vite, j'ai pu percevoir combien les lecteurs avaient besoin d'être entendus et combien le drame du 5 juillet 1962 était une écharde dans leur coeur. Marcel Bellier avait essayé d'écrire ce livre noir mais sans doute était-ce trop tôt. Les victimes parlent difficilement. J'attaquais le problème différemment. Tout en demandant des témoignages, je traquais dans tous les ouvrages déjà parus le chapitre ou le court passage relatif à ce drame. Je recherchais les auteurs et leur écrivis pour leur demander l'autorisation de reproduire ces écrits dispersés. Tous, avec générosité et enthousiasme m'écrivirent leur accord. Regroupés, ces articles, ces chapitres prenaient un poids considérable. La liste des victimes déjà connues et les témoignages de certains de leurs proches que je pus retrouver, tout cela formait l'armature du livre auquel le grand journaliste et écrivain Claude Martin accepta de donner son soutien dans une lumineuse rétrospective. Éditer ce travail n'était pas une mince affaire. A cette époque, il fallait graver les plaques, ce qui fit notre éditeur de l'Écho, Marcel Gamba. Avec enthousiasme, toute l'équipe de l'Écho mit la main à la pâte. Notre président, Michel Pittard, notre secrétaire, Pierre Calia, et Louis Vaney, et Paul Avon venaient donner un coup de main et relire les épreuves avec moi. Surtout, le dévouement inlassable de mes deux collaboratrices, Yvonne Navarro et Jeanine Sogorb, ne fut jamais en défaut. Le premier tirage de 1.000 exemplaires fut vite épuisé. Il fallut en refaire trois autres de 400, 500 et 622 exemplaires au cours de cette année 1985 et ce fut, pour l'Écho un gros investissement. La souscription avait été mise à 80 francs mais les frais de port nous obligèrent à mettre le livre à 120 francs ce qui n'arrêta pas les ventes. Nous faisions alors les adresses à la main, et avons du demander des sacs de jute à la poste pour transporter les envois quotidiens. C'est lourd, les livres! Bien entendu, comme le spécifiait la publicité dans l'Écho, tous les deux mois pendant les années 1985,1986 et 1987, tous les chèques étaient établis au nom de l'Écho de l'Oranie. Mon mari, Gérard Vincent et le mari d'Yvonne, Roger Navarro nous ont aidés à convoyer des kilos et des kilos de livres. Tout le monde était heureux et fier de participer à ce travail de mémoire et de vérité. Or, cet investissement considérable se révéla, en plus, une bonne affaire puisque, en trois ans, la vente rapporta au journal et aux Amitiés Orâniennes un bénéfice d'environ 500.000 francs, je dis bien 50 millions de centimes et je précise un bénéfice, dont bien entendu pas un sou dans la poche de qui que ce soit, ni la mienne ni aucune autre. Ces bénéfices inattendus, car ce n'était pas le but recherché, vous l'avez compris, furent investis dans l'achat de nouveaux ordinateurs plus performants pour lesquels mon fil aîné, Jean- Bernard Vincent fit, toujours bénévolement, un logiciel qui est toujours à la base du travail de l'Écho. Nous avons pu aussi faire les premières couvertures en couleurs du journal et donner de plus importants moyens au service social dont les dames se dévouent encore: Yvette Pittard, Camille Bender, Yvonne Navarro, Gaby Mugnier; d'autres Hélas nous ont quittés, comme sont partis aussi, au paradis des honnêtes gens, Michel Pittard et Roger Navarro, Paul Avon et Louis Vaney, Pierre Calia et Charles Finas... Mais je n'oublierai jamais l'enthousiasme et la volonté qui nous animaient. Nous aurions pu sans doute, vendre davantage de ce livre mais c'était très fatiguant pour notre petite structure de bénévoles. Les plaques, ayant servi quatre fois, étaient usées. On ne connaissait pas encore les moyens modernes d'impression. Je pensais que mon devoir était accompli et que cette belle aventure était terminée. Or, c'était un commencement. Les témoignages se mirent à affluer, les proches des victimes, les rescapés se sentaient écoutés, compris. Mais les choses devenaient trop importantes pour nos maigres moyens. En 1990, lorsque Jacques Gandini nous proposa de rééditer le livre, je lui donnais gracieusement les droits, en accord avec Claude Martin et le bureau des AOCAZ. Une autre aventure commençait avec l'édition des tomes II et III. J'ai encore reçu d'autres témoignages dont certains ont paru dans l'Echo. Mais l'essentiel est que ces livres existent, qu'ils soient pris en compte par ceux qui font profession d'écrire l'Histoire, que la vérité de ce drame soit reconnue dans toute son ampleur. Plus de dix-huit ans ont passé, mais les archives, les chiffres et les bilans sont là pour témoigner du travail intègre et du désintéressement de tous et de moi-même. Personne n'en peut douter. Geneviève de Ternant Janvier 2004 |
Idées généreuses
|
Parmi les nombreuses incohérences de la pensée dont nous
voyons chaque jour les effets délétères, l'une m'épate
(comme dirait Jean Dutourd), c'est l'air gourmand, la mine réjouie,
l'assurance d'un cour tranquille avec lesquels les caciques de la conscience
universelle condamnent et absolve. Toujours les mêmes caciques et
toujours les mêmes accusés et condamnés : les patriotes,
les « gens de droites », les « affreux colonialistes »
et toujours les mêmes absous : les poseurs de bombes, les porteurs
de valises, les anticolonialistes, les soutiens inconditionnels des sans-papiers
(immigrés illégaux), les sans-logis (les mêmes) et tutti
quanti, bref, les hautes consciences de gauche porteuses exclusives des
« idées généreuses ». Le linguiste Philippe Barthelet écrit : « les pires idées fausses ont tyrannisé le XX° siècle, et intimident encore les beaux esprits parce qu'on les a, une fois pour toutes, qualifiées de « généreuses », et il ajoute, avec sa malice coutumière :"C'est donc généreusement que le socialisme a transformé la moitié de la planète en charnier, et généreusement aussi que tous les esprits qui, de près ou de loin ne font pas allégeance à ces calembredaines, sont réputés cannibales ». C'est ainsi que nous écoutons avec stupéfaction (et indignation quand nous en sommes encore capables) des Alexandre Adier, des Benjamin Stora, des Jacques Dufresne, des Zora Drif exalter des combats oh combien douteux, au nom de mots dont ils n'ont jamais, dans leur fauteuil, pesé le poids de sang. C'est ainsi que nous avons entendu dans cette émission : "Mots Croisés »,présentée par Arlette Chabot le 3 novembre 2003 , des énormités historiques proférées avec une tranquille assurance par des gens qui savaient qu'il n'y avait pas en face d'eux des interlocuteurs capables de leur river leur clou. L'émission n'était pas en direct, contrairement à ce qui avait été dit, et les personnes informées étaient dans le public et ne pouvaient intervenir. Énormités sur l'enseignement : sur un territoire de 2.400.000 Km2, plus de 4 fois la France, l'école publique était présente à peu près partout dès avant 1940 et ce n'est pas pour rien que les terroristes F.L.N. ont brûlé des centaines d'écoles et tués tant d'instituteurs : Personne ne l'a dit ! Enormité sur le référendum, mot que Chevènement semblait déguster comme une friandise, référendum forfaiture du 8 avril 1962 dont furent exclues les populations concernées, tous les algériens, européens et indigènes. C'est comme si on faisait demain un référendum sur l'avenir de la Corse ou de la Bretagne dont les Corses ou le Bretons seraient exclus ! Et pourquoi cela ? Parce qu'en dépit de la terreur instaurée par le F.L.N. et les forces de de Gaulle, leurs alliées, ON avait peur, en haut lieu, que TOUS votent pour rester Français, comme ils l'avaient fait lors du référendum du 28 Septembre 1958 (80% de votants en dépit des consignes du FLN et sur 3 515 210 votants, 3 357 763 OUI) et du 8 janvier 1961 où la question était ambiguë, les consignes contradictoires et l'amalgame gaulliste patent. Mais les grandes villes avaient voté contre le projet de De Gaulle. Il ne leur pardonnerait pas. Il ne fallait donc à aucun prix que l'Algérie puisse s'exprimer sur son avenir puisque De Gaulle avait choisi de privilégier la thèse du FLN, de tout un peuple uni, soulevé contre la France. Personne ne l'a dit ! « idées Généreuses », impropriété grammaticale et folie meurtrière ! Et je redonne la parole à Philippe Barthelet : « La faute, voire le crime des âmes généreuses, c'est de croire que leurs bonnes intentions les rendent infaillibles, insoupçonnables et, lâchons le mot : innocentes. Alors, nous, les victimes expiatoires, qui ne partageons pas ces « idées généreuses », nous sommes donc des monstres ? |
Témoins et Historiens
|
Qu'est-ce qu'un témoin? Geneviève de Ternant
|
Frémissements
|
Jean-Louis Gombeaud signe dans Nice-Matin du 9/06/03 un article intitulé
"Les Charognards" où il décrit le terrible malheur
de 1' Afrique décolonisée et conclut: «Jamais dans toute
l'histoire de 1' humanité, il n'avait été donné à une génération de voir disparaître sous ses yeux un continent entier. Nous avons ce privilège" C'est hélas! trop vrai et notre continent européen sera entraîné dans le même chaos pour peu que les écailles restent collées sur les yeux des hommes de pouvoir, des exaltés des soi-disant contre-pouvoir et des puissances d'argent. Le XX°siècle fut celui des utopies sanglantes, le XXI° en traîne les terribles séquelles. Et chacun de réclamer "justice" au lieu de "vérité". Parodiant Madame Rolland, nous pouvons dire: "Justice, Justice que de crimes on commet en ton nom!" |
II
|
Je vous parlais, il y a peu, d'un léger frémissement.
La vérité toute nue n'est pas encore sortie du puits. Il
y a encore des attardés qui a grands coups de battoirs, tentent
de l'y enfoncer, d'autres qui détournent la tête en sifflotant,
l'air de dire: "Tiens elle est encore vivante, celle-là? Ferait
mieux de se taire, on a d'autres chats à fouetter. Le monde tourne,
il n'a rien a faire d'une vieille vérité toute racornie..."
Mais elle ne veut pas se taire, elle ne veut rien oublier de trop de morts,
de trop d'insultes, de trop de mensonges parce qu'il portent leurs conséquences
dans le monde actuel dans ce printemps de folie 2003 qui plonge ses racines
dans les plus vieilles utopies du XX° siècle et sacrifie ses
enfants et les vieux de demain comme elles ont sacrifié nos enfants
et nos anciens, et nous aussi, pour faire bonne mesure. Geneviève de Ternant
|
Suffrage universel
|
Je revois, à propos du référendum sur l'autodétermination
le premier, celui pour lequel on a voté en Algérie, celui
donc du 8 janvier 1961, les chiffres donnés: Oui à 75% en
Métropole et 70% en Algérie et cela me remet en mémoire
une lettre du Docteur André Laborde, vice-président du Conseil
Général d'Oran et ardent défenseur de notre Algérie
Française. Il écrivait le 13 janvier 1961 dans l'Echo d'Oran:
"Le suffrage universel a, sinon un avantage, du moins une caractéristique
essentielle: Ses résultats se prêtent à toutes les
exégèses et ses chiffres à tous les remaniements
d'ordre cérébral.(...) Je constate que pour Oran ville,
42,7% des inscrits ont voté Non et 49,8% se sont abstenus pour
des raisons qui leur sont personnelles. Au total, autant que je sache
compter, 92,5% des inscrits à Oran ont refusé leur confiance. |