Raphaël DELPARD, cinéaste
et romancier né à Paris
|
Raphaël DELPARD a enquêté sur le drame de ces 25 000 français enlevés et jamais retrouvés
"Le drame ces pieds-noirs se résume en une phrase : C'étaient des gens travailleurs, pugnaces, inventifs et joyeux de vivre mais qui ne s'intéressaient pas à la politique..." "J'ai enquêté sur les disparus et les appelés
du contingent qui ont été torturés par le FLN après
le 19 mars. Ce jour là, le FLN a gagné la guerre contre
la France et les accords d'Evian ont scellé cette paix mais la
guerre, d'une certaine façon a continué. Je dénonce également les accords secrets entre le gouvernement de la métropole et le FLN conclus afin d'inciter les pieds-noirs à quitter l'Algérie au plus vite...
|
L'apocalypse est atteinte à Oran le 5 juillet 1962,
jour de l'Indépendance. Des meutes armées de femmes et d'hommes
investissent la ville vers 11 heures du matin, se ruent dans les immeubles,
défoncent les portes des appartements et tuent, égorgent,
éventrent tout ce qui ressemble à un Européen. Personne
n'est épargné, ni les femmes ni les enfants. Au fil des heures,
les cadavres jonchent les trottoirs. Toutes les forces françaises
de sécurité et de protection -police, gendarmerie, gardes
mobiles et unités de l'armée -sont absentes. Les militaires
consignés dans les casernes ont reçu l'ordre de ne pas intervenir.
Comment ont-ils pu vivre cette journée du 5 juillet avec les hurlements
des Français que l'on assassinait et dont ils devaient entendre les
appels de détresse ? Des militaires et des civils français sont arrêtés ou enlevé et disparaissent. Depuis quarante ans, les familles des personnes disparues frappent à toutes les portes de la République. Elles veulent connaître les vrais mobiles de l'enlèvement, le lieu de détention, les circonstances de la mort, et récupérer les corps. Vingt-cinq mille familles sont dans ce cas. Leur souffrance est immense; impossible pour elles de faire le deuil de l'être cher qu'on leur a volé, et le silence que le pouvoir leur oppose depuis quatre décennies est perçu comme un second assassinat. Lui aussi de sang-froid. pages 129 et 130, "les oubliés de la guerre d'Algérie" éditeur Michel Lafon. |
Des exemplaires de ce livre sont disponibles au siège
du Comité d'Action Patriotique
9 rue Paganini 06000 Nice. Tél. 06.08.07.57.29 ou 04.93.87.26.22 Fax: 04.93.87.15.16 |
ANDRE LORÉ
|
5 JUILLET 1962 : LA FIN TRAGIQUE D'ORAN
Au cours du XXème les exemples de massacres d'une
population civile ne manquent pas : Mais retenons seulement 3 exemples qui sans être comparables, ont la particularité d'avoir été perpétré au cours d'une même journée et dans une même ville ou village. 1 - ORADOUR SUR GLANE le 10 juin 1944, la population entière (642) de ce village français, est entassée dans l'église et brûlée vive. RESPONSABLES : des SS d'une division allemande en retraite. AUTRES RESPONSABLES : aucun, ni notre armée, ni la résistance intérieure n'étaient en mesure d'intervenir ni de prévoir cet acte de pure barbarie. 2- SABRA ET CHATILA : la population de ces villages du LIBAN SUD
est massacrée par les Phalanges chrétiennes maronites et
l'armée du Liban Sud. AUTRES RESPONSABLES désignés par la presse internationale, l'armée israélienne qui, pour faire cesser les attaques incessantes et les attentats lancés contre la population israélienne, à envahi le sud Liban. Il convient de noter que l'armée israélienne n'était pas présente dans ces villages, ce qui peut expliquer son intervention tardive, pour faire cesser ce massacre. 3 - ORAN : Le 5 juillet 1962, l'indépendance de l 'Algérie est un fait acquit, les commandos de l'O.A.S. ont conclu fin juin, un cessez le feu avec le F.L.N. L'armée française ne s'oppose pas au départ des derniers résistants de l'Algérie Française, qui embarquent aux alentours du 25 juin pour l'Espagne ou ils vont être bien accueillis. Ces exilés, sont activement recherchés et poursuivis par la justice française, aux ordres de l'état et qui, à quelques exceptions près, se montrera implacable et totalement indifférente au sursaut légitime qui a amené une partie de l'armée et des Français d'Algérie à se révolter. ORAN la seule grande ville d'Algérie ou les européens
sont plus nombreux que les musulmans est vidée en grande partie
de ses habitants, qui ont fuit à cause des exactions, meurtres,
enlèvements, pillages qui ont décuplé depuis le 19
mars 1962 ou devant les persécutions d'une partie des forces de
l'ordre française (gardes mobiles, C.R.S ou barbouzes recrutés
dans le milieu et quelquefois parmi la racaille que l'on a sortie de prison
) Nous ne pouvions plus nous reconnaître dans cette armée
que l'on avait castrée, pas plus que dans ces hommes, que des magistrats
ont formellement reconnus, vêtus d'uniformes de C.R.S. ou de gardes
mobiles, alors qu'ils les avaient envoyés en prison pour des délits
ou des crimes de droit commun. La veille du 5 juillet de nombreux arabes ont conseillé à leurs amis européens de ne pas sortir de chez eux le lendemain. Le général KATZ, commandant en chef du secteur d'Oran ne pouvait ignorer totalement ce qui allait se passer. Il avait donné l'ordre à ses troupes de ne pas intervenir et non content de leur interdire de sortir de leurs cantonnements, il fera contresigner cet ordre par tous les officiers. Seuls quelques-uns auront le courage de transgresser ces ordres criminels, ils ne rencontreront pas de résistances du F.L.N. ou des A.T.O * chaque fois qu'ils interviendront pour arracher plusieurs centaines de civils innocents des mains de leurs tortionnaires. Des milliers d'autres seront assassinés sur place ou emmenés pour être exécutés, on ne sait pas combien ont survécu, ni comment, ni combien de temps. Ce qui est certain c'est qu'ils étaient plusieurs centaines encore vivants en 1975, puisque Michel PONIATOWSKI l'ancien ministre de l'intérieur a déclaré et écrit que le gouvernement algérien avait fait la promesse d'en libérer des centaines à l'occasion de la visite programmée du Président de la République, Valery Giscard d'Estaing, visite qui a été annulée, ce qui a mis fin aux négociations que plus aucune autorité française n'a tenté de reprendre. RESPONSABLES : Les soldats de l'A.L.N., du F.L.N qui avaient pu revenir en ville Après le cessez le feu du 19 mars 1962, les A.T.O. (auxiliaires temporaires occasionnels)* formés à la hâte par la police française, pour remplacer les forces de l'ordre. AUTRES RESPONSABLES : Le général KATZ et tous ses subordonnés qui n'ont pas eu le courage de faire leur devoir en protégeant la population, alors qu'a la différence des deux exemples cités plus haut, l'armée française qui quadrillait puissamment et parfaitement l'ensemble des quartiers du centre d'Oran, était en mesure de la défendre. RESPONSABLES PRINCIPAUX : tous ceux de qui le général KATZ tenait ses ordres. Les déclarations et les confidences du général démontrent qu'il tenait ses ordres directement du chef de l'Etat ; en effet comment peut-il en être autrement ? puisque alors que plus personne ne peut ignorer l'ampleur du massacre, il appelle le Président de la République qui lui répondra : " SURTOUT NE BOUGEZ PAS ". MERITENT D'ETRE FELICITES : le lieutenant Rabah KHELIF et la 4ème compagnie du 30ème Bataillon de Chasseurs Portés, le capitaine CROGUENEC et la 2ème compagnie du 2ème Bataillon de Zouaves, les Fusiliers Marins de Mers El Kebir et tous les militaires qui ont refusé d'abandonner les Oranais. Merci aux musulmans qui ont prévenu ou sauvé des vies. Il n'est plus possible de continuer à nier l'évidence, pour protéger une légende. Si l'on souhaite cicatriser ces plaies, si l'on veut apaiser la douleur des familles d'Oran, d'Alger et de tous ces départements qui faisaient partie de la France, il faut que les français et leurs représentants acceptent de regarder la vérité en face. Fait à Nice le 4 juillet 2002 André LORÉ. |
|