DEPART D'ALGER
A MES AMIS
 
Je remercie le ciel
Qui a pu me donner
Au moment du départ
Cette vue de mes rives.
Les hélices coupaient
Dans l'horizon du soir
Les parcelles d'émeuraude
D'aigue marine d'ambre
D'en haut, l'écume blanche
Séparait l'eau du sol.
Deux mondes que j'aimais,
Vus de mille pieds de haut
Ont gravé cette image
Persistante, sublime
D'une partie d'un rivage adoré
Que je ne verrai plus.

Amis où êtes-vous ?
Ombres grises
La plaine a creusé dans son roc

Un havre, un carré
Amis,
Vous n'écoutez jamais
La détresse, la hargne, les remords
Amis, vous dormez ?
Le métal et vos os,
Quel puissant somnifère.
Les sens
Que jadis vous puisiez dans la chair,
Des autres, des amies,
Ne peuvent pas, Amis, c'est incroyable,
Vous laisser morts, froids
Mes Amis, mes Spectres.

Jacques CHEMOUL
 
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