"J'ai choisi la discipline, mais choisisant
la discipline, j'ai également choisi avec mes concitoyens et la
nation française, la honte d'un abandon, et pour ceux qui, n'ayant
pas supporté cette honte, se sont révoltés contre
elle, l'Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que
le nôtre. Général de Pouilly (l'algérianiste
n° 109, page 46)
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L'information, arme
de pouvoir
La désinformation, arme des faibles.
Le droit à l'information, reconnu de nos jours,
est une acquisition relativement récente dans les sociétés
occidentales. Elle se distingue des moyens de communication rudimentaires
des sociétés d'autrefois qui n'atteignaient qu'un nombre
relativement réduit d'individus engendrant des conséquences
limitées dans le temps et dans l'espace. Les européens d'Algérie, les musulmans
pro-français, ont été victimes de cette désinformation
systématique, instaurée par les gouvernements de la France
dès avant la guerre de 1939-1945 et surtout après. Mais
le comble est atteint avec le renversement des valeurs opéré
par De Gaulle et son entourage entre 1958 et 1962 et qui continue sans
relâche. Or, j'affirme qu'un pouvoir fort, un chef courageux,
sûr de son bon droit, ne doit pas avoir besoin de désinformer.
S'il le fait, il prouve sa propre faiblesse, la fragilité de
ses arguments, de ses convictions. Il se détruit et détruit
on peuple. Non du pouvoir temporel dont nous n'avons que faire,
mais le pouvoir de la vérité. |
YVES COURRIERE ou
LA DESINFORMATION
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"Monsieur, j'avais lu en leur temps les quatre tomes que vous avez consacrés à la Guerre d'Algérie et vous ne serez pas étonné que je désapprouve la vision très orientée que vous en donnez. A chacun ses opinions et là n'est pas mon propos. Lorsque vous avez fait passer à la Télévision les films tirés de ces livres, je n'ai pas voulu les voir. Or j'ai été alertée par de nombreux coups de fil et lettres concernant une séquence en sorte que j'ai dû me rendre compte par moi-même. En effet, vous situez à Oran et d'après le contexte avant le 17 juin 1962 la séquence où l'on voit des européens emmenés par des civils arabes, armés et des A.T.O. et des coups de feu partant des toits et du sol. Or cette séquence, pour tout oranais connaissant sa ville ne peut avoir été tournée à l'époque donnée et même à une autre date que le 5 juillet 1962. Certains passages peuvent d'ailleurs provenir d'autres endroits ou d'autres dates, mais les images reconnues par plusieurs personnes, ne peuvent provenir que d'Oran, le 5 juillet 1962 à midi vingt-cinq. On nous avait toujours dit qu'il n'existait pas de film ni de photos de ce jour maudit. Vous administrez la preuve qu'il y avait un caméraman et aussi un photographe (vu de dos, en chemise à carreaux.) Plus de trente ans ont passé, mais la douleur des familles traumatisées est toujours là. Je vous demande, par humanité et sans souci de politique ou de polémique de bien vouloir m'indiquer où vous avez trouvé ces images et s'il est possible de voir le film et ou les photos prises ce jour-là. Si vous avez un peu de cur, vous me répondrez." Bien entendu, à ce jour, je n'ai aucune réponse. Voici donc les renseignements que l'on peut tirer de cette séquence : -On voit avec netteté le magasin "NINON Nouveauté" qui appartenait à Monsieur Joseph Mouchnino et était situé 2 Boulevard Marceau, prés du Boulevard Clémenceau et de la Rue de Mostaganem. Pas d'arabes à cette époque dans ce secteur tenu par le Réseau Bonaparte, dirigé par "Président", le boulanger Jean- Paul Reliaud aujourd'hui décédé. -Le Cinéma CENTURY se trouvait à l'angle de la rue Schneider et de la rue Jacques soit entre le Boulevard Galliéni et la Rue de la Paix donc en plein centre ville au-dessous de la rue d'Alsace-Lorraine. Aucun arabe ne s'est aventuré dans cet endroit avant le 5 juillet. Même les défilés des 3 et 4 juillet, en voiture et en arme de la foule arabe ne sont pas passés là. -On voit aussi le magasin fermé de Monsieur Auguste Juan "Au meuble massif" situé au 8, Bd Sébastopol, entre les Boulevards Maréchal Joffre et Magenta, prés de la Place Kargentah. Là des enlèvements ponctuels avaient eu lieu avant l'indépendance, mais autant que nous ayons pu le savoir, le magasin de Monsieur Juan n'était pas fermé à la mi-juin. Il est tout à fait évident qu'aucun arabe en uniforme de l'A.L.N. ou en civil armé comme on les voit dans cette séquence, n'a pu se trouver dans ces endroits à la date qui est suggérée (mais non dite) mais qui, puisque le film est censé être chronologique, se situe avant le 17 juin 1962 qui est cité après. De plus, l'horloge carrée montre l'heure du forfait : 12h25, ce qui correspond à tous les témoignages. On nous montre des civils européens: Deux hommes, deux femmes, un petit garçon et deux fillettes, les bras en l'air, emmenés par ces A.T.O. et civils arabes armés. Ces images ont forcément été prises le 5 juillet 1962 à Oran. Il existe donc, contrairement à ce qui nous a toujours été affirmé, au moins un film et des photos de ce jour maudit . Passé au ralenti et dans cette optique, des personnes ont put reconnaître les leurs emmenés vers la mort sans nul doute ou pour les femmes et les fillettes, pire encore. Le montage tend aussi à faire croire que le tireur sur le toit vise les soldats de l'A.L.N. qui sont en bas, dans la rue et regardent en l'air. Or, l'homme sur la terrasse a une ombre portée très longue et donc n'a pu être filmé que le matin tôt ou le soir. Très probablement un arabe et non un européen. En bas, les soldats ont été filmés vers le milieu de la journée: leur ombre est courte. Il n'y a donc pas entre les deux images le lien de causalité que les auteurs veulent faire accroire . Le film doit contenir d'autres éléments où les
familles de disparus pourraient reconnaître les leurs
******************** Ce livre a été publié en 1996. Aucun démenti
n'a été apporté depuis. Au contraire, des dizaines
d'autres témoignages nous sont parvenus Oui ! Toute la lumière n'est pas encore faite sur le drame de cette journée sanglante puisque nombre de personnes se sont employées à masquer toute lueur. Mais la vérité finit par se faire jour grâce à des gens courageux qui témoignent enfin. Je tiens à souligner que ce travail de mémoire et d'histoire
n'est pas une démarche raciste ou même nostalgique. La France
tout autant que Nous avons fait un bout de chemin ensemble et divorcé dans la douleur. Nos enfants ne doivent pas porter le poids des silences, le poids des mensonges. Geneviève de Ternant
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15-Aoû-2006
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