....CAR ORAN, « NOTRE ORAN » RESTE
UN SYMBOLE EN TANT QUE PLUS GRANDE VILLE MARTYRE DE L'ALGERIE FRANÇAISE
ET QUARANTE ET UNE ANNEES N'ONT RIEN EFFACE DE CE TRAGIQUE POGROM DU 5
JUILLET 1962 !
Oui, on pouvait penser que, là, enfin, où cette terrible
chasse à l'Européen devait faire TROIS MILLE VICTIMES en
quelques heures, dans cette funeste journée d'une Saint Barthélemy
de l'égorgement, de la décapitation et de la barbarie nullement
ignorée des deux présidents -il y avait place, et même
obligation, à avoir une pensée officielle pour toutes ces
innocentes victimes françaises, place à demander pardon
de tout ce sang de TROIS MILLE JUSTES qui ont été sacrifiés,
martyrs d'une vindicte inique et déloyale qui massacrait pêle-mêle,
hommes, femmes, enfants, chrétiens, israélites et musulmans...
Après avoir salué, à Alger, la mémoire des
terroristes et des tueurs du F.L.N., il n'en était que plus facile
au Président français de se faire conduire sur le lieu d'une
sépulture ignoble et collective demeurée à jamais
dans la mémoire des Oranais, nos compatriotes, lesquels n'ont pu
oublier le massacre gratuit de tant des leurs !
Car il n'est pas un rescapé de cette dramatique journée
qui ne se souvienne de ces hommes et ces femmes abattus au hasard des
rues, de ces cadavres éparpillés sur les trottoirs, ces
centaines d'innocents extraits de chez eux à coups de crosse, abattus
devant leurs portes ou chargés comme du bétail dans des
camions et conduits, par grappes humaines, vers le stade ou l'abattoir
municipal, lieux d'interrogatoires et d'exécution, puis, en finale,
au fameux « Petit Lac » où l'on immergeait les corps
dans une boue nauséabonde, certains d'entre eux, nous a-t-on certifié,
grièvement blessés mais pas encore morts !
On a soigneusement caché ces horreurs à la France et l'on
voit bien, autour de nous, que nombre de nos concitoyens les ignorent
encore! De Gaulle a exigé d'une presse à sa dévotion
que ce pogrom, cette sorte d'Oradour cinq fois plus meurtrier que l'autre,
soit ramené à quelques incidents et quelques morts dédiés
à la journée de l'indépendance algérienne
!
Et les Français de métropole, dociles, gaullistes, pressés
de récupérer les soldats engagés là-bas, ont
ainsi aidé à TUER DEUX FOIS CES TROIS MILLE INNOCENTS, une
première fois par leurs militaires, restés l'arme au pied
derrière les grilles de leurs casernes, une deuxième fois
en ignorant volontairement cette abomination sur laquelle VERITAS amis
en procès le sinistre général Katz -décédé
depuis -mais auquel sa participation passive, sur ordre, à cette
abominable tuerie valut une étoile supplémentaire, bien
sanglante, car De Gaulle a toujours bien récompensé les
valets qui le servaient bien.
Telle fut, contée au plus juste, la tragédie d'Oran. A quelque
temps de là et par « mesure de salubrité publique
» les autorités algériennes ont évacué
et curé ce cimetière maudit du « Petit Lac »
afin qu'en disparaisse à jamais un magma susceptible de devenir
le plus étendu des charniers accusateurs... Pour nous, et pour
tant d'autres qui pleurent encore parents et amis disparus en cette journée
d'impitoyables représailles envers une France capitularde, il y
avait, c'est sûr, dans ce premier voyage officiel d'un Président
de la République française à Oran, une sorte d'obligation
morale d'aller jeter quelques fleurs sur ce lieu plus sacré encore,
par la tragédie qui s'y est perpétrée, que ces cimetières
algérois visités ...en touriste !
Et que dire de nos compatriotes qui accompagnèrent Chirac à
Oran sans solliciter de sa part le pèlerinage qui s'imposait en
ces lieux ? Oui, belle occasion gâchée, perdue, pour ce cortège
français, sans doute volontairement oublieux, prématurément,
d'un vague et immense cimetière sans tombes qui illustre le mieux
le calvaire des Français d'Algérie, innocentes victimes
DONT VINGT -CINQ MILLE. EN QUELQUES MOIS. PAYERENT DE LEUR VIE CETTE FAUSSE
GRANDEUR GAULLIENNE DONT ON VOlT BIEN EN JACQUES CHIRAC L'HERITIER SANS
MEMOIRE !
Au bilan: quelques belles occasions perdues pour un voyage présidentiel
qui laisse les Algériens insatisfaits et les Pieds-Noirs déçus,
une fois de plus. « Un voyage qui n'a pas répondu à
l'attente des Algériens » écrivait, au lendemain de
cette visite un journaliste de « L'AUTHENTIQUE ». «
LA NOUVELLE REPUBLIQUE » remarquait que: « La confiance n'était
nulle part rétablie ». Quant à « EL AHRAR »,
tribune du F.L.N., il précisait, pour sa part que « Si l'Etat
français veut épurer ses comptes, il doit officiellement
reconnaître que l'Algérie existait bien avant l'agression
militaire sur Alger en 1830. ».
A propos de ce dernier commentaire, on se posera toujours cette question
: comment diable Ferhat Abbas, homme politique nationaliste et intelligent,
a-t-il pu chercher l' Algérie jusque dans les cimetières
sans en trouver nulle part la moindre trace ou la moindre parcelle ?
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