Etude 50/36
Le docteur Jean-Claude PEREZ Adhérent du Cercle Algérianiste
de Nice et des Alpes Maritimes
Auteur des livres :
" Le sang d'Algérie "
" Debout dans ma Mémoire "
" Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre
d'Algérie "
" L'Islamisme dans la guerre d'Algérie "
" Attaques et contre-attaques "
aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX
Tel. : 01.64.65.50.23
Primatice Diffusion - distribution - 10 Rue Primatice 75013 Paris
Tel. : 01.42.17.00.48 - Fax : 01.42.17.01.21
En prévision du 50ème anniversaire
de l'assassinat de la France Sud-Méditerranéenne,
(19 mars 2012 et 3 juillet 2012)
une série d'études vous sera proposée.
Elles seront numérotées différemment. A
titre d'exemple, celle que je vous propose aujourd'hui est numérotée
:
étude 50/36
n° 50 : pour la nouvelle perspective historique, le 50ème
anniversaire, dans laquelle il faut intégrer ces prochaines
études.
n° 36 : pour la nomenclature générale.
ETUDE 50/36
LE CHAMANISME GAULLISTE
de l'aliénation idéologique
à
l'esprit de Poitiers
Nous sommes en période estivale
, celle de 2010.
C'est-à-dire pratiquement à deux ans d'un cinquantième
anniversaire.
Anniversaire dont la célébration prévue
et plus ou moins claironnée, m'invite à observer une
attitude de méfiance vigilante.
Car une suspicion m'anime. C'est elle qui m'oblige à
faire face à un événement dont je prévois
les désagréments, les injures, et les infamies dont
il sera porteur. J'évoque le 50ème anniversaire de
l'assassinat de la terre française d'Algérie.
Le 50ème anniversaire du génocide raté
du peuple pied-noir.
Le 50ème anniversaire d'une honteuse et scandaleuse défaite
de la Vème république gaulliste, devant l'arabo-islamisme
fondamentaliste.
J'ai décidé de faire face malgré les conseils
de ceux qui, sournoisement, m'invitent à ramper et à
me convertir au " bon goût politique du moment ".
" A la bienséance politique ".
En tant que responsable, au niveau le plus élevé,
de l'action que nous avons menée en Algérie, j'ai
bien évidemment laissé derrière moi quelques
" chambres obscures ". Que l'on pardonne ce recours à
un cliché mille fois utilisé. J'ai maintenu ces chambres
obscures soigneusement closes pendant longtemps. Sans me complaire
cependant dans une attitude de conspirateur perpétuel, mélodramatique
et surtout ridicule. Du moins je l'espère !
Je ne peux oublier que ma vie fut riche avant tout d'émotions
et de stress. Elle fut nourrie d'évènements violents,
échelonnés sur plusieurs années. Emotions,
aventures, responsabilités qui ont fini par bouleverser l'intimité
de ma personne. Initiatives douloureuses, décisions opérationnelles
dramatiques, projets avortés, passions insatisfaites, trahisons,
maudites trahisons, tout cela me conduisit en 1962, à un
exil tourmenté.
Un exil accidenté jusqu'en 1966, d'épisodes périlleux
plus fréquents qu'on ne le pense. Le tout aggravé
de péripéties familiales et intimes difficiles à
vivre. Aux conséquences imparables et définitives.
Car j'étais dans l'impossibilité de me défendre.
De nos jours, il est encore, paradoxalement, difficile de nous
défendre.
Je redoute, par dessus tout quelque chose : qu'un méchant
coup soit porté, une fois de plus, lors de ce 50ème
anniversaire, à l'uvre unique, admirable, exceptionnelle,
qui fut celle de la France en Algérie.
Je redoute les salissures dont la France sera victime une fois
de plus.
Je redoute qu'un coup sordide, " lynchard ", inspiré
par la canaille, soit porté une fois de plus contre les défenseurs
de l'Algérie française.
D'ou viendrait ce méchant coup ? Ces salissures ? "
Ce lynchage " ?
De ceux qui, aujourd'hui encore, ne sont inspirés et
guidés dans leurs comportements et orientations politiques
que par une volonté de soumis.
Soumis, intellectuellement et spirituellement, au chamanisme
gaulliste.
Lorsque, avec beaucoup d'appréhension, je décide
de franchir le seuil des chambres obscures que j'ai laissées
derrière moi, il se passe aujourd'hui quelque chose de surprenant.
J'éprouve, en effet, une double sensation.
Evidemment, celle de " déjà vu ", ce
qui est inévitable puisqu'il s'agit de mon vécu personnel
que j'explore à nouveau. Mais en même temps, une autre
sensation se superpose à la première. Avec laquelle
elle finit par se confondre tout d'abord. Puis elle l'éclipse.
Finalement, c'est elle, cette nouvelle sensation, qui devient dominante.
En effet, ces chambres obscures nouvellement visitées,
révèlent bien évidemment des évènements
vécus, des émotions éprouvées, des désespoirs
ressentis, et, en même temps, elles révèlent
aussi des " enthousiasmes " qui jouissent de la particularité
d'être encore actuels.
Des enthousiasmes qui trouveraient ou plutôt qui trouvent
effectivement leur place, c'est-à-dire une nouvelle possibilité
d'expérimentation dans le moment historique que nous sommes
en train de vivre.
Je précise bien : sensations, craintes, angoisses, désespoirs
et finalement enthousiasmes " actuels ", dont le déterminisme,
dont la genèse, dont le pourquoi et le comment, se confondent
avec le déterminisme et la genèse de tout ce que nous
avons connu pendant la guerre d'Algérie.
Tout cela me conforte à 100 % dans ma conviction : notre
combat pour l'Algérie française fut un combat précurseur.
Ou mieux encore il se définit comme la première phase
des confrontations qui s'expriment aujourd'hui au sein du monde
occidental, en ce début de XXIème siècle.
Confrontations qui ne pourront se résoudre, elles aussi,
que par une victoire ou que par une nouvelle défaite. Un
combat pour la survie ethnico-culturelle et religieuse de ce qui
reste encore de l'Occident valide. Un combat qui se terminera par
un nouvel " Evian "
ou par un nouveau " Poitiers
".
Malgré notre naïveté, malgré notre
inexpérience de la " chose politique ", malgré
notre inculture politique exagérément invoquée
par ceux qui furent trop pressés de nous juger, de nous condamner
et parfois de nous ridiculiser, nous avons fini par être confrontés,
nous qui étions coupés du monde, à une constatation
ou plutôt à une découverte.
La voici : la confrontation qui nous fut imposée depuis
1954 en Algérie, mais qui était en marche depuis des
dizaines d'années, en réalité depuis la loi
du 4 février 1919 , débordait très largement
des limites d'un combat livré pour la seule grandeur de notre
patrie française. D'un combat conduit pour sauvegarder exclusivement
l'identité culturelle et l'indépendance de la nation
française. Car il ne faut jamais oublier que nous étions
animés là-bas, sur cette terre d'Algérie, d'une
volonté de lutte pour protéger les intérêts
supérieurs de la France.
C'était notre conviction " première ".
Nous pressentions en effet les dangers que notre patrie risquait
de connaître en cas de défaite subie en Algérie.
Et c'est cette défaite, qui risque d'être exhibée,
d'une manière masochiste, en 2012 lors du 50ème anniversaire.
Nous, les défenseurs de l'Algérie française,
avons été animés en réalité d'une
espérance. Celle de faire accéder la Méditerranée
au rang d'un pays. Non pas au rang d'une nation. Je dis bien au
rang d'un " pays ".
Un pays qui, grâce au pont géopolitique "
Algérie-française " allait faire naître
d'abord, et enrichir ensuite, un courant de continuité entre
l'Europe et l'Afrique. Un courant de communication qui allait permettre,
enfin, une amorce de compréhension intellectuelle et spirituelle
avant tout. Dans une perspective eurafricaine.
La Méditerranée, un pays, aurait illustré
dans cette perspective, un refus : le refus d'une solution de continuité
définitive entre l'Europe et l'Afrique.
A propos de la guerre d'Algérie et de l'Algérie
française, tous les records de bourrage de crâne ont
été battus. Bourrage de crâne élaboré
puis formulé à partir de généralisations
grotesques, de schématisations conventionnelles, de déformations
effarantes, de raisonnements puérils et de contradictions
monumentales.
Aujourd'hui, combattre ce bourrage de crâne dans ses
conséquences européennes et planétaires, relève,
en apparence tout au moins, d'une mission impossible, nous l'avons
maintes fois souligné. Cette mission peut apparaître
avant tout présomptueuse. En effet, elle n'est alimentée
ni plus ni moins, que de l'ambition utopique de provoquer, ou tout
au moins d'espérer, de superbes retournements chez les autres,
dans leur manière d'appréhender cette page d'histoire
" Algérie française ".
Page d'histoire affectée officiellement d'un tabou historique
par ceux qui ne veulent plus y réfléchir.
Il est temps de leur enseigner que les tabous historiques ne
sont concevables qu'au sein de dictatures politiques ou théocratiques
modernes.
Et c'est, motivés par ce refus de nous soumettre à
ces tabous que nous précisons : les liquidateurs de l'Algérie
française, ou plutôt les assassins de la France Sud-Méditerranéenne
ont préféré faire de la Méditerranée,
une frontière.
- UNE FRONTIERE AU SUD DE LAQUELLE, un nouvel envahisseur s'apprête
à anéantir, historiquement, l'identité à
la fois culturelle et spirituelle de notre Occident. Nous soumettre
à une nouvelle identité véhiculée par
l'envahisseur arabo-islamiste-fondamentaliste. Envahisseur qui nourrit
l'ambition proclamée de nous soumettre à une intégration
SUD-NORD.
- UNE FRONTIERE, AU NORD DE LAQUELLE séjournent, ou plutôt
stagnent des peuples divisés. Des peuples spirituellement
dégénérés. Des peuples qui souffrent
d'une aliénation de leur destin historique et qui s'offrent
tout naturellement en capitulards-collabos à cette nouvelle
invasion.
On constate en effet que, contre cette invasion-imprégnation,
ne s'oppose rien.
Si ce n'est une béatitude générée
par une référence permanente, rabâcheuse et
ringarde au gaullisme.
Le gaullisme, refuge idéologique de tous les " mal-comprenants
" du siècle passé et du siècle actuel.
Le gaullisme qui jouit encore de la propriété de conférer
à nos cadres politiques modernes, parfois de jeunes cadres,
des airs de " jeunes gérontes "
ou de gérontes
précoces de la politique moderne.
Je répète, de jeunes gérontes au comportement
obsessionnel.
" Car ", disent-ils, " regardez-donc la France,
regardez le grand renouvellement gaulliste dont la France symbolise
la plus éclatante des illustrations :
- un prodigieux épanouissement social,
- une performance économique qui fait des jaloux,
- une égalité qui triomphe partout,
- une liberté-libéraliste qui s'exhibe sans camouflage.
- quant à la fraternité, on peut dire qu'elle nous
étouffe !
" Alors ", ajoutent-ils, " vous, les combattants
de l'Algérie française, revenez sur terre. Reconnaissez
que le gaullisme enrichit aujourd'hui d'une réussite éclatante,
le nouvel accomplissement historique de la France.
Regardez-donc le grand renouvellement que le général
avait annoncé et qui est en train de se réaliser aujourd'hui,
sous vous yeux ".
Ces gérontes gaullistes sont aveuglés. Ils ne
veulent pas jouir de la lumière astrale qui irradie du cadavre
encore chaud de l'Algérie française.
Car cette lumière vient de très loin. Une lumière
qui n'est pas encore épuisée. Elle éclaire
le passé, le présent et l'avenir. Pour en profiter,
il suffit de faire l'effort de regarder et de développer
sa compétence à voir.
Nous, anciens du combat populaire pour l'Algérie française,
avons la chance, pour un petit nombre d'entre nous, de tirer profit
de cette lumière astrale. Elle nous éclaire en permanence
certes, mais elle ne nous éblouit pas. C'est elle qui nous
donne les moyens de révéler à chaque instant
la continuité directe entre les drames vécus hier,
là-bas, et les drames actuels ou futurs que s'apprêtent
à connaître nos contemporains et nos descendants, en
France métropolitaine, en Europe et en Occident. Certes,
l'astre " Algérie-française " est mort.
Mais sa lumière, sa lumière astrale nous parvient
encore. Elle est loin, très loin, d'être épuisée.
Animés de cette conviction, il nous est facile de comprendre
le pourquoi du bâillon médiatique que l'on nous applique
avec violence, avec mépris. Ce qui est inéluctable,
je veux dire facile à comprendre, puisque ce sont les responsables
pour ne pas dire les complices actifs parfois, de la défaite
de l'Occident en Algérie, qui assument de hautes responsabilités
politiques en France, en Europe, ainsi que dans le monde occidental
résiduel. Tout un monde autistique, en réalité,
qui s'exprime comme s'il ignorait tout du péril qui menace
le monde occidental.
De Gaulle !
Un mythe ! Un mirage ! La fausse grandeur ! Le faux héroïsme
! Le faux prophète. La drogue nécessaire aux mal-comprenants.
De Gaulle, une équivoque qui soumet encore les Français
à l'histoire de cet officier, qui, après la première
guerre mondiale, celle de 14-18, a voulu se lancer tout d'abord,
alors qu'il était capitaine, dans une carrière d'écrivain.
Comme s'il avait voulu compenser, par cette nouvelle carrière,
le déroulement dépourvu de panache de sa participation
personnelle au premier conflit mondial.
Comme s'il avait voulu attirer l'attention, sur sa personne, des
chasseurs de têtes qui étaient à la recherche
d'exécuteurs capables de bouleverser, chacun à son
poste, l'assise du monde occidental
qu'ils espéraient
façonner pour mieux adapter ce monde occidental aux exigences
du néo-capitalisme financier.
Dans un premier temps, il réussit à intéresser
à sa personne un maréchal de France, son premier "
patron " à Arras, lorsque lui-même était
sous-lieutenant. Apporter à ce maréchal le concours
de ses dispositions à l'écriture dans la préparation
d'un ouvrage consacré au " soldat ".
Dans cette entreprise, il a tenu un rôle difficile : celui
d'un nègre-littéraire.
Un nègre qui n'a pas accepté quelques remontrances
courtoisement adressées par celui qui était son nouveau
patron dans cette entreprise.
Le nègre d'écriture se rebiffa alors contre le
vieux maréchal. Il n'oublia jamais cet incident qu'il vécut
comme une humiliation inacceptable. Qu'on se permît de critiquer
son travail d'écrivain, c'était, en soi, inconcevable
! C'était déjà un sacrilège !
Il intriguera pour laver l'affront. Son aigreur ressentie, distillée,
capitalisée, intéressera certains observateurs, parmi
ces chasseurs de têtes auxquels nous avons fait allusion,
qui détecteront en lui un pion utilisable, parmi d'autres,
pour faire de la France une base opérationnelle soumise aux
perspectives des secteurs offensifs du néo-capitalisme financier.
L'occasion de sa meilleure utilisation possible, se présenta
lors de la désastreuse campagne militaire de 1940. Campagne
et décisions opérationnelles que De Gaulle avait approuvées,
ou plutôt auxquelles il avait applaudi, dans un courrier riche
d'une servilité étonnante, qu'il adressa lui-même
au président du conseil, Paul Reynaud . Une servilité
qui lui permit d'accéder au poste de sous-secrétaire-d'Etat
à la guerre.
J'ai relaté dans mon cinquième livre " ATTAQUES
ET CONTRES ATTAQUES " auquel je viens d'apporter quelques retouches,
les relations qui ont uni à un moment donné,
- d'une part Paul Reynaud et, d'autre part, l'égérie
de celui-ci, la comtesse De Porte,
- à De Gaulle durant ces heures sombres de 1940.
A propos de mes livres, permettez-moi de vous informer, comme
je l'ai fait à l'égard de mon éditeur, que
j'ai renoncé définitivement à percevoir des
droits d'auteur.
S'il m'arrive d'inviter mes correspondants à lire mes
livres et à les faire lire, en priorité par mes frères
d'armes, par ceux qui ont vécu nos drames, qui les ont partagés,
par ceux qui n'ignorent pas de quoi ils parlent lorsqu'ils évoquent
la fin de l'Algérie française, ce n'est pas dans un
but lucratif. C'est pour transmettre un vécu. Un vécu
qui m'autorise à formuler des interprétations parfois
audacieuses de la réalité historique, telle qu'elle
est officiellement et abusivement transmise. Interprétations
qui émanent, dans mon cas particulier, de quelqu'un qui s'est
trouvé à l'origine de graves décisions. De
quelqu'un qui assuma et assume encore des responsabilités
que personne n'a voulu partager.
C'est cette notion de responsabilité que je dois assumer,
qui m'autorise à vous transcrire ici deux pages extraites
du chapitre V de mon dernier livre " Attaques et Contre-Attaques
". Chapitre intitulé :
" Paris, Janvier 1969
Du purgatoire au cloaque "
" En mars 2005, je fus invité pour une conférence
par le président du Cercle algérianiste de Bordeaux.
Une séance de signature de mon dernier livre était
prévue avant et après mon exposé.
J'atterris à l'aéroport girondin de Mérignac,
en provenance de Nice. En me propulsant vers la sortie, entre couloirs,
ascenseurs et escalators, je me suis soudain rappelé le rôle
déterminant, catastrophique même, joué par cet
aéroport dans l'histoire de France, l'histoire de l'Algérie
française et finalement, l'histoire du monde.
En effet, il s'agit du site où fut mise en chantier la
plus grande escroquerie subie par notre patrie à travers
la naissance du mythe gaulliste, au mois de juin 1940. Durant ma
progression à travers les niveaux successifs de l'aéroport,
je ne pus m'empêcher d'évoquer un curieux livre, "Les
mémoires d'un président, révélations
posthumes d'un ancien président du conseil " publié
aux éditions de la Table Ronde.
En quelques pages savoureuses, sont décrites dans cet
ouvrage, les amours passionnées qui ont lié Paul Reynaud,
président du conseil en fonction en 1940, à la comtesse
de Porte, dont l'auteur théoriquement anonyme de ce livre,
affirme qu'elle était " une luronne de la pire espèce
". Elle fut appelée aussi " la Du Barry 1940 ".
" Cette femme avait pris en affection cette grande bringue
que Reynaud a fait entrer au gouvernement, le 5 juin, avec le titre
dérisoire de sous-secrétaire d'état à
la guerre : Charles de Gaulle ".
L'auteur précise : " Elle l'a fait nommer général
mais attention ! À titre temporaire
".
Quelle mission attribuer à ce nouveau venu, à
cet officier supérieur, dont l'auteur nous dit qu'il était
" un ancien protégé " de Pétain ?
Celle d'aller à Londres. Pour y faire quoi ? Lever l'étendard
de la résistance à outrance contre les armées
allemandes ?
Pas du tout.
Il était chargé d'y annoncer " l'arrivée
de Paul Reynaud ". Celui-ci était décidé,
toujours d'après l'auteur de ce livre, à " continuer
la lutte derrière un micro ". Mais les ambitions aventureuses
de cette Du Barry, qui était en relation avec le mouvement
synarchique international, en décidèrent autrement.
Sans doute avertie des compétences sexuelles encore efficaces,
malgré son âge, du maréchal Pétain, elle
se proposa de le séduire. Après tout " se faire
" un maréchal de France
. pourquoi pas ! Ce devait
être un fantasme excitant pour la comtesse. Mais le maréchal,
qui avait d'autres préoccupations, " condamna sa porte
". Elle décida alors, dans son dépit, de se rendre
en Espagne avec son amant, puis au Maroc.
Dans ce but, le couple se dirigea vers Marseille pour y prendre
un bateau. Un accident de la route, un platane malencontreux et
ce fut le drame. La mort de l'égérie et une blessure
superficielle du cuir chevelu pour Paul Reynaud.
Entre temps, que devient la mission de Charles De Gaulle ?
Le général britannique Spears, dont l'essentiel
de la carrière semble avoir consisté à prendre
une part active aux affaires de notre pays, avait donné rendez-vous
à De Gaulle, le 12 juin, à l'hôtel Montré.
Le tout nouveau général, à titre temporaire,
arriva en retard, malgré la pression qu'exerçait sur
son auguste personne, le lieutenant Geoffroy de Courcel, affecté
auprès de De Gaulle par le général Spears lui-même,
toujours selon l'auteur de ce livre. Un peu plus tard, au moment
de prendre place dans la carlingue de l'avion " prêt
à décoller, ses moteurs ronflaient déjà
", De Gaulle, pour la deuxième fois, hésita :
" Non, non, Courcel, cette aventure est trop risquée,
je ne pars plus !
Fut-ce la consternation ? Non
Ce fut la colère ! ".
" Spears était fou de rage
Aidez-moi, Courcel,
By jove ! " Il se rejeta en arrière en ramenant De Gaulle
à lui. Courcel se précipita : il tira le reste du
grand corps dans la carlingue et referma la porte
.
Voilà comment De Gaulle est parti, d'après ce livre,
contre sa volonté, presque kidnappé, vers l'Angleterre
où Winston Churchill attendait Paul Reynaud qui ne vint pas,
à cause d'un platane héraultais
C'est, agité et surtout amusé par ces souvenirs
de lecture, que je rejoignis le sympathique président du
Cercle algérianiste de Bordeaux qui me véhicula aussitôt
vers la salle de conférence ".
Fin de citation
Je laisse au président du conseil de la IIIème
République, Paul Reynaud, mort à Neuilly en 1966,
la responsabilité de ce texte, tel qu'il est rapporté,
je le rappelle, dans le livre " Mémoires d'un Président
" édité par " La Table Ronde ".
Mais, reconnaissez-le, nous sommes loin du compte !
Nous, les anciens du combat " Algérie-française
" devons nous soumettre, à tout moment, à une
précaution : lorsque nous nous penchons avec sérieux,
mais surtout avec calme sur le scénario de notre histoire,
il faut nous prémunir contre un piège. Celui de rester
jaloux, envieux et prisonniers de nos susceptibilités personnelles.
Car c'est une attitude improductive. Prenons soin d'éviter
les comportements affectés d'une naïveté destructrice
de notre potentiel d'information. Décrivons les drames que
nous avons vécus, que nous avons subis, que nous avons provoqués.
Décrivons avec soin leur déroulement. Mais n'oublions
pas de les situer dans la totalité des agressions que nous
avons affrontées. Avant tout, intéressons-nous à
leur genèse. A leur pourquoi. A leur identité de drames
précurseurs et annonciateurs des drames qui vont suivre,
des drames qui ont déjà suivi à Kaboul, à
Londres, à Madrid, à New-York. Des drames qui sévissent
épisodiquement dans nos banlieues. Des drames qui surgissent
partout en Afrique et ailleurs.
Mais n'oublions jamais le rôle catastrophique, antioccidental
et antichrétien par excellence, tenu par celui qui est encore
l'objet d'une idolâtrie de la part d'un monde politique profondément
altéré dans ses facultés de jugement.
Le chamanisme gaulliste, organe fondamental de la décérébration
des Français, a trouvé dans la mort de l'Algérie
française, dans l'assassinat de la France Sud-Méditerranéenne,
le moyen de mettre en uvre et d'universaliser sa virulence.
Car c'est bien d'une agression contre la santé et l'avenir
de la France, de l'Europe et de l'Occident qu'il s'est agi durant
la mise à mort de la terre française d'Algérie.
L'assassinat de l'Algérie française, l'assassinat
de la France Sud-Méditerranéenne, illustrent avant
tout, un crime contre l'intelligence.
Pour camoufler ce crime, pour en occulter l'infamie, que fait-on
?
On sublime le personnage. Le gourou des hommes politiques modernes
des gérontes de la Vème
. Parce que De Gaulle
a débarrassé la France du boulet algérien.
Que les soumis au chamanisme gaulliste, lors des célébrations
serviles du 50ème anniversaire, se rappellent cette prédiction
de Larbi Ben M'Hidi, en 1957, avant qu'il ne fût pendu à
Alger :
" Vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque
".
C'était déjà une formulation de la thèse
conquérante, l'intégration Sud-Nord, que notre pays
est en danger de subir.
Mais attention, il existe encore pour la sauvegarde de la France
et de l'Occident, mille manières de revivre une future
" OPERATION-POITIERS "
Je n'ose imaginer ce que j'entendrais si j'avais l'audace d'affirmer
en public ce que je viens d'écrire à cet instant même
:
" Va-t-en guerre assoiffé de sang ! ", ou bien,
" Trublion d'opérette qui rêve encore d'une
belle bataille pour sauver la France et la Croix ! "
Voilà les apostrophes agressives et moqueuses dont je
serais certainement l'objet dans cette éventualité.
Je saurais néanmoins me défendre. Car, comme
je crois l'avoir exprimé dans mon étude n° 35,
je prétends attribuer à la bataille de Poitiers, sa
réelle valeur historique. Qui n'est pas la valeur d'une grande
bataille. Poitiers, qui n'illustre pas un grand exploit militaire.
Car en Austrasie, c'est-à-dire au sud de la Gaule, durant
ces années-là, on a connu beaucoup de combats entre
la cavalerie du maire du palais d'Austrasie, et des bandes de mahométans
ou de pseudo-mahométans qui, en tout état de cause,
n'avaient rien d'arabe ni rien de berbère. Et que dans un
souci de commodité, on a désigné sous le nom
de " sarrasins ".
Des combats que l'on a voulu idéaliser à l'extrême,
en leur attribuant une identité romanesque : la fille d'Eudes,
duc d'Aquitaine, aurait été enlevée par Munuza,
supposé gouverneur berbère de Narbonne. L'émir
Munuza, selon les uns, le sultan de Narbonne selon les autres, a
fait partie de ces hobereaux, ennemis de Rome, qui pour mieux combattre
à la fois Rome et les mérovingiens, se sont ralliés
à l'islam. A l'instar d'une grande fraction des populations
d'Aquitaine, maintes et maintes fois soumises à l'influence
d'hérésies multiples et de sectes qui leur conféraient
une volonté opiniâtre de combattre Rome.
Narbonne ne fut pas conquise. Elle a rallié al-Andalus,
c'est-à-dire l'Espagne, convertie majoritairement à
l'islam. Narbonne devint une province d'importance stratégique
primordiale pour ceux qui rêvaient d'abattre Rome et le christianisme
romain. La Narbonnaise devint ainsi pour des motifs opérationnels,
un des cinq émirats d'al-Andalus avec Cordoue, Tolède,
Mérida et Saragosse. Et cela, vingt ans après la bataille
de Guadalete (711), qui a vu la victoire d'une armée d'Espagnols
convertis à l'Islam ou sur le point de se convertir, sur
l'armée chrétienne du roi Rodérick.
Il était important pour les forces chrétiennes
continentales, fidèles à Rome, que cet " émirat
" fut anéanti en tant que tel. Ce fut la mission du
Maire du Palais d'Austrasie, Karl Herstal, Charles Martel qui vainquît
" les pseudo-maures ", les sarrasins, les rebelles aquitains,
à Poitiers, en 733.
733 ?
" Mais-qu'est-ce-que-c'est-que-cette-foutue-date ! "
Il faut changer ça !
Parce qu'il faut conférer à cette bataille un potentiel
de rayonnement symbolique. Il faut en faire, pour l'histoire, une
victoire décidée par Dieu contre les infidèles.
Oui, c'est ce que l'on va faire.
On va donc la relater, la sublimer, l'exploiter en termes de propagande,
comme si elle s'était déroulée en 732. C'est-à-dire
:
- 100 ans après la mort du Prophète,
- 110 ans après la naissance de l'hégire, la naissance
de l'ère musulmane.
Cette victoire prit l'identité d'une victoire remportée
par le " marteau de Dieu " comme l'ont précisé
les notables du christianisme romain. Un symbole historique qui
favorisa une intervention de l'Eglise dans un essai de construction
d'un Second Empire, celui des Carolingiens tout d'abord
dont
l'église rêva de faire un Saint-Empire. Renaissance
de l'Empire qui s'illustra cependant par des conséquences
qui furent dramatiques pour le catholicisme. Car dans cette nouvelle
construction du monde, il fut attribué aux papes, hélas
! l'administration de territoires : les futurs Etats Pontificaux.
A partir de cette dualité, coexistence d'un pouvoir
temporel et d'un pouvoir spirituel, se développa une rivalité
entre l'autorité impériale et l'autorité romaine.
Rivalité qui faillit détruire l'Eglise à maintes
reprises. En résumé :
1. au XIème siècle, survint le schisme entre l'église
d'Orient et l'église d'Occident,
2. pendant les croisades est intervenu le déviationnisme
maçonnique des Templiers,
3. plus tard, on a vécu les confrontations sanguinaires entre
les Guelfes et les Gibelins,
4. survint la Réforme enfin, qui faillit porter un coup de
grâce à l'Eglise et qui fut à l'origine d'un
génocide européen tragiquement illustré par
la guerre de 30 ans.
Mais qu'on le veuille ou non, que cela plaise ou non, le christianisme
apostolique et romain a survécu. C'est cette survie qui illustre
le miracle constant de ces vingt derniers siècles. C'est
lui qui aujourd'hui appelle à l'union pour le triomphe de
la Croix.
C'est la Croix qui va devenir l'emblème de ralliement
de ceux qui, même s'ils ne sont pas chrétiens, vont
décider de ne pas subir la loi de l'arabo-islamisme-fondamentaliste
et conquérant. Qui vont décider de ne pas subir l'intégration
Sud-Nord, intégration qui avait été annoncée
en 1957 à Alger, par Larbi Ben-M'hidi
En faisant quoi ?
En restant animés de l'esprit, de l'espérance
de Poitiers, riche avant tout de la signification pleine de symbolisme
qu'ont voulu donner à cette bataille, ceux qui ont remporté
la victoire.
Tout ce que nous vivons aujourd'hui devra finir un jour, obligatoirement,
par " des chants et des apothéoses ", si on veut
éviter une plongée dans une longue période
de ténèbres.
Nous, les anciens du combat " Algérie française
", nous nous rallions à cette espérance. Nous
rejetons toute acceptation d'un anéantissement définitif
du message de la Croix.
Notre futur Poitiers pourra revêtir à l'échelon
français, européen ou occidental élargi, une
allure d'événements polymorphes, identiques peut-être
à ceux que nous avons vécus en Algérie, à
partir du 16 mai 1958.
16 mai 1958, une date qui aurait dû être l'occasion
offerte par Dieu de conférer aux évènements
d'Algérie la signification du nouveau Poitiers, du Poitiers
moderne dont nous avions besoin.
Dans cet esprit, le 25 mai 1958, à Constantine, s'éleva
la voix de l'iman et directeur de l'institut Kittania, le Cheik
Lakdari Abdellali :
" Sache, ô femme, que le moment est venu pour toi
de jouer ton rôle dans l'histoire de l'Algérie nouvelle,
que tu es l'associée de l'homme dans la vie et au sein de
la société humaine, que tu partages avec lui ses peines
et ses joies, son bien-être et ses malheurs. La religion a
instauré l'égalité entre toi et l'homme. Sache
ô ma sur que tu n'es pas un bien qui s'achète
et qui se vend ! Sache que tu es maîtresse de ton foyer ".
Tout était possible à partir de cette proclamation.
Il aurait fallu la faire connaître. Il aurait fallu que
des centaines d'imans s'engagent dans ce processus de sécularisation,
annoncé à Constantine, de la religion du prophète
de la Mecque et de Médine.
Il aurait suffi que le pouvoir français de l'époque
acceptât de donner un éclat particulier à cette
proclamation du 25 mai 1958.
Mais Satan veillait.
De Gaulle était là pour asphyxier cet élan
de l'Islam vers l'Occident.
C'est à partir de positions sécularisationnistes
comme celles que nous venons d'évoquer, c'est à partir
d'appels à la convivialité spirituelle, c'est à
partir de la foi fortement exprimée dans nos convictions,
que ce nouveau Poitiers sera possible.
Peut-être en 2022, à l'occasion du 1400ème
anniversaire de la naissance de l'Hégire.
L'intégration Nord-Sud doit triompher pour que survivent
la liberté, l'égalité et la fraternité
dont nous avons tous tant besoin.
Soulignons une fois de plus qu'il n'est pas encore l'heure de
rédiger un acte de décès pour la France, l'Europe
et l'Occident.
L'arabo-islamisme fondamentaliste ne triomphera pas en France
et dans le monde occidental car nous avons choisi de défendre
envers et contre tout, ce qui est devenu notre position politico-militaire
à protéger à outrance. Nous voulons parler
encore et encore
DE LA CITOYENNETE LAIQUE
qui définit la traduction historique, la traduction humaine,
une traduction biologique même, de l'intégration Nord-Sud.
Celle que nous avons défendue en Algérie. Celle que
nous défendons aujourd'hui.
Nice, le 29 juillet 2010
Jean-Claude PEREZ
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