Etude n° 30
Le docteur Jean-Claude PEREZ " Le sang d'Algérie " aux Editions Dualpha - BP 58, 77522 COULOMMIERS CEDEX NOUS COMMUNIQUE SOUS LE N° 30 L'ETUDE SUIVANTE
- Premier chapitre : " j'avais un camarade " - Deuxième chapitre : Comment se sont installés les Oulémas à la tête de la révolution algérienne - Troisième chapitre : Le miracle économique français est en train d'être réduit à néant, à cause des " crispations confessionnelles " générées par le gaullisme assassin de la France sud-méditerranéenne CHAPITRE I : " j'avais un camarade " Jean-Marc est un de mes frères d'armes un vrai parmi d'autres, très nombreux, que j'ai côtoyés pour le meilleur et pour le pire, depuis octobre 1955. Depuis mon retour à la vie normale, en janvier 1969, nos contacts furent néanmoins épisodiques pour de multiples raisons : impératifs professionnels, familiaux etc Mais je ne l'ai jamais trahi et il ne m'a jamais trahi. Ne soyez pas étonnés de cette terminologie. Au sein
de l'effectif d'un combat clandestin, lorsque le dénouement se
révèle défavorable, il est fréquent de voir
apparaître et se développer ce que j'appelle le " cancer
des réprouvés " : la trahison. Fidèles aux enthousiasmes qui ont enrichi notre combat. Des
enthousiasmes passés qui génèrent de la joie, oui
de la joie aujourd'hui encore, lorsque nous nous revoyons et lorsque les
uns comme les autres, nous exprimons, avant toute chose, notre absence
de regrets. Un instant s'il-vous-plaît ! C'est quoi, ça, l'Occident
? Car en Algérie ce n'est pas le dernier combat que nous avons livré. Le combat de la fin. Ce que nous avons livré, là-bas, c'est le combat de la fin du commencement. Le commencement du combat qui, depuis 2000 ans oppose l'Occident à l'anti-Occident. Lorsque nous nous retrouvons, c'est une camaraderie sans tromperie
qui nous soude encore les uns aux autres. Sans ambition malsaine. Sans
coup fourré. Sans souci de préséance ou de prédominance.
Sans esprit de " vedettariat ". Même si le fondamentalisme islamiste, quintessence actuelle
de l'anti-France, et ses exécuteurs d'Al-Qaïda, sont officiellement
combattus par le gouvernement algérien actuel, il reste établi
pour la nuit des temps à venir, que le 19 mars 1962 illustre la
date d'une grande défaite de la France et de l'Occident, devant
un agresseur moderne : l'arabo-islamisme fondamentaliste, envahisseur
et dictatorial. Une défaite dans sa signification la plus traditionnelle
et classique qui soit. Cette guerre fut ainsi officiellement conclue par une défaite
de la France. Une défaite imputable au général De
Gaulle et à tous ses valets passés et actuels, atteints
à l'évidence, d'une encéphalopathie gaulliste chronique
qui les rend inaptes à la pratique de la politique. " Vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ". Une force colonisatrice certes, mais qui prétend induire, avant
tout, une mutation identitaire, progressive, des peuples de la rive-nord
de la Méditerranée. Pourquoi logiques ? Pour la raison suivante : à l'arabo-islamisme fondamentaliste,
le nouvel envahisseur, on refuse d'opposer, pour le moment, la seule arme
qui soit efficace. Mais, au nom de la laïcité, qui en aucun cas ne doit être restrictive de liberté religieuse tout au contraire, on refuse de faire référence au rayonnement historique de nos cathédrales. De nos cathédrales qui ont symbolisé pendant longtemps, une volonté laborieuse de mener un combat pendant des siècles. Un combat au moyen-âge, pour la sauvegarde du christianisme contre les hérésies invasives, tout particulièrement les hérésies de provenance ibérique. Aujourd'hui, nous exprimons notre détermination perpétuelle
à vivre libres ou vainqueurs si nécessaire, en nous appuyant
sur une certitude. Une certitude que je formule de la manière suivante
: Nous sommes suffisamment forts, nous qui avons combattu pour l'Algérie
française, pour nous entendre avec les musulmans. Avec les musulmans
qui ont choisi de vivre en France. Plus encore avec les musulmans qui
ont choisi la citoyenneté française. Nous sommes chrétiens, et avec ceux d'entre nous qui sont juifs, nous devons rester chrétiens et juifs. Mais, tous, avec les musulmans, nous devons être en mesure de brandir chaque fois que nécessaire, sans état d'âme particulier et sans répugnance, l'étendard commun de la laïcité. Une laïcité qui aujourd'hui n'est plus prohibitive. Une laïcité qui permet aux différentes religions de s'exprimer en France, dans le respect perpétuel, en n'importe quelle circonstance, de liberté, de fraternité et d'égalité. Nous refusons de vivre dans une ambiance, dans un " éthos
" a écrit Peyrefitte, de crispation confessionnelle. Car,
la crispation confessionnelle se révèle être un facteur
très sérieux, de stagnation économique d'une part,
et du ralentissement de l'essor d'une nation, d'autre part.
L'une est atone, pour le moment. C'est la rive-nord, c'est la nôtre. Elle est atone parce que la crispation confessionnelle s'y est installée comme une maladie chronique. L'autre est ambitieuse, agressive, avide de conquêtes : c'est la rive-sud. La rive des envahisseurs de style nouveau. Cette mutation idéologique induite par l'atonie des peuples de la rive-nord, est la conséquence d'une rupture de contact avec Dieu, qui s'inscrit à l'évidence, dans la normalité, dans la banalité du comportement des hommes de la rive-nord. Insistons encore : ces peuples opposent, par habitude, une désertion spirituelle à l'impact arabo-islamiste. Tout particulièrement une désertion chrétienne. Cette désertion spirituelle donne naissance à un vide dialectique. Un vide où s'engouffre sans effort, comme naturellement, le dynamisme islamiste qui lui, s'exprime dans des conditions idéales. Pourquoi idéales ? Parce que, répétons-le, la seule opposition qui le gênerait, a décidé d'être silencieuse pour le moment. D'être muette. Nous évoquons encore une opposition religieuse dont il est de bon ton, aujourd'hui, de ne plus faire usage. Car ce que l'on nous recommande, c'est ceci : " Vous, les chrétiens, fermez-la ! " " Oui, fermez-la, pour ne pas gêner les nouvelles manuvres des capitalistes financiers modernes qui sont en train d'agir à l'égard de la révolution arabo-islamiste de la même manière qu'ils ont agi en 1917 à l'égard de la révolution bolchevique ".
La guerre fut décidée. Le " Jihad fissabil Allah
", la guerre sainte pour la cause de Dieu. Mais ce qu'il faut rappeler
c'est l'information suivante : Plus tard, en 1956 à Alger, l'UGTA subit le contrecoup de sa soumission opérationnelle à la CISL, dans les attentats terroristes de la bataille d'Alger. Le poste de commandement de l'UGTA fut plastiqué, place du Cardinal La Vigerie, en 1956. Lors de cet attentat, fut découvert un projet écrit d'assassinat imminent, de plusieurs dizaines de citoyens français algérois qui eurent la vie sauve grâce à cette opération d'un commando de volontaires clandestins. Le capitalisme financier est aujourd'hui malade de sa croissance. Il éprouve constamment le besoin d'un enrichissement, d'une nouvelle oxygénation de ses moyens opérationnels. Un enrichissement sous la forme d'un apport augmenté en liquidités pour assurer son contrôle de la production, au niveau des grandes banques. Cette sacro-sainte production, génératrice de valeur ajoutée, que le capitalisme financier doit faire progresser en permanence. Deux recours pour conserver sa pugnacité au capitalisme financier moderne sont mis en uvre de nos jours : 1. La délocalisation c'est-à-dire l'obligation d'abandonner
des sites de production trop coûteux, sacrifier des travailleurs
occidentaux au bénéfice d'autres collectivités moins
coûteuses. Moins coûteuses en termes de salaires et en termes
d'avantages sociaux liés au travail.
l'inversion de la hiérarchie subversive anti-occidentale.
Pendant longtemps, le capitalisme financier tel qu'il fut décrit par le défunt Jacques Marseille, illustrait la structure stratégique, la structure décisionnaire dans le déroulement de l'actuelle révolution mondiale. Mais les nouvelles richesses produites par les hydrocarbures, au bénéfice préférentiel des banques arabes, ont fini par bouleverser radicalement cette identité stratégique. Il semble que la structure décisionnaire, c'est-à-dire, répétons-le, le potentiel stratégique, soit transférée aujourd'hui au niveau des banques arabes. Celles-ci aspirant à la domination finale du monde, mettent à la disposition du capitalisme financier les gigantesques liquidités dont elles jouissent. A un point tel que le capitalisme financier s'identifie aujourd'hui à un dispositif tactique, soumis à un dispositif stratégique nouveau et sus-jaccent. Nous voulons dire à la vigueur des banques arabes. Donc, implicitement, à l'arabo-islamisme fondamentaliste, le nouveau déterminant stratégique. C'est dans cette nouvelle constatation que se situe, pour nous les anciens combattants d'hier, un site prioritaire de la réflexion que nous devons conduire avec une grande prudence et surtout une grande humilité dans l'expression écrite. Nous n'avons pas hésité à être violents lorsque nous fûmes acculés au combat lorsque notre " amour fou de la France " a jeté une minorité d'entre nous dans les affres de l'action directe. Mais ce passé n'altère en rien notre clairvoyance dans l'analyse politique que nous vous proposons aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle je vous suggère de prendre connaissance du deuxième chapitre de cette étude n° 30, qui prétend passer en revue, encore une fois, la genèse de la guerre d'Algérie, telle que celle-ci fut mise en uvre à partir de 1919. Car c'est cette genèse qu'il ne faut jamais perdre de vue. Elle est nécessaire pour exprimer l'identité réelle de la guerre d'Algérie officialisée comme telle en 1999. Cette guerre que le gaullisme a décidé de perdre devant l'histoire, le 19 mars 1962.
CHAPITRE II - Comment se sont implantés les Oulémas à la tête de la révolution algérienne . En 1919, une loi française entre en vigueur en Algérie de la manière la plus officielle. Certains sujets français de confession musulmane peuvent accéder, en toute facilité, à la citoyenneté française pleine et entière. Au moment de leur choix. A la condition qu'ils acceptent de se soumettre, comme la totalité des citoyens français, à la seule et unique juridiction civile française. Ce qui implique le renoncement à leur statut personnel codifié par le droit coranique. Deux conséquences. - La première conséquence est française : silence de mort autour de cette loi. On n'en parle pas, on ne la défend pas. On n'essaie pas, en particulier, d'engager un dialogue interconfessionnel sincère, loyal et surtout productif, pour espérer une large application de cette loi. La IIIe République l'a votée, mais en sous-main elle ne veut pas en entendre parler. - La deuxième conséquence est musulmane : avec l'accord silencieux mais surtout réel sinon officiel des gouvernants de la IIIe République, un riche leader berbère, fondamentaliste connu, Omar Smaïl, décide dès 1920, de combattre cette loi. De la rendre inapplicable. Dans ce but, il fonde et met en place des cénacles d'étude dont l'organisation et le fonctionnement sont confiés à de grands religieux majoritairement berbères. Ceux-ci sont destinataires d'une mission : lutter, par tous les moyens, contre l'assimilation, la francisation et si nécessaire, contre l'évangélisation.
En 1925, Omar Smaïl et ses lieutenants, avec l'accord du pouvoir français, fondent le Nadi at Taraqqi, le Cercle du Progrès, toujours dans la perspective de rendre inapplicable la loi de 1919. Ils exaltent et glorifient la langue arabe. Ils ne s'expriment que dans cette langue et fondent ainsi la nouvelle arabité de l'Algérie. En 1930, se déroulent, dans un indiscutable enthousiasme francophile, les cérémonies commémoratives du centenaire du débarquement français à Sidi Ferruch le 14 juin 1830. Toutes les conditions semblent réunies, sous la pression des anciens combattants musulmans de 1914-1918, pour que la loi de 1919 soit enfin plus largement appliquée. Mais certains responsables de la IIIe République veillent au grain. Ils ne l'entendent pas ainsi. En vertu de la loi de 1901 sur les associations, dans le but de donner un coup d'arrêt définitif à cet élan vers la France, ils donnent l'autorisation officielle à Omar Smaïl de fonder l'Association des Oulémas, le 5 mai 1931. Le 7 mai, le premier président désigné par Omar Smaïl en personne sera Ben Baddis. Le vice-président sera El Bachir el Ibrahimi. Tewfik el Madani remplira les fonctions officielles de secrétaire général adjoint. Mais en réalité, il en sera l'animateur le plus virulent. La devise de cette nouvelle association ne tardera pas à se définir comme suit : ma religion c'est l'Islam Il ne s'agit, ni plus, ni moins, que de la mise en place d'un dispositif de guerre qui sera soutenu en permanence par l'émir libanais, ennemi de la France, Chekib Arslan. Mais aussi soutenu en permanence par Hadj Asmine el Husseïni, le mufti de Jérusalem. Celui-ci, en effet, organise durant cette même année 1931, le Congrès mondial de l'Islam à Jérusalem. Il soutient officiellement l'action de Ben Baddis. Le combat enclenché contre la future République d'Israël va se confondre ainsi avec le combat qui est désormais engagé contre la France. Cette association des oulémas va constamment alimenter la nature religieuse fondamentaliste de la guerre faite contre la France. Tous les leaders indépendantistes anti-français ne pourront pas se passer d'un " imprimatur verbal ", émanant de cette association, pour jouer un rôle dans la révolution algérienne. Farès lui-même, dès 1946, se mettra volontairement sous l'autorité spirituelle du Cheik El Bachir el Ibrahimi, président de l'association des oulémas, rendu à la liberté par l'amnistie de 1946. Ibrahim Bachir, c'est une autre formulation de son identité, président de l'Association des oulémas depuis la mort de Ben Baddis en 1940, était assigné à résidence à Aflou, près de Tiaret en 1945. Il déclencha néanmoins les émeutes de Sétif du 8 mai 1945, dès réception de l'appel de Chekib Arslan transmis depuis Genève, le 7 mai 1945. Une guerre de 17 ans, une guerre franco-arabe répétons-le,
va être conduite à partir de cette date, d'une façon
ouverte, en 1945, le 8 mai dans les Hauts Plateaux sétifiens et
à Guelma. Puis larvée. Puis de nouveau ouverte contre la
France dès la Toussaint Rouge 1954, jusqu'au 5 juillet 1962, date
du massacre d'Oran. Guerre qui fut conclue par la défaite historique de la Vème
république française le 19 mars 1962. CHAPITRE III - Le miracle économique français est en train d'être réduit à néant, à cause des " crispations confessionnelles " générées par le gaullisme, assassin de la France sud-méditerranéenne L'Algérie française est morte. Définitivement morte. L'Algérie actuelle connaît une réalité tout à fait différente. C'est un autre pays. Une nation. Il va sans dire que ce qualificatif de " morte " ne la concerne pas. Surgit toutefois la question suivante : la mort des départements
français d'Algérie a-t-elle réduit l'espace planétaire
du non-développement ? Aujourd'hui, il est d'une évidence incontournable que la décolonisation
de l'Algérie fut conduite d'une manière catastrophique,
puisqu'elle aboutit à la naissance d'une nation à l'intérieur
de laquelle la haine de la France s'inscrit parmi les éléments
fondamentaux de la plus élémentaire culture. De la culture
basique. Des auteurs compétents nous ont enseigné que le sous-développement
ne constitue pas un phénomène anormal en lui-même.
Plus encore, ils l'inscrivent sans aucun état d'âme dans
la normalité des choses de la vie. Le développement apparaît, encore aujourd'hui, comme une prouesse. Une prouesse à porter au crédit exclusif d'un peuple. Sous la condition que celui-ci soit capable de l'accomplir. C'est-à-dire lorsque ce peuple réunit des compétences
technico-culturelles nécessaires à cet accomplissement.
Une prouesse qui n'est pas forcément à la portée
de n'importe quel peuple. L'ancien ministre du général De
Gaulle ne manque pas de précision lorsqu'il prend soin d'écrire
: Les nations qui, encore sous l'emprise de crispation confessionnelle n'accèdent pas au niveau des nations développées, s'identifient aujourd'hui aux nouveaux " prolétariats extérieurs de l'Occident ". La crispation confessionnelle y engendre parfois une expression revendicative obligatoirement violente, qui ne se prive pas d'être sanguinaire en maintes occasions. Ce qui contribue à aggraver l'interdiction d'accès au développement. Nous apprenons ainsi qu'il existe une dimension culturelle, philosophique et surtout religieuse du développement. Celui-ci en réalité, se définit comme une denrée rare. L'Algérie avait toutes les chances de trouver sa place dans
le cadre d'un miracle économique français d'abord. Ensuite,
dans le cadre du miracle économique espéré, à
l'échelon européen. Il fallait avoir le courage, l'audace, la lucidité, mais surtout
la volonté d'acquérir la formation nécessaire, pour
contrer avec conviction les attitudes irresponsables et criminelles qui
affirmaient là-bas, que : Cet argument est utilisé sans arrêt, de nos jours plus qu'hier, par des accusateurs affectés d'un histrionisme chronique, sans cesse et abondamment suractivé. Néanmoins, c'est cet argument qui confirme bien que le miracle économique possible dans les départements français d'Algérie a été sacrifié au bénéfice du statut personnel des musulmans. Le bouclier anti-français par excellence. A été sacrifié à une attitude génératrice, au plus haut point, d'une crispation confessionnelle. C'était un crime contre l'intelligence pour le moment. Dans nos sociétés modernes, la décrispation confessionnelle illustre le cheminement indispensable pour accéder au développement et au progrès. Nous n'oublions pas, cependant, que par nature, par essence, la décrispation confessionnelle impose avant tout, le respect des convictions de chacun. C'est en ce sens qu'elle mérite de s'appeler " décrispation ". L'abandon du statut personnel définissait le tout premier palier
auquel il fallait parvenir si l'on voulait inclure l'Algérie française
dans un ensemble territorial susceptible d'être bénéficiaire
des avantages de la modernité sous l'égide de la France,
dans un premier temps, puis de l'Europe dans un second temps. La sécularisation de l'islam était une des fondations à creuser pour que pût enfin se développer sur cette terre algérienne, un " miracle économique ". Et à partir de celui-ci un possible miracle africain " in secula seculorum " Mais les indépendantistes anti-français, ceux d'Algérie, renforcés, animés, dynamisés, pris en main par leurs complices de métropole, dont le gaullisme représente la quintessence, étaient animés de la volonté d'exclure l'Algérie de l'hypothétique " miracle économique français ".
Effectivement la caravane est passée. Les chiens n'aboient plus. Mais ils grondent en observant à quel point la caravane se trouve coincée dans un sombre cul-de-sac, exposée aux intempéries aujourd'hui, aux tempêtes demain. Les chiens " contemplent " le comportement de tous ces misérables
champions du délestage économique de l'Algérie. Ils
peuvent faire l'inventaire de leurs nouveaux acquis : parmi ceux-ci, avant
tout, la médiocrité qui menace de s'installer dans notre
pays à l'état chronique. Aujourd'hui, la notion " d'Algérie française " se révèle sous sa véritable identité. " Algérie française " ce n'est plus une notion
uniquement nourrie de souvenirs nostalgiques. Ce n'est pas une évocation
pleurnicharde d'une espérance trahie. Un témoin ou plutôt un acteur, qui a mis la main à la pâte de l'histoire, à la genèse et au déroulement d'évènements très graves, peut apparaître parfois comme un chroniqueur insuffisant faiblard. Mais lorsqu'il jouit de la faculté et surtout de la chance d'être un conteur, on dit le plus souvent de lui qu'il est " intéressant ". " Intéressant ", c'est l'horrible qualificatif dont on vous gratifie avec une générosité condescendante lorsque vous mettez le vécu de votre expérience, le vécu de vos drames, au service d'une collectivité avide de savoir avide de comprendre. Comme l'a écrit Nietzsche, je ne sais plus où, ni quand : " La parole du passé est toujours d'oracle. Vous ne l'entendez que si vous êtes les constructeurs de l'avenir et les interprètes du présent ". J'essaie de m'inscrire parmi ces hommes, qui sont mordus par l'audacieuse envie de ne plus être des fourmis. C'est une fatalité historique qui m'a plongé, à partir de 1955, en plein cur du drame qu'a vécu l'Algérie française, du drame qu'a vécu la France en Algérie. Aujourd'hui, l'abandon de l'Algérie par le gaullisme cinquante-huitard, je le vis comme un déluge. Un nouveau déluge. Le déferlement, non pas d'une vague, mais d'une houle recouvrante. Une houle rythmée, contrôlée, arabo-islamiste, qui prétend submerger progressivement l'Occident tout entier. Un Occident qui, aujourd'hui plus qu'hier, s'illustre à la fois comme "l'île et le cur du monde ". Quelques doctes politiciens ont exprimé parfois l'intention de nous rassurer : " Tout cela n'a aucune importance " ont-ils soutenu. Pourquoi ? " Mais ouvrez-donc les yeux ! " rétorquent-ils. " De Gaulle a tout prévu. Il a organisé une nouvelle
arche de Noé. C'est la France avec sa force de frappe nucléaire.
C'est la France enrichie par son passage glorieux à la modernité.
Grâce au miracle du grand renouvellement qu'il a lui-même
accompli. Grâce à une décision gravissisme qu'il n'hésita
pas à assumer lui-même devant l'histoire. Oui. Effectivement. Souvenons-nous. De Gaulle s'est adressé au peuple français, il y a 50 ans, pendant la Semaine des Barricades d'Alger, de janvier 1960 : " Et toi, mon vieux pays ! " a-t-il déclaré. " Toi, mon vieux pays, usé, vieilli, qui a tant souffert ! Que veut-on te faire accomplir encore ! Gérer des populations indigènes d'Algérie, dont la nature est d'être miséreuse ? Recueillir chez nous des Pieds-Noirs qui au sein de notre famille française, oublient qu'ils sont des enfants adoptés ! Qu'arrive le déluge libérateur ! Car comme l'a déclaré Monsieur Tricot, un de mes fidèles valets, l'abandon de l'Algérie est nécessaire au passage de la France à la modernité ". Le grand renouvellement gaulliste s'étale aujourd'hui sous nos yeux. Un épanouissement social éblouissant. Une égalité qui se confirme partout avec éclat. Une liberté dite libéraliste qui nous submerge. Quant à la fraternité, elle est tellement forte, qu'elle nous asphyxie littéralement. Tout cela pourquoi ? Parce que De Gaulle l'a voulu. Parce que De Gaulle l'a accompli pour le compte des capitalistes financiers qui ont joué le court terme en voulant délester l'univers-de-l'argent-sans-âme du débouché algérien. Débouché algérien jugé insuffisant à cette époque en termes de production de valeur ajoutée. Le gaullisme une asphyxie de l'espérance En France en Europe en Occident. Jean-Claude Pérez
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